Page images
PDF
EPUB

taines, fut remplacé par Nicolas, ex-prieur de Cheminon, qui mourut en 1167.

Après la mort de celui-ci, Gervais fut de nouveau élu abbé de Montiers; il quitta Trois-Fontaines pour revenir au nouveau monastère qu'il avait fondé et rassembla les matériaux pour la construction de l'église dont il posa la première pierre; mais la mort l'empêcha d'achever son

œuvre.

Hugues de Bricy, prieur de Trois-Fontaines succéda à Gervais, en 1182, mais après huit mois d'exercice, il abdiqua pour reprendre la vie de simple religieux.

L'abbé qui fut élu après Hugues de Briey s'appelait Dei amicus, l'ami de Dieu (1182-1195). Il était moine du Val Sainte-Marie. C'est sous lui que s'apaisa, au moins pour quelque temps, par un traité, le différend entre les religieux de Châtrices qui avaient conservé la règle des chanoines et ceux de Montiers qui l'avaient quittée pour celle de Citeaux, au sujet des biens donnés à Eustache, leur fondateur commun. L'affaire fut traitée entre l'abbé de Clairvaux, le prieur de ce lieu, et l'abbé de Vauluisant, arbitre et amiable compositeur entre les deux couvents de Trois-Fontaines et de Cheminon, au sujet des limites de leurs biens contigus, et notamment de l'usage des pâturages et de la glandée dans la forêt de Luiz qu'ils tenaient de Hugues de Champagne, fondateur des deux abbayes. Le principal sujet du litige était la construction, par les moines de Cheminon, d'une tuilerie dans une partie de cette forêt revendiquée par ceux de Trois-Fontaines. Le partage en avait été fait dès 1180 par Pierre de Clairvaux et ce titre était aux archives de Trois-Fontaines; mais il parait qu'il ne satisfaisait pas les parties qui ne s'y soumirent point.

Un nouvelle sentence intervint et ce ne fut point sans

[ocr errors]

résistance que l'abbé de Cheminon céda; il menaçait d'en appeler devant l'abbé de Clairvaux de ce nouveau jugement; mais comme les juges obéissaient à une délégation du chef d'ordre, l'appel devenait impossible. Dei amicus, comme président de cette commission, signifia la décision aux quatre principales abbayes de Citeaux, Clairvaux, Pontigny, La Ferté et Morimont. Deux ans après, les querelles ayant recommencé, les fauteurs du désordre furent expulsés du couvent de Cheminon. Une chronique de l'abbaye dit que l'abbé Dei amicus fut déposé après treize ans d'exercice, à cause de ses excès qui scandalisèrent l'Église. Robert, Ier du nom, lui succéda (1195-1206).

L'abbaye de Saint-Martin-des-Champs, de Paris, possédait, dans les environs de Montiers en Argonne, à un endroit qu'il nous a été impossible de déterminer précisément, mais que nous pensons être à Contault, un prieuré appelé Saint-Martin-le-Pauvre; Robert en fit l'acquisition moyennant dix marcs d'argent de rente annuelle.

Adam, qui fut élu en 1206, était de la famille des seigueurs de Possesse. C'est à lui que l'on applique le nom d'Adam de Thornes qu'on lit dans quelques historiens. Il fonda, à Possesse, le prieuré de Saint-Crépin, et fit borner le territoire particulier de Montiers. Une de ces bornes dont nous avons déjà parlé subsiste encore et porte le nom de la Pierre-Adam. Il abdiqua en 1211.

Après lui on rencontre le nom de Gui de Rinel, qui se retira, en 1217, à Trois-Fontaines, où il mourut.

On alla chercher, pour lui succéder, le célérier de l'abbaye de Longpont, près de Soissons, qui fut élu abbé sous le nom de Robert II; mais, la même année, il fut appelé en la même qualité à Trois-Fontaines.

Guillaume Ier, qui lui avait succédé comme célérier de Longpont, fut fait abbé de Montiers après lui; mais il

abdiqua aussitôt pour se retirer comme simple moine à Claivaux.

Les abbés se succédaient rapidement alors, car Anseric siégea à peine pendant six mois après Guillaume.

Lothaire, son successeur, mourut au bout de deux ans, et fut enterré dans la salle capitulaire, qui venait d'être achevée ; c'est là qu'ont été inhumés depuis tous les abbés morts en exercice.

Mathieu fut élu en 1219. Il combattit, avec Raoul de Clairvaux et Jacques de Trois-Fontaines, les prétentions d'Anceau de Garlande, seigneur de Possesse, à la garde et avouerie de l'abbaye qu'ils affirmèrent n'appartenir qu'au comte de Champagne. Pendant son exercice furent construits le dortoir et le grand réfectoire.

