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sous le corps. Des pierres placées sous la tête et sous les pieds les soutenaient. Les corps, toujours disposés avec une grande régularité, reposaient autour de la grotte selon le nombre. Des instruments accompagnaient le corps. Les haches particulièrement étaient dressées le long de la paroi entre les divers sujets. Mais lorsque la hache était seule, sa place privilégiée était au sommet de la tête. Souvent les instruments avaient été déposés dans la main droite.

Nous avons remarqué plusieurs fois des ossements brûlés dans les sépultures dont nous parlons. Ils occupaient toujours le premier rang sur l'aire de la grotte. Cette particularité n'autoriserait-elle pas à supposer que le sujet était mort dans une contrée éloignée et avait été transporté après avoir subi une incinération. On pourrait encore supposer qu'il avait é!é apporté dans une migration.

D'autres sépultures présentaient les corps amoncelés les uns sur les autres, mais dans une succession régulière. Les mêmes soins, les mêmes attentions se rencontraient. C'est dans ces sépultures, où tous les sujets étaient exclusivement adultes, que les haches se trouvaient en plus grand nombre. Ces grottes sépulcrales avaient été creusées avec moins de soin. On y voit un travail précipité, impérieusement imposé par les circonstances. Dans ces sortes de sépultures, on ne remarque aucune trace de fréquentation. Il y a lieu de le croire, tous les sujets avaient été déposés simultanément après quelques luttes sanglantes.

Des archéologues se sont demandé si la grotte artificielle ne serait pas une altération du dolmen imposée par la nature du sol champenois dépourvu de ces vastes roches qui servaien: à élever les dolmens. Sans vouloir trancher la question, nous pouvons néanmoins faire observer que très-fréquemment les grottes elles-mêmes étaient obstruées par une énorme pierre qui aurait fourni un élément au dolmen lui-même.

MAGASINS.

Certaines grottes, qui n'offrent aucun des caractères distinctifs de la grotte sépulcrale et de la grotte habitation, paraissent avoir été destinées à servir de magasins. Il y a tout lieu de le croire et de nombreuses raisons autorisent

à le penser.

REFUGES.

Plusieurs fois, à des distances assez considérables du groupe principal des grottes, on retrouve des excavations en forme de puits communiquant avec des chambres reliées entre elles par des galeries. Ces souterrains qui durent être pratiqués pour rechercher les filons de silex dans la craie, furent fréquentés dans la suite et utilisés comme refuges pendant les dangers de la guerre.

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RELIGION.

La sépulture donnée avec tant de soin aux morts traités avec honneur et avec la plus délicate attention, atteste une croyance, elle affirme le grand dogme de l'immortalité. Ces figures, dont nous avons parlé en mentionnant les arts exercés chez nos tribus, sont, il n'en faut par douter, l'image de la divinité. Elles offrent des traits de ressemblance avec la figure sous laquelle certaines déesses étaient adorées dans d'autres pays. Ne pourrait-on pas voir aussi, dans la représentation de la hache, une pratique religieuse ? sa présence sur la représentation de la déesse elle-même dans les grottes de Courjeonnet semble l'insinuer. N'est-ce pas le commencement de la légende du Sub ascia? Ces rondelles de crâne, détachées et portées comme amulettes, dont nous aurions tant à parler, n'étaient-elles pas aussi la manifestion d'une idée religieuse ? Nous nous bornons à ces rapides indications, bien persuadé qu'il se trouve ici un vaste champ à explorer.

Toutes les communications terminées, M. de Cougny, prenant la parole, exprime à M. Joseph de Baye la reconnaissance des archéologues pour ses importantes découvertes, et lui remet, au nom du Congrès, une médaille à l'effigie de M. de Caumont.

« Les services de M. de Baye sont exceptionnels, dit M. de Cougny, nous nous félicitons de pouvoir le remercier, au nom de la science archéologique, en présence de M. le baron et de Mme la baronne de Baye, qui secondent avec tant de sollicitude les travaux et les études de leur

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fils. »

La séance est terminée par un discours de M. le baron de Baye, qui exprime en termes énergiques son espoir dans le relèvement de la France.

La séance est levée à cinq heures et demie.

Profitant des dernières heures du jour, les membres du Congrès ont allés ensuite visiter l'église de la paroisse. C'est un édifice des xire et xme siècles, précédé d'un porche à arcades ogivales, disposition assez fréquente dans la contrée, et renfermant une crypto abandonnée dans laquelle fut déposé, au vie siècle, le corps de saint Alpin, évèque de Châlons, qui, comme saint Loup, de Troyes, son maitre, détourna de sa ville épiscopale les fureurs d'Attila.

Quelques instants après, les visiteurs reprenaient, dans les salles à manger du château, autour d'un attrayant diner, les places qu'ils avaient occupées le matin. Puis, à neuf heures, sous le charme des émotions de cette journée si bien remplie, tous, pénétrés d'une profonde gratitude pour cette magnifique et savante hospitalité, prenaient congé de leurs hôtes bienveillants, auxquels l'institution des Congrès archéologiques était redevable d'un des plus mémorables et plus précieux souvenirs qu'enregistreront ses annales. Chacun se réinstallait alors dans les grands omnibus du matin pour prendre la route d'Épernay, pendant que les cours du château de Baye s'illuminaient de feux de Bengale. Quatre heures après, les excursionnistes rentraient à Châlons, un peu fatigués peut-être, mais assurément contents de la charmante journée qui venait de s'écouler trop rapidement pour eux. SÉANCE DU 27 AOUT.

PRÉSIDENCE DE M. NICAISE.

Siégent au bureau : MM. Liénard, de Felcourt, l'abbé Chapiteau, curé de Saint-Loup.

M. Barbat de Bignicourt remplit les fonctions de secrétaire.

M. l'abbé Hémard, chargé de présenter un rapport sur la visite du Congrès au musée du Grand-Séminaire de Chalons, a la parole.

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Visite du Congrès archéologique de France

au musée du Grand-Séminaire de Châlons-sur-Marne.

Mercredi dernier, les membres du Congrès archéologique de France se rendaient au Grand-Séminaire pour visiter son musée.

Et tout d'abord, permettez-moi, Messieurs, de remercier au nom du diocèse et du Grand-Séminaire, tous les membres du Congrès, et en particulier M. de Cougny, directeur de la Société française d'Archéologie, ainsi que les promoteurs de cette visite, de l'honneur qu'ils ont bien voulu nous faire. Nous serions heureux, si notre collection avait pu vous intéresser, et si elle pouvait devenir de quelque utilité pour la solution des questions qui se rapportent à l'art préhistorique.

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