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L'œuvre des Sœurs à Orléans.

Mgr l'évêque d'Orléans vient d'adresser aux curés de son diocèse une lettre pour leur annoncer l'établissement d'une association et d'une quête, qui se fera chaque année le 15 août, destinées à favoriser la propagation des maisons de Sœurs pour les écoles de filles, les salles d'asile et le service des malades dans le département du Loiret: Voici les principaux passages de cette lettre :

Monsieur le curé,

Le digne préfet dont le zèle et la sage administration ont laissé parmi nous de si honorables souvenirs, M. Dubessey avait conçu, peu de temps avant de nous quitter, la pensée de procurer à toutes les communes du département, qui le désireraient, des établissements de Sœurs pour les œuvres si importantes des Ecoles des Salles d'asile et de l'assistance des malades.

Cette pensée lui avait été inspirée par l'expérience des heureux résultats obtenus et généralement constatés dans toutes celles de nos communes qui possédaient déjà des établissements semblables.

M. Dubessey voulut bien nous donner communication de son projet : nous ne pûmes qu'y applaudir et en bénir Dieu; mais ce magistrat ayant été appelé, sur ces entrefaites, à d'autres fonctions, il ne lui fut pas donné de poursuivre l'exécution d'une entreprise dont le dessein seul est une gloire pour son administration et un de ses titres à la reconnaissance des habitants du Loiret.

Le digne successeur du zèle aussi bien que des fonctions de M. Dubessey, M. Buselli, préfet actuel de notre département, a pris à cœur l'œuvre projetée par son prédécesseur.

Une commission administrative avait été instituée. Cette commission continue chaque jour ses travaux avec un zèle, au-dessus de tout éloge.

Une souscription, ouverte par ses soins, compte déjà, ou achèvera bientôt de compter parmi ses signataires l'élite de la ville d'Orléans et du déparment.

MM. les membres du conseil général ont pris tout d'abord la plus généreuse initiative en faveur d'une œuvre si intéressante, et se sont empressés de l'encourager par une allocation de fonds.

Enfin, sur la demande de M. préfet, M. le ministre de l'intérieur nous a accordé une subvention; et toutefois, il faut l'avouer, les ressources sont loin encore d'être suffisantes.

C'est pour augmenter ces ressources et les mettre plus en proportion avec les besoins de l'œuvre, que MM. les membres de la commission administrative sollicitent aujourd'hui notre concours et le vôtre, en nous priant d'autoriser une quête générale et annuelle dans toutes les églises du diocèse.

C'était déjà notre pensée: vous comprenez, messieurs et chers coopérateurs, combien notre sollicitude pastorale et la vôtre doivent être vivement excitées en faveur d'une œuvre qui intéresse à un si haut degré le bien spirituel et temporel de nos bien-aimés diocésains et de vos chers paroissiens. Quoi de plus capital, en effet, au point de vue de la morale, de la reli gion et du bonheur des familles, que la bonne et chrétienne éducation des filles, qui fait le premier objet de cette œuvre?

Qui ne le sait? L'innocence, la retenue, la pureté des mœurs chez les jeunes filles, et l'atmosphère de respect que ces pudiques vertus forment pour ainsi dire autour d'elles, sont la plus ferme protection, anssi bien que le plus bel ornement des mœurs publiques; c'est le frein le plus sûr aux vives et imprudentes passions de la jeunesse; c'est la préservation des corps et des âmes; c'est ce qui prépare ces unions pures et fidèles que Dieu bénit; c'est enfin ce qui d'avance, et de loin, jette les solides fondements de la paix domestique et garantit la prospérité des familles.

'Mais ces vertus si précieuses et si nécessaires, qui ne sait aussi qu'il n'y a qu'une bonne et religieuse éducation du jeune âge qui puisse les produire, les développer et les affermir ?

Outre l'éducation de la jeunesse, il est encore un autre service non moins nécessaire et encore plus touchant peut-être, que les Sœurs peuvent rendre et rendent en effet dans les paroisses où elles sont établies, je veux parler de la visite et du soin des pauvres malades.

