Page images
PDF
EPUB
[graphic][merged small][merged small][merged small]

La route située à gauche, après avoir franchi l'Eure sur un pont, passait sous la Porte de Paris, près de la maison des Plaids de Saint-Taurin (xIe siècle), et pénétrait dans l'enceinte fortifiée par la Tour Forte.

Au sujet de cette enceinte, nous rappellerons qu'à la suite des prises successives de Louviers, en 1346 et 1356, on décida. d'entourer la ville de remparts; la première pierre fut posée, en octobre 1366, sous Charles V. Deux ans après, ils arrêtèrent l'attaque des Grandes Compagnies. En janvier 1409, les habitants de Louviers demandèrent à Charles VI de continuer et de réparer les fortifications. Le siège le plus long qu'ils eurent à subir fut celui de 1418, de la part de Henri V. (La bombarde trouvée à la Haye-le-Comte, et déposée au Musée de Louviers, provient sans doute de ce siège).

Le nouveau siège, de 1429, se termina par l'expulsion des Anglais grâce à la valeur de La Hire.

Tous les remparts furent rasés par les Anglais, en 1432; puis réparés et complètement mis en état de défense, en 1500, par les soins du cardinal d'Amboise.

Ces remparts consistaient en une muraille protégée par un large fossé et flanquée, de distance en distance, par des tours rondes ou carrées. Deux de ces tours étaient plus considérables que les autres; la première nommée Tour Forte se trouvait à l'angle sud-ouest de la ville, à côté de la porte du Neubourg, située plus haut; la seconde, dite Tour du Gril, était située sur le bras de l'Eure désigné sous ce nom.

On pénétrait à Louviers par les portes de Paris, de Rouen et du Neubourg. La première consistait en une tour ronde, sous laquelle on passait; les deux autres étaient défendues par deux tours rondes, et pour accéder à ces trois ouvertures, des ponts avaient été jetés sur les fossés.

L'ancienne maison de ville se trouvait sur la porte de Rouen. (son toit pointu se voit à gauche de la Tour du Gril).

Deux autres ouvertures furent pratiquées dans les remparts; d'abord, une petite, dite Porte d'Eau, parce qu'elle s'ouvrait sur la rivière; elle était située au bout de la rue du Quai. En 1767, fut construite, en face la Grande-Rue, la Porte de la Sociéte (des dix fabricants de draps); elle conduisait à la nouvelle route d'Evreux; elle fut détruite, en 1774.

Quand à la citadelle située à l'angle nord-ouest de la ville,

elle était entourée de fossés. En 1628, elle comprenait dans son enceinte la moitié de l'emplacement du grand cimetière. Malgré un arrêt royal ordonnant sa démolition, vers cette époque, elle figure encore en partie sur le plan de 1731; et c'est seulement, vers 1810, que les derniers vestiges disparurent. (Nous ne la voyons pas figurer d'une manière bien apparente sur la vue de Martin Zeller).

Les boulevards actuels de Louviers ont été installés sur le pourtour des fossés de l'enceinte; en 1730, on les commença entre la porte de Rouen et celle du Neubourg; et la partie comprise entre la porte du Neubourg et l'Eure fut exécutée depuis 1733. De 1737 à 1738, on établit et planta le Champ de foire. Non loin de la Porte de Paris, le Champ de Ville fut aménagé, près de la porte du Neubourg, pendant les hivers rigoureux, pour occuper les ouvriers. En 1830, on reprit ces travaux dans les mêmes circonstances, et on nivela tous les boulevards.

La porte du Neubourg fut détruite, en 1752; la porte de Paris, en 1774; celle de Rouen disparut au début du XIXe siècle.

Au centre de la vue de Louviers se trouve l'Eglise Notre-Dame construite, de 1208 à 1496; sa silhouette est un peu fantaisiste et la flèche en plomb est ornée au centre d'une couronne ducale, suivant l'usage adopté sur plusieurs de nos plus belles églises normandes.

