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M. de Toulgoet, ancien député du Finistère, vient de mourir à sa campagne, près de Quimper.

-M. le baron Voirol, général de division, grand-officier de la Légion d'Honneur, chevalier de Saint-Louis, ancien gouverneur de l'Algérie, ancien pair de France, est décédé à Besançon le 15 de ce mois, à l'âge de 72 ans.

Un accident grave est arrivé dimanche matin, à quatre heures et demie, sur le parcours de la voie unique du chemin de fer de Paris à Bordeaux, après Poitiers, à la station de Ligugé.

Un train de marchandises venant de Bordeaux et le train de voyageurs quí a quitté Paris samedi à sept heures un quart du soir, se sont rencontrés à 4 kilomètres sud de Poitiers. Cinq personnes ont péri: ce sont deux mécaniciens, deux chauffeurs et un chef de train. Plusieurs voyageurs ont été blessés, quelques-uns assez grièvement.

La cour de Poitiers vient de rendre un arrêt par lequel elle évoque l'affaire.

Voici, dit-on, la cause de ce cruel événement: Il est à noter d'abord que le chemin de fer de Bordeaux n'a encore qu'une seule voie en état de service, mais qu'à chaque station il y a une seconde voie dite d'évitement pour le cas de croisement de deux convois. Le chef de station avait été prévenu par une dépêche électrique de l'administration qu'un convoi de marchandises venant d'être expédié de Bordeaux, ce chef aurait à faire arrêter le convoi de Paris sur la voie d'évitement jusqu'à ce que le convoi de Bordeaux fût passé. Il paraît que le malheureux chef de station, par un oubli inconcevable, laissa filer le convoi de Paris sans exécuter la consigne, et fut ainsi la cause de la funeste rencontre des deux trains qui se sont choqués dans l'obscurité avec toute la violence de leur impulsion.

Parmi les détails que donne le Courrier de la Vienne du 19 septembre, nous extrayons ce qui suit :

Au bruit de l'accident, MM. les docteurs Guérineau, Bonnet, Arlin, Lepetit, Chevalier, de Béchillon, etc., etc., sont accourus pour prodiguer leurs soins aux malades.

« M. le curé de Saint-Benoît et le révérend père Boissac, de la maison des Jésuites de Poitiers, où l'on est assuré de trouver toujours des prêtres empressés à porter les secours spirituels, remplissaient les devoirs de leur saint ministère auprès des blessés.

« M. Magne, ministre des travaux publics, qui se rend dans le midi et se dirige actuellement sur Marseille, était dans le train des malles. Son Excellence n'a pas été blessée et a pu, quelques heures après, continuer son voyage en chaise de poste.

« Au milieu du tumulte, une jeune mère se lamentait et demandait à grands cris son enfant âgé de douze à quinze mois. On l'a retrouvé sain et sauf derrière quelques décombres.

« Uue antre mère cherchait, comme une folle, son fils qu'elle demandait à tout le monde. On l'a retrouvé chez M. le curé de Saint-Benoît.

« Le soir, Mgr l'évêque, accompagné de M. l'abbé Samoyault, vicaire général, est allé, dans tous les hôtels, visiter les blessés. Nous n'avons pas besoin de dire que partout Sa Grandeur a été accueillie avec joie, et que sa présence a produit de douces consolations. >>

Lundi matin, à sept heures, a eu lieu, dans l'église de Montierneuf, à Poitiers, l'enterrement des cinq malheureuses victimes.

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Un accident semblable à celui qui a eu lieu dimanche sur le chemin de fer de Bordeaux vient d'arriver sur le chemin de fer de Rouen. Par suite d'une erreur dans le placement des aiguilles, deux locomotives isolées marchant à grande vitesse et en sens inverse se sont rencontrées sur la même voie. Il en est résulté un choc terrible : l'une d'ellés a été presque entièrement brisée; les deux hommes qui la montaient ont été violemment renversés et dangereusement blessés.

- Un premier avertissement est donné au journal l'Écho agricole, « attendu, dit ce matin le Moniteur, que l'Écho agricole n'a pas cessé de peser sur les transactions en matière de subsistances par une polémique systématique et alarmante, et de nature à produire une hausse factice. »

- Le Moniteur du 20 publie deux décrets du 19: l'un met fin à l'intérim du ministère de l'intérieur confié pendant l'absence de M. de Persigny à M. Abbattucci, garde des sceaux; l'autre confie à M. Ducos l'intérim du ministère de l'instruction publique pendant l'absence de M. Fortoul.

- M. le préfet de la Drôme vient de rendre l'arrêté suivant:

« Considérant qu'il arrive trop souvent que des offices religieux sont troublés par des personnes qui se réunissent dans les cabarets, débits de boissons, cafés, jeux de billard ou autres lieux publics; vu la loi de 1814, art. 5, et la jurisprudence de la cour de cassation, avons arrêté et arrêtons ce qui suit :

« Art. 1er. Dans les villes où la population est au-dessous de cinq mille âmes, ainsi que dans les bourgs, villages et hameaux, il est défendu aux cabaretiers, marchands de vins, débitants de boissons, cafetiers et maîtres de billards, de donner à boire et à jouer le dimanche et les jours de fêtes légales, pendant la messe paroissiale et pendant le prêche, dans les communes où il existe des temples.

