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donner en temps convenable à ses ouailles le moyen de recevoir le sacrement de Confirmation, et les moralistes disent que l'évêque pécherait gravement si, sans une excuse d'impossibilité morale, il interrompait les tournées pendant un temps assez long, comme huit ou dix ans (1).

La Confirmation était autrefois liée à la visite de l'église; aujourd'hui elle en est indépendante. Les cérémonies solennelles avec lesquelles les évêques sont reçus durant leurs visites et leurs tournées de Confirmation sont, en tout ce qui ne résulte pas de la pieuse ferveur des fidèles, décrites de la manière suivante par le Pontifical romain : Dès que l'évêque est arrivé aux portes de la ville, on sonne toutes les cloches. Le clergé va au-devant de lui en procession. Le curé, revêtu de la chape, présente à l'évêque le crucifix à baiser; on entonne le répons: Ecce sacerdos, et la procession se rend, en chantant des psaumes, à l'église principale. Arrivé à la porte de l'église l'évêque reçoit des mains du curé le goupillon avec de l'eau bénite et il s'en asperge, puis il asperge l'assemblée. Il met de l'encens dans l'encensoir et le curé l'encense. Parvenu au pied de l'autel l'évêque s'agenouille et se recueille sur le prie-Dieu qui est préparé. Le curé, se tenant du côté de l'épître, dit, après les versets et les répous : Protector noster, aspice, Deus. Et respice in faciem Christi tui. Salvum fac servum tuum antistitem nostrum N. Deus meus, etc. Mitte ei Dom., etc. Nihil proficiat, etc. Domine, exaudi, etc., l'oraison suivante : Omnipotens sempiterne Deus, qui facis mirabilia magna solus, protende super hunc famulum tuum et cunctas congregationes illi commissas Spiritum gratiæ salutaris, et, ut in veritate tibi complaceat, perpetuum

(1) Liguori, I. c., Neyraguel, Gury.

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ei rorem tuæ benedictionis infunde. P. C. D. N. Amen.-On ne dit l'oraison Deus, omnium fidelium pastor, que lorsqu'un nouvel évêque est solennellement et pour la première fois reçu dans son église. Durant les visites l'oraison est la suivante: Deus, humilium visitator, qui eos paterna dilectione consolaris, prætende societati nostræ gratiam tuam ut per eos, in quibus habitas, tuum in nobis sentiamus adventum. P. C. D. N. Alors le chœur chante l'antienne du patron de l'église, et, pendant le verset, l'évêque monte à l'autel, le baise au milieu, va du côté de l'épître, et, tourné vers l'autel, chante l'oraison du saint, revient au milieu de l'autel, d'où il donne solennellement sa bénédiction au peuple.

Отт.

CONFITEOR. La formule adoptée dans le rite ecclésiastique pour la confession générale et publique des péchés, qu'on nomme simplement le Confiteor, est prescrite :

1o Au commencement de la messe ; 2o Pour l'administration de la sainte Communion hors de la messe ;

3o Durant l'administration de l'Extrême-Onction;

40 Lors de l'absolution générale (benedictio apostolica in articulo mortis);

5o A l'office divin, savoir : tous les jours à complies, à primes, aux fêtes et aux féries qui ne sont pas sub ritu duplici.

6° Enfin il est prescrit dans le Rituel romain (1) de commencer la confession sacramentelle par la première partie du Confiteor ou du moins par les mots Confiteor Deo omnipotenti et tibi pater.

Le Confiteor a deux parties: dans la première nous reconnaisons devant Dieu

(1) Tit. 18, § 9.

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que nous prenions humblement notre refuge auprès des membres justes et parfaits de la communauté chrétienne, le besoin de cette intercession se fait sentir bien plus encore et à un degré tout spécial dans un acte de pénitence. Plus nous voyons clairement et sentons vi

péché brise le commerce vivant avec
Dieu, plus nous sentons le besoin du se-
cours, de l'assistance, plus nous sommes
pressés de recourir à l'intervention de
nos frères qui sont dans la gloire.
Le Confiteor nomme :

a. La très-sainte Vierge Marie. Comme elle est la reine des anges et des saints, notre mère et médiatrice auprès de son divin Fils, le refuge des pécheurs et le secours des Chrétiens, elle tient à bon droit le premier rang partout et toutes les fois qu'on nomme, qu'on invoque les saints.

