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presens et advenir, desquelz n'avons disposé ne ordonné par ceste nostre derniere volunté, avons faict, institué et nommé, faisons, instituons et nommons nostre heritier noble Françoys, seigneur de Langhac, nostre nepveu, aux honneurs et charges que dessus, nonobstant le légat cy dessus par nous faict à luy, que ne voullons luy préjudicier; et, pour nostre executeur de nostre dicte derniere volunté, nostre dict frère Françoys de Langhac, abbé de Chiezy, et, avec luy pour coadjuteurs de y assister nobles Guillaume de Bonnas, nostre vicaire de Lymoges; Glaude de Moyencourt, nostre maistre d'hostel, et Jehan Anois, doyen de Langhac, auquel nostre dict executeur avons donné et donnons plain pouvoir, autorité et puissance prandre, se saisir de tous noz dictz biens et chacun d'iceulx, et en ce que besoing sera, iceulx comme dessus vendre pour paier, paccifier et sactisfaire esdictz légatz, debtes, donnacions et fraictz funeraires, ainsi que par nous est ordonné à ce que le tout soit acomply et sactisfaict. Et du surplus de ce que n'avons ordonné cy dessus pour en avoir déclairé nostre intencion et volunté à nostre dict frère exécuteur, et nous confiant entièrement de luy, voullons estre tenu pour faire tout ce qu'il en disposera et fera aultant et en la maniere que cy par nous avoir esté cy dessus conché et ordonné. Et esquelz coadjuteurs et à chacun d'eulx pour leurs peines et labeurs qu'ilz feront et pour les aggreables services qu'ilz nous ont faictz cy-devant, leur avons donné et donnons la somme de deux cens escus d'or au soleil, qui est pour les troys six cens escus au soleil, que voullons leur estre payés pour une fois seulement. Ceste nostre dite derniere volunté et testament, vollons estre vallable par tous droictz, voye, moyen, force, toute aultre forme et efficace que de droict et coustume pourroit valloir et debvoir valloir. En tesmoing de ce, de nostre propre main, avons signé et fait séeler de nostre séel le present testament et dernière volunté à ce que foy y soit adjoustée, ez presences desdictz Glaude de Moyencourt, nostre maistre d'hostel, et de Jehan Hanois, doyen de Langhac, qui à ce par nous ont esté requis et aussi designés le vingt deuxiesme jour du moys de may l'an mil cinq cens quarante ung en nostre maison abbacial des dictz Escholictz. Ainsi signé J. DE LANGEAC ÉVESQUE DE LYMOGES, G. de Moyencourt et Henois (1) presens,

(1) Ce nom propre figure dans le testament avec une ortographe différente: Hanois, Henois, Anois, etc. La même observation s'applique à une foule de mots qui, à la même page et à la même ligne, s'écrivent de diverses façons.

et séeléen cire rouge sur latz de soye noire. Lequel testament, après luy avoir faict lecture d'icellui par l'un des dictz notaires, l'aultre present, le dict seigneur reverend a voulu et veult sortir effect, estre acomply selon sa forme et teneur, et en tous et chacuns ses poinctz et articles, et révocqué tous testamens par luy par cy devant faictz, soy arrestant du tout à cestuy, duquel il soubzmect l'audicion à la justice et contraincte de la prévosté de Paris. Et en signe de vérité et corroboracion plus grand dudict testament, a le dict sieur reverend comandé ledict cayer de papier estre séellé de son séel, ce qui a esté faict presens lesdictz notaires. En tesmoing de ce, nous, à la relacion d'iceulx notaires, avons faict mectre le séel de ladite prévosté de Paris à ces presentes lectres, qui furent faictes et passées en ung hostel assis devant et à l'opposite des fossez d'entre les portes Sainct Marcel (1) l'an mil cinq cens quarante ung, le vendredy vingtdeuxiesme jour de julhet. Ainsin signé : N. CHAMPIN, P. SURPIN, » AD. LASCOMBE,

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Membre de la Société Archéologique.

(1) Mot presque effacé il s'agit ou de la porte Saint-Maur, ou de la porte Saint-Marcel. J'opinerais pour le dernier sens.

La présente copie du Testament, collationnée par DESVIGNES, commis du greffe, le dernier jour du mois d'octobre 1541, se trouve aux Archives de la Préfecture de la Haute-Vienne, liasse no 2076.

LE P. HONORÉ DE SAINTE-MARIE.

I.

Honoré de Sainte-Marie, plus connu sous ce nom, qui était son nom de religion, que sous celui de Blaise Vauzelle, qui était son nom de famille, naquit, l'an 1654, à Limoges, dans la Cité, paroisse de Saint-Maurice. Si nous en croyons un manuscrit du dernier siècle (1), la maison où il' naquit était située devant l'église des Grandes-Claires, ainsi nommée, à cette époque, des religieuses-urbanistes de Sainte-Claire, qui s'y établirent en 1620, et qui cédèrent leur couvent, en 1750, aux religieuses de l'abbaye des Allois (2).

Blaise Vauzelle était fils du sieur Jean Vauzelle ou Vouzelle (3), bourgeois de la Cité, et de Catherine Avril. Il fut baptisé dans l'église de Saint-Maurice (aujourd'hui chapelle des Carmélites), le 25 novembre 1651. Il est à noter que tous les dictionnaires historiques et biographiques, à la suite du P. Martial de Saint-Jean-Baptiste, premier biographe de Blaise Vauzelle, le

(1) L'abbé LEGROS, Dictionnaire ms. des Hommes illustres du Limousin, p. 163.

