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musical, la retraite aux flambeaux, les illuminations des places de l'Hôtel-de-Ville, Saint-Patrice et du Château, le feu d'artifice, le grand concours des sociétés musicales qui a donné une animation et un intérêt tout particuliers à la

François Ier du nom, roi de France, venant visiter la Duchée de Normandie, fera son entrée dans la ville et chasteau de Bayeux, que ledict seigneur roi, accompagné de Monsieur le Dauphin et de M. le roi de Navarre, aura à sa suite grand nombre de seigneurs et gentilshommes, et sera escorté par la garde suisse, les pages et escuyers de la grande écurie, que pour recevoir honnêtement et dignement ledict seigneur qui a octroyé à la ville de Caen moult libertés et priviléges, le corps de ville ira à sa rencontre avec les archers el arquebusiers de la compagnie du Papegnay, lui fera harangue de bonne venue et lui offrira le vin de ville selon les anciens us et coutumes; qu'après avoir été salué par les couleuvrines et fauconneaux du chasteau, le seigneur roi ira prendre logis rue Saint-Martin, en l'hostel de M. Guérin du Fresne, où le soir seront faits devant ledict logis, moult feux de joie, et seront jouées farces et mômeries devant Sa Majesté.

Et afin de festoyer dignement l'arrivée dudict roi, engageons les bourgeois à tapisser de guirlandes les rues où il passera et à crier Noël! afin qu'il soit joyeux et content.

Foisons sçavoir aussi que les jours suivants, il y aura dans la ville grand rassemblement d'estrangers venus de différents lieux, voire mesme des provinces de Hainaut et de l'Angleterre; tous gens de bien et de sçavoir, venus pour assister à l'érection de la pourtraiture en marbre d'un citoyen de Bayeux, Arcisse de Caumont, clerc de grand sçavoir, qui a passé sa vie à encourager les artisans, à récompenser les laboureurs, à enseigner, à réparer les moustiers et chasteaux, estudier les vieilles chartes; que le lendemain de cette feste, 'où assisteront M. le ministre, M. le gouverneur de la province, M. le président du présidial et moult gens distingués, il arrivera encore à Bayeux une grande raccachie de ménestrels et chanteurs, venus de loin pour faire auprès de

journée du dimanche, ont fait le plus grand honneur à MM. les organisateurs de ces fêtes. Grâce à leurs soins judicieux, elles avaient reçu un caractère sérieux, artistique et du meilleur aloi, tout en conservant la physionomie populaire, indispensable à ces sortes de réjouissances.

Les archéologues, antiquaires et amis des arts qui ont fait le voyage de Bayeux, garderont un excellent souvenir de leurs visites à l'exposition rétrospective, installée, dans la halle aux grains, par l'habile initiative de ses organisateurs, MM. Paul de Farcy, Doucet, de Molandé, de Chaumontel et Panchet-Bellerose.

L'Association normande, pendant ces jours, a exécuté

la statue assaults et joultes d'harmonie et chanter ballades et joyeulx refrains.

Pourquoi, et afin de recevoir courtoisement tous ces étrangers et pour qu'ils aient bonne et plaisante souvenance de la ville de Bayeux, invitons beourgeois et manants de la vicomté, à leur faire agréable accueil, et prions les dames et damoiselles de vestir en leur honneur leurs plus bieaux attifaits et de leur faire doulx et gentils visages.

Recommandons aussi à tous, en ces jours de festoyement et de liesse, de mettre la poule au pot et, afin qu'il n'y ait que gaiesté et réjouissance, foisons défense expresse à tout hostelier de mettre de l'eau dans son cidre, à tout buveur d'en prendre plus qu'il n'en peut porter, à toute femme de foire endiabler son mari, à tout mari de battre sa femme, et invitons les bourgeois, en signe d'allégresse, à foire flamber le soir candelles et pétoches sur les fenestres et les toitures de leurs maisons.

Fait et délibéré en l'hostel de ville, au parloir des bourgeois, rue des Cuisiniers, le 8 juillet 1532.

Signé Raphaël d'ESCRAMMETOT,

Vicomte de Bayeux.

plusieurs excursions, portées au programme de ses travaux, qui ont offert un très-considérable intérêt au point de vue archéologique. Plusieurs membres de la Société française d'Archéologie, avec M. Palustre, son directeur, y ont pris part sur l'invitation de M. de Glanville.

L'une de ces excursions a été faite dans la matinée du dimanche 16, à l'abbaye de Mondaye, dont l'église et les bâtiments datent de la fin du règne de Louis XIV, et sont l'œuvre, fort remarquable dans l'ensemble de la construction et les détails d'ornementation, sculpture et peinture, du Père Restout, de l'ordre des Prémontrés, frère du peintre français de ce nom. Cette abbaye, récemment rachetée, est occupée aujourd'hui par les religieux du même ordre, qui y font exécuter d'importants travaux d'agrandis

sement.

