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Си. une médaille cet événement, comme l'ambaffaXLV. de des Siamois.

Abdica

Victor

Amédée

Cet empire nouveau commença à influer fur toutes les affaires, & à donner des loix au nord, après avoir abattu la Suéde. La feconde puiffance, établie à force d'art & fur des fondemens moins vaftes, était la Pruffe. Ses forces fe préparaient & ne fe déployaient pas en

core.

La maifon d'Autriche était restée à-peu-près dans l'état où la paix d'Utrecht l'avait mife. L'Angleterre confervait fa puiffance fur mer, & la Hollande perdait infenfiblement la fienne. Ce petit état, puiffant par le peu d'industrie des autres nations, tombait en décadence, parce que fes voifins faifaient eux mêmes le commerce, dont il avait été le maître. La Suéde languiffait. Le Danemarck était floriffant. L'EL pagne & le Portugal fubfiftaient par l'Améri que. L'Italie, toûjours faible, était divifée en autant d'états qu'au commencement du fiécle, fi on excepte Mantoué, devenue patrimoine Autrichien.

La Savoie donna alors un grand spectacle au tion de Monde, & une grande leçon aux Souverains. Le roi de Sardaigne, duc de Savoie, ce Victorduc de Amédée, tantôt allié, tantôt ennemi de la FranSavoye ce & de l'Autriche, & dont l'incertitude avait &c. paffé pour politique, laffé des affaires & de luimême, abdiqua par un caprice en 1730. à l'age de foixante-quatre ans, la couronne qu'il avait portée le prémier de fa familie, & fe repentit

par

CH

par un autre caprice un an après. La fociété de Ta maitreffe devenue fa femme, la dévo:ion & XLV. le repos, ne purent fatisfaire une ame occu. pée, pendant cinquante ans, des affaires de l'Europe. Il fit voir quelle eft la faibleife humai ne, & combien il eft difficile de remplir fon cœur fur le trône & hors du trône. Quatre · fouverains dans ce fiécle renoncèrent à la couronne; Chriftine, Cafimir, Philippe V. & Victor - Amédée. L'hilippe V. ne reprit le gouvernement que malgré lui. Cafimir n'y penfa jamais. Christine en fut tentée quelque tems, par un dégoût qu'elle eut à Rome. Ainédée feul voulut remonter par la force fur le trône que fon inquiétude lui avait fait quitter. La fuite de cette tentative eft connue. Son fils, CharlesEmanuel, aurait acquis une gloire au-defus des couronnes, en remettant à fon pére celle qu'il tenait de lui, fi ce pére feul l'eût redemandée, & fi la conjoncture des tems l'eût permis; mais c'était une maîtreffe ambitieufe qui voulait régner, & tout le confeil fut forcé d'en pré Emprivenir les fuites funeftes, & de faire arrêter fonnecelui qui avait été fon fouverain. Il mourut ment & depuis en prifon. Il eft très-faux, que la cour Victor de France voulût envoyer vingt mille hom- Amédée. mes, pour défendre le pére contre le fils, comme on l'a dit dans des mémoires de ce tems-là. Ni l'abdication de ce roi, ni fa tentative pour reprendre le fceptre, ni fa prifon, ni fa mort, ne cauferent le moindre mouvement chez les nations voisines.

H.G.Tom. VIII. Suite Tom. III. N Tout

mort de

Сн.

Tout était paifible depuis la Ruffie jufqu'à XLV. l'Espagne, lorfque la mort d'Augufte II. replongea l'Europe dans les diffenfions & dans les malheurs, dont elle eft fi rarement exemte.

CHAPITRE QUARANTE-SIXIEME.

STANISLAS

DEUX FOIS ROI DE POLOGNE.

Guerre de 1734. La Lorraine réunie à la France.

