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Fouilles

du Cimetière Franc d'Oyes (Marne)

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quelques espaces vides. A en juger par les jeunes sujets qui forment un groupe, une partie était probablement affectée à la sépulture des enfants.

La profondeur des fosses variait singulièrement. Les unes étaient d'une profondeur considérable, et les autres presqu'à la surface du sol; à tel point que le soc de la charrue pouvait les atteindre.

Ces tombes, à de rares exceptions près, contenaient toutes une grande variété d'objets qui avaient été intentionnellement déposés avec le corps. Ces objets n'étaient pas jetés indifféremment dans toutes les positions. Au contraire, ils occupaient une place fixe, pour ainsi dire invariable, dans toutes les sépultures. Ces divers objets appartiennent à plusieurs catégories: d'abord les armes, qui se retrouvent en grande quantité dans des formes variées et dans un état de conservation qui laisse plus ou moins subsister la forme primitive; puis les ornements ou bijoux; dans cette catégorie, on remarque des objets qui révèlent un goût distingué. Ensuite la céramique est abondamment représentée par des vases offrant des types très-nombreux. Les monnaies figurent aussi parmi les objets déposés dans les sépultures; cependant le nombre en est peu considérable. Enfin quelques silex ouvrés en petit nombre ont été recueillis. Parmi ces objets, un seul présente un travail sérieux, c'est une flèche à ailerons. Les objets en fer ont été rencontrés avec une abondance extraordinaire, mais ils étaient si profondément oxydés, rongés et défigurés, qu'il est pour ainsi dire impossible de les déterminer. Cette catégorie ne peut inspirer que des regrets, car elle renferme des objets d'un admirable travail que le temps a profondément altérés. Elle nous a donné cependant quelques objets susceptibles d'être déterminés et offrant de l'intérêt au point de vue de l'étude.

LES ARMES.

Scramasaxes.

Les armes provenant de la nécropole d'Oyes forment une collection fort intéressante par sa variété. D'abord le scramasaxe de toutes les dimensions figure en grande quantité. Il est certainement l'arme qui domine par le nombre. I n'y a point lieu de s'en étonner, car selon l'opinion des archéologues spécialistes, parmi lesquels on compte M. l'abbé Cochet, les femmes elles-mêmes portaient le scramasaxe. L'abondance de cette arme n'est point, du reste, un fait particulier à la localité que nous avons explorée. On retrouve le scramasaxe dans la même proportion dans les autres cimetières francs. Parmi les spécimens que nous avons exhumés, il en est d'une conservation parfaite qui laissent la facilité de bien juger l'arme. La rainure caractéristique s'y retrouve toujours, et dans les grands spécimens elle se répète. En plusieurs circonstances, la virole était encore adhérente à la naissance de la lame, car elle était maintenue par des restes du manche, qui était en bois.

Il occupait ordinairement le côté et s'étendait parallèlement au torse. Dans certains cas exceptionnels il se trouvait placé sur la tête avec le ceinturon destiné à le suspendre. Nous n'avons jamais trouvé de traces du fourreau, Est-ce parce que cette gaine aurait été en bois ou parce qu'elle aurait été absolument absente?

Haches.

Le cimetière d'Oyes a donné plusieurs haches également

variées dans leurs dimensions. Il en est qui se distinguent particulièrement par la finesse du travail. On voit qu'elles ont été traitées avec soin et habileté. Elles occupaient toujours la région des pieds. Elles sont moins nombreuses que les scramasaxes. Elles appartiennent exclusivement aux sépultures des personnages de distinction. C'est du moins l'opinion des archéologues.

Lances.

Plus de trente lances ont été recueillies dans les sépultures. Elles affectent des formes et des dimensions qui varient beaucoup. Quatre de ces armes sont pourvues de crochets qui se développent de chaque côté au-dessus de la douille. Il en est parmi ces dernières, qui ont été travaillées avec le plus grand soin et ornées de nervures. La partie tranchante présente des formes multiples. Ces armes, qui se rencontrent fort rarement, ont été considérées par quelques archéologues comme étant l'angon. La description faite par Agathias a paru s'y rapporter. Cet historien dit en effet : « Les angons sont des lances de fer dont le haut est pointu, tandis que le bas est muni de crochets recourbés comme des hameçons. » L'absence d'autres armes connues auxquelles il serait possible d'appliquer la description d'Agathias, a entouré la lance dont nous nous occupons d'un certain prestige. La question, toutefois, n'a pas encore été assez étudiée pour que l'on puisse considérer la lance à crochets comme l'angon dont les historiens ont parlé. La rareté de la lance à crochets ne serait-elle pas un motif pour rejeter l'opinion qui la considère comme l'angon? De pareilles lances ont été trouvées par M. Baudot, à Charnay, dans la Côte-d'Or. A moins de récentes

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