Page images
PDF
EPUB

moitié du XIII., et on ne saurait spécialement l'attribuer au XIV.

[graphic]

L'un des plus beaux fonts du XIV. siècle que j'aie rencontré est celui de Mayence. Il est en plomb et présente l'image d'une coupe multilobée, d'un diamètre considérable, qui repose sur un court pédicule octogone. Les lobes de la coupe sont extérieurement ornés de moulures dans le style du XIV. siècle, et des images du Sauveur, de la Sainte Vierge, de saint Martin et des douze Apôtres. Il a été fondu en 1328.

Tombeaux.

Les tombeaux du XIV. siècle ne se distinguent de ceux du XIII. que par la manière dont les ornements sont traités. Les caractères que j'ai indiqués pour l'architecture du XIV. siècle, devront facilement faire reconnaître les tombes à arcades placées le long des murailles; les colonnettes qui supportent les voûtes, les frontons à feuilles rampantes qui souvent couronnent l'arc ogival, les pinacles qui parfois les accompagnent, enfin les moulures qui garnissent le devant du tombeau, fournissent des moyens faciles de classification chronologique, pour les monuments de quelque importance.

Bonet del.

Les trois statues suivantes, dessinées à Campigny (Calvados), appartiennent à deux tombeaux du XIV. siècle : le premier offre deux

[graphic][ocr errors][subsumed]

statues couchées, le mari et la femme le mari est revêtu de la cotte

STATUE TOMBALE DANS L'ÉGLISE DE CAMPIGNY.

[graphic][merged small][ocr errors]

STATUE TOMBALE DU XIV. SIÈCLE, DANS L'ÉGLISE DE CAMPIGNY.

de mailles et de la cotte d'armes. Il a attaché au côté gauche son bouclier, son épée, ses gants; sous les pieds un lion. La femme porte un habillement à manches serrées garnies de boutons jusqu'au coude, recouvert d'un surcot largement drapé et un voile sur la tête. Ses pieds reposent sur un chien, emblême de la fidélité.

Le second tombeau est celui d'une femme dont le costume est le même. Un portique subtrilobé, dans le style du XIV, siècle, surmonte la tête de la statue qui repose sur un coussin porté par deux anges.

Trois tombeaux remarquables du XIV. siècle existent dans la grande église de Fécamp.

:

Sur un de ces tombeaux, autour de la statue assez bien drapée et la tête surmontée d'un dais, étaient six figurines, dont deux seulement subsistent les autres, mutilées, n'offrent plus qu'une partie du corps : autant qu'on peut en juger aujourd'hui, les poses de ces statuettes étaient très-bonnes, et l'on doit regretter qu'elles aient été si complètement endommagées.

Sur la partie antérieure du tombeau sont des arcades à présent au nombre de neuf et demie, car la dernière vers la tête du défunt a été presque supprimée; elles devaient être primitivement au nombre de dix. Dans chacune de ces arcades tréflées à l'intérieur, sont sculptées en bas-relief diverses scènes de la vie de Jésus-Christ, savoir : la Nativité, la Passion, la Résurrection, l'Ascension, etc, etc.

L'autre tombeau n'avait, en-dessus, que quatre figurines. La mitre et le collet de la statue sont ornés de pierreries. La partie antérieure du tombeau est garnie de six niches en bas-relief, plus soignées que les précédentes. Les personnages étaient plus grands. Chaque compartiment est couronné de trois petits frontons triangulaires disposés de manière à abriter les personnages. La même chose existe à l'opposé. Ce tombeau devait être isolé, et je pense qu'il n'est plus dans sa position primitive.

Le troisième tombeau est fort endommagé. Il y a sept arcades en avant du tombeau. Eutre les frontons se voient des anges ailés debout. On distingue différents groupes de personnages dans les arcatures.

PIERRES TOMBALES. Les pierres tombales ont été, au XIV. siècle, magnifiques d'exécution : tous les détails du costume y sont rendus avec une grande exactitude; les compositions architecturales destinées à former l'entourage des personnages représentant des chapelles ou des travées d'une

église. Ils ont leurs types correspondants dans les décorations de mème genre dont on encadrait, au XIV., sur les vitraux, les personnages que l'église offrait à la vénération des fidèles (1). Je présente pour exemple la belle pierre tombale dessinée à St.-Ouen-en-Belin, département de la Sarthe, par M. Hucher, membre de l'Institut des provinces. Cette pierre, qui recouvrait deux tombes, offre aussi deux effigies, celles d'Andrieu d'Averton, sire de Belin et d'Isabeau de Breinville, sa femme, morts dans la première moitié du XIV.

La pierre est divisée en deux arcatures ogivales trilobées encadrant les deux personnages, lesquelles sont surmontées de frontons présentant les découpures les plus fines et les ornements les plus élégants du XIV.

Andrieu d'Averton, dit M. Hucher, nous présente l'aspect fidèle d'un chevalier du XIV. équipé de pied en cap; il porte en tête le pot de fer conique, identique à celui du Prince Noir, dans l'effigie sculptée sur son tombeau à la cathédrale de Cantorbéry ; comme dans la statue de ce dernier, le casque est relié au camail qui protège le col par un système de chaînette très-caractérisé. Le haubert, ou plus spécialement le haubergeon, recouvre tout le tronc depuis la partie inférieure du visage qu'il encadre d'un austère ornement, jusqu'aux deux tiers des cuisses.

Le seul vêtement apparent et qui recouvre tous les autres jusqu'à mi-cuisses, est la cotte d'armes chargée du blason du chevalier et se terminant en lambel, c'est-à-dire en lanières crénelées de 10 centimètres de longueur.

La ceinture militaire, large d'environ 4 centimètres, entoure le bas des reins et la naissance des cuisses du personnage; elle paraît ornée de pierreries, ou tout au moins de rosaces émaillées, enchâssées dans des articulations de métal, selon l'usage du temps; elle soutient, d'un côté, la dague de miséricorde, de l'autre l'épée à deux tranchants: pardessus celle-ci, du côté gauche du personnage, on voit appendu l'écu du chevalier, blasonné comme la cotte d'armes.

Des brassards avec cubitières articulées protègent les bras; au défaut de l'aisselle, on voit paraître le haubergeon; les jambes sont couvertes de plates nommées cuissards, genouillères; derrière les cuisses on voit paraître le cuir gamboisé placé directement sur la peau; les pieds du personnage sont appuyés sur un lion.

(1) André Pottier.

« PreviousContinue »