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ches plus développé, l'amour de l'inconnu ouvriront, dit-il, une carrière féconde et inépuisable qui fournira pendant longtemps du travail à la Société et le moyen de reconstituer l'histoire du passé. Cette proposition est très-favorablement accueillie et adoptée à l'unanimité, mais à la condition, dit M. de Pierredon, qu'aucun document, d'où qu'il vienne, ne sera publié sans avoir été contrôlé.

M. le Président rappelle que ce moyen a été mis en pratique à l'arrivée de Mgr Dufêtre dans le diocèse, et n'a pas donné de bien grands résultats; mais qu'aujourd'hui l'instruction plus répandue et le goût des recherches plus développé peuvent procurer ce qu'on n'a pas obtenu à cette époque.

M. Jacquinot dit qu'il a lu dans une brochure intitulée : Matériaux pour servir à l'histoire primitive de l'homme, l'annonce d'un dictionnaire orné de plans et de cartes, représentant tous les outils mis en usage par les ouvriers de l'âge de pierre. Cette annonce l'a porté à faire des recherches aussitôt couronnées de succès; et il a trouvé sur la commune de Sauvigny-les-Bois des tarières, des ciseaux, des vrilles, etc., en silex, ayant la forme des outils en acier employés par les charpentiers de nos jours. Ces outils sont par lui déposés sur le bureau et offerts à la curiosité des membres de la Société.

Mgr Crosnier lit ensuite les épreuves de la partie du voyage dans les vaux de l'Yonne, relative aux grottes d'Arcy, et réclame le concours de tous pour l'aider à réparer les lacunes ou omissions qui pourraient exister dans ce compte-rendu. Enfin, il termine la lecture du récit de ce voyage à partir de l'article relatif à Vermenton.

M. Riffé fait hommage à la Société de son ouvrage inti

tulé: Essais généalogiques sur les anciennes familles du Berry.

Pour la commodité de chacun, M. de Pierredon demande qu'en toutes saisons les séances de la Société s'ouvrent à deux heures et non à trois. Cette proposition est adoptée.

MESSIEURS,

Les sciences préhistoriques sont pour ainsi dire nées d'hier; aussi n'est-il point étonnant que les historiens qui se sont occupés de notre province n'aient fait aucune mention des monuments jusqu'ici appelés celtiques et druidiques.

C'est en vain que vous rechercherez dans Guy Coquille, dans Née de La Rochelle quelques indications sur les dolmens, menhirs, etc., qui cependant existaient à leur époque et ont été depuis détruits en grande partie.

Le consciencieux et véridique Gillet, qui semble s'être occupé le premier, dans ses Annuaires, des antiquités du département, ne cite que quelques voies romaines, deux ou trois camps. retranchés et quelques vestiges d'origine gauloise ou galloromaine.

Il faut arriver à notre époque pour trouver les premières mentions des âges de la pierre polie et du bronze. En 1838, quelques hommes zélés pour l'archéologie se réunirent et fondèrent l'Album du Nivernais. Cette publication, tout incomplète qu'elle soit, surtout sous le point de vue qui nous occupe, n'en est pas moins digne d'éloges; on doit louer surtout l'honorable commandant Barat qui parcourut en tous sens le département avec une ardeur juvénile, recueillant une foule de notes et de dessins sur la plupart des mégalithes et des ruines antiques qu'il put rencontrer.

Ces matériaux furent coordonnés et décrits par M. Morellet, érudit professeur d'histoire au collège de Nevers.

En 1851, le congrès de la Société française d'archéologie se réunit à Nevers, et, au premier rang des questions de son programme, il avait posé celle des dolmens, menhirs, tumulus, etc.

Ces questions furent traitées par notre savant président, ainsi que par M. le commandant Barat et par M. Gallois, autre zélé archéologue et fondateur de notre petit musée nivernais.

Ils énumérérent et décrivirent les monuments mégalithiques et les tumulus, en petit nombre, il est vrai, jusqu'alors découverts dans la Nièvre.

C'est à cette époque, et je crois grâce à cette circonstance du congrès, que notre Société nivernaise fut fondée (1); ses premiers Bulletins contiennent les récits et les descriptions de monuments d'une haute antiquité, et depuis elle s'est empressée de mentionner les trouvailles préhistoriques, à mesure qu'elles se produisaient.

En 1855, M. l'abbé Baudiau, curé de Dun-les-Places, publia son excellente histoire du Morvand. Cet auteur cite un certain nombre de dolmens, menhirs, enceintes, etc.; mais, hélas ! il nous apprend en même temps qu'ils ont été détruits, en grande partie, il y a peu d'années.

Je citerai aussi un de nos savants compatriotes, M. Charleuf, dont les sciences archéologiques déplorent la perte, et qui nous a fait connaître, dans différentes publications, quelques monuments mégalithiques bien observés.