tout-puissant, la très-sainte Vierge, le bienheureux archange Michel, S. Jeanr.Baptiste, les saints apôtres Pierre et Paul, tous les saints, et tous les frères présents, que nous avons péché et que nous sommes coupables. Dans la seconde partie nous prions les saints nommés ci-dessus et tous les saints, avec tous les frères pré-vement dans notre âme combien le sents, d'intercéder pour nous auprès du Seigneur notre Dieu. C'est à cause de cette intercession que la confession ou l'aveu de nos fautes se fait non-seulement devant le Juge suprême, mais encore devant les saints et les frères présents. Les hérétiques eux-mêmes n'ont pu nier que les fidèles prient ici-bas les uns pour les autres, prient pour tous les hommes, et par conséquent peuvent et doivent intercéder les uns pour les autres; mais ils ont cru devoir blâmer et rejeter l'intercession des saints. Or cette intercession se fonde sur le dogme de la communion des saints, qui comprend nonseulement les saints qui ont parfait leur course, mais ceux qui sont sur la terre, et par conséquent toute l'Église dans ses membres triomphants, militants et souffrants. Les saints sont avec nous membres du corps de Jésus-Christ, et tandis que, d'une part, la charité et la sympathie qu'ils ont témoignées à leurs frères durant leur vie à un degré héroïque, loin d'être affaiblies et éteintes par la mort, sont au contraire augmentées et consommées, d'autre part, leur union avec le Christ est devenue plus intime, plus calme, plus parfaite que ne peut l'être celle d'un homme quelconque vivant sur la terre; et de là la confiance que nous avons qu'ils veulent et qu'ils peuvent intercéder efficacement pour

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nous.

Si l'invocation des saints en général est fondée sur la foi en la communion des saints et résulte nécessairement de cette foi, et s'il est naturel, dans la conviction que nous avons de ne pas répondre à la justice et à la sainteté exigées de nous,

b. L'archange Michel. Il est dit dans l'office de cet Esprit bienheureux : Constitui te principem super animas suscipiendas. Il est invoqué spécialement parce qu'il lutte contre l'ennemi éternel de notre salut (1), et qu'il est honoré comme le protecteur de l'Église militante.

c. S. Jean-Baptiste, parce qu'il représente les justes de l'ancienne alliance et qu'il est le patron de l'église principale de Rome (Saint-Jean de Latran);

d. Les saints apôtres Pierre et Paul, représentants des saints de la nouvelle alliance et fondateurs de l'Église ro

maine.

Le Confiteor est, en général, récité alternativement par le prêtre et par le peuple, conformément à la recommandation de l'apôtre S. Jacques : « Confessez vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres (2). » Il est évident que le Confiteor est une

(1) Jude, 9.
(2) Jacq., 5, 16.

partie importante de la liturgie, si on considère le but de celle-ci, qui est d'entretenir la communion actuelle et vivante des hommes avec Dieu par Jésus-Christ. Cette communion, pour exister et se maintenir, exige l'affranchissement du péché, qui rompt l'union divine, autant que les actes positifs qui unissent l'âme à Dieu. Nous ne pouvons entrer ici dans le détail du sens particulier du Confiteor, soit à la messe, soit dans l'administration de l'Extrême-Onction, etc. Ce | qui est clair, c'est que le Confiteor a sa place partout où il s'agit de se préparer à recevoir une grande grâce ou de se recommander instamment à la protection divine.

:

Les plus anciens sacramentaires et les premiers Ordo romains n'ont pas de traces de notre formule. Dans l'Ordo Rom. IV, n. 3, il est dit simplement Inclinans se (sc. Pontifex) pro peccatis suis deprecatur; le mode de la deprecatio paraît avoir été laissé à la disposition du célébrant. La première trace de notre Confiteor se trouve dans Egbert, archevêque d'York (ann. 735), qui le prescrit comme introduction à la confession sacramentelle, et dans Chrodegand, évêque de Metz (+743). La formule est ainsi conçue dans le Micrologus (vraisembla blement Ives de Chartres, vers 1080): Confiteor Deo omnipotenti, istis sanctis et omnibus sanctis, et tibi, frater, quia peccavi in cogitatione, in locutione, in opere, in pollutione mentis et corporis. Ideo precor te, ora pro me (1). Elle est conçue dans les mêmes termes dans les constitutions de Hirschau. A partir de là nous trouvons un nombre infini de variantes, dont on peut voir des exemples dans Bona, Bellotte et Grancolas.

Le troisième concile de Ravenne (en 1314) (2) ordonne (rubrica 15) que dé

(1) De Eccles. Observat., c. 23.

(2) Acta Concil., édition Hardouin, t. VII, p. 1389.