E roi Stanislas, beau-père de Louis XV. déja nommé roi de Pologne en 1704. fut élu roi en 1733. de la manière la plus légitime & la plus folemnelle. Mais l'empereur Charles VI. fit procéder à une autre élection, appuyée par fes armes & par celles de la Ruffie. Le fils du dernier roi de Pologne, électeur de Saxe, qui avait époufé une niéce de Charles VI. l'emporta fur fon concurrent. Ainfi la maifon d'Autriche, qui n'avait pas eu le pouvoir de fe conferver l'Espagne & les Indes occidentales, & qui, en dernier lieu, n'avait pu même établir une compagnie de commerce. à Oftende, eut le crédit d'ôter la couronne de Pologne au beau-père de Louis XV. La France vit renouveller ce qui était arrivé au prince

de

XLVI.

de Conty, qui folemnellement élu, mais n'ayant CH. ni argent ni troupes, & plus recommandé que foutenu, perdit le royaume où il avait été appellé.

Le roi Stanislas alla à Dantzig foutenir fon élection. Le grand nombre, qui l'avait choifi, céda bientôt au petit nombre qui lui était contraire. Ce pays, où le peuple eft efclave, où la nobleffe vend fes fuffrages, où il n'y a jamais dans le tréfor public de quoi entretenir les armées, où les loix font fans vigueur, où la liberté ne produit que des divifions; ce pays, dis-je, fe vantait en vain d'une nobleffe belliqueufe, qui peut monter à cheval au nombre de cent mille hommes. Dix mille Ruffes firent d'abord difparaître tout ce qui était affemblé en faveur de Stanislas. La nation Polonaife, qui un fiécle auparavant regardait les Ruffes avec mépris, était alors intimidée & conduite par eux. L'empire de Ruffie était devenu formidable, depuis que Pierre le grand l'avait formé. Dix mille efclaves Ruffes difciplinés difperfèrent toute la nobleffe de Pologne ; & le roi Stanislas, renfermé dans la ville de Dantzig, y fut bientôt affiégé par une armée de Ruffes.

L'empereur d'Allemagne, uni avec la Ruffie, était fùr du fuccès. Il eût fallu, pour te nir la balance égale, que la France eût envoyé par mer une nombreuse armée mais l'Angleterre n'aurait pas vu ces préparatifs immenles, fans le déclarer. Le cardinal de Fleury,

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Fleury

envoye

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ruffes.

CH. qui ménageait l'Angleterre, ne voulut ni avoir XLVI. la honte d'abandonner entiérement le roi Stanislas, ni hazarder de grandes forces pour le Le cardi- fecourir. Il fit partir une efcadre avec quinze cent hommes, commandée par un brigadier. Cet officier ne crut pas que fa commiffion fût quinze férieufe: il jugea, quand il fut près de Dantcent fran- zig, qu'il facrifierait fans fruit fes foldats; & çais con il alla relâcher en Dannemarck. Le comte de tre tren- Plélo, ambaffadeur de France auprès du roi de Dannemarck, vit avec indignation cette retraite, qui lui paraiffait humiliante. C'était un jeune homme, qui joignait à l'étude des belles-lettres & de la philofophie des fentimens héroïques, dignes d'une meilleure fortune. Il réfolut de fecourir Dantzig contre une armée avec cette petite troupe, ou d'y périr. Il écrivit, avant de s'embarquer, une lettre à l'un des fecretaires d'état, laquelle finiffait par ces mots: " je fuis für que je n'en reviendrai pas; je vous recommande ma femme & mes enfans. "Il arriva à la rade de Dantzig, débarqua & attaqua l'armée Ruffe; il y périt percé de coups, comme il l'avait prévu. Sa lettre arriva avec la nouvelle de fa mort. Dantzig fut pris; l'ambaffadeur de France auprès de la Pologne, qui était dans cette place, fut prifonnier de guerre, malgré les privilèges de fon caractère. Le roi Stanislas n'échapa qu'à travers beaucoup de dangers, & à la faveur de plus d'un déguisement, après avoir vû fa tête mise à prix par le général des Mof

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