Ce service est précieux dans les villes; mais il est plus précieux encore dans les campagnes où les secours sont moins abondants, les hospices plus rares et plus éloignés, et aussi, généralement, la pauvreté plus grande.

Quel trésor, messieurs, pour vos paroisses! Si chacune pouvait avoir sa Sœur de charité, son ange consolateur des malades, qui, tous les jours, les visiterait sur leur lit de douleur, irait s'asseoir et veiller près de leur chevet, leur porterait les plus pressants remèdes, appellerait auprès d'eux l'homme de la science, appliquerait avec intelligence ses prescriptions; et non moins secourable pour l'âme, saurait dire à propos le mot qui éclaire, le mot qui console, le mot qui inspire la patience, et qui est toujours si bien reçu, quand il part d'un cœur tendre et dévoué, et qu'il est prononcé par des lèvres pures et bénies!

C'est pourquoi, messieurs et chers coopérateurs, nous n'hésitons pas à établir et à vous demander une quête générale qui se fera chaque année, dans toutes les églises de la ville et du diocèse d'Orléans, pour l'œuvre des Sœurs destinées aux Ecoles de filles, aux Salles d'asile et au service des pauvres malades.

Cette quête aura lieu le jour de l'Assomption de la très-sainte Vierge.

Nous nous en rapportons avec confiance à votre zèle, messieurs et chers coopérateurs, pour faire comprendre à vos paroissiens, et à ceux surtout que la Providence a plus abondamment pourvus des biens de ce monde, tout l'intérêt moral, religieux et social qui s'attache à l'œuvre que nous entreprenons, et dont tant d'hommes honorables ont pris, même avant nous, la noble et généreuse initiative.

'Les paroisses qui jouissent des avantages que nous voudrions pouvoir procurer à d'autres, soit parce qu'elles possèdent déjà des établisssements de Sœurs, soit parce qu'elles ont, dans des personnes séculières dignes de toute confiance, de bonnes institutrices pour leurs enfants, ces paroisses ellesmêmes, nous l'espérons, ne refuseront pas à notre œuvre le concours de leur charité, concours d'autant plus méritoire de leur part qu'elles y paraîtront moins personnellement intéressées.

Mais les ressources pécuniaires, toutes nécessaires qu'elles soient ici, ne seraient pas seules suffisantes: ce sont des Sœurs que la commission nous demande, et il est beaucoup moins facile d'en trouver qu'il ne pourrait le paraître au premier coup d'œil.

Sans doute, et nous devons en bénir Dieu, depuis un demi-siècle à peine que la Religion a pu se rassoir et se raffermir sur le sol ébranlé de notre patrie, les saintes congrégations de filles vouées aux œuvres de charité, et spécialement à l'éducation des enfants et au service des malades se sont multipliées en France avec une merveilleuse bénédiction: c'est un effet de la miséricordieuse attention de la Providence qui augmente les secours à mesure que les nécessités deviennent plus grandes; toutefois, le nombre des Sœurs est loin encore de pouvoir suffire, dans un siècle où les exigences de l'éducation publique ont fait de l'instruction un commun besoin, et un bien auquel les plus pauvres eux-mêmes sont conviés, dans une certaine mesure, à participer.

C'est ce que nous venons de vérifier et d'éprouver nous-même tout récemment; car, nous étant adressé aux diverses congrégations existantes pour avoir des Sœurs, nous avons recu presque partout la même réponse: Les sujets manquent, quoiqu'ils abondent; on nous en demande de toutes parts, et nous ne pouvons y suffire. »

Si ces réponses, d'un côté, nous ont affligé, de l'autre aussi elles nous consolent singulièrement; car elles font voir en quelle estime les Sœurs sont en France, et combien leurs charitables services sont partout appréciés et désirés.

Mais nous avons dû, dès lors, chercher une autre voie pour atteindre le but proposé et répondre aux bienveillantes et religieuses intentions de M. le préfet, du Conseil général, des fondateurs et de la commission de l'œuvre. Le seul moyen qui s'offrît à nous, c'était d'entreprendre la fondation, à Orléans même, et uniquement pour le diocèse, d'une nouvelle congrégation des Sœurs pour les Ecoles, les Salles d'asile et les malıd‹s.

