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blait une cruelle ironie du sort; cette impression première s'est modifiée.

A côté de l'idée d'un plaisir local, d'une satisfaction plus ou moins restreinte, plus au moins étendue, but ordinaire des fètes publiques, une pensée plus élevée, plus large a surgi, qui a donné à l'objet de ma mission son véritable caractère qui n'est pas celui de fêtes proprement dites.

Non, Messieurs, ce n'est pas pour de vulgaires fètes que tant de personnages considérables dans l'administration, dans les lettres, dans les sciences, dans les arts, dans les plus hautes sphères sociales; que tant de célébrités, d'étrangers de distinction se sont donné rendez-vous dans notre pauvre petite ville, des divers points de l'Europe; qu'un ministre secrétaire d'État de France s'était fait un devoir de cœur, qu'il a vivement regretté de ne pouvoir accomplir, de venir se placer à la tête de cette grande et exceptionnelle réunion.

Non, certes, l'idée de fête, ici, s'efface, s'évanouit devant quelque chose de plus beau, de plus élevé, d'une bien autre portée; il s'agit d'une universelle manifestation d'estime, d'affection de reconnaissance justement méritées.

Un homme d'une rare et puissante intelligence, d'un caractère antique, doué des plus belles, des plus heureuses qualités de l'esprit et du cœur, a usé un demi-siècle duraut, sans repos, sans relâche, de tous ces dons avec une charmante modestie, une parfaite abnégation, sans antre but que le bien général. Non content d'avoir déchiré les ténèbres et fait jaillir la lumière dans des régions inconnues de la science, il a voulu, il a su fonder des institutions propres à en conserver le foyer, à en étendre l'expansion au bénéfice de tous. Partout autour de lui dans son vaste rayonnement, il a excité la sympathie, l'affection, le respect, la vénération, l'admiration! Dieu a rappelé à lui ce merveilleux instrument de ses vues; sa perte est douloureusement sentie on s'empresse, on se rassemble de toutes parts pour célébrer ses vertus et ses mérites, pour honorer sa mémoire. Voilà ce que vous faites, voici ce que nous faisons.

Si c'est là une fête, j'aime les fêtes de cette nature, j'aime les

fêtes qui ont un pareil mobile, j'aime les fêtes où, sans distinction de rang, sans acception d'opinion ni de parti, sans préoccupations étrangères à leur objet, chacun, s'abandonnant aux mouvements naturels nous montre, exemple bien rare, mais

consolant néanmoins, qu'il y a toujours quelque chose de bon au fond du cœur humain.

Oui, j'aime ces fètes où l'on voit, comme je viens de le voir, comme je l'ai vu tous ces jours, la lutte paisible, courtoise, le tournoi franc et loyal des plus nobles sentiments, la généreuse explosion de cœurs libres lais és à leurs généreux élans!!!!

Aussi, volontiers, ai-je donné mes soins aux fètes en l'honneur de M. de Caumont. Mais leur succès qu'on vient d'affirmer, appartient en première ligne à celui que nous célébrons, si universellement honoré, si légitimement populaire. Il appartient ensuite au Ministre de l'Instruction publique, au patronage de l'administration, aux collègues, aux amis, aux disciples de M. de Caumont, dont le concours a donné à notre œuvre, avant tout la vôtre, tant d'intérêt et d'attrait.

Quant au tribut apporté par la ville de Bayeux, berceau de M. de Caumont, il est dû à Mgr Hugonin, évêque de Bayeux et de Lisieux pour l'empressement qu'il a mis à nous accorder la consécration religieuse avec cette pompe si magnifique, si majestueuse, si imposante qui distingue le culte catholique, au Conseil municipal qui a si bien compris ses devoirs envers notre illustre concitoyen; aux Commissions municipales qui ont déployé tant de zèle, d'activité, de dévouement pour seconder les vues du Conseil. Il est dû en particulier, comme le disait tout à l'heure M. le comte de Toustain, que j'en remercie, aux habitants de la ville. Nous voulions dignement recevoir tous ces hauts personnages, Français et étrangers, dont la visite devait laisser dans notre ville, un durable, un éternel souvenir; ce que notre population a gracieusement, spontanément fait dans ce but, pour nous venir en aide, est au-dessus de tout éloge. Elle a su donner à nos maisons, à nos rues, un air, des ornements de fètes qui, chaque soir, scintillants de feux de toutes couleurs au milieu d'innombrables guirlandes de fleurs et de feuillages, sem

Puis c'étaient des bourgeois, Prudhommes faux ou vrais, Ahuris, encombrants, perdus dans leurs livrets, Baillant an marbre avec des façons endormies, Mais ayant l'œil ouvert sur les anatomies. J'en vis de loin venir un groupe murmurant, Ils étaient deux, Prudhomme et son ami Durand : Les deux faisaient la paire, et j'entendis Prudhomme Qui disait à Durand : « Quel est donc ce bonhomme ? »

Ce bonhomme, lui seul, o messieurs les bourgeois ! A travaillé bien plus que vous tous à la fois; Il n'est pas de métier pénible sur la terre Qui surpasse en rigueur la tâche volontaire Que cet homme de bien s'imposa quarante ans.

