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Il avait vu Vézelay, il connaissait les restes de Cluny, il avait l'esprit imbu des principes de l'école bourguignonne, que nous appelons, nous, école clunysienne. Il ne put se rendre compte du monument qu'il visitait.

› Le savant écrivain se trouvait en compagnie d'un de nos collègues, M. le comte V. de Maumigny; il lui demanda s'il me connaissait, et, dans ce cas, s'il voudrait me prier de lui donner mon avis sur l'abbatiale de Fontmorigny. La commission fut faite, et le jour pris avec M. de Maumigny pour aller visiter ce monastère. Au premier coup d'œil je me rendis compte de la difficulté. M. de Montalembert avait visité ce monument en voulant appliquer les principes des écoles territoriales; le problème était difficile à résoudre. Mais en appliquant notre distinction d'écoles monacales, je compris que Fontmorigny, malgré sa différence de style avec Cluny et La Charité, était cependant de la même époque, comme Pontigny est de la même époque que Vézelay. L'admission des écoles monacales faisait disparaître tous les doutes. »

M. Xavier Garenne, auteur de plusieurs travaux intéressants, est proposé comme membre titulaire par MM. Subert et Boutillier.

M. Guillemot, secrétaire de la Société d'archéologie de Chalon-sur-Saône, qui habite maintenant Château-Chinon, demande à faire partie de la Société à titre de membre résidant. Ce candidat est auteur de plusieurs ouvrages d'histoire et d'archéologie; sa résidence à Château-Chinon et sa collaboration nous seront d'un grand secours. Il est présenté par MM. Crosnier et de Toytot.

MM. Garenne et Guillemot sont admis.

M. Roubet donne lecture d'une communication relative

à diverses médailles d'Antonin, trouvées aux environs de

La Guerche.

M. Subert propose de faire une démarche officielle auprès de l'autorité municipale pour désigner un conservateur au musée d'antiquités et médailles du palais Ducal; cette fonction est restée sans titulaire depuis le départ de M. de Laugardière. La proposition de M. Subert est adoptée. M. le Président se charge d'adresser cette demande à M. le Maire de Nevers.

SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1874.

Sont présents: MM. Crosnier, président; de Toytot, secrétaire; Boutillier, archiviste; Lhospied, pro-secrétaire; Pinet de Maupas, de La Maisonneuve, Chatel, de Pierredon, l'abbé Fouché, l'abbé Laborde, l'abbé Valois, l'abbé Michel Crosnier, le docteur Subert, le docteur Mignot, de Rosemont, le docteur Comoy.

Il est arrêté qu'à l'avenir on portera sur le registre le nom de tous les membres présents, ce qui avait lieu autrefois. Cette disposition est motivée par la remise des jetons de présence qui seront délivrés à la fin de chaque séance. Ces jetons sont enfin à notre disposition après quatre ans d'attente, retard occasionné par le graveur et la Monnaie. Il est convenu que dix jetons de bronze pourront être changés contre un jeton d'argent.

M. le Secrétaire donne lecture d'une lettre de M. du Broc de Segange, qui remercie de la manière la plus flatteuse la Société nivernaise de l'envoi qui lui a été fait du Sacramentaire. Son appréciation sur l'ouvrage, au point de vue,

soit de la forme, soit du fond, doit être considérée comme particulièrement précieuse pour ceux qui ont contribué à la composition, à l'exécution ou à la reproduction de ce beau livre.

M. Bulliot qui, non content de travailler avec courage aux fouilles du Beuvray, a entrepris de rétablir l'ancienne chapelle dédiée à saint Martin, sur le point limitrophe des deux diocèses d'Autun et de Nevers, demande à la Société nivernaise de contribuer à cette œuvre. Prenant cette demande en considération, on a décidé qu'on souscrirait pour une somme de 100 fr., qui serait versée quand le travail serait exécuté.

M. le Président donne connaissance d'une circulaire de S. Exc. le ministre de l'instruction publique, des cultes et des beaux-arts, relative au congrès des délégués des sociétés savantes, qui doit avoir lieu à Paris, à la Sorbonne, les 8, 9 et 10 avril. Il invite les membres de la Société à prendre part aux travaux de cette réunion.

Les délégués devront se faire inscrire et donner leurs noms à M. le Président avant le 15 mars, s'ils veulent obtenir, pour le chemin de fer, des billets à prix réduits.

