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importantes qui devaient rendre son nom célèbre dans l'Europe catholique.

Chose remarquable! c'est seulement à l'âge de cinquante ans qu'il commença à faire paraître ces nombreux ouvrages qui l'ont placé au premier rang parmi les savants du Limousin et à un rang très-honorable parmi les érudits de la France entière. C'est pendant les vingt-huit dernières années de sa vie, de 1701 à 1729, qu'il publia cette série de livres dont nous allons faire l'énumération.

I.

II.

SES OUVRAGES.

DISSERTATION APOLOGETIQUE, ou Réfutation de ce qu'on impose aux mystiques dans quelques extraits, tirés depuis peu de l'EXAMEN DE LA THÉOLOGIE MYSTIQUE, etc., par le P. Honoré de SainteMarie, définiteur provincial des Carmes-Déchaussés de la province d'Aquitaine. A Bordeaux, 1701, chez Simon Boé, in-12, 221 pages.

Le P. Chéron, provincial des Grands-Carmes, avait composé un livre intitulé Examen de la théologie mystique. Un religieux de Saint-François en fit des extraits que le P. Honoré de SainteMarie prétendit n'être pas fidèles. Ce fut le sujet de cette dissertation, dans laquelle il fait l'apologie des vrais mystiques, contre lesquels, à son avis, son adversaire avait dit ce qui ne convient qu'aux quiétistes. Cette dissertation est divisée en deux parties : dans la première, l'auteur tâche de prouver, en général, que les extraits qu'il combat sont injurieux à l'Église et aux SouverainsPontifes, et contraires à la tradition et aux saints Pères; dans la seconde, il réfute en particulier quelques-unes des propositions répandues dans le livre de son adversaire (1).

II. TRAITÉ DES INDULGENCES ET DU JUBILÉ, ou du Trésor spirituel de l'Eglise; du pouvoir qu'elle a dans la dispensation des indulgences, avec une explication de l'origine, des suites, des causes, de l'utilité, des priviléges et des effets du Jubilé; des dispositions requises pour le gagner, et de l'application qu'on en peut faire pour les ames du Purgatoire, par le P. Honoré de Sainte-Marie, définiteur provincial des Carmes-Déchaussés de la province d'Aquitaine. A Bordeaux, 1701, in-12.

(1) Mémoires de Trévoux, juillet 1701, p. 82.

Cet ouvrage a eu plusieurs éditions; il fut réimprimé à Clermont, en 1707, et ensuite à Malines, in-12, à l'occasion du Jubilé de 1725 ces deux dernières éditions sont plus considérables que la première. Enfin ce même livre eut une quatrième édition à Paris, in-12, chez Claude Hérissant fils, 1745, 135 pages.

Les théologiens de l'ordre disent, dans l'approbation, que cet ouvrage « traite d'une manière claire et solide toute la doctrine des indulgences, de quelque nature qu'elles soient; qu'il en fait voir l'utilité, et qu'il explique les conditions et les dispositions nécessaires pour les gagner. Ce livre, ajoutent-ils, ne peut-être que très-utile à tous ceux qui voudront s'instruire sur cette matière. >>

III.

TRADITION DES PÈRES ET DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES SUR LA CONTEMPLATION, où l'on explique ce qui regarde le dogme et la pratique de ce saint exercice. Paris, 1708, 2 volumes in-8°. Le premier volume est de 700 pages, y compris la table chronologique; le second volume en a 643.

Les Mémoires de Trévoux disent à propos de cet ouvrage : « Une erreur où sont bien des gens au sujet de la contemplation. c'est de croire que tout ce qu'en ont écrit les mystiques n'est établi sur aucun fondement bien solide; que toutes ces diverses sortes d'oraisons et ces divers degrés de contemplation dont il est traité dans les livres qui regardent la vie intérieure sont des imaginations dont on n'avait point entendu parler avant le XII siècle, et dont on ne trouve pas le moindre vestige dans les Pères, soit pour le fond des choses, soit pour les termes et les expressions qu'on a affectés à ces matières. L'ouvrage du P. Honoré de Sainte-Marie ne sert pas moins à détromper ceux qui regardent avec mépris ces écrits des mystiques, qu'à instruire solidement les personnes qui souhaiteront d'être éclairées dans les voies de la contemplation, ou qui sont bien aises de marcher sous la conduite d'un guide sûr dans un chemin où il n'est que trop facile de s'égarer (1). »

Cet ouvrage est rempli d'érudition. Un prêtre de l'Oratoire de Rome le traduisit en italien, et une traduction espagnole fut imprimée à Saragosse, en 1725.

