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caise, après avoir chassé les Anglais de l'île de Ré, après s'être emparée de leurs batteries, de leurs enseignes et de leurs principaux chefs, vit le Ciel se déclarer d'une manière sensible pour la cause de la justice et de la foi: car une grande partie de la flotte ennemie fut engloutie dans les eaux de Ia mer. Quarante-quatre drapeaux, qui avaient été enlevés aux Anglais, furent aussitôt envoyés à Paris et suspendus à la voûte de l'Eglise de NotreDame.

Les assiégés, d'ailleurs, étaient dans l'impossibilité de souteuir une plus longue résistance. La ville ne renfermait plus que six à sept mille habitants, plus semblables à des spectres et à des ombres qu'à des hommes. Ils firent enfin leur soumission le 30 octobre 1628: et le jour de la Toussaint, quatorze compagnies du régiment des Gardes, et six des Suisses entrèrent, dès le matin, dans La Rochelle. L'église de Ste-Marguerite ayant été réconciliée, le cardinal de Richelieu y célébra la messe, à laquelle communièrent les principaux seigneurs. Le ciel était, ce jour-là, sans nuages, et l'ont eût pu se croire au plus beau jour de printemps. Le Roi ne fit son entrée que dans l'après-midi de cette mémorable journée. Les Rochelais, qui avaient tant de motifs pour redouter sa colère, ne trouvèrent en lui qu'un père plein de bonté. Sa vue seule leur inspira les plus amers regrets de lui avoir si longtemps résisté. On chanta le Te Deum dans l'église de Ste-Marguerite, la seule qui fût restée au petit nombre de Catholiques qui se trouvait encore dans la ville. Pendant font le temps que dura l'hymne sacré, le Roi pleura, et d'attendrissement, sur le maux que l'infortunée Rochelle s'était attirés, et de reconnaissance pour la victoire que le Ciel lui avait accordée.

Dans le courant du jour, les militaires s'étant répandus dans toute la ville, interrogèrent les habitants sur les maux qu'ils avaient soufferts, et les larmes qu'ils répandirent prouvèrent combien ils étaient sensibles à des désastres si longs et si cruels. Loin de songer à la vengeance, ces cœurs généreux leur procuraient toute espèce de soulagement dans leur extrême détresse.

Le 3 Novembre, on fit dans la ville une procession solennelle du Très-Saint Sacrement, pour réparer tous les outrages qui avaient été faits à l'adorable Eucharistie.

Cet acte de réparation produisit l'impression la plus salutaire dans les esprits. Le Très-Saint Sacrement était porté par l'archevêque de Bordeaux, assisté de deux abbés. Le Roi et le Cardinal de Richelieu suivaient le dais, dont les cordons étaient portés par les ducs d'Angoulême et d'Aletz, les maréchaux de Schomber; et de Bassompierre. Le cortége suivit les principales rues de la ville, et ne rentra dans le lieu saint qu'après trois heures de marche.

Le Catholicisme se trouvait dès lors réintégré à La Rochelle, et devait nonseulement faire des conquêtes dans cette ville, mais encore dans tous les lieux voisins, où les opinions nouvelles étaient venues s'implanter.

Vingt ans plus tard, Monseigneur Jacques Raoul de la Guibourgère, désigné par Saint-Vincent de Paul, était transféré de Saintes à La Rochelle, dont il devenait le premier Evêque. Ce fut le 18 octobre 1648 qu'il prit possession de ce siége. Une ère nouvelle commença dès lors pour ces contrées, où l'erreur perdit de jour en jour, de ses funestes conquêtes. Aujourd'hui le nombre des Protestants, dans la ville, n'atteint pas six cents, à l'exception des étrangers; et dans toute l'étendue du Diocèse, il ne dépasse guère 15,000. On peut juger par là du nombre prodigieux de conversions