C'est à ce projet que nous nous sommes arrêté; nous pouvons même vous annoncer qu'il est déjà en bonne voie d'exécution, quelques personnes pieuses et capables se sont offertes pour commencer le noviciat; M. l'abbé Desnoyers, un de nos vicaires généraux, dont les lumières et l'expérience pour la conduite des maisons religieuses vous sont connues, a bien voulu se charger de leur direction, et, avec l'aide de Dieu, les progrès de cet institut diocésain seront rapides, si, comme nous n'en saurions douter, vous voulez bien nous prêter un intelligent et zélé concours.

Il n'appartient qu'à Dieu de donner la vocation religieuse; toutefois, comme chaque année notre diocèse fournit un certain nombre de sujet aux congrégations vouées aux mêmes œuvres que celle que nous nous proposɔns d'établir, n'y a-t-il pas lieu d'espérer que Notre-Seigneur inspirera à plusieurs jeunes personnes, appelées à l'état religieux, la pensée de s'offrir de préférence à notre communauté, pour servir, dans les exercices de la charité, le diocèse même où elles ont reçu le baptême, la foi, les sacrements et la grâce de leur vocation ?...

Veuillez agréer, etc.

Orléans, 8 août 1853,

FÉLIX, évêque d'Orléans.

Bénédiction de la Gare de Bordeaux.

La Guienne, du 18 août, nous apporte les détails suivants sur cette imposanté cérémonie, à laquelle S. E. Mgr le cardinal Donnet a bien voulu prêter son concours, et qui s'est accomplie de la ma

nière la plus touchante, en présence de toute la population de Bordeaux :

« Aujourd'hui a eu lieu, à la Bastide, la bénédiction solennelle de la gare du chemin de fer de Paris.

<< Un vaste espace avait été réservé au milieu de l'enceinte pour le pas sage du clergé et pour le mouvement des locomotives qui devaient y recevoir la bénédiction pontificale.

<< A midi et demi, S. Em. Mgr le cardinal Donnet a fait son entrée processionnelle dans la gare. La cérémonie a commencé par le chant du Magnificat.

Après les oraisons et un signal donné, les trois locomotives portant les numéros 7, 8 et 41, se sont majestueusement avancées, couvertes de pavois, jusqu'au pied de l'autel, où elles ont été successivement bénites de la main de Mgr l'archevêque. Son Eminence a descendu ensuite les degrés de l'autel, dont elle a fait le tour, pour répandre l'eau bénite sur les murs de l'édifice, désormais consacré par la religion.

<< Son Eminence ayant repris sa place, à un nouveau signal, les barrières extérieures de la gare se sont ouvertes aux flots d'une population tout entière, accourant pour écouter la parole de son premier pasteur. Cette parole, que nous regrettons de ne pouvoir reproduire ici, a été pleine de force et d'onction.

« Mgr le cardinal a rapporté que c'était pour la troisième fois qu'il venait bénir l'œuvre merveilleuse dont il a redit les succès développés par le génie de l'homme sous la protection de Dieu.

« Il a ajouté, en terminant, que le chemin de fer de Paris, grâce aux sentiments patriotiques et religieux de ses administrateurs, avait déjà reçu une première bénédiction, celle qui s'attache au mérite des bonnes œuvres, faisant allusion aux sommes consacrées récemment par ces mêmes administrateurs au soulagement des pauvres, et il a fini par dire que la prière et l'aumône ne pouvaient manquer de porter bonheur.

Son discours fini, Son Eminence est partie en entonnant le chant du Te Deum; il était une heure de l'après-midi. »

Le Val d'Andorre.

