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époques; celle du siége de Metz par Charles Quint, et à l'époque de la révolution de 1795, si fatale aux monuments de toute la France. Les deux constructions les plus importantes qui nous restent, sont les arches de l'aquéduc romain, qui conduisait les eaux de Gorse à Metz, et la cathédrale de la même ville.

Les arch es de la rive droite de la Moselle, connues sous le nom d'arches de Jouy, ont subi, depuis peu d'années, d'importantes réparations, qui ont mis plusieurs d'entre elles à l'abri d'une chute imminente. Votre inspecteur et M. Soleirol, ancien chef de bataillon du Génie et membre de l'académie royale de Metz, ont été délégués pour surveiller les travaux, qui ont été exécutés avec tout le soin désirable.

La commission permanente d'archéologie existant dans le sein de l'académie royale de Metz, a été appelée à faire plusieurs rapports sur les différents travaux et sur les différents changements à opérer dans la cathédrale de Metz ; une adjudication a eu lieu dernièrement, pour élever la tour du côté de la place de Chambre, jusqu'à la hauteur de la plate-forme de l'autre

tour.

Une restauration qui n'est pas sans intérêt, a été commencée sur l'initiative de M. le baron Emmanuel d'Huard et en partie à l'aide des fonds que vous avez bien voulu accorder ; je veux parler de la chapelle de Morlange, arrondissement de Thionville (1). Une commission a été nommée pour surveiller l'exécution des travaux, qui malheureusement ont été interrompus depuis quelque temps, par suite des prétentions de plusieurs personnes qui se disent propriétaires pour partie de cette chapelle. Nous espérons que ces difficultés seront bientôt aplanies. Les toitures sont rétablies, et l'on a eu soin de déterrer le

monument.

(1) Voir le N°. de la Revue d'Austrasie, août 1838.

De temps à autre, on découvre dans notre pays des basreliefs et des inscriptions de différentes époques; on a soin de placer le tout dans la galerie de la bibliothèque ; dernièrement, j'ai recueilli un coffre d'urne portant pour inscription

TVLLAE VXORI.

MANSVETVS.

:

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Un monument appartenant au département de la Meurthe, et situé presque à la limite du département de la Moselle, mérite d'être signalé à votre attention ; je veux parler de la forteresse de Preny, qui dépendait du duché de Lorraine. Ce monument, dont les murailles très-épaisses sont revêtues de pierres taillées d'échantillon et de grand appareil, a subi de nombreuses dégradations, que l'on pourrait cependant réparer à l'aide d'une faible somme; au moyen de quelques travaux, on pourrait garantir plusieurs de ses murailles d'une chute imminente. Il serait à désirer que le Gouvernement classât ce château parmi les monuments à conserver, et qu'il fût accordé quelques fonds pour le garantir contre les dangers les plus pressants.

Dans les départements des Vosges et de la Meuse, trois localités importantes, sous le rapport archéologique, sont dignes de votre attention toute spéciale. Deux d'entre elles, Grand et Nais, ne révèlent plus aux voyageurs leur existence que par des monceaux de ruines, qui décèlent leur origine et leur antique splendeur, et qui cachent d'anciens débris de monuments; la troisième, Soulosse, possède des bas-reliefs dont une partie est journellement exposée à des dégradations. Sans cesse la main de l'homme détruit ce qui nous reste de l'antique Solimariaca, de Grand et de Nais, l'antique Nasium.

A Soulosse ou Solimariaca, une magnifique inscription se

rattachant à la localité, un grand nombre de monuments funéraires, gaulois et gallo-romains, représentant des personnages debout, offrent encore au voyageur le musée le plus intéressant.

Les ruines de Grand, si dignes d'intérêt pour tout homme ami de son pays et de ses traditions, ne sont point respectées; cependant, les remparts de sa vaste enceinte, ses aquéducs, ses théâtres étaient bâtis avec une magnificence et une solidité qui semblaient devoir leur assurer une plus longue durée ; en effet, ces monuments n'auraient rien eu à redouter du temps, si des hommes mus par un intérêt sordide ou par une curiosité stupide, n'avaient sans cesse porté atteinte à des constructions digues des plus beaux temps de l'Empire romain.

Nasium n'est pas plus à l'abri des ravages causés par la main des hommes; sans cesse on emploie des pierres provenant de ses monuments, dont les traces encore bien indiquées, au moins pour quelques-unes, suffiraient pour faire apprécier l'importance et l'étendue de cette ville antique des Leuquois.

