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On voit qu'il y a beaucoup d'art et d'élégance dans les ramifications de ces ferrures.

Quelques antiquaires désignent sous la dénomination de portes bardées celles qui sont ainsi revêtues de fer.

Les grandes armoires et les meubles, destinés à renfermer des objets précieux, étaient aussi, au XIII". siècle, garnis de ferrures comme les portes; telle est l'armoire du trésor de la cathédrale de Bayeux décrite

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Châsses, Candélabres, Vases sacrés, etc., etc.

CHASSES. - Au XIII. siècle, les châsses affectent la forme d'une église avec ses contreforts, ses pinacles, ses arcatures et même ses tours. Les ciselures rivalisent avec l'émaillure pour orner cet édifice en métal.

Avant la fin du XIIe. siècle, les arcatures et les personnages qui décoraient les parois des châsses étaient presque toujours figurés par des émaux. A partir de la fin du XII. et dans tout le XIII. siècle, les arcatures furent portées sur des colonnes détachées, comme dans cette esquisse.

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Les figures, au lieu d'être en émail, furent souvent en bronze, en argent ou en or. Les châsses devinrent des chefs-d'œuvre d'orfèvrerie dans lesquels l'émail n'était qu'accessoire.

Souvent des bas-reliefs décorent les toits des bas-côtés et du grand comble. L'édifice est couronné d'un faitage en cuivre découpé à jour.

Les émaux sont appliqués avec une rare habileté. Ils offrent une fraicheur et une finesse d'exécution qui ne laissent rien à désirer Les émaux du XIIIe siècle ne sont effectivement que des espèces de vitraux collés sur cuivre, comme l'a dit M. Texier, et hormis peut-être quelques tons bruns, on y retrouve les belles couleurs des verrières du XIII. siècle.

Une chasse magnifique est celle de Notre-Dame, à Aix-la-Chapelle, qui offre l'image d'une église ogivale avec des transepts, et qui doit dater du XIII. siècle. Je pourrais citer une autre châsse fort belle et plusieurs objets émaillés du trésor de cette église si riche en chefsd'œuvre d'orfévrerie. Les châsses dont je parle sont toutes ornées d'émaux, de dorures, de pierres précieuses, de bas-reliefs finement ciselés, etc., etc.

La belle châsse de St.-Taurin d'Evreux, décrite par M. le Prévost, et figurée dans un des volumes de la Société des Antiquaires de Normandie, est incrustée d'émaux bleus, rouges, verts, jaunes, blancs, etc., offrant à peu près les mêmes nuances que les vitraux du XIII. siècle. Cette châsse a la forme d'une église du XIII. avec transepts, clochetons, contreforts, etc.

Parmi les nombreuses châsses du XIII. siècle d'un ordre inférieur qui nous restent encore, on peut citer celle de sainte Jule, à Jouarre; elle se rapporte au type que j'indiquais tout-à-l'heure et présente la forme d'un édifice recouvert d'un toit à double égout, orné sur chacun des côtés de six arcades tréflées, dans lesquelles étaient les effigies des apôtres elles ont été enlevées, mais on lit encore leurs noms sur les arcades de l'un des côtés.

Puis on trouve au-dessous des six arcades des inscriptions curieuses que j'ai publiées.

Trois tableaux occupaient chaque côté du toit; les inscriptions, dont quelques-unes sont malheureusement imparfaites, parce qu'en arrachant les bas-relief on a endommagé les encadrements, expliquaient les tableaux. Je suppose qu'ils avaient rapport à la vie de sainte Jule. L'un de ces tableaux représentait évidemment l'abbesse à laquelle on doit cette châsse, l'offrant à la sainte dont elle allait renfermer les reliques; car l'inscription du cadre est ainsi conçue: EUSTOCHIA ABBATISSA SE

CUNDA OFFERT CAPSAM ISTAM SANCTAE JULIAE VIRGINI.

Aux deux extrémités de la châsse sont des arcades tréflées, ornées de pierreries, qui renfermaient vraisemblablement des figures assises.

La commune du Coudray-St.-Germer (Oise) possède une châsse qui peut remonter, comme celle de sainte Jule, à la première moitié du XIII. siècle, et sur laquelle MM. Barraud et Beaude, de Beauvais, ont donné des renseignements.

Cette châsse est en bois, des plaques de cuivre doré en recouvrent toute la surface, et des baguettes du même métal sculptées à jour forment différents encadrements. Elle est haute de 64 centimètres ;

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les deux grands côtés ont 82 centimètres de long, les deux autres n'en ont que 35.

Sur chacune des deux grandes faces sont pratiquées quatre niches contiguës, dont le fond est droit et qui ont cependant une profondeur assez considérable.

La partie supérieure de ces niches est trilobée; au-dessus de la trilobure est un tympan garni de feuillages découpés à jour, au milieu desquels se trouvent enchâssées trois pierres fines de diverses couleurs.

Les arcades reposent de part et d'autre sur une imposte peu élevée

que supportent trois colonnes cylindriques disposées en triangle. Les feuilles de cuivre, qui revêtent les fûts de ces colonnes, sont couvertes d'une espèce de gauffrure offrant différents dessins; sur les unes, on remarque un réseau formé de losanges renfermant chacun un fleuron, sur d'autres des rinceaux, des torsades et des feuillages.

Quelques-unes de ces colonnes présentent au milieu de leur hauteur un anneau composé de trois tores; elles ont toutes une base plate, munie aux quatre angles d'une languette trilobée, et un chapiteau orné de deux rangs de feuilles d'acanthe qui se terminent toutes par une grappe de raisin retombant en forme de crochet.

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Les figures que renferment ces huit niches ont été remplacées par des statues en bois qui ne remontent pas audelà du XVII. siècle.

Chacun des petits côtés présente une niche qui en occupe toute la largeur. Ces niches, qui offrent à peu près la même disposition que celles des grandes façades, sont un peu plus hautes que les autres, leur sommet occupant

une partie du gable.

UNE DES EXTRÉMITÉS DE LA CHASSE DU COUDRAY.

Le faîte de la châsse est surmonté d'une espèce de crête haute de 3 centimètres et épaisse de 5 millimètres qui règne dans toute la longueur et qui se compose de rinceaux découpés à jour.

Le charmant petit vase que voici me paraît de la fin du XIII. siècle : il a été trouvé à l'abbaye de St.-Evroult (Orne): il est en cristal de roche, haut de plus de 3 pouces, épais de 3 lignes, muni de

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