M. le Curé-Doyen de Châtillon-en-Bazois fait parvenir à la Société des détails intéressants, relativement à des fouilles exécutées à Alluy et qui ont été suivies de la découverte de deux sarcophages assez curieux. Nous croyons devoir reproduire ici la lettre par lui écrite à cette occasion :

Châtillon-en-Bazois, le 28 janvier 1874.

MONSIEUR LE PRÉSIDENT,

Puisque notre Société s'attache à suivre les pas du temps sur notre sol, et que ces pas sont surtout marqués par des

tombeaux, j'appelle, pour un instant, votre attention sur des sarcophages qu'on vient de découvrir à quatre-vingts mètres au nord de l'église et du bourg d'Alluy, dans une ouche qui est à droite de la route de Châtillon à Cercy-la-Tour.

Le nommé Buisson, propriétaire du terrain, voulant faire une construction et prendre, si c'était possible, les matériaux chez lui, eut l'idée de faire un découvert au sommet de son champ, point le plus rapproché des maisons.

Il n'eut pas creusé à plus de cinquante centimètres qu'il rencontra des murs, puis des pierres éparses, dont plusieurs lui semblaient avoir déjà été travaillées par le ciseau. Sur les unes, en effet, étaient des figures indiquant qu'elles avaient pu faire partie de pieds-droits de portes, et les autres, d'une forme convexe, paraissaient appartenir à des couvercles de cercueils. Il ne se trompait pas.

Bientôt le pic arrivait à un bloc solide qui, une fois dégagé, était un magnifique sarcophage de deux mètres de longueur sur soixante centimètres de largeur et un peu moins de hauteur à la tête.

L'intérieur a été creusé avec soin, et ses parois, comme les faces extérieures, sont couvertes de traits imitant des feuilles de fougère.

Ce sarcophage repose aujourd'hui à côté de l'excavation, à la surface du sol, où il attire la curiosité des visiteurs.

Il n'est pas le seul. Un autre, attaqué par une de ses extrémités qu'on a brisée, est encore enfoncé aux trois quarts et couvert, comme le précédent, d'une pierre convexe. On voit à l'intérieur les ossements des corps ou du corps qu'il renfermait.

Ces deux cercueils étaient placés dans le même sens, du couchant au levant, à trois mètres l'un de l'autre, et à peu près sur la même ligne.

D'autres ossements, trouvés à côté du cercueil extrait, me font conjecturer que ce lieu était un tombeau de famille dans un ancien cimetière.

Les cercueils ne peuvent remonter, selon moi, qu'à une T. VII, 2 série.

2

époque relativement peu reculée. Ce qui en est une preuve, c'est une croix de Malte, en bosse ou en saillie, qui figure sur la face extérieure de la tête du cercueil qui est à découvert.

Je vous envoie ci-joint le dessin de ce monument sépulcral. J'ai engagé le propriétaire à le conserver, car il est vraiment remarquable.

Il n'a cependant d'intérêt, à mes yeux, que pour la localité, et vous n'en jugerez sans doute pas autrement. Néanmoins, j'ai voulu vous le faire connaître.

Veuillez agréer, etc.

CLÉMENT,

Curé, membre de la Société nivernaise.

M. le Président fait observer que les croix, nommées plus tard croix de Malte, se rencontrent sur des monuments d'une époque très-reculée.

M. le Secrétaire demande la parole pour entretenir la Société de l'Armorial nivernais de M. de Soultrait, dont l'impression a été votée en 1869, mais qui ne devait être livré à l'impression qu'au moment où l'Inventaire de l'abbé de Marolles serait terminé. M. de Toytot expose que M. de Soultrait est prêt à envoyer la copie; il n'attend plus que la fixation des conditions typographiques, lesquelles dépendent des arrangements à faire entre la Société et M. Fay; il ajoute qu'il s'est entendu à cet effet avec l'imprimeur, qui est disposé à se procurer des caractères elzéviriens pour exécuter ce travail d'une manière convenable. Il est conyenu qu'on conservera les prix stipulés et fixés pour nos diverses impressions.

Le livre de M. de Soultrait serait imprimé en un seul volume; il sera précédé d'une préface, qui ne sera ellemême livrée à l'impression, ainsi que les divers articles sur les familles, qu'après avoir été soumise à la Société.

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