Le lendemain, une autre excursion nous a conduits à Grandcamp. Elle a pris toute la journée, et chemin faisant, elle nous a donné l'occasion de visiter une série d'églises des plus intéressantes par leur style et leurs dispositions, telles que celles de Tour, de Mosles, de Formigny, des Deux-Jumeaux, de Maisy, curieux spécimens des richesses monumentales de ce magnifique pays.

J. DE LAURIÈRE.

Discours de Mgr Hugonin, évêque de Bayeux.

MESSIEURS,

Le clergé de Bayeux vous remercie de la part que vous avez faite à la religion dans cette solennité patriotique. Il est heureux de s'unir à vous pour honorer la mémoire de M. Arcisse de

Caumont, votre illustre compatriote. Car il est comme vous jaloux de la gloire de notre cité; comme vous, il s'intéresse au progrès des connaissances humaines, comme vous, il se réjouit d'applaudir aux efforts désintéressés des hommes de bien qui en augmentent le précieux dépôt. M. de Caumont compte parmi les prêtres du diocèse des disciples et des coopérateurs distingués.

Des voix plus compétentes vous rappelleront tout à l'heure les titres de M. de Caumont aux honneurs extraordinaires que vous lui décernez. Nous ne voudrions commettre ni l'imprudence ni l'indiscrétion de prévenir leurs discours.

Mais ne paraîtrions-nous pas méconnaître, ou avoir oublié les services éminents que M. de Caumont a rendus aux édifices religieux du diocèse, à l'art chrétien et à la religion, si nous ne lui apportions dans cette circonstance un tribut spécial de notre gratitude? Nous laisserons donc à vos orateurs la tâche qu'ils ont bien voulu accepter. Mieux que nous, ils vous diront la vive impulsion que M. de Caumont a donnée à l'étude de nos antiquités nationales, comment il sut rendre cette étude facile et attrayante, combien de disciples il anima de son esprit et forma par ses méthodes, combien son initiative fut hardie, sympathique et féconde, combien de richesses artistiques ignorées il révéla à ses concitoyens, comment il fit revivre nos vieux édifices religieux, avec quel zèle il les décrivait, comment il renouvela l'intelligence et le goût de l'art, comment il nous apprit à lire dans les détails de l'architecture la pensée de nos afeux, à la rétablir où le temps l'avait effacée et où l'ignorance l'avait altérée, à la reproduire dans des édifices nouveaux. Qu'ils nous permettent du moins de leur dire que nous nous associerons avec bonheur à ces éloges.

Ils seront les interprètes de notre commune estime et de notre commune reconnaissance.

La religion a des racines si profondes dans la nature de l'homme et dans l'histoire des sociétés que presque tout progrès scientifique atteste sa vérité ou fait mieux connaître ses bienfaits. L'archéologie, si jeune encore et déjà si puissante, apporte son

concours à cette universelle apologie. L'archéologue, en effet, ne se contente pas de décrire les caractères divers de nos monuments antiques, d'assigner à chacun l'ordre auquel il appartient, de reconstruire leur histoire, il nous découvre au-delà des pierres froides et inanimées qui frappent nos sens, un idéal qui captive notre esprit et un sentiment qui émeut notre âme. L'archéologie agrandit l'horizon de l'histoire, elle évoque devant nous des générations oubliées. Or, Messieurs, quel est le résultat le plus incontestable de ses patientes recherches? Partout elle rencontre les empreintes ineffaçables de la religion. La plupart de ces monuments qu'elle étudie et qu'elle admire, c'est la religion qui les a élevés; cette architecture si originale, cet art merveilleux qui donne à ces œuvres une sorte de consécration religieuse et les sépare de tout monument profane, c'est la religion qui l'a créé. Le plus grand nombre de ses découvertes rendent un témoignage éclatant à la foi de nos pères et à la puissante influence de la religion.

Vous tous, Messieurs, disciples, coopérateurs et amis de M. de Caumont, vous continuerez son œuvre, vous poursuivrez cette glorieuse apologie de la religion. Plus que jamais elle est opportune. Le vieux christianisme de nos aïeux, qui a veillé sur leur berceau, qui a présidé à leur éducation, qui a donné à leur génie leurs plus sublimes inspirations, n'est plus seulement attaqué dans l'enceinte de quelques écoles, il est signalé chaque jour par mille organes de la presse et jusque dans la tribune de nos assemblées politiques, tantôt ouvertement et avec violence, tantôt avec une modération plus habile et sous des noms divers comme l'ennemi public de la civilisation moderne et de la patrie. Vous donnerez par vos découvertes un démenti formel à ces bruyantes accusations. Vous affermirez les esprits pusillanimes contre des terreurs puériles, vous maintiendrez parmi nous le respect des traditions religieuses qui ont fait l'honneur et la prospérité de nos ancêtres, bien convaincus qu'un peuple sans croyance ne tarde pas à devenir un peuple sans force morale et sans vertu, condamné à une irrémédiable dissolution sociale.

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