qui se sont opérées durant l'espace de deux cents ans. C'est en vain que la prétendue Réforme multiplie ses temples; c'est en vain que, pour se donner encore quelque relief, elle publie, au loin, de fausses conquêtes; ses col porteurs et ses évangélistes peuvent bien porter, un instant, la perturbas tion: dans les divers lieux qu'ils parcourent; mais ils finissent toujours par exciter le mépris et l'indignation par leurs calomnies contre l'Eglise, contre son culte, ses cérémonies et ses prêtres, par leurs brochures insultantes et leurs relations mensongères. Pourquoi ne me serait-il pas permis de signaler un fait dont il me serait si facile d'établir la vérité avec des preuves authentiques à la main? Depuis dix-huit ans que j'ai l'honneur de gouverner cet intéressant Diocèse, le nombre des abjurations est toujours allé en croissant, et il est rare que chaque semaine ne me procure pas, dans quelque partie de mon troupeau, des consolations de cette nature. Qui peut, au reste, ne pas reconnaître l'agonie de la réforme au milieu des efforts inouïs qu'elle fait de toutes parts afin de prolonger sa douloureuse carrière; mais elle ne saurait y réussir: car il est écrit: « L'Esprit s'exalte avant la ruine qui le « menace: Ante ruinam exaltatur spiritus (Prov. XVI. 18.); et ailleurs: « Je perdrai la sagesse des sages, et je réprouverai la prudence des prudents; Perdam sapientiam sapientium, et prudentiam prudentium reprobabo (I Cor. I, 19.)

Déjà le temps est passé où les Mandements et les publications Episcopales étaient l'objet d'incessantes attaques de la part de ceux qui s'intitulent Pasteurs dans le camp de la Réforme. Alors le langage le plus pacifique était envenimé, par la seule raison qu'il était celui de la foi catholique ; on voulait à toute force donner une couleur politique aux questions religieuses qui n'y avaient pas le moindre rapport. C'est qu'on cherchait à inspirer d'injustes défiances, et à jeter un vernis de sédition sur l'enseignement catholique. Je vous rends aujourd'hui de solennelles actions de grâces, Divin fondateur et céleste Époux de l'Eglise Catholique ma Mère, de ce que vous n'a vez pas permis que ces agressions calomnieuses ébranlassent jamais mon faible courage. Si je ne me fais pas illusion, la cause de la vérité n'a rien perdu, ou plutôt elle a tout gagné dans ces combats. Aujourd'hui, tout se présente, dans la ville Episcopale et dans tout le diocèse, sous un aspec nouveau et plus rayonnant d'espérance. Les visites du premier Pasteur excitent parmi toutes nos populations un enthousiasme qui ne saurait être bien compris par ceux qui n'en ont pas été témoins. A Dieu ne plaise, illustre assemblée, que j'attribue ces succès à mon indigne personne! Est-ce que je puis méconnaître ma faiblesse ? Est-ce que j'ai pu me dissimuler, en entrant dans ce Diocèse, combien, par moi-même, j'eusse été au-dessous de la mission qui m'était confiée? Ah! plus j'ai vu l'œuvre du Seigneur s'ac complir heureusement, et plus j'ai admiré la toute-puissance de Celui à qui tous les instruments sont bons pour l'exécution de ses desseins; plus aussi je me suis senti porté à m'écrier avec le Roi-Prophète: « C'est par le Seigneur que tout cela s'est fait: et son action seule est merveilleuse à nos yeux: A Domino factum est istud: et est mirabile in oculis nostris .Ps., CXVII, 23.)• Raconterais-je toutes les faveurs que le Ciel nous a accordées ?

J'étais encore dans la capitale de la Chrétienté, quand fut découvert l'an, tique sépulcre renfermant le corps vénéré de saint Eutrope. Je revins pour suivre la procédure scrupuleuse qui en démontra la plus incontestable auhenticité. Vous daignâtes, Eminence, présider à la translation de ces restes

précieux. Assisté de plusieurs Prélats, dont quelques-uns honorent aujourd'hui cette assemblée, vous fûtes témoin des religieux transports d'une immense population accourue de divers points de la France, pour partager notre allégresse. D'affreux orages et des pluies torrentielles qui précédèrent immédiatement le 14 octobre 1845, ne nous présageaient pas le jour le plus serein et le soleil le plus radieux que devait nous obtenir l'Apôtre de nos contrées, pour célébrer sa gloire et son triomphe. Cette journée incomparable demeurera comme un monument dans nos plus doux souvenirs. Quelques années après, le culte public se rétablissait, comme par un miracle, à La Rochelle, sous la protection bienveillante de nos sages Magistrats. Adorable Providence, vous préparâtes vous-même cet heureux retour. L'époque en fut remarquable: c'était celle où commençaient les travaux de notre Cathédrale, suspendus depuis soixante ans. C'était le jour où mes faibles mains consacraient l'ange bien-almé de l'Eglise de Blois. Souvent, dans cette mémorable solennité, mes entrailles s'émurent et mes yeux se mouillèrent de larmes, à la vue de nos pieux Rochelais ivres d'allégresse.