A gauche de l'Eglise, on distingue une construction munie. de contreforts séparant quatre fenêtres, sans clocher, ni campanile; il est permis de supposer que c'est la Halle aux Grains.

Un peu plus en arrière, une autre construction surplombe les autres; sa toiture est limitée aux angles par des échauguettes. On se perd en conjectures sur cet édifice, dont la forme n'est d'ailleurs peut être pas exacte; nous ne croyons pas que ce soit la chapelle Saint-André, mais plutôt la Maison des Templiers (XIIe siècle), dont un pignon existe encore dans la cour d'une maison de la place du Marché-aux-Œufs.

Plus à l'ouest, on ne peut douter que ce soit l'Eglise SaintMartin bâtie, vers 1195; elle était en ruines, en 1703, mais elle fut restaurée, puis convertie en théâtre, après la Révolution, et en Halle aux blés, en 1835. La flèche que nous voyons fut remplacée, en 1704, par un campanile.

N'oublions pas de citer aussi, à l'Est, près de la Porte d'Eau, le Monastère des Pénitents du Tiers ordre de Saint-François, situé

rue de l'Isle, vis-à-vis du Pont de la Vierge (1), il fut fondé, en 1646 ce monastère supprimé à la Révolution, sert actuellement de prison, au milieu du petit préau coule l'Eure.

Nous ne pouvons citer le Couvent de Saint-Louis, fondé, vers 1622; sur la Vue, il se trouve masqué par l'église Notre-Dame. Nous avons cru devoir publier cette courte note et surtout cette vieille gravure du xvIe siècle, dont la place était toute indiquée dans ce recueil; bien que certains édifices n'y figurent pas, l'ensemble rappelle des souvenirs intéressants pour l'histoire de Louviers.

(1) Les piles de ce pont existent encore et on les a utilisées pour supporter un tablier métallique.

SUR LE

PRIEURÉ DE SAINT-ANTOINE DU PONT-DE-L'ARCHE

Vulgairement désigné sous le nom

D'ABBAYE SANS TOILE

CHAPITRE DEUXIÈME

Demande d'autorisation au Roi Louis XIII. - Achat d'un immeuble pour l'établissement du Prieuré. Réparations et transformations opérées audit immeuble sous la direction de Nicolas Hays, procureur des Religieuses. Madeleine de Montenay première prieure. Sa correspondance avec sa mère au sujet du monastère. Mobilier envoyé par Mme de Montenay à sa fille. Lettres Patentes de Louis XIII confirmant la fondation du Prieuré.

[ocr errors]

Munis des autorisations dont nous avons parlé dans le chapitre précédent, à savoir celles de Mgr l'Evêque d'Evreux et des habitants du Pont-de-l'Arche (), les fondateurs sollicitent l'approbation du Roi et se mettent à l'oeuvre sans perdre de temps.

Ils font l'acquisition moyennant 6.000 livres d'une maison dite du Roy (2) (occupant l'emplacement actuel de la maison de M. Thomas), pour la transformer en couvent.

Madeleine de Montenay leur fille, qui d'après l'acte de fondation doit être la première prieure du monastère étant alors religieuse à l'abbaye du Val de Gif, près Paris, est à la demande de ses parents, envoyée à Pont-de-l'Arche ainsi qu'une de ses compagnes Marthe Cousin (3) pour aménager la maison en couvent et recruter des religieuses.

Mais les transformations opérées dans l'immeuble se font très

(1) Voir Bulletin de la Société d'Etudes diverses de Louviers. Tome v, année 1898, p. 25. Essai historique sur le Prieuré de Saint-Antoine du Pont-de-l'Arche, chapitre premier, par M. Albert Lepage.

(2) N'était-ce pas l'ancien « Hôtel du Roi », ancien manoir du chef de routiers Cadoc, le compagnon d'armes de Philippe-Auguste ?

(3) Fille de Jean Cousin, sieur de Martot et de la Feugère, Lieutenant général des Eaux et Forêts de la Vicomté du Pont-de-l'Arche.

« PreviousContinue »