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1749, il fut statué que la chapelle du Crucifix de cette église serait détruite, pour les raisons y contenues. Cette chapelle avait été bâtie en 1553.

Parmi les nombreux reliquaires que possède l'église de Châteauponsac, on en remarque un appelé de Tous les Saints, qui contient trente-cinq reliques différentes. Il est en vermeil, couvert d'émaux, de filigranes et de pierres fines. Il fut donné à cette paroisse en 1790, lors de la distribution du trésor de l'abbaye de Grandmont. Voici son origine :

<< En 1226, les abbayes de Grandmont et de Saint-Sernin de Toulouse s'admirent mutuellement à la fraternité de leurs ordres. Ce langage, inintelligible aujourd'hui, signifiait que les deux communautés entraient en participation de toutes les bonnes œuvres qui s'accomplissaient dans chaque monastère. A cette époque, ces deux abbayes célèbres échangèrent des dons affectueux. Saint-Sernin possède, de cette date, une châsse émaillée qui pourrait bien avoir cette origine. Mais le fait, douteux pour SaintSernin, est positif à Grandmont. Les anciens inventaires et Bonaventure de Saint-Amable désignent ce joyau comme donné à Grandmont par Saint-Sernin en 1226. Il a d'ailleurs tous les caractères de cette époque : le travail de filigrane, les petites galeries plein-cintrées, les fleurs de lis enveloppées dans une ellipse, la forme des caractères, indiquent le commencement du XIIIe siècle. C'est une œuvre exquise d'élégance, où le travail surpasse la plus riche matière (1) ».

Voici l'inscription qui est gravée sous le pied, sans tenir compte des abréviations qu'elle renferme :

(1) TEXIER, Manuel d'épigraphie, p. 172.

« In hac philecteria sunt hæ reliquiæ quidam pilus Domini; de tunica inconsutili; de cruce Domini; de sepulcro Domini; de tabula in qua positum fuit corpus Domini; de sepulcro beatæ Mariæ; de vestimento ipsius; beati Johannis Baptistæ; de sancto Andrea; de sancto Philippo; de sancto Bartholomæo; de sancto Barnaba; de sancto Thoma; de sancto Jacobo, apostolo; de Innocentibus; de sancto Marco; de sancto Luca, evangelista; de sancto Stephano, protomartyre; de sancto Laurentio; de sancto Vincencio; de sancto Ignatio; de sancto Eustachio; de sancto Theodoro; de sancto Eleuterio, martyribus; de sancto Martino; de sancto Nicolao; de sancto Ilario; de sancto Jacobo Pissidiæ; de sancto Gregorio; de sancto Jeronimo; de sancto Zebedeo; de sancto Simeone; de sancta Maria Magdalena; de sancta Euphemia; de sancta Catharina; de spinis coronæ Domini ».

L'église de Châteauponsac possède encore un moule en fer pour la fabrication des pains d'autel, qui remonte au XIIIe siècle.

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II. Saint-Pierre. Cette église est probablement celle de Saint-Pierre de Duno, qui dépendait, en 1212, du Bourg-Dieu, et dont il est fait mention dans une lettre du pape Innocent III. Son patron était saint Pierre, apôtre. Son titulaire était nommé par le prévôt de La Souterraine, au moins depuis 1513 jusqu'en 1720. Après l'union de cette prévôté, ce fut l'évêque de Limoges qui fit cette nomination.

L'église, qui existe encore aujourd'hui, mais qui a perdu sa destination, est une construction romane assez élégante. Elle est liturgiquement orientée, comme les autres églises de Châteauponsac. La porte fait face au midi, et son pignon occidental est surmonté d'un pinacle à deux baies. La voûte du sanctuaire est parfaitement conservée; la nef en est dépourvue.

III.

Chapelle de la Sainte-Vierge. Cette chapelle, lieu de pèlerinage pour toute la contrée, est située à l'ouest de la ville. Elle existait en 1212. Nous la trouvons en 1463, portant le titre d'annexe de la cure. En 1587, elle fut profanée et brûlée par ceux de la religion prétendue réformée. Elle fut restaurée en 1625, et agrandie en 1728. Des réparations récentes (1869) assurent sa solidité, qui avait été compromise par des travaux de voirie exécutés autour.