Puisse ma voix, Messieurs, en s'élevant vers vous, avoir quelque retentissement ! puissé-je vous déterminer à provoquer des mesures pour qu'on protége à l'avenir les tombes de Soulosse, les restes de Grand, et qu'on fasse déblayer le théâtre de cette ville, qui, s'il était mis à découvert, serait encore d'un si grand intérêt, et dont l'antique magnificence se révèle par un très beau portique bâti en pierres de grand appareil et sans ciment ! Puissions-nous aussi voir prescrire des mesures pour cosnerver les débris des bains et des temples de Nasium !

A une époque, Messieurs, où le Gouvernement annonce des intentions si bienveillantes pour la conservation des monuments, historiques, à une époque où vous faites tous vos efforts pour le seconder si puissamment, ce serait un contre-sens choquant de laisser impunément des hommes cupides s'approprier des monuments qui ne leur appartiennent pas, et les détruire sans aucun respect pour les traditions, les arts et les lois.

Je fais donc les vœux les plus sincères pour que la Société fasse une démarche toute spéciale près du Ministre, pour que des mesures sévères soient prises pour assurer la conservation de ces antiquités. Je demande qu'il soit nommé un conservateur ou inspecteur tout spécial pour Grand et Soulosse, et un autre pour Nasiun; que ces inspecteurs soient tenus de rendre annuellement compte à la Société de ce qui a été fait pour la conservation, et des dégradations qui pourraient avoir été commises: qu'au besoin cet inspecteur ait qualité pour dresser des procès-verbaux et provoquer des poursuites contre qui de droit.

Puissiez-vous, Messieurs, à l'aide de ces mesures conservatoires, arrêter le vandalisme dont ces localités sont journellement l'objet !

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Afin aussi d'appeler sur ces contrées tout l'intérêt dont elles sont dignes, et d'éclairer mieux les habitants sur leurs véritables intérêts, je demande que l'an prochain la Société se réunisse à Toul ou à Neufchâteau ou à Bar, et que des promenades archéologiques aient lieu dans les contrées que j'indique; par ce moyen, la Société pourra elle-même apprécier combien nos réclamations sont fondées, et voir quelles seraient les mesures ultérieures à prendre.

M. l'abbé Goard fait un rapport sur l'excursion faite le 9 juillet dans les églises St.-Germain, St.-Leu et St.-Rémi, et signale les résultats de cette visite (V. le procès-verbal, p. 298).

M. de Grattier donne lecture du rapport suivant de M. l'abbé Audierne, sur les monuments du moyen âge et de la renaissance qui existent dans le département de la Dordogue.

Rapport sur les Monuments du moyen âge et de la Renaissance dans le département de la Dordogne, adressé à M. le Directeur de la Société Française, par M. l'abbé AUDIERNE, conservateur des monuments de la Dordogne.

ARRONDISSEMENT DE PÉRIGUEUX.

Ajat. On y voit un château dont la construction remonte à une époque très-reculée. L'ogive et le plein cintre y règnen tout à la fois. L'on croit que l'église et le château appartenaient aux Templiers.

Bourdeille offre encore les restes d'un château fort et quelques lambeaux de murs ou de remparts. La seule tour qui existe remonte au X. ou au XI. siècle et est très-curieuse. Ce château fut pris par Duguesclin en 1377.

Brantôme, devenu historique par son abbaye, offre les ruines d'une église très-remarquable et un clocher extrêmement curieux par sa forme extérieure et intérieure. On fait remonter l'époque de sa construction à Charlemagne. L'église dont la fondation est postérieure à l'existence des colonnes qui la décorent est aujourd'hui privée de sa charpente, et les eaux qui s'infiltrent dans les voûtes, la menacent d'une ruine prochaine. Elle appartient au département et le Conseil général pourrait en disposer en faveur de la commune dont l'église est d'ailleurs trop petite.

Hautefort possède le château devenu célèbre par Bertrand de Born qui l'habitait en 1183. Ce château a subi, sans doute, bien des modifications et il n'est plus tel qu'il était à cette époque. Après le château de La Force qui n'existe plus, celui d'Hautefort passait pour le plus important dans le Périgord. Ses nombreuses tours sont couvertes de dômes élégants; le bâ

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