Devais-je aussi m'attendre à leur saint enthousiasme et à leur recueillement religieux, et l'an dernier, et surtout cette année-ci, au jour de la procession du très-saint et très-adorable Sacrement de l'autel ? Quelle ville de France montra jamais plus d'empressement et de zèle, pour parer et embellir les lieux de son passage ? Où trouver ailleurs plus de tentures magnifiques, descendant du sommet des édifices, plus de symboles d'une foi toute catholique, plus de sentences choisies avec délicatesse, plus de guirlandes de verdure, plus de nuages de fleurs, dans une saison exceptionnelle, où elles semblaient devoir manquer partout? Riches et pauvres, tous les Rochelais n'ont-ils pas également rivalisé d'émulation, pour honorer le Dieu de nos tabernacles?

Il est vrai que nous n'avons plus aujourd'hui ces Eglises ravissantes, où nos pères, il y a deux cents ans, se réunissaient avec tant de bonheur pour offrir à Dieu leurs hommages; mais vos âmes purifiées et sanctifiées de jour en jour par la grâce céleste, seront, Chrétiens fidèles, des sanctuaires mille fois plus agréables encore à Celui qui sonde les reins et les cœurs. Nous me possédons plus ces Monastères, autrefois si édifiants, de Dominicains, de Carmes, de Franciscains, d'Augustins, de Jésuites, et plusieurs autres; mais nous avons la double famile de Saint Vincent-de-Paul, dont l'une instruit et édifie nos élèves du Sanctuaire, et l'autre se livre au soulagement de toutes les infortunes et de toutes les infirmités humaines; nous avons les Enfants du pieux de Lasalle, objetsde la tendre affection du peuple fidèle, dont ils forment l'enfance à l'instruction et à la vertu ; nous avons la Maison de la Providence, qui naquit avec le liocèse, et qui, après avoir survécu à tous les désastres de nos révolutions, continue, auprès d'une intéressante jeunesse, son œuvre de sanctification, de bienfaisance et d'instruction religieuse; nous avons les Dames du Refuge, qui se dévouent à ramener à la vertu et au repentir les âmes égarées et flétries; nous avons les Sœurs de la Sagesse, si dignes du nom qu'elles portent, et si chères au cœur de tous ceux à qui elles prodiguent leurs soins; nous avons les Religiouses Ursulines, à qui tant de familles doivent les résultats inappréciables d'une éducation chrétienne et distinguée; nous avons les Petites Sœurs des pauvres, images vivantes de la charité de Jésus-Christ envers la vieillesse, dont elles préviennent tous les désirs avec un dévouement héroïque et surnaturel.

Nous ne possédons plus ce Clergé nombreux, qui accomplissait autrefois ses fonctions sacrées, non-seulement dans les paroisses, mais dans les collégiales et les monastères; mais nous avons un Chapitre édifiant dans son shef et dans ses membres; nous avons des pasteurs et des directeurs prudents, zélés et instruits, qui, à l'exemple du grand Apôtre, se font tout à tous, pour les gagner tous à J.-C.; nous avons des ouvriers évangéliques qui se montrent infatigables dans les travaux si pénibles de la prédication et de la conversion des pécheurs.

Que de grâces le Ciel nous a prodiguées ! Que de motifs de reconnaissance envers lui! Vous êtes venu l'accroître, cette reconnaissance, Eminentissime Cardinal, en désignant pour la réunion du second Concile de la Province, cette heureuse ville qui a été si fière de vous posséder quelques jours, et, avec vous, ce Sénat auguste de Princes de l'Eglise: et cette élite d'Ecclésiastiques instruits et vertueux qui, marchant sur vos traces, se montrent constamment la forme et le modèle du troupeau de J.-C.

Recevez, Messeigneurs, les actions de grâces les plus vives et les plus sincères que mon cœur ému vous adresse et pour lui, et pour la ville et pour le Diocèse,

Jamais La Rochelle ne vit luire pour elle d'aussi beaux jours. Les instants que vous y avez passés, quoique trop rapides, demeureront dans nos âmes comme un baume sanctificateur, et un présage de bénédictions nou

velles.

Dieu du Ciel, achevez votre ouvrage : car c'est de vous, comme de leur source, que descendent tous les dons parfaits. Renouvelez, nous vous en conjurons, et diversifiez, selon nos besoins, vos anciennes merveilles: Innova signa, et immuta mirabilia ; glorifiez votre nom, en signalant, pour nous, votre miséricordieuse puissance: Glorifica manum et brachium dextrum (Eccli. xxxvi, 6, 7.)

