La sagesse, la simplicité et la vertu ont précédé le génie et la gloire; puis sont venus la vanité, le bel-esprit et le mensonge; puis les révolutions et les désastres. Et ici mon cœur se serre, j'éprouve une compassion profonde pour ces tristes décadences de l'humanité; je gémis sur ces profondes, sur ces irréparables infortunes. Ainsi, pour trois fois que le genre humain s'est élevé jusqu'à la splendeur du génie, jusqu'à la vraie gloire, trois fois il a dû succomber sous le faix! Le poids d'une si grande fortune l'a écrasé, et, après l'avoir porté un moment, il a fléchi de toutes parts, et donné aux âges suivants le spectacle de ses désastres. Un grand siècle se présente d'abord à moi. Sept sages ont fait son Éducation, Périclès lui donne son nom; et ce siècle d'un souvenir immortel n'a su préparer à la Grèce, après lui, que le sophisme et le mensonge, et le Parthénon n'est demeuré debout jusqu'à nos jours que pour voir une succession de faiblesses et de misères inexprimables. Auguste vient plus tard, avec le cortège des hommes de génie qui l'entourent; mais avant eux on avait vu les sages: Lælius, Scipion, Térence, Ennius, les Caton et tant d'autres, et on avait reçu leurs leçons de probité et de vertu. Mais après Auguste paraît un Tibère, puis un Claude imbécile; et, si le pêcheur de la Galilée n'était pas venu planter sa tente au sommet du Vatican, le peuple-roi eût été livré sans retour aux nations barbares, et la ville éternelle eût disparu de la terre. Nous avons eu aussi notre grand roi et notre grand siècle; mais, avant lui, Richelieu, qui fut roi sous Louis XIII, procura, à l'aide de Vincent de Paul, du cardinal de Bérulle, et de cette multitude d'hommes éminemment saints, éminemment sages, et surtout à l'aide des Jésuites, qui comptaient alors, comme je l'ai dit, soixante-cinq mille élèves instruits gratuitement dans leurs collèges; Richelieu procura à la jeu A nesse française cette forte et énergique Éducation, dont les détails nous paraîtraient aujourd'hui fabuleux, s'ils n'étaient attestés dans tous les Mémoires du temps. Les hommes de génie en naquirent: ils remplirent de leur gloire la France entière; l'Europe en fut étonnée, l'univers les admire encore; puis, après eux, les sophistes; après Bossuet, Pascal et Fénelon... Diderot, Voltaire, Rousseau ; puis, après les sophistes, les révolutions; et, après les révolutions, la confusion des langues, le pêle-mêle des opinions et des pensées contraires, la sincérité du langage obscurcie, le naufrage de toutes les antiques vertus, la ruine ou l'abais sement de toutes les nobles vérités. Et à peine voit-on surnager encore çà et là quelques débris épars de vérité ou de vertu, qu'on va sauver un à un, comme ces richesses échappées au naufrage, et que les mers ballottent dans leur furie; car il y a toujours des âmes magnanimes, des hommes inspirés qui se dévouent, qui affrontent les dangers de la tempête, qui se jettent au milieu des vagues pour sauver ce qu'elles n'ont pas englouti. Mais, aussi, il y a sur toutes les mers des côtes inhospitalières où les efforts des plus généreux dévoûments vont trouver pour leur récompense le pillage et la mort. Nous trouverons mieux, je l'espère; et, dans cette confiance, nous nous dévouerons tous courageusement à l'œuvre si importante de l'Éducation nationale. FIN DU PREMIER VOLUME. INTRODUCTION. TABLE DES MATIÈRES LIVRE PREMIER De l'Éducation en général, III. L'Éducation est une œuvre de force. IV. L'Éducation est une œuvre de politesse . IV. L'enfant, quelques conseils pour sa première Éducation. V. Le respect qui est dû à la dignité de l'enfance est un res- LIVRE TROISIÈME Des moyens d'Éducation. CHAP. I. Il y a quatre moyens nécessaires d'Éducation: la Reli- VI. Résumé et conclusion du troisième livre. Influence Influence supérieure et prédomi- nante de la Religion. . . LIVRE QUATRIÈME De l'enfant et du respect qui est dû à la liberté de sa nature. 89 97 126 136 148 164 177 187 CHAP. I. Quelques considérations générales II. De l'enfant, et du respect qui est dû à la liberté de son III. De l'enfant, et du respect qui est dû à la liberté de sa IV. De l'enfant, et du respect qui est dû à la liberté de sa un état, une fonction, un travail pour chacun. cun et pour chaque état une vocation de Dieu 219 242 LIVRE CINQUIÈME Des diverses sortes d'Éducation. CHAP. Ier. De l'Éducation essentielle et de l'Éducation professionnelle. Quelques considérations générales. . . II. Éducation industrielle et commerciale. Éducation ar tistique. III. De l'Éducation populaire. IV. De l'Éducation populaire. - Considérations générales. Ce que peut être l'Instruction VII. Des Petits Séminaires. Leur nécessité et leur spécia 251 267 284 289 298 313 IX. Qu'il ne faut pas sacrifier l'Éducation essentielle à l'Ins truction professionnelle. 367 X. De l'Éducation nationale 383 PARIS. IMP. VICTOR GOUPY, RUE GARANCIÈRE, 5. |