Page images
PDF
EPUB

précédent c'est notre Adémar de Chabannes; et nous. pensons que cette Vie de saint Martial en lettres d'or est le manuscrit de la Bibliothèque Nationale 5296 A.

Voici une note que nous écrivions en 1855 à propos de ce manuscrit :

« Ce manuscrit, que le Catalogue dit avoir été peint au x siècle (M. de Wailly hésite entre le x et le xro) renferme une vie de saint Martial, la légende d'Aurélien, - dont les quatre premières pages sont écrites en lettres unciales magnifiques. De semblables lettres sont semées dans le corps de l'ouvrage. C'est peut-être l'exemplaire qu'Adémar fit écrire en lettres d'or; il renferme la légende d'Aurélien, et, au folio 35, l'Epître de saint Martial aux Bordelais. >>

Nous sommes heureux de voir que M. Léopold Delisle a fait la même conjecture: « Suivant une note du XIIe siècle, Aimard fit un livre fleuri renfermant la vie de saint Martial (1). Serait-ce une allusion à notre manuscrit latin 5296 A, qui contient la vie de saint Martial, et dont les lettres sont extrêmement fleuries (2)?

3o Le même savant nous signale un autre manuscrit d'Adémar

« L'auteur du Catalogue des manuscrits de saint Martial imprimé en 1730 dit qu'on lisait autrefois à la fin du manuscrit 133 (aujourd'hui no 2353 du fonds latin), cette suscription: « Adeymarus, indignus presbyter et

(1) « Septimo idus augusti, Aimardus, iste fecit librum flor[idum], ubi est vita sancti Marcialis». J'ai relevé cette note au commencement du ms. latin, 5239.

-

(2) Le Cabinet des Manuscrits, p. 389,

LEOP. DELISLE.

[ocr errors]

» monachus, apud Engolismam librum hunc scripsi (1). » Malgré la différence d'orthographe, cet Adeymar est toujours, comme Aimard le précédent, notre Adémar de Chabannes, moine à Saint-Martial de Limoges et à SaintCybard d'Angoulême.

4o Nous trouvons l'indication suivante dans un ouvrage du docte Mabillon : « Adémar écrivit de sa propre main l'Histoire des Pontifes romains - attribuée au pape Damase, et qui se termine au pontificat de Léon IV, dans un manuscrit sur parchemin du monastère de SaintEvroul, en tête duquel sont les vers acrostiches adressés à Rohon, évêque d'Angoulême, que nous avons publiés à la fin du tome troisième des Analecta (2) ».

5o A la suite de ces vers d'Adémar publiés dans les Analecta, Mabillon a inséré cette note: « Il ne sera pas hors de propos d'ajouter ici le titre et la conclusion que le même Adémar a mis sur un manuscrit sur parchemin de l'église de Saint-Martial, qui renferme les quatre livres d'Amalaire sur les divins offices... Voici la conclusion : Quem librum in hoc corpore transcribi curavit Ademarus, indignus monachus, in honorem Dei et sancti Benedicti : « Adémar, moine indigne, a fait transcrire ce livre en l'honneur de Dieu et de saint Benoît (3). >>

6 Un manuscrit de la Bibliothèque de Leyde, Nomenclatura universalis, provient aussi de la Bibliothèque d'Adémar (4).

(1) Le Cabinet des Manuscrits, p. 389.

(2) Idem sua manu exaravit historiam Romanorum pontificum Damaso adscriptam, et in Leone IV, desinentem in membraneo codice Uticensi, etc. (Annal. Benedict., lib. LIV, n. LIV, an. 1018. (3) Analecta, nova edit., p. 432: Patrolog,, T. CXLI, col. 113. (4) Voir ci-dessus, p. 114.

Nous terminons ici cette Etude historique et littéraire sur Adémar de Chabannes. On voit que cet écrivain peut figurer avec honneur parmi les plus illustres du Limousin. Père de notre histoire locale, il a eu le mérite de recueillir les faits les plus importants de cette histoire avant le XIe siècle, et d'écrire d'une plume magistrale les événements de son époque. Apologiste passionné de l'apostolat de saint Martial, s'il a péché quelquefois par excès de zèle et par défaut de critique, il s'est fait l'écho fidèle d'anciennes traditions dont on chercherait vainement ailleurs que dans ses ouvrages le dépôt précieux. Nous exprimons de nouveau le vœu que la Société Archéologique du Limousin publie, sinon les œuvres complètes, au moins les œuvres inédites d'Adémar: elle rendra par là un service éminent à l'histoire littéraire de notre province.

L'abbé ARBELLOT.

LA VILLA DE CONDAT

(PRÈS LIMOGES).

A sept kilomètres de Limoges, sur la rive gauche de la Vienne, s'élève le petit bourg de Condat. Il couronne un riant coteau du haut duquel le regard s'étend à de longues distances sur la belle vallée de la Vienne, sur toute la campagne de Limoges, et enfin sur la ville elle-même, qui, vue de là-bas, offre un vaste et pittoresque panorama.

Bois, prairies, terrains fertiles, cours d'eau, larges horizons, il y a là réunis une foule d'avantages qui ont dû de tous temps attirer et séduire les grandes fortunes. Il est donc tout naturel que les Gallo-Romains, si entendus en manière de bien-être et de confortable, aient assis sur cet agréable plateau un établissement important. Mais le temps a presque tout effacé ou recouvert, et c'est de vestiges bien peu apparents que je viens vous dire quelques mots.

M. l'abbé Arbellot, notre encyclopédique collègue, dans son Guide du voyageur en Limousin (page 99), dit qu'à Condat, non loin du confluent de la Briance et de la Vienne, on voit encore quelques constructions romaines qui doivent être les restes d'une villa importante: « C'est là, ajoute-t-il, que fut trouvé, en 1749, un très beau et très

curieux pavé en mosaïque, dont Turgot fit lever le plan en 1769, et dont un fragment considérable a été déposé au musée de Limoges. >>

Vous savez mieux que moi, Messieurs, si la Société Archéologique s'est occupée d'autres fois des ruines de Condat une recherche, un peu rapide peut-être, ne m'a rien fait trouver dans nos Bulletins; mais, quoi qu'il en soit, voici qu'il s'offre une occasion de savoir enfin à quoi s'en tenir sur ces travaux antiques.

M. Merx, architecte à Limoges, est chargé d'édifier à Condat une maison d'école. En creusant les fondations à une profondeur de un à deux mètres environ, ses ouvriers viennent de mettre à nu des constructions massives offrant au premier coup d'œil ce caractère de solidité gallo-romaine auquel on ne peut guère se méprendre.

Les fondations de la maison d'école, occupant un espace restreint, ont néanmoins déblayé plusieurs lignes de murailles, lesquelles étaient de force et d'épaisseur à défier les siècles; des bétons à différents niveaux, dont quelques-uns sont doubles, c'est-à-dire placés l'un sur l'autre à 15 ou 20 centimètres de distance, sans doute dans un but d'assainissement; un tronçon d'aqueduc à grande section, obstrué, mais en bon état; enfin des monceaux de briques, tuiles, dalles, couverseaux, blocs de ciment, etc. J'ai même recueilli quelques morceaux de fer oxydé, et un même fragment de marbre antique vert.

Ces indications sont déjà significatives; mais il en est d'autres encore qui permettent de croire que Condat a dû posséder une fastueuse, une immense habitation romaine c'est d'abord (indépendamment de la richesse d'ornementation que font entrevoir la mosaïque de 1749, et le fragment de marbre que j'y ai trouvé) l'étendue

« PreviousContinue »