dit est, et aux charges et conditions dessus dites, et oultre, pour et moyennant la somme de cent livres, en laquelle somme lesdits Bruère et Cheramy, es dits noms, par l'advis et du consentement dudit sieur curé, ont promis et se sont ensemblement et solidairement, ung chacun d'eulx pour le tout, sans division de partie ny de bien, etc. (1).... Faict et passé au bourg de ladicte ChapelleVicomtesse en la maison dudit sieur curé, le dix-neufiesme jour de novembre, l'an mil six cent soixante et un. >>

(Expédition sur parchemin, dans une liasse de litres concernant l'église dont il s'agit.)

La Chapelle-Vicomtesse dépendait de l'évêché de Chartres, de l'archidiaconé Dunois, du duché, bailliage et gouvernement de Vendôme, enfin de l'élection de Châteaudu-Loir.

Quant au peintre chargé de l'exécution du tableau, on ne le trouve dans aucune biographie. Il y aurait une recherche à faire sur cet artiste inconnu et d'un talent fort médiocre sans doute.

2o Extraits de l'inventaire des meubles et ornements de l'église d'Huisseau en Beauce, dressé par les procureurs de la fabrique et reçu par Mathurin Margottin notaire en la châtellenie de Vendôme, le 25 avril 1624 (lesdits fabriciens ne sachant ni lire ni écrire).

<< Une croix d'argent avec l'étui et une écharpe de taffetas orange. Trois calices, un d'argent doré et les deux autres d'étain avec les plataines et un autre calice d'étain rompu, avec la plataine. Cinq chandeliers de

(1) Formule ordinaire des contrats.

cuivre. Quatre chasubles, l'une rouge, l'autre blanche, l'autre moirée et la quatrième de damas blanc. - Cinq étoles et quatre fanons (1). - Neuf robes, desquelles il y en a six qui servent devant l'image Notre-Dame et les trois autres à l'image de sainte Opportune. Trois

chappes, l'une rouge, l'autre blanche et l'autre noire. Deux tuniques rouges. Un parement d'autel tant haut que bas, avec deux rideaux servant aux deux bouts du maître-autel, le tout de camelot blanc. Un petit oreiller, couvert aussi de camelot blanc, servant à poser le livre sur l'autel (2). -Une eschelette (3). Deux petites chopinettes d'étain. Une bannière de damas rouge. -Trente-huit nappes de toile à mettre sur les autels. Un grand drap servant à mettre devant le crucifix. Douze chemises de toile servant aux images de Notre-Dame et de sainte Opportune. Quatre ciels de toile, dont il y a

deux servant sur l'autel de Notre-Dame et les deux autres sur les fonts. >>

La paroisse d'Huisseau en Beauce était alors du diocèse de Chartres, de l'archidiaconé, du bailliage et de l'élection de Vendôme. L'église était sous l'invocation de NotreDame, et les petits détails de notre inventaire témoignent de la dévotion des paroissiens à leur auguste patronne.

Sainte Opportune, dont il est également question, était originaire du pays d'Auge en Normandie. L'église collégiale de Saint-Georges à Vendôme, gardait ses reliques depuis l'an 1120 ou environ. Au dire du chanoine Du Bellay et d'autres vieux auteurs, un comte de Vendôme, Geoffroy Grisegonnelle, sauva ces restes précieux du pil

(1) Autrement dits manipules. (2) En guise de pupitre.

(2) Petite cloche portative.

lage, à la suite d'une victoire que le comte d'Anjou et lui remportérent sur les Anglais, auprès d'Alençon. Ici je laisserai volontiers parler l'historiographe du chapitre : << Les victorieux poursuivirent l'ennemi en déroute et, dans <«< cette poursuite, le comte de Vandosme entra dans l'ab<<baye d'Almeneches, qui n'est pas loin du chemin qui va « d'Alençon à Seez. Là, pour empescher que les soldats, « qui à cause de la victoire en paroissoient plus insolents, << ne commissent quelques irrévérences contre les choses << sainctes, le comte Geoffroi se saisit de la châsse où << estoient les corps de sainct Godegran (1) et de saincte Opportune et la fit apporter en cette église Sainct« Georges (2). »

Le culte de la sainte ne tarda pas à se répandre dans le Vendomois où il s'est conservé fidèlement.