« Cette prohibition ne s'applique pas aux voyageurs étrangers à la cómmune qui ne font qu'une halte momentanée.

« Art. 2. Il est défendu de jouer aux boules, aux quilles ou à tout autre jeu sur la voie publique, le dimanche, pendant les offices des cultes reconnus par la loi. Même défense est faite aux baladins, jongleurs, saltimbanques, de se livrer à leurs exercices pendant le même temps. Les chants, les danses et farandoles sur la voie publique sont aussi interdits pendant les hermes des offices.

« Art. 3. Les mineurs au-dessous de dix-huit ans ne pourront être admis à jouer ou consommer dans les cafés, débits de boissons, cabarets et auberges, à moins qu'ils ne soient accompagnés de leurs parents ou tuteurs. » Par décision du ministre de la marine et des colonies, en date du 13 de ce mois, MM. les aumôniers de la flotte, Chambon, Musy et Audibert, actuellement en disponibilité, sont nommés, savoir:

M. Chambon, aumônier du vaisseau mixte l'Austerlitz;

M. Muzy, aumônier du vaisseau le Duguesclin, qui font partie de l'escadre d'évolutions de l'Océan;

M. Audibert, aumônier de la station des antilles sur la frégate amirale Iphigénie, en armement à Toulon.

-M. le chevalier de Linas, membre de l'académie d'Arras, a reçu du ministre de l'instruction publique une mission scientifique ayant pour but d'explorer les anciens vêtements sacerdotaux et les anciennes étoffes dispersés dans l'Est et dans le Midi de la France.

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On annonce que M. Frissard, inspecteur général des ponts et chaussées, est chargé de la direction des travaux hydrauliques qui vont être entrepris au port de Dieppe, en vertu du dernier décret de l'Empereur.

La somme nécessaire pour élever, à Londres, un monument au docteur Jenner, inventeur de la vaccine, vient d'être complétée. Le comité des souscripteurs a décidé, à l'unanimité, que ce monument se composerait d'une statue colossale en bronze de Jenner, et il a chargé M. Charles Marshall, membre de l'Académie royale, d'en exécuter le modèle.

Magasin spécial de Thés de choix, à prix très-modérés; Chocolat fabriqué à froid. Maison Caron, 8, rue de la Bourse.

ETUDES RURALES.

LE CLOCHER DE SAINT-MARTIN D'ABBAT.

Vouloir, c'est pouvoir.

Dimanche, 11 septembre, une cérémonie attirait dans l'église de Saint-Martin d'Abbat, petite paroisse du val de la Loire, un grand concours de peuple. M. l'archidiacre d'Orléans bénissait une nouvelle cloche et présidait à l'inauguration d'une œuvre remarquable de réparation et de construction, achevée la veille et destinée à rendre à cette antique église ses formes et sa beauté primitives.

Les guerres et les malheurs d'une époque déjà fort éloignée détruisirent le clocher et la tour de Saint-Martin; et deux siècles passèrent sur ces ruines sans qu'on ait tenté de les réparer, tant l'entreprise paraissait au-dessus des ressources du pays. Cependant, depuis vingt années un homme méditait en silence la résurrection du clocher et de la tour de Saint-Martin, mais cette longue préoccupation du zélé pasteur demeurait toujours sans résultats.

Un jour, vers la fin de 1850, un architecte de Paris, né à Châteauneuf, mû par un sentiment de religion et de reconnaissance, vint visiter la pauvre église de Saint-Martin et prier au pied de l'autel, où il avait fait sa première communion, en 1840.

Pendant ce pieux pèlerinage, une pensée tombe dans le cœur du jeune architecte, la pensée de restaurer l'église où il avait goûté pour la première fois le don de Dieu et prononcé solennellement les vœux de son baptême. A l'instant, il s'en ouvre au curé, et voilà que ces deux hommes se passionnent pour l'œuvre impossible; leurs projets et leurs plans sont grands et hardis comme leur cœur; mais l'un et l'autre oublient dans leur ardente inspiration qu'ils sont dénués de toutes ressources pécuniaires.

Voilà deux années que le vieux curé et le jeune architecte échangèrent ensemble ces rèves de restauration; el aujourd'hui, les pulations de toute la contrée sont venues admirer à Saintd'Abbat, une tour aux larges et hautes proportions, surmonté clocher qui, à son air à la fois dégagé et imposant, semble a prétention de ne le céder à aucun en grâce et en majesté.

Et comment cette œuvre s'est-elle accomplie?- Elle s'est faite comme se font toutes les œuvres où se trouve une inspiration divine: d'abord tout le monde s'y est opposé; puis, comme nos deux hommes de foi tinrent ferme et voulurent la restauration malgré tout le monde, tout le monde a fini par leur venir en aide, les petites et les grandes autorités ont voté des subventions; les particuliers ont apporté leurs offrandes; des convois se sont organisés pour le transport des matériaux; les habitants d'une paroisse voisine offrirent leur concours; un membre du conseil général, étranger à Saint-Martin, mit ses hommes, ses voitures et ses chevaux à la discrétion du curé, qui en usa largement; et, en deux mois, la pierre, le sable, la chaux, le ciment, le bois étaient gratuitement rendus à pied d'oeuvre.