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sormais, dans la province de Ravenne, le Confiteor sera conçu dans les termes qui constituent la formule actuelle. A la même époque celle-ci se trouve prescrite, avec une très-imperceptible variante, dans l'Ordo Rom., XIV, c. 71, pour la Missa papalis (1). Depuis la publication du nouveau Missel par le Pape Pie V, il y a une complète uniformité par toute l'Église. Le Confiteor commence par le verset: Adjutorium nostrum, etc., et se termine par le Misereatur et l'Indulgentiam, c'est-à-dire par ce que les rubriques nomment l'absolution, absolutio. Mais comme l'absolution proprement dite est un acte judiciaire, qui suppose l'exercice du pouvoir de remettre les péchés, il n'est question ici d'absolution que dans un sens large et impropre. La formule est telle que le célébrant s'applique l'Indulgentiam, etc. Or personne ne peut s'absoudre luimême, comme personne ne peut être son propre juge.

Le Confiteor doit, car l'attitude de l'humilité convient à celui qui reconnaît ses fautes, être dit le corps profondément incliné, et au mea culpa, mea maxima culpa, l'officiant se frappe la poitrine. « Nous faisons connaître par là, dit S. Augustin, la componction de notre cœur. Nous frappons notre poitrine, non que nous croyions que nos os ont commis quelque faute, mais pour exprimer la contrition de notre cœur qui doit être jugé par le Seigneur (2). » Tapfer (3) établit que le Confiteor appartient aux choses sacramentelles. KÖSSING.

CONFORMISTES. Voy. ANGLETERRE. CONFORMITÉ (ACTE DE). Parmi les nombreuses mesures de violence que le

(1) Denis Mabillon, Mus. Ital., II.

(2) Enarrat. in Psalm. 146, ad vers. 3. (3) Expositio incruenti Missæ sacrif., art. 1, § 2, p. 24, ed. 2.

pouvoir politique prit en Angleterre pour subordonner tous les sujets de l'empire à l'Église établie par la loi, l'acte de Conformité occupe un rang spécial. Il était dirigé contre les non-conformistes protestants, surtout contre les presbytériens. Cet acte du Parlement parut en 1662. Il ordonnait que tous les prédicateurs eussent à déclarer, jusqu'au 24 août de la même année, qu'ils adoptaient la liturgie anglaise; nul ne pouvait distribuer la Cène sans être ordonné par l'évêque.

Il en résulta qu'au jour assigné plus de 2,000 prédicateurs non conformistes donnèrent leur démission et préférèrent vivre d'aumônes que de se conformer à ce rite qui leur était odieux. Ce ne fut que sous Guillaume III que les non-conformistes opprimés obtinrent du repos par l'édit de tolérance de 1689.

Cf. Schröckh, Hist. de l'Angl. depuis la Réforme, VIII, 418, et les articles GRANDE-BRETAGNE; ÉLISABETH, reine d'Angleterre.

CONFRATERNITÉ ECCLÉSIASTI QUE. Rapport amical des ecclésiastiques entre eux, fondé sur l'estime réciproque. La confraternité peut s'étendre sur tous les individus de l'état ecclésiastique, mais elle n'existe d'ordinaire qu'entre les ecclésiastiques qui sont voisins les uns des autres ou qui habitent le même lieu. Les membres du clergé doivent mutuel lement se considérer comme les serviteurs d'une même Église, destinés à un seul et même but, qui est de servir Dieu et de ramener les âmes à Dieu; c'est pourquoi ils doivent s'estimer déjà en vue de leur ministère commun, s'intéresser les uns aux autres et témoigner cet intérêt dans leur commerce habituel. Mais la vraie confraternité n'existe qu'autant que dans le commerce verbal ou écrit règnent le bon ton, la décence, la politesse, la chasteté, l'amitié, la condescendance de chacun pour les défauts et les faiblesses de ses confrères. Lors

que ces conditions ne sont pas remplies, là où dominent un ton inconvenant, la rudesse et l'entêtement, le défaut de respect réciproque, l'égoïsme, il ne peut être question de véritable confraternité.

La confraternité produit divers résultats utiles.

1o Ce commerce amical sert, par l'échange des idées, à rectifier les jugements erronés, à augmenter la masse des connaissances, à multiplier les expériences de la vie, par conséquent à rendre les prêtres plus aptes au ministère des âmes.

2o Ce ministère est facilité par la correspondance écrite ou verbale que les prêtres entretiennent sur les cas importants qui leur sont soumis, et par l'appui qu'ils se prêtent mutuellement.

3o Le respect des fidèles se proportionne à l'estime que les prêtres ont les uns pour les autres.