IV. — MOTIFS ET PRATIQUES DE L'AMOUR DE DIEU, et la réfutation des maximes fausses et pernicieuses des nouveaux mystiques sur le pur amour. Paris, 1714, 1 vol in-8, 473 pages.

(1) Mémoires de Trévoux, février 1709, p. 201-224.

Ce volume, qui parut six ans après l'ouvrage qui précède, en est comme la suite et le complément. La doctrine qu'il renferme s'appuie sur de solides principes, de graves autorités, et sur la tradition de l'Église. L'auteur montre l'existence et le mérite du pur amour, et réfute victorieusement les erreurs des faux mystiques (1).

V. PROBLÈME PROPOSÉ AUX SAVANTS TOUCHANT LES LIVRES ATTRIBUÉS A SAINT DENYS L'ARÉOPAGITE, où l'on demande s'il faut dire que cet auteur a tiré ses principes, une partie de sa doctrine et le traité de sa Théologie mystique de saint Clément d'Alexandrie et de saint Grégoire de Nysse, ou si ces deux Pères ont pris de lui. Paris, chez Jean de Nully, 1708, in-8, 383 pages, sans nom d'auteur.

Le Journal des Savants cita cet ouvrage avec éloge : « On pourra se passer de tous les autres livres qu'on a faits jusqu'à présent sur cette matière, et celui-là suffit, soit qu'on veuille attaquer les Aréopagitiques, soit qu'on veuille les soutenir » (2). Le jugement formulé par les Mémoires de Trévoux n'est pas moins favorable: « Quand on aura bien pesé les raisons de part et d'autre rapportées dans ce « problème », on sera assez embarrassé pour prendre parti, mais l'on n'aura pas lieu de regretter le temps qu'on aura employé à la lecture d'un ouvrage pétri pour ainsi dire d'érudition et plein d'une critique fine et judicieuse. L'auteur de ce

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les

problème », quoiqu'il n'y ait pas mis son nom, ne trouvera pas mauvais qu'on le désigne au public par un autre ouvrage qu'il fit paraître l'an passé sous le titre de Tradition des Pères, etc. (3). » VI. RÉFLEXIONS SUR LES RÈGLES ET SUR L'USAGE DE LA CRITIQUE, touchant l'histoire de l'Eglise, les ouvrages des Pères, actes des anciens martyrs, les vies des saints, et sur la méthode qu'un écrivain a donnée pour faire une version de la Bible plus exacte que tout ce qui a paru jusqu'à présent, avec des notes historiques, chronologiques et critiques. Paris, 1713, chez Claude Jombert, in-4, 642 pages.

Tel est le titre détaillé du premier volume; mais l'ouvrage en a deux autres, qui furent publiés plus tard. Ce premier volume est le plus estimé. Il est divisé en deux parties, et renferme sept dissertations. Dans la première, l'auteur traite de la critique en général, c'est-à-dire de la nature, des règles, de la nécessité et

(1) Mémoires de Trévoux, 1714, p. 2192.

(2) Journal des Savants, 6 mai 1700.

(3) Mémoires de Trévoux, mai 1709, p. 743-777.

des avantages de la critique; dans la seconde, il montre quelle est l'autorité du témoignage des anciens écrivains ecclésiastiques; dans la troisième, il examine les règles de la critique touchant les conjectures qu'on peut faire sur la probabilité ou la vraisemblance des faits historiques, puis il pèse la valeur de l'argument négatif, tiré du silence des auteurs anciens; dans la quatrième, il établit les règles de la critique relativement aux Actes des premiers martyrs, et il étudie les règles données sur ce point par dom Ruinart, Tillemont et Baillet; dans la cinquième, il discute les règles de critique tracées par Richard Simon pour avoir une version de la Bible plus exacte que les précédentes; dans la sixième, il parle du mauvais usage de la critique; dans la septième, il énumère les défauts qui peuvent se rencontrer dans l'usage des règles de la critique, et les moyens dont on doit se servir pour les éviter.