On vit donc, en 1853, à Saint-Martin d'Abbat, comme un souvenir et une apparition des temps de foi du moyen âge, où les seigueurs s'attelaient aux chariots pour amener les pierres des cathedrales et où les grandes dames apportaient le sable dans leur tablier d'étoffe précieuse.

Voilà comment se sont élevés la tour et le clocher de Saint-Martin. Ajoutons que l'entrepreneur et tous les ouvriers, maçons, charpentiers, couvreurs, plàtriers, etc., etc., ont apporté à cette œuvre une intelligence, une ardeur et un désintéressement qui les honorent.

Il est impossible de décrire la magnifique fête de village qui a inauguré ces travaux décoration, musique religieuse, procession, sermon, compliment, illumination, feu d'artifice, joie naive et pure, concours immense, ciel splendide. Et à onze heures du soir, les habitants de Saint-Martin se disaient les uns aux autres, en se séparant : « Ce n'est pas de cent années qu'on verra une pareille fête à Saint-Martin d'Abbat. » Un vieillard répondit : « S'il n'est pas donné à nos petits enfants d'assister à semblable fète, ils pourront du moins tirer profitable leçon du souvenir de la nôtre, et apprendre, en voyant notre fier clocher, que vouloir c'est pouvoir. »

METHIVIER, Cure de Neuville.

BOURSE DU 20 SEPTEMBRE 1853.

plus haut, 101 85

412, à terme, ouvert à 1e1 70
101 70-
so, à terme, ouvert à 78 80
ferme à 78 8.- Au Coptant, il reste à 78.00.

fermé à 101 70. Au comį tant, i este à 101 70.
pits hot, 79 20 — lus

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Valeurs diverses : Oongatious de la Ville 1819), à 1,120 * (1852), a 1,1.0. Fonds étrangers: Roe, 50 ancien, 97 gique, 50, 93

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-Espagne, 500. j. 1. 1852, 10 ..

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L'un des Propriétaires-Gerants, CHARLES DE RIANCEY

PARIS IMPRIMERIE DE B. V. DE SURCY ET CAUE DE SEVRES,.37.

L'AMI DE LA RELIGION.

HISTOIRE

POLITIQUE ET PRIVÉE DE CHARLES-MAURICE DE TALLEYRAND,
Ancien évêque d'Autun, prince de Bénévent,

Suivie d'un extrait des mémoires inédits de Sémallé, commissaire du roi en 1814, etc., par L. G. MICHAUD, auteur principal et éditeur-propriétaire de la Biographie universelle, 1 vol. in-8°.

M'accusera-t-on d'avancer un paradoxe si j'affirme qu'il est à peu près impossible d'écrire l'histoire contemporaine? Je sais bien ce qu'on sera tenté de m'alléguer pour soutenir l'opinion contraire. Saisir les faits à leur origine, les voir se dérouler sous ses yeux, les apprécier dans leurs conséquences, peindre d'après ses impressions vivantes les personnages qui ont marqué dans l'ordre politique, s'associer peut-être soi-même à leurs actes et revendiquer sa part des changements qui ont modifié la destinée des Etats, que peut-on souhaiter de plus heureux à un historien qui s'est chargé de raconter les faits dont il a été témoin, et de juger les hommes avec lesquels il a vécu? Mais cela ne suffit pas; il faut encore dévoiler les causes secrètes qui ont préparé les événements, découvrir les ressorts mystérieux qu'une politique habile a mis en jeu, noter les incidents, les circonstances soudaines et inaperçues, le caractère des acteurs, leurs petites passions qui souvent ont plus influé sur leurs actes que leurs savants calculs et leurs projets les mieux combinés. Les plus grands événements, dit Fénelon, sont souvent produits par les causes les plus méprisables. Ainsi, les contemporains pourront fournir d'ex-, cellents matériaux pour l'histoire, mais ils ne seront jamais euxmêmes de parfaits historiens.

Aucune époque de nos annales n'a été plus souvent décrite que celle de la Révolution française. Acteurs, spectateurs, bourreaux, victimes, se sont mis à l'œuvre pour retracer les mêmes faits, mais à des points de vue différents. Les uns ont prodigué des louanges frénétiques à des tentatives insensées, sources de crimes et de malheurs; les autres ont raconté des scènes d'horreur et de carnage, avec une apparente impartialité qui n'était qu'une approbation déguisée. Ceux-ci s'applaudissent d'avoir commis des actes qui voueront leur mémoire à l'exécration de la postérité; ceux-là, après avoir, selon l'expression de Tacite, survécu aux autres, et, pour ainsi dire, à eux-mêmes, tracent le tableau le plus touchant des calamités publiques et de leurs propres infortunes.

A travers ces jugements contradictoires, comment démêler la vérité? Sans doute nous ne la chercherons pas dans ces apologistes ef

L Ami de la Religion, Tome CLXI.

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