4o Elle donne lieu à la pratique de beaucoup de vertus.

5o Elle procure des joies, des consolations, des récréations pour l'esprit et pour le corps, ce qui n'est pas à dédaigner dans la vie pénible, sérieuse et isolée que mène le prêtre des campagnes. SCHAUBERGER.

CONFRÉRIE (confraternitas, sodalitas). Quoique tous les membres de l'Église, enveloppés par le lien d'une même foi et d'un même amour, forment la grande confrérie du royaume de Dieu sur la terre, il est dans la nature de l'esprit chrétien de pousser à une union plus intime encore ceux qui cherchent à atteindre, par des moyens particuliers et dans une voie qui leur est propre, le but proposé à tous, savoir leur sanctification et celle des autres. C'est cet esprit chrétien qui a enfanté la vie monacale, la vie canoniale des prêtres ; de là aussi les confréries, associations de Chrétiens qui, ayant un but religieux ou ecclésiastique particulier, des statuts

et des exercices pieux qu y correspondent, se distinguent spécialement des ordres religieux en ce que la pratique des conseils évangéliques n'est pas une condition indispensable d'admission, comme dans les ordres, et en ce que leurs membres ne se séparent du monde que moralement. Il est évident que l'esprit d'association qui fonde de pareilles confréries ne pouvait porter aucun fruit au temps de la persécution et du danger, tels que les premiers siècles; il faut, pour que ces associations se forment et se développent, une vie tranquille et assurée au dehors, active, énergique au dedans, telle qu'elle se présentait au moyen âge, alors qu'à ces conditions se joignait en outre l'esprit de corporation qui prévalait partout.

Aussi est-ce du moyen âge que datent les premiers témoignages clairs et significatifs de confréries existantes dans le sens aujourd'hui vulgaire, quoiqu'il soit déjà question, dans les lois de Charlemagne et de ses successeurs (1), de Geldoniis vel confratriis, dont le but religieux et moral est ainsi défini : « In omni obsequio religionis conjungantur, videlicet in oblatione, in luminaribus, in oblationibus mutuis, in exequiis defunctorum, in eleemosynis et cæteris pietatis officiis, conventus talium confratrum, si necesse ¡uerit, ut simul conveniant, ut si forte aliquis contra parem suum discordiam habuerit, quem reconciliari necesse sit, et sine conventu presbyteri et cæterorum esse non possit, post peracta illa quæ Dei sunt, et Christianæ religioni conveniunt, et post debitas admonitiones, qui voluerint, eulogias a presbytero accipiant (2). » Odon, évêque de Paris († 1208), fixa une fête annuelle d'une confrérie de la sainte Vierge, pour son diocèse, au len

(1) Conf. Hincmar, Rhem., c. 1, n. 16. (2) L. c.

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demain du dimanche de la Trinité. Berrault-Bercastel se trompe par conséquent lorsqu'il dit que la confrérie des Gonfaloniers, confirmée par Clément IV (1265-1271), est la plus ancienne.

Les buts divers que se proposaient les confréries étaient, par exemple, le soutien des pauvres, le soin des malades, l'abolition des inimitiés, la vénération particulière de certains mystères, l'intercession pour les défunts, le progrès de certains établissements, de certaines institutions d'utilité publique. Une foule de ces intérêts, qui aujourd'hui sont du ressort de la police, étaient au moyen âge surveillés et réalisés par les confréries; ainsi il y avait une confrérie des frères pontifes, fratres pontifices, qui veillaient à l'entretien des ponts, dans l'intérêt des voyageurs. Les confréries qui prirent le plus d'extension furent les Frères de la sainte Vierge, celles du Scapulaire, du Rosaire, des Trépassés, du Saint-Sacre

ment.

Beaucoup d'abus qui s'introduisirent insensiblement dans une institution en elle-même si salutaire, et parmi lesquels il faut compter surtout une tendance exagérée à s'exempter des liens de la paroisse, rendirent nécessaire l'intervention du pouvoir législatif de l'Église pour ramener à leurs justes bornes les rapports des confréries avec les curés et les évêques. Les membres des confréries religieuses obtinrent toujours, avec l'érection de la confrérie, des indulgences, et souvent même d'importants priviléges.

Il y a aujourd'hui encore un grand nombre de confréries dans l'Église, sauf en Autriche, dans les diocèses où le joséphisme s'opposa à toute manifestation particulière de l'esprit de l'Église, et où une police chagrine, tracassière et despotique, a étouffé, sous un niveau général, toute explosion originale et vivante de la piété et du dévouement

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