:

Cet édifice est une véritable église, avec deux collatéraux voûtés à la gothique. Son sanctuaire est une construction romane du XIIe siècle. Aux clefs de voûte des bas-côtés on trouve deux écussons le premier est d'azur au phénix essorant d'or, becqué et membré de gueules, posé sur la corne dextre d'un croissant d'argent; au chef cousu de gueules chargé de trois étoiles d'or. Ce sont les armes de la famille du Fénieu. Le second est de ...... à l'aigle éployée à deux testes de Ce sont peut-être les armes de la famille de La Celle, pour laquelle nous trouvons, en 1495, d'argent à l'aigle éployée de sable, membrée d'or.

.......

Le grand portail de cette chapelle est dans le goût de la renaissance. Deux grandes ouvertures, en forme de fenêtre, sont pratiquées à ses côtés, pour permettre à la foule des pèlerins de suivre les cérémonies du culte lorsqu'ils ne pouvaient pas tous contenir sous ses voûtes. L'inscription suivante est gravée au-dessus :

CURATOR ECCLESIÆ EREXIT AN. 1628.

A chacune des portes latérales, sur le bord de la grand'route et au côté du midi, on lit ces mots :

SI LE NOM DE MARIE EN TON CŒUR EST GRAVE,
NE NÉGLIGE EN PASSANT DE ME DIRE UN AVE.

Un bénitier, en forme de vase, à trois faces, placé au milieu de l'église, porte sur chacun de ses côtés une des invocations suivantes, gravées dans son granit.

VAS SPIRITUALE. VAS HONORABILE. -VASINSIGNE DEVOTIONIS.

La sacristie, qui est une construction postérieure au sanctuaire, au nord duquel elle est accolée, porte la date 1672.

On trouvait aussi, dans cette chapelle, un autel dédié à sainte Anne, érigé en 1686. Il était interdit en 1750. En 1677, François Moreau, écuyer, sieur de Leyraud, paroisse de Roussac, fut enseveli dans cette chapelle. On lit encore sur un pilier du bas-côté méridional :

« Le 25 avril 1822, fut inhumé sous cette tombe François-Thyrse Gailhbaud, de Châteauponsac, prêtre, chanoine de la cathédrale. L'Eglise, en lui, perdit un de ses bienfaiteurs, et le pauvre arrose son cercueil de pleurs. »

IV.

Chapelle de Saint-Martin. Entre le château actuel et l'emplacement qu'occupe aujourd'hui la station du chemin de fer, existait autrefois une chapelle dédiée à saint Martin. Ses bâtiments n'ont été détruits que de nos jours. La compagnie des Pénitents noirs y avait été établie

en 1663.

La peste sévissait à Châteauponsac en 1631. Une des victimes de ce fléau fut Gaspard Benoît, trésorier de France, mort le 15 septembre. Il fut enterré dans cette chapelle, et l'on plaça sur son tombeau l'inscription suivante :

Viro clarissimo Gaspardo Benoît
Quæstori integerrimo, assessori æquissimo,
In perpetuum monumentum.

Gasparde clari gloria sanguinis,
Gasparde gentis præsidium tuæ,
Sic ergo te obscurum tenebat
Exanimem peregrina tellus.

Non sic honores nominis inclytos,
Non sic amores cordibus insitos
Externa vincat terra; vives
Pectoribus, Benedicte, nostris.

Passant, ne crois pas que Benoit
Soit dans l'oubli sous cette pierre ;
Que celui que chacun aimoit
Ne vive plus dessus la terre :
L'oracle de notre barreau,
Le soleil de notre bureau,
Non, non, il est vivant encore,
Celui de qui pas un de nous
Ne se souvient qu'il ne l'honore,
Et qui vit dans le cœur de tous.

Ponebat amantissimo conjugi conjux

Amantissima Maria Benoît in

Perpetuum amoris monumentum.

Obiit die decima quinta septembris anno 1631.

Châteauponsac avait aussi une maladrerie de fondation royale en 1648. C'était le grand-aumônier de France qui y nommait.

Le pont qui fait communiquer la ville de Châteauponsac avec la rive gauche de la Gartempe a été construit à une époque fort reculée. Il était sur le point de s'écrouler en 1609, lorsque Henri IV accorda, pour le rebâtir, 2,400 livres. Les habitants firent une pareille somme, et MM. Chaud, du Fénieu et Le Borlhe, se chargèrent de cette entreprise.

Un second pont, formé d'une seule arcade, a été bâti (1870) un kilomètre plus bas, pour le passage de la route en construction de Châteauponsac à Saint-Junien.

M. Mathieu de La Gorce, avocat très-distingué, et qui avait acheté une charge de trésorier, construisit, vers

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