Il prodigua sa peine et dépensa son temps

Sans trouver un seul jour la besogne importune;
Jamais aucun de vous, épiant la fortune,

Ne s'est couché si tard ni levé si matin;

Nul ne marcha plus droit vers un but moins certain⚫

Il ne s'agissait pas de dévouer sa vie,

Il fallait vaincre encore l'Ignorance et l'Envie,

Il fallait réveiller et rendre diligents

Ce tas de paresseux qu'on nomme honnêtes gens;

O vandales bourgeois ! il fallait vous combattre,
Protéger les vieux murs qu'il vous convient d'abattre
Déraciner, enfin, les préjugés plus durs

Que Paresse, Sottise, Ignorance et vieux murs.

C'était, en apparence, une entreprise folle;
A force de prêcher d'exemple et de parole,
Il réussit pourtant, nous en sommes témoins.
Fut-il comblé d'honneurs? de faveurs? Encor moins.
Peu jaloux du bruit fait autour de sa personne,

Il aimait à donner l'exemple qui rayonne;

Son cœur, vers le bon pauvre en secret attiré,

Avait joie à répandre un bienfait ignoré;

Sa main (de ses clients qui peut savoir le nombre?),

Entr'ouverte au soleil, s'ouvrait tout grand dans l'ombre

Son esprit, sans jamais le faire apercevoir,

Faisait discrètement l'aumône du savoir.

Eu savez-vous beaucoup, parmi ceux qu'on renomme,

Dont le mérite puisse égaler le bonhomme?

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Si l'artiste au modèle avait fait sa toilette.
Honneur, honneur à lui, pour avoir respecté
L'air paternel du maître et sa simplicité,
Pour avoir, sans fronder par trop l'Académie,
Modelé la science avec la bonhomie;

Pour avoir su si bien, sans fanfare, allier

Le faire magistral au ton familier.

Un seul pouvait tailler cette image entre mille,

Il fallait un ciseau tout à la fois habile
Et naïf, un Normand, un disciple, un ami :
L'homme n'a fait ici l'ouvrage qu'à demi;
Le cœur guidait la main, car il fallait peut-être
Avoir un peu de l'âme et de l'esprit du maître,
Et s'ajouter soi-même au modèle imparfait.

Qui pouvait faire mieux que celui qui l'a fait ?

Notre siècle est cruel aux vertus comme aux vices,
Et son esprit s'emporte à d'étranges malices;
Mais parfois au sourire implacable et moqueur,

Comme un ancien écho répond un cri du cœur.

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Quelqu'un a dit: Il est des morts qu'il faut qu'on tue. » Maître, laisse-moi dire au pied de ta statue,

Devant ton front de marbre, immortel désormais :

« Il est aussi des morts qui ne meurent jamais. >

ERRATA

Page 6, ligne 10, au lieu de: Jailly, lisez: Sailly.

Page 73, ligne 5, au lieu de: école des Chartres, lisez : école des Chartes.

Page 404, ligne 24, au lieu de: celui de M. Marzabotto, lisez: celui de Marzabotto.

Page 149, ligne 3, rétablir ainsi le vers d'Homère :

Χοῦροι μὲν κρητῆρας επεστέψαντο ποτοιο

Page 192, ligne 17, au lieu de: Plissot, lisez: Plivot. Page 273, ligne 6, au lieu de : vadum veriæ, lisez : vadum Veriæ.

Page 275, ligne 32, au lieu de: vis reverendissimus, lisez : vir reverendissimus.

Page 280, ligne 29, au lieu de: Antrécourt, lisez: Autrécourt. Idem., au lieu de le territoire de Varimont, Avermoncourt, etc., lisez les territoires de Varimont, Vermancourt, etc. Page 285, ligne 3, au lieu de: Faussy, lisez: Saussy.

Page 286, ligne 17, au lieu de: la Chappe et Lormond, lise: la Cheppe et Laimont.

Page 295, ligne 9, au lieu de: Hugues de Bricy, lisez: Hugues de Briey.

Page 348, au lieu de: exercemu, lisez exercemus.

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