Gérard, prieur d'Igny (1234), fut tiré de son monastère pour succéder à Mathieu, mais deux ans après il abdiqua ses fonctions pour retourner à Igny.

Michel (1236-1254), né en Bourgogne, enrichit le couvent de beaucoup d'acquisitions et d'améliorations. Il fit construire l'aqueduc dont on voit encore aujourd'hui les restes pour amener l'eau dans la cuisine. Il éleva le cloitre, et un dortoir pour les convers.

Après la courte durée des fonctions de plusieurs de ses prédécesseurs, son administration fut relativement longue, elle dura dix-huit ans; Michel mourut en 1254, après avoir à peu près complété les bâtiments de l'abbaye. Son tombeau occupait la seconde place dans la salle capitulaire.

Guillaume II, moine de l'abbaye d'Ourscamp, avait été élu abbé de Trois-Fontaines à cause de la sainteté de sa vie, mais son humilité lui fit bientôt abdiquer pour retourner à Ourscamp. On l'en tira bientôt pour le faire. abbé du Montiers, où il mourut en 1257.

Étienne ne laisse rien de particulier; on signale un titre de 1268, qui est un accord avec les habitants de Revigny, au sujet d'une rente que ces derniers devaient à Grosterme, appartenant à Montiers, comme détenteurs de la grande prairie de la Garraude ou Garoude, encore aujourd'hui propriété communale de la même commune.

Vincent, prieur de l'abbaye, fut promu, en 1261, aux fonctions d'abbé, qu'il conserva dix ans; sa mort est signalée en 1271.

Eudes, son successeur, fut accusé, devant le chapitre général, de faire prévaloir, par son langage et ses actions, les intérêts de Claivaux, où il avait fait profession, au détriment de l'abbaye dont il était le chef.

Il fut déposé pour cette cause, après huit ans d'exercice (1279).

Milon de Damery est signalé dans plusieurs chartes de l'abbaye, et particulièrement en 1292.

A cette époque, il traite avec Anceau de Garlande II, et Sophie, sa femme, au sujet de désaccords survenus entre eux et l'abbaye. Il s'agissait de la pêche de l'étang de Rouvray-sur-Possesse, de la chasse à Chétif-Chatel-sur-Charmont, et de rentes sur plusieurs immeubles, entre autres sur les moulins de Possesse.

En 1295, Renard de Dampierre, de retour de la croi-' sade, s'étant plaint qu'en son absence l'abbaye avait accaparé plusieurs dimes et redevances à Sommeille, à Remicourt et au Chatellier, qu'elle avait exploité des bois à la Tilloye et à la Haie-Renard, et ayant soulevé encore beaucoup d'autres griefs qu'on peut lire dans la charte de Philippe de Châlons, en 1303, chargea Jean de Louppy, maréchal de Champagne du règlement de cette affaire.

Il fut convenu que Renard de Dampierre recevrait de

l'abbaye 600 livres fortes de Champagne, cent brebis et dix vaches; moyennant quoi, Renard devrait jurer sur le corps de Jésus-Christ en l'église de Saint-Mard, de laisser la paix aux frères de Montiers. Ce jugement fut rendu après la mort de Milon de Damery.

Jacques siégea de 1300 à 1304; nous ne savons rien autre chose de son administration que le jugement précédent.

Menoevin de Dami, du nom de son pays natal, acheta une maison à Vitry, et fut nommé arbitre avec Hugues de la Chalade des différends renouvelés entre Cheminon et Trois-Fontaines. Son épitaphe, dont voici la traduction, est ainsi conçue:

[merged small][ocr errors][merged small]

Le chiffre 1312, qui forme le produit de l'opération nous donne la date de sa mort.

Roger eut le plus long exercice que nous ayons encore constaté. Il siégea pendant trente ans, suivant son épitaphe et mourut en 1342; c'est aussi l'une des époques les plus florissantes de l'abbaye qui comptait alors trente profès, quarante-cinq convers et plusieurs novices.

Parisius, ou Pâris ou le Parisien, traite avec un autre Anceau de Garlande, en 1351, pour la fourniture des bois qui ont servi à la réparation des moulins de Possesse; avec le seigneur de la Neuville-aux-Bois, pour l'annexion de l'église de ce lieu à l'abbaye, et avec Jean de Monteil, pour des droits de rente sur Noyers.

Nicolas de Condé siégea pendant vingt-huit ans (1370

« PreviousContinue »