Le second volume de cet ouvrage parut, en 1717, à Paris, chez Jean de Nully, in-4°, 652 pages. Il est divisé en quatre livres. Dans le premier, qui comprend trois dissertations, l'auteur traite des différentes méthodes pour démêler les véritables traditions des fausses; dans le second livre, qui renferme trois dissertations, il s'occupe des oracles qui ont précédé la venue de JésusChrist; le troisième livre, qui contient cinq dissertations, est consacré à plusieurs mystères de la vie de Jésus-Christ, depuis sa conception jusqu'à son baptême, et à d'anciennes traditions relatives à ces mystères; le quatrième livre est divisé en huit dissertations l'auteur étudie certains mystères de la vie du Christ, depuis son baptême jusqu'à sa passion, et quelques pieuses croyances qui s'y rapportent.

Le troisième volume parut, en 1720, à Lyon, chez André Molin, in-40, 490 pages. Il renferme sept dissertations: 4° sur l'époque de la mort de Jésus-Christ; 2° sur quelques usages du Samedi-Saint et du temps pascal; 3° sur les anciennes liturgies, et principalement sur la messe latine publiée par Flaccus Illyricus; 4° sur les langues dont on s'est servi dans la célébration des saints-mystères; 5° sur les reliques ou précieux restes de JésusChrist, et sur les instruments de sa passion; 6o sur les reliques des saints et les moyens d'en établir l'authenticité; 7° sur quelques monuments profanes où il est parlé de Jésus-Christ.

Cet ouvrage, rempli de curieuses recherches et de dissertations savantes, empreint de modération dans l'exposé théorique et dans l'application des règles de la critique, « est l'ouvrage le

plus important du P. Honoré, et celui qui a eu le plus de succès. Il a été traduit en latin (1), en italien et en espagnol. L'auteur y établit les règles d'une saine critique, également éloignée de la faiblesse qui craint d'examiner, et de l'audace qui ose attaquer les choses les plus respectables; mais on trouve qu'il n'a pas toujours su faire lui-même une sage application des règles qu'il a tracées (2) ». Il a toutefois parfaitement réussi à montrer le côté faible du rigorisme critique de Launoy et des autres écrivains de son école; il a prouvé, contre les pseudo-critiques du XVIIe siècle, que la modération est le signe de la sagesse ; il a introduit le premier dans la science historique un élément nouveau, en établissant que, à côté de la certitude absolue qu'offrent certains évènements, on devait tenir compte de la vraisemblance et de la probabilité historique qui environne certains faits traditionnels. « Il a deviné, dit avec raison l'abbé Texier, tous les progrès qu'a faits après lui la science historique. C'est le père de la critique moderne, et l'ouvrage où il en formule les lois demeurera comme un modèle d'érudition et de sagesse (3). »

Le P. Honoré de Sainte-Marie ajouta au troisième volume de cet ouvrage une dissertation imprimée deux ans auparavant, et qui a pour titre :

Dissertation du P. Honoré de Sainte-Marie, Carme-Déchaussé, sur l'inscription de la Sainte-Face de Montreuil, où il répond à un écrit intitulé: « L'Explication grecque de la Véronique, par le R. P. J. D. D. » Paris, Jean de Nully, 1718, in-4o.

Le P. Hardouin, jésuite, prétendait que cette inscription était grecque le P. Honoré de Sainte-Marie soutenait qu'elle était moscovite. Le premier défendit son explication par un écrit qu'il fit insérer dans les Mémoires de Trévoux : c'est cet écrit que le savant Carme attaque et combat victorieusement dans cette dissertation. VII.

DISSERTATIONS HISTORIQUES ET CRITIQUES SUR LA CHE

(1) Animadversiones in regulas ét usum Critices spectantes ad historiam Ecclesiæ, opera Patrum, acta Martyrum, gesta Sanctorum, et rationem interpretandi SS. Litteras traditam à Scriptore quodam tanquam omnium hactenus accuratissimam. E Gallico versa à quod. Carmelitâ. Venetis, 1738. Cette traduction latine, imprimée à Venise, a eu trois éditions: 1738 et 1739, 3 volumes in-4o; en 1751, 3 vol. in 4o; en un volume in-folio. A.

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(2) WEISS, Biographie universelle de Michaud. (3) Inscriptions du Limousin, p. 335.

en

en 1768, 3 tomes

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