On lit dans le Clamor publico de Madrid du 17 août :

<< On nous adresse de la Seu d'Urgel quelques détails sur la présence, dans la république d'Andorre, de son prince souverain, l'évêque du diocèse. « Le 1er août a été célébré, dans le val d'Andorre, cette solennité qui se rattache à d'anciennes coutumes et à de vieux souvenirs. L'évêque s'est mis en route pour le val d'Andorre avec le syndic, ses adjoints et deux habitants d'Andorre qui étaient venus à la Seu d'Urgel et qui avaient été logés dans le palais épiscopal. Il était également accompagné du gouverneur, des chefs de bataillon du 10° chasseurs en garnison à la Seu, du juge, de l'alcade, etc.

« Un piquet des chasseurs à cheval précédait le cortége épiscopal, faisant des feux nourris de mousqueterie, dont retentissaient au loin tous les échos du val. La limite du territoire d'Andorre est formée par un torrent décoré du nom de rivière (rio Rune). De l'autre côté du torrent attendaient tous les dignitaires du val, dans le costume pittoresque du pays, et sur une pe

tite hauteur au-dessus du chemin avaient été disposés quarante escopeteros armés de fusils, carabines et pistolets.

« L'escorte du prélat ayant cessé de tirer des coups de mousqueton, un silence imposant s'est étendu sur toutes les vallées. Le syndic a harangue Mgr l'évêque, lui déclarant que les vallées le reconnaissaient pour leur souverain, mais qu'il était nécessairo avant d'y entrer qu'il fit serment de respecter et de maintenir les fueros (priviléges) et de défendre leur neutralité. « L'évêque ayant prêté ce serment, le syndic et les autorités ont baisé respectueusement son anneau : le syndic a crié alors: Vive le prince d'Andorre et la population a mille fois répété ce cri avec enthousiasme pendant que les escopeteros de la montagne tiraient des coups de fusil auxquels répondait l'escorte du prélat. C'était un feu roulant répété par les échos.

Le cortége s'est mis en marche au bruit de la mousqueterie, des cloches et des acclamations populaires. Le rio Rune est à trois heures et demie. de distance d'Andorre. La vella, à l'entrée de la ville, avait été improvisée en petites chapelles avec des rameaux et des feuillages. L'évêque y a été reçu par le clergé d'Andorre, et de là il s'est dirigé vers la cathedrale, où a été chanté un Te Deum.

Le cortége s'est rendu ensuite au palais du conseil. Dans la grande salle, le prélat, prince souverain, a pris possession de son territoire. Acte authentique de cette prise de possession a été dressé par deux notaires avec les témoins requis. Ensuite a eu lieu un banquet de soixante-dix-huit couverts. A table, le syndic a offert au prélat plusieurs pièces de monnaie d'argent en signe de reconnaissance du tribut que lui paie Andorre. Le prélat les a acceptées en demandant la faveur de les pouvoir remettre au curé, qui les distribuera aux pauvres. Cet acte de charité chrétienne a provoqué de bruyants applaudissements. Des toasts ont été portés en prose et en vers. La société a quitté le prélat pour lui permettre de prendre du repos, en promettant de revenir le saluer le lendemain. L'évêque, prince souverain, doit visiter toutes les populations d'Andorre et administrer le sacrement de la confirmation. >>

Actes officiels.

M. le ministre de l'instruction publique et des cultes a adressé, le 2 de ce mois, la circulaire suivante à NN. SS. les archevêques et évêques :

« Monseigneur,

«La musique religieuse, qui ajoute un si grand éclat aux solennités du culte, a perdu le caractère sacré que lui assignaient ses antiques traditions. Il faut surtout attribuer cette décadence à l'absence d'écoles spéciales et à l'obligation où l'Eglise est aujourd'hui réduite de demander au théâtre ses organistes, ses chanteurs, ses maîtres de chapelle et ses compositeurs.

«Comme tous les amis de l'art religieux, vous aurez assurément regretté, Monseigneur, qu'aucune tentative n'ait été faite encore pour doter nos sanctuaires d'une véritable musique sacrée et d'artistes élevés et formés pour elle. Get essai que j'espère voir couronner d'un plein succès, M. Niedermeyer vient de l'entreprendre, en fondant à Paris une école où seront préparés, par l'étude du chant, du contre-point, de la fugue et des chefsd'œuvre des grands maîtres des VI, VII et XVIIe siècles, tous les artistes

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