. Nous vous demandons surtout d'étendre, de fortifier et de maintenir dans toute cette Province cet esprit d'unité dans la charité et dans la foi, qui, était le vœu de notre adorable fils sur le point de consommer pour nout le sacrifice de sa vie : ut omnes unum sint.

Ouvrez les yeux, Seigneur, à ceux qui ne comprendraient pas encore que votre Eglise est fondée sur l'unité, et qu'elle ne peut être qu'un seul et même troupeau régi par un seul et même pasteur.

Vous avez voulu que cette Eglise fût bâtie sur Pierre et d'une manière si immuable que les portes de l'Enfer ne pussent prévaloir contre elle. Confirmez la foi de tous, dans la foi de Celui en qui elle ne saurait défaillir. La foi de Pie IX est inébranlable comme la foi de Pierre, qui vit en lui et parle par sa bouche. Puissent les pasteurs et les brebis de cette province ne s'en écarter jamais !

C'est la faveur que nous sollicitons, en réclamant le secours de la Vierge immaculée. Ainsi soit-il.

Quelques journaux ont publié un très-bref sommaire des travaux qui ont rempli la session dernière du conseil général de l'instruction publique. Plusieurs projets, présentés aux délibérations de cette réunion, devraient être renvoyés à l'examen du conseil d'Etat. Il serait proposé des modifications nombreuses au programme de l'Ecole normale, notamment en ce qui con

cerne les langues vivantes, le grec ancien, la littérature, les sciences exactes, la chimie, la géologie, etc., etc. Il s'agirait aussi de transformer les maitres d'étude en répétiteurs, et de justifier ce changement de nom en relevant leurs attributions, en ajoutant au service de surveillance qui leur, est confié une part plus grande à la distribution de l'enseignement, en accroissant surtout leurs appointements. Enfin le conseil s'est encore occupé, dit-on, de fixer de nouveau et d'augmenter le traitement des instituteurs primaires. Charles DE RIANCEY.

Du mariage civil.

En reprenant la suite d'une série d'excellents articles sur le mariage civil et le mariage religieux, dus à la plume ferme et savante de M. Tenougy, la Gazette du Midi fait précéder cette intéressante publication de réflexions utiles et dignes d'attention. Les voici :

« Il y a peu de jours, dit cette feuille, nous citions un article de l'Ami de la Religion qui rendait compte de l'ouvrage du savant Rosmini sur le mariage des peuples chrétiens, ouvrage qu'une excellente traduction française vient de naturaliser chez nous. Cette œuvre, éminemment de circonstance, sera comme un compendium de la question soulevée au début de cette année, par Mgr le cardinal Donnet, et si éloquemment traitée ensuite dans la brochure de M, Sauzet.

« Un tel vœu de réforme sociale, une fois jeté dans la discussion publique, ne saurait demeurer stérile; il exercera de plus en plus la méditation des jurisconsultes, des publicistes, des administrateurs; tous les hommes d'or dre qui veulent défendre et fortifier la famille contre les coups du socialisme suivront attentivement ce pacifique débat, et tous aussi, nous l'espérons, arriveront à cette conclusion que la France ne saurait maintenir le mariage purement civil qui n'existe que chez elle seule, et qui certes n'a pas contribué à moraliser les masses:

<< Telle est la démonstration, en fait et en droit, qu'un estimable professeur, notre compatriote, a entreprise dans les colonnes de la Gazette du Midi. Le sujet était si vaste, il comportait tant de preuves de tout genre, qu'on ne s'étonnera pas que l'auteur ne l'ait pas encore épuisé. Il s'agit surtout, pour nous Français, de recueillir ce qui se rapporte à notre pays, à son état moral, à l'expérimentation qui a été faite sur lui; l'oeuvre de Rosmini envisage principalement la question au point de vue théorique, comme doc-. ne des peuples chrétiens. Nous avons à y ajouter le malheureux tribut notre expérience nationale d'un demi-siècle, et si les écrivains amis de dre et des sages réformes remplissent leur devoir, comme nous n'en tons pas, la pétition marseillaise arrivera au Sénat escortée de tous les ux de l'opinion publique et devra être prise en sérieuse considération.Roux. »

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Distributions des prix des petits séminaires et colléges supilogg.nolasan catholiques, opib 001829 Al PETIT SÉMINAIRE DE LA CHARTREUSE. Le mercredi 3 août, a eu lieu la distribution solennelle des prix, sous la présidence de Mgr l'évêque du Puy, mi jamais n'a laissé échapper cette occasion si favorable de montrer le vif.

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