D'accord avec une tra lition respectable, le bréviaire de Blois, publié en 1736, constatait l'existence des mêmes reliques dans l'église de Saint-Georges. (Partie de Printemps, 22 avril, p. 479.)

A. DUPRÉ, bibliothécaire, à Blois.

La 64 question: Du symbolisme dans les églises du Vendomois, étant mise en discussion et personne ne demandant la parole, M. de Cougny demande à M. l'abbé Auber quelle est la raison de la couleur donnée aux vierges noires.

M. l'abbé Auber répond qu'on peut la trouver soit dans l'origine orientale de ces statues, soit dans une traduction

(1) Evêque de Séez, frère de sainte Opportune.

(2) Histoire manuscrite de la collégiale, p. 30 de la copie qui se trouve la Bibliothèque de Blois.

peinte ou sculptée du passage du Cantique des cantiques : nigra sum sed formosa.

M. Merlet croit que leur origine est égyptienne. Tout le monde connaît la tradition qui attribue aux Druides la vierge noire qu'ils auraient dédiée Virgini parituræ. Une vieille chronique chartraine dit que les Druides avaient reçu cette tradition des prêtres égyptiens. Quelle que soit l'époque du moyen âge à laquelle on adopta cette tradition, la mention de l'Egypte doit être remarquée.

M. de Salies expose les dessins de cinq masques attachés aux orgues de diverses églises 1° Une belle tête du XVIe siècle venant du Mans, qui offre des souvenirs antiques; elle remue la mâchoire; 2° une tête mauresque à longue barbe de la cathédrale de Barcelone, qui roule les yeux et remue la mâchoire; 3°, 4° et 5° trois têtes provenant de l'église de Saint-Savin de Lavedan et accrochées sous Louis XV à un orgue daté de 1562. Les dessins en rocaille qui les entourent ont été superposés aux anciennes peintures. Ce sont des têtes de moines dont. les yeux et les mâchoires sont mobiles. L'ancien organiste de Saint-Savin, âgé de quatre-vingt-six ans, témoigne avoir vu dans sa jeunesse ces têtes remuer lorsque l'orgue préludait et que l'on touchait certains jeux. Le jour de Pâques, à l'issue de la grand'messe, on mettait un œuf dans chaque bouche, et mettant le jeu en mouvement, ces œufs écrasés jaillissaient sur la foule. On trouve des souvenirs de ces têtes en France, en Hollande, en Espagne; ce qui prouve qu'elles n'étaient pas rares. M. de Salies termine en montrant deux autres de ces têtes en nature. La première, venant des Augustins de Montoire, portait le nom Gallimard ou Gallimas. Une tradition rapporte qu'un prêtre de ce nom fut brûlé pour sorcellerie à une époque indéterminée, au Pré-aux-Chats de Vendôme.

La seconde provient des orgues de l'église d'Avenièreslez-Laval et peut bien avoir été un portrait. Un œil tourne de haut en bas, l'autre par un perfectionnement postérieur se remue de gauche à droite et les mâchoires s'enflent et se contournent. Aussi cette tête est-elle nommée le Papottier, du mot local papottes qui signifie joues.

:

M. le Président met ensuite en délibération la 68° question De Ronsard dans ses rapports avec le Vendomois. La nature de ce pays a-t-elle exercé quelqu'influence sur son génie? Trois personnes demandent la parole sur ce sujet si plein d'actualité, au moment où la statue en bronze du poète vendomois va être inaugurée à Vendôme.

M. Dupré obtient le premier la parole et lit le mémoire suivant où il envisage le poète à un point de vue tout à fait nouveau. Voici le mémoire de M. Dupré.

Ronsard, poète chrétien.

Ce titre pourra sembler d'abord un paradoxe. Ronsard, en effet, est surtout célèbre par ses poésies profanes, voire même érotiques. Cet Anacréon ou, si l'on veut, cet Ovide moderne, a chanté, de préférence, les passions volages dont il avait ressenti les dangereuses atteintes. Des idoles de chair et de sang furent les objets les plus ordinaires de ses tendres hommages. D'ailleurs, son talent, éclos en plein xvIe siècle, a subi nécessairement l'influence générale de l'époque. Nourri des auteurs grecs et latins, il puise habituellement ses inspirations aux sources païennes et fait un usage continuel de la mythologie. Dans ses ingénieuses fictions, les mensonges de l'Olympe remplacent presque toujours les vérités du Christianisme.