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2o. Séance du 9 juin.

Présidence de M. FERRAND-LAMOTTE, président de la Société
académique de l'Aube.

M. de Caumont prie M. Ferrand-Lamotte, président de la Société académique de l'Aube et ancien maire de Troyes, de présider la séance.

Ont pris place au bureau: MM. de Caumont; Parigot; Camusat de Vaugourdon; Corrard de Bréban; comte de Mellet; Gaugain; Doyen; l'abbé Tridon et Gayot, secrétaires-généraux.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. Camille Dormois, membre de la Société des sciences historiques de l'Yonne, fait hommage au Congrès de Notes historiques sur l'hôpital de Tonnerre.

M. de Caumont, d'un ouvrage intitulé: Abécédaire ou rudiment d'archéologie ( architectures civile et militaire), et de trois cartes géologiques, deux du département de la Manche, et une du Calvados.

M. de Caumont dépose sur le bureau un fragment de bois de chêne, provenant de Jublains (Mayenne).

Il explique qu'à Jublains, à deux lieues de Mayenne, on a trouvé des constructions antiques très-considérables, reste d'un château romain et d'une ville importante, le Neodunum Diablintum. Des murailles de 15 pieds de hauteur et trois enceintes constituent le castellum ou citadelle qui était le caput urbis. Ce château contenait des bains dans lesquels l'eau était amenée de trois lieues de distance par un aquéduc dont la trace est constatée presque sans interruption. Le Conseil général de la Mayenne a acheté l'emplacement de ces ruines qui sont maintenant gardées et à l'abri des attaques du van

dalisme. A côté est un théâtre qui sera fouillé et déblayé ultérieurement. Dans le château étaient de grandes citernes creusées dans le granit; on les a déblayées sans y rien découvrir que quelques médailles; mais au fond de l'une d'elles on a trouvé le rouet sur lequel s'enroulait la corde destinée à monter les sceaux, et les poutres qui soutenaient ce rouet : c'est à l'une de ces poutres qu'a été arraché le morceau de chêne présenté par M. de Caumont.

M. de Caumont présente une vue du castellum de Jublains et renvoie aux notices qu'il a précédemment publiées dans le Bulletin sur cette importante localité.

Après cette communication qui est écoutée avec un vif intérêt, le Congrès rentre dans son ordre du jour et continue la discussion de la deuxième question du programme sur les pagi.

Le secrétaire donne lecture du mémoire sur cette matière envoyé par M. de Barthélemy.

MÉMOIRE DE M. DE BARTHÉLEMY.

C'est avec une grande raison que cette question a été portée au programme du Congrès archéologique de Troyes: de nos jours on s'occupe trop peu des études sérieuses, abstraites, si l'on veut, qui ont pour but de reconstituer l'ancienne géographie de France, de rétablir ses anciennes divisions et arriver par là à une certaine connaissance du mode d'administration aux époques reculées. Ce genre d'étude présente deux questions d'une haute importance: celle qui concerne les voies romaines et celle relative aux anciens pagi; c'est à cette dernière que je vais m'attacher aujourd'hui, voulant seulement donner à ce sujet quelques notes, sans avoir la prétention de présenter un travail le moins du monde incomplet; mon but serait rempli, dans le cas où personne

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n'ayant le projet de s'arrêter sur cette matière, mon mémoire attirerait l'attention dessus, et, donnant lieu à une discussion, en ferait jaillir quelque lumière.

Le pagus était la division généralement adoptée dans nos contrées pour la division du pays dans les temps les plus reculés. Avant la conquête des Romains, les Gaules, ou du moins les Gaules Belgiques, avaient été envahies par plusieurs migrations successives de peuples de l'Orient, Celtes ou Parthes, qui, trop multipliés pour demeurer dans leurs patries, durent se séparer et se porter vers le Nord de l'Europe.

Nomades encore pendant quelque temps, ces peuplades barbares durent sentir peu à peu le besoin de se fixer, de s'attacher à un sol de là l'usage et le nom de canton. Chaque tribu avait son canton propre gouverné par ses magistrats cette coutume s'était répandue dans toute l'Europe (Jul. Cesar, l. 1, 12, 37).

Les Romains donnèrent à ces divisions territoriales le nom de Pagi, et ces pagi étaient plus ou moins grands, selon que les tribus étaient plus ou moins nombreuses. Le pagus une fois partagé entre les familles, chacune d'elles se bâtissait une demeure sur le patrimoine qui lui était ainsi concédé, et ces cabanes sauvages furent, très-probablement, l'origine de tous les villages que nous voyons aujourd'hui. Puis une cité, portant toujours le nom de la tribu, était élevée dans le lieu le plus commode à défendre et servait de résidence aux magistrats du canton.

Cette division fut conservée par les Romains et subsista également sous les Mérovingiens et les Carlovingiens : sous ces rois, les pagi étaient devenus de petites provinces gouvernées par des officiers portant des titres divers, généralement celui de comtes, d'où vint que, vers le X. siècle, le nom de comté remplaça entièrement la dénomination de pagus.

La Champagne était divisée en dix-huit ou vingt pagi, subdivisés eux-mêmes en cantons moins importants.

Je ne vais m'occuper ici que de ceux de ces pagi qui correspondent, ou à peu près, aux départements actuels de la Marne, de la Haute-Marne et des Ardennes, et de ceux de l'Aisne et de la Meuse, en ce qui regarde les parties champenoises. Mes notes sur l'Aube sont trop incomplètes pour que j'ose les soumettre aux savants distingués de ce département. Dans la portion que je viens d'indiquer, le capitulaire de 779 constate onze pagi :

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Cette liste est incomplète, et une charte de l'année 825 nous apprend que Louis-le-Débonnaire voulant reconstruire à neuf l'église de Reims, où se fait le sacre des rois, donna à cette église le monastère du Der, avec la forêt, situés in comitatu Blesensi ad pagum Pertensem.

Le capitulaire de novembre 853 nomme Hincmar, archevêque de Reims, Ricuin et Engiscalun, missi dominici dans les pagi suivants :

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