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Et que les passions, lâchement caressées,

Fassent des assassins sans peur et sans remords?

L'homme ira-t-il toujours, loin des routes tracées
D'un abstrus idéal affrontant les abords,
Réformant les États en ses folles pensées,
Supputer le progrès par le nombre des morts?

Les révolutions, populaires caprices,
Imposent tour à tour les mêmes sacrifices,

Et leur char de coursiers change, jamais d'essieu.

Qu'importent de vains noms : monarque, république, Si l'immoralité grandit dans la pratique ?...

Dieu, prends pitié de nous; sauve-nous, ô mon Dieu!

IV.

Dieu parle « Frèle créature,

« Qu'aucune chute n'éclaira,

« Contre ta perverse nature

« Lutte, aide-toi, Dieu t'aidera.

« Ta tente d'un jour est peu sûre ;

« Travaille, Dieu l'affermira.

« Qu'entends-je ? quel est ce murmure ? »

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Que répondre ? L'orgueil trouble toutes les têtes ;
Sous les malheurs publics nul ne courbe son front
Qui brave insolemment de nouvelles tempêtes.
Grand Dieu, pardonne-leur : savent-ils ce qu'ils font?

Ils mettent, insensés! au rang de leurs conquêtes
De la terre et du ciel le lien qui se rompt.
Mais voyant coup sur coup s'écrouler tant de faîtes,
Frappés de leur folie, ils te reconnaîtront.

Eh! comment sans frémir nier ton existence ?

Qu'est l'homme ? Un fils ingrat. Qu'atteste la science? Ton immense sagesse, un pouvoir infini.

La science croissant jettera la lumière

Sur les lois de l'esprit, maître de la matière (1),

Et dans le monde entier ton nom sera béni.

(1) La pensée de ces deux vers est empruntée à la fin de l'alinéa suivant, qui termine l'article de M. Fernand Papillon sur la constitution de la matière d'après les investigations récentes (REVUE DES DEUX-MONDES du 1er juin 1873).

La science la plus avancée ne répudie aucun des grands et durables sentiments des âges passés. Au contraire, elle confère le caractère de la certitude à des vérités jusqu'alors destituées de preuves convenables, et soustrait aux atteintes du scepticisme tout ce qu'il convoitait pour sa proie. Aucune preuve de l'immortalité de l'âme ne vaut celle que nous avons tirée de la simplicité et de l'indestructibilité nécessaires de tous les principes d'énergie. Rien ne dépose en faveur de la majestueuse réalité de Dieu aussi fortement que le spectacle des différentiations harmoniques qui règlent l'ordre infini des forces et déterminent l'unité synergique du monde. C'en est assez pour établir que la grandeur morale et la dignité intellectuelle d'une nation devront toujours être mesurées au degré de l'estime et du crédit dont y jouissent les hautes spéculations métaphysiques et en particulier celles qui ont trait à la constitution de la matière. Spéculer sur la constitution de la matière est le meilleur moyen d'apprendre à connaître l'esprit, et de comprendre que tout s'y ramène, parce que tout en dérive. »

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HISTORIETTE,

Par M. COLLAS,

Membre titulaire.

Un disciple de Gall, un docteur en renom
Dissertait quelque soir au milieu d'un salon
Sur les protubérances,

Parlant des passions, des vices, des tendances
Dont au crâne chacun porte un signe certain :
« Oui, Messieurs, disait-il, j'en ai la preuve en main;
« J'ai, sur la boîte osseuse,

« Observé l'influence heureuse ou malheureuse

« Qui fait qu'on est honnête ou qu'on est criminel; « Et j'ai pu, grâce au ciel,

« Recueillir tant de faits et tant de phénomènes,
<< Que je me tiens pour payé de mes peines.
« A Londres, à Berlin j'ai pour correspondants
« Les gens les plus savants.

<< Quelqu'un veut-il, au nom de la science,
« Laisser sur lui tenter l'expérience ?... >>

On hésitait si vraiment le docteur

:

Possédait l'art de lire au fond du cœur !

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