Dans cette rapide énumération des auteurs qui ont écrit sur les antiquités du département, nous placerons encore notre excellent confrère, M. le docteur Bogros qui, dans son livre A travers le Morvand, a su orner l'archéologie, souvent si aride, de descriptions et de récits pittoresques et attrayants.

(1) Je dois dire, pour rendre hommage à la vérité, qu'en 1847, à l'occasion de l'acquisition par la ville de Nevers du musée Gallois, M. F. Wagnien, avocat et membre du conseil municipal, proposa la formation d'une Société nivernaise des lettres, sciences et arts. On n'était pas encore en mesure de donner suite à ce projet; le 12 mai 1851 une réunion préparatoire eut lieu à l'hôtel de ville, et le 5 juin suivant la société fut organisée et le bureau fut constitué définitivement.

T. VII, 2. série.

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Entin, je ne dois pas oublier de mentionner les travaux importants de la Société éduenne, entre autres ceux de MM. Bulliot et X. Garenne qui, tout en s'occupant des antiquités du département de Saône-et-Loire, ont étudié aussi, sous ce point de vue, celui de la Nièvre, surtout dans les régions du Morvand.

Dans ces dernières années, la commission de la topographie des Gaules donna un nouvel essor à ces recherches. Notre savant président, nommé membre correspondant de cette société, dut y adresser la nomenclature de nos monuments préhistoriques.

Il le fit avec sa sagacité et son érudition accoutumées, et c'est probablement sur ses indications que le département de la Nièvre figura avec ses monuments antiques sur la carte archéologique des Gaules dressée par M. Al. Bertrand.

Mais Mgr Crosnier, malgré tout son talent et sa bonne volonté, ne pouvait que donner le catalogue de ce qui était connu alors, et qui est, disons-le, assez restreint comparativement à ce qu'offrent les départements voisins.

Est-ce à dire que nous connaissions toutes les ruines antiques de notre pays? Le vieux sol des Ambibarres et des Vadicasses a-t-il dit son dernier mot, et ne recèle-t-il plus de trésors de l'antiquité sous l'humus des siècles?

Pour ma part je suis fermement convaincu qu'il y a encore beaucoup à faire. Je crois qu'il ne s'agit que de chercher pour trouver. Or, jusqu'ici on n'a pour ainsi dire pas cherché; on s'est borné à enregistrer les découvertes dues la plupart du temps au hasard. C'est ainsi que le percement de nouvelles routes, le nivellement du sol par l'agriculture, etc., ont montré que certaines buttes étaient des sépultures des âges du bronze et du fer.

Je me suis livré à ce genre de recherches dans la petite commune de Sauvigny-les-Bois, que j'habite, fort ignorée jusqu'ici et où jamais on n'avait signalé aucune ruine antique; eh bien! lå j'ai trouvé, indépendamment des gisements de l'âge de la pierre, plusieurs tumulus de pierre, un puits funéraire, des

sépultures et des vestiges gaulois et gallo-romains. A Imphy, auprès du menhir dit Chaillou-Magnien, j'ai constaté une demi-enceinte de rochers que personne n'avait encore mentionnée.

Mon ami, M. Benjamin Laroche, n'a eu qu'à faire quelques recherches aux alentours de sa résidence, dans le canton de Saint-Benin-d'Azy, pour découvrir un camp retranché, plusieurs buttes et tumulus, que nous nous proposons de fouiller prochainement.

Enfin, Messieurs, vous connaissez les découvertes importantes et toutes récentes de notre jeune et studieux collègue, M. Darlet, dans le canton de Clamecy, où il a découvert successivement des cavernes des époques quaternaire et de la pierre polie, ainsi que des tumulus des âges du bronze et du fer.

Je crois donc que l'exploration suivie et sérieuse de notre département amènera de nombreuses découvertes en ce genre.

Mais pour cela il faut parcourir le département en tous sens, explorer ses trois cent treize communes, ce qui demanderait beaucoup de temps. Pour cela il faut être jeune, et je ne le suis plus. Aussi, pour suppléer à ce qui me manque et atteindre le but que je désire et que je vous propose, il y aurait un autre moyen plus expéditif et peut-être plus productif aussi: ce serait d'intéresser dans nos nouvelles recherches, d'abord les membres de notre société résidant sur les différents points du département, puis MM. les Maires, MM. les Curés et Instituteurs, et enfin toutes les personnes qui s'intéressent à la science archéologique et à l'histoire de leur pays.

Je viens à cet effet, Messieurs, vous soumettre une circulaire que j'adresserais à toutes ces personnes individuellement, et que nous pourrions faire insérer, en outre, dans les journaux de la localité.

« MONSIEUR,

» Chargé par la Société nivernaise de dresser la carte archéologique du département, je m'adresse à votre obligeance

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