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billettes, de boudins et plus rarement de bâtons brisés, comme à Saint-Gervais de Falaise, à Fontenay-le-Marmion, à Saint-Loup, à Saint-Michel de Vaucelles et à Vienne, ou de têtes plates comme à Douvres et à Luc-sur-Mer (1), ou de feuilles en creux comme à Rosel, retombent sur deux ou sur quatre colonnettes. L'arc brisé fait son apparition dans les baies des clochers de Douvres et de Luc-sur-Mer, tandis que son emploi est beaucoup plus répandu au XIIe siècle dans les tours de l'Ile-de-France. Des fûts en délit adoucissent la sécheresse des quatre angles: à Saint-Loup, deux colonnettes appareillées remplissent le même rôle.

Dans plusieurs clochers, comme ceux de Basse-Allemagne, de Beaumais, de Fontenay-le-Marmion, de Rosel, de Saint-Contest, de Saint-Michel de Vaucelles, une longue baie très étroite se trouve encadrée sur chaque face par l'arcature centrale, qui est flanquée d'autres arcatures du même style. On sait d'ailleurs que l'école romane normande se plaisait à tapisser d'arcatures tous les murs nus, comme la façade de la Trinité de Caen et de la cathédrale d'Ely. Le troisième étage fait défaut dans beaucoup de clochers latéraux, sauf à Saint-Pierre de Longueraye, à Bénysur-Mer, à Lion-sur-Mer. Le clocher de Ver, qui est l'un des plus élevés, possède un quatrième étage. Dans ces deux cas, les baies supérieures, flanquées de colonnettes, encadrent deux arcades secondaires, et, par exception, trois à Saint-Pierre de Longueraye: c'est encore une preuve négative de l'influence lombarde en Normandie. Les différents étages sont toujours accusés par un bandeau biseauté ou mouluré. Les corniches à modillons présentent des types variés, mais celles qui se composent de petites arcades subdivisées, comme sous les flèches de Bayeux et de Vienne, sont très répandues.

(1) Ces deux clochers doivent être l'œuvre du même architecte.

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Clochers-porches et de façade.

Ces caractères généraux s'appliquent aux clochers-porches dont le rez-de-chaussée est voûté d'arêtes, comme à Colleville-sur-Mer, ou d'ogives, comme à Basly. La première tour mérite d'attirer l'attention par sa hauteur exceptionnelle, par le diamètre anormal de ses colonnes d'angle et par les oculi percés sous la flèche, comme au sommet des clochers d'Englesqueville et de Mosles, dans le chevet plat de l'église des Deux-Jumeaux et dans l'étage supérieur gothique du clocher méridional de Saint-Pierre-sur-Dives. Ruprich-Robert suppose que ces oculi uniques au nord et à l'est, mais géminés au sud et à l'ouest, étaient éclairés par un feu pendant la nuit pour servir de phare aux marins du XIIe siècle, mais je n'y vois qu'un type d'ouvertures basses qui permettait de donner au dernier étage une faible élévation. De même, les architectes des clochers de Campigny et de Saint-André-d'Hébertot ont percé au sommet de ces tours des petites baies géminées dont la hauteur ne correspond qu'au tiers d'un étage ordinaire. Parmi les autres clochers-porches romans, il faut citer celui du Vieux-Thaon, qui est devenu une tour centrale, et celui de Vienne.

Les gros clochers de façade rectangulaires de SaintÉtienne et de la Trinité de Caen et de la cathédrale de Bayeux rentrent dans la catégorie des clochers latéraux ornés d'arcatures superposées (1), mais leurs dimensions sont plus grandes et leurs étages plus élevés. Le troisième étage des tours de Saint-Etienne de Caen est ajouré par deux baies sur chaque face. La colonne qui les recoupe est plus forte que dans les clochers des églises rurales: des billettes dessinent des lignes brisées dans les écoinçons,

(1) Les arcatures des clochers de Bayeux, masquées par les placages du XIIIe siècle, apparaissent sur les tourelles d'escalier.

comme à Douvres. à Saint-Contest, à Saint-Gervais de Falaise et dans la façade de la cathédrale du Mans. Les clochers de la cathédrale de Bayeux, qui ont été rhabillés au XIIIe siècle, sont ornés sur chaque face, à l'avant-dernier étage, de quatre larges arcatures qui retombent sur des pilastres à ressauts: les deux archivoltes centrales encadrent des baies en plein cintre. Trois baies de la même forme flanquées de quatre colonnettes ajourent chaque côté de l'étage supérieur. C'est une anomalie, comme les trois rangs d'arcatures du clocher méridional de Saint-Pierre-sur-Dives.

Flèches romanes.

Les clochers du XIIe siècle dans le Calvados étaient si rarement couronnés d'un toit en bâtière, que M. de Caumont a cru pouvoir reporter au XIIIe siècle ce mode de couverture très répandu dans le Soissonnais vers 1150. En effet, les clochers romans de Fontenay-le-Marmion, de Mouen, de Parfouru-l'Éclin conservent seuls encore des bâtières plus ou moins remaniées. Les architectes donnèrent la préférence aux flèches de pierre plus ou moins élancées. Au commencement du XIIe siècle, ces pyramides de pierre sont encore trapues, comme à Ver (Calvados), à Aiziers (Eure) et au Vieux-Thaon, où les assises sont disposées en gradins: des têtes d'animaux se détachent sur les arêtes et au sommet de cette dernière toiture.

Les flèches à quatre pans qui se rencontrent également au XIIe siècle à Moutiers (Basses-Alpes), à Saint-Paul de Mausole et à Saint-Trophime d'Arles, à Sainte-Marie-desChazes Haute-Loire), devinrent peu à peu plus aiguës dans la plaine de Caen, mais plusieurs ont été refaites. Ainsi la pyramide du clocher d'Anguerny, ajourée par douze quatrefeuilles, n'est pas antérieure au XIIIe siècle. On arrive à la mème conclusion en examinant la flèche du clocher de Rosel. car un filet saillant se profile sur ses boudins d'angle. Les

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