Revue des deux mondes, Volume 60

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François Buloz, Charles Buloz, Francis Charmes, Ferdinand Brunetière, René Doumic, André Chaumeix
Au Bureau de la Revue des deux mondes, 1883

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Page 379 - J'en étais déjà dégoûté. Et pourtant elle est éternelle, Et ceux qui se sont passés d'elle Ici-bas ont tout ignoré. Dieu parle, il faut qu'on lui réponde. Le seul bien qui me reste au monde Est d'avoir quelquefois pleuré.
Page 281 - La nuit /-était délicieuse. Le génie des airs secouait sa chevelure ' bleue, embaumée de la senteur des pins; et l'on respirait la faible odeur d'ambre qu'exhalaient les crocodiles couchés sous les tamarins des fleuves. La lune brillait au milieu d'un azur sans tache , et sa lumière gris de perle descendait sur la cime indéterminée des forêts.
Page 284 - Il ya un charme, un talisman qui tient aux doigts de l'ouvrier. Il l'aura mis partout, parce qu'il a tout manié, et partout où sera ce charme, cette empreinte, ce caractère, là sera aussi un plaisir dont l'esprit sera satisfait. Je voudrais avoir le temps de vous expliquer tout cela, et de vous le faire sentir, pour chasser vos poltronneries ; mais je n'ai qu'un...
Page 308 - M'y voilà enfin! toute ma froideur s'est évanouie. Je suis accablé, persécuté par ce que j'ai vu; j'ai vu, je crois, ce que personne n'a vu, ce qu'aucun voyageur n'a peint : les sots ! les âmes glacées ! les barbares ! Quand ils viennent ici, n'ont-ils pas traversé la Toscane, jardin anglais au milieu duquel il ya un temple, c'est-à-dire Florence?
Page 864 - Cette prieure était une petite personne courte, ronde et blanche, à double menton, et qui avait le teint frais et reposé. Il n'ya point de ces mines-là, dans le monde; c'est un embonpoint tout différent de celui des autres, un embonpoint qui s'est formé plus à l'aise et plus méthodiquement, c'est-à-dire où il entre plus d'art, plus de façon, plus d'amour de soi-même que dans le nôtre.
Page 277 - Je serais fort aise que vous le voyiez ici, pour juger de quelle incomparable bonté, de quelle parfaite innocence, de quelle simplicité de vie et de mœurs, et, au milieu de tout cela, de quelle inépuisable gaieté, de quelle paix, de quel bonheur il est capable, quand il n'est soumis qu'aux influences des saisons et remué que par lui-même. Sa femme et lui me paraissent ici dans leur véritable élément.
Page 292 - Dites-lui, au surplus, qu'il en fait trop; que le public se souciera fort peu de ses citations, mais beaucoup de ses pensées; que c'est plus de son génie que de son savoir qu'on est curieux; que c'est de la beauté, et non pas de la vérité, qu'on cherchera dans son ouvrage; que son esprit seul, et non pas sa doctrine, en pourra faire la fortune; qu'enfin il compte sur Chateaubriand pour faire aimer le christianisme, et non pas sur le christianisme pour faire aimer Chateaubriand.
Page 869 - Mais ma vanité, en revanche, s'en est bien donné autrefois : je me jouais de toutes les façons de plaire, je savais être plusieurs femmes en une. Quand je voulais avoir un air fripon, j'avais un maintien et une parure qui faisaient mon affaire ; le lendemain on me retrouvait avec des grâces tendres ; ensuite j'étais une beauté modeste, sérieuse, nonchalante.
Page 287 - Je n'ai point cédé, j'en conviens, à de grandes lumières surnaturelles : ma conviction est sortie du cœur; j'ai pleuré et j'ai cru.
Page 870 - ... elle a la main belle : il ya une infinité d'hommes plus touchés de cette beauté-là que d'un visage aimable; et la raison de cela, vous la dirai-je ? je crois l'avoir sentie. C'est que ce n'est point une nudité qu'un visage, quelque aimable qu'il soit; nos yeux ne l'entendent pas ainsi : mais une belle main commence à en devenir une; et, pour fixer de certaines gens, il est bien aussi sûr de les tenter que de leur plaire.

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