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(2) Cette église, qui avait son entrée près de la fontaine de la rue des Allois, a été détruite pendant la révolution. Quant à la maison où est né Blaise Vauzelle, nous pensons que c'est la maison du coin de rue, au nord, qui appartient aujourd'hui à M. le chanoine Thézard. Par suite d'une alliance entre les familles Vauzelle et Brigueil, cette maison était devenue la propriété de cette dernière famille, qui l'a vendue à la famille Thézard.

(3) Le nom de Vauzelle est écrit Vouzelle dans plusieurs actes de cette même famille. La prononciation patoise (Vooûzello ou Vaoûzello) était la même pour ces deux mots.

font naître le 4 juillet 1654; mais nous pensons que c'est une erreur à cette époque c'était une coutume générale de baptiser les enfants le lendemain ou le jour même de leur naissance. Voici du reste son acte de baptême, tel que nous l'avons transcrit, à la mairie de Limoges, dans les registres de la paroisse de Saint-Maurice: « Le 25 novembre 1651, fut baptisé Blaise, fils du sieur Jehan Vaouzelle (sic) et de Catherine Avril. Fut son parrain Blaise Ruaud, sieur du Chasaud (1), et sa marraine demoiselle Léonarde Colomb, femme du sieur Pierre Cellier..... Signé: N. de Broa. »

Les Carmes-Déchaussés (réforme de Sainte-Thérèse) occupaient depuis 1625 le prieuré de Saint-André, remplacé de nos jours par le monastère de la Visitation. Ils ont laissé leur nom à une des rues de la Cité, celle des Petits-Carmes. Blaise Vauzelle prit sans doute l'idée de sa vocation religieuse dans ce couvent, qui était voisin de la maison paternelle, et où florissait à cette époque le P. Bonaventure-Saint-Amable, le savant auteur de la Vie de saint Martial et des Annales du Limousin. Quoi qu'il en soit, après avoir terminé avec distinction le cours de ses études d'humanités, Blaise Vauzelle entra dans l'ordre des CarmesDéchaussés, et fit profession dans le couvent de cet ordre, à Toulouse, le 8 mars 1671, âgé de moins de vingt ans.

Pendant le cours de ses études de philosophie et de théologie, le P. Honoré de Sainte-Marie fit preuve non-seulement d'une intelligence supérieure, mais encore d'une ardente piété. Embrasé de zèle pour le salut des âmes, il fit vœu de se consacrer aux missions quand ses supérieurs le jugeraient à propos. Et c'est peut-être pour le préparer à cet apostolat qu'il fut envoyé comme sous-prieur dans le couvent de l'île de Malte, où il séjourna quelques années.

Mais la haute capacité qu'il avait montrée dans le cours de ses études le désignait naturellement à ses supérieurs pour l'enseignement des sciences philosophiques et théologiques, qui étaient alors principalement en honneur. De Malte il fut rappelé dans la province d'Aquitaine, où il fut nommé lecteur en philosophie et en théologie.

Son ancien biographe dit à cette occasion : « Je l'ai eu pour maître dans ces deux facultés; et, à cette époque, il publia des thèses de philosophie faites avec beaucoup d'art et de méthode.

(1) Blaise Ruaud, sieur du Chasaud, était consul de Limoges en 1649.

Dans ces thèses il expose les systèmes des philosophes anciens et modernes, surtout ceux de Descartes et de Gassendi, en comparant la philosophie de saint Thomas et la philosophie moderne, et en montrant combien cette dernière s'éloigne de l'enseignement de la sainte Ecriture, des Conciles et des Pères de l'Église. Ces thèses furent imprimées à Clermont en 1686, et elles furent soutenues le 13 et le 14 août de la même année (1). »

A cette époque, un autre savant religieux né à Limoges, le P. Goudin, de l'ordre de Saint-Dominique, mettait en honneur la philosophie de l'Ange de l'école, et publiait un ouvrage destiné à devenir classique dans les séminaires de France, d'Espagne et d'Italie, ouvrage latin qui porte ce titre : Philosophie selon les principes et la méthode de saint Thomas (2).

Le P. Honoré de Sainte-Marie publia aussi des thèses théologiques. Celles qu'il fit soutenir à Perpignan, l'an 1689, et qu'il dédia aux chanoines et aux dignitaires de l'église d'Elne, furent grandement appréciées des connaisseurs à cause de la méthode parfaite qu'on y trouve. Elles ont pour titre : Expositio symboli apostolorum, dogmatica, historico-hæretica, historico-positiva, et scolastica, etc.

Désigné plusieurs fois par ses supérieurs pour remplir les fonctions de lecteur en théologie, il fit soutenir des thèses publiques, à Toulouse, l'an 1706, sur la Sainte-Écriture. Les premières thèses avaient pour objet les difficultés chronologiques des livres saints depuis la création du monde jusqu'à JésusChrist; les secondes roulaient sur l'inspiration des écrivains sacrés, sur le canon de l'Ancien-Testament, sur les livres légaux, historiques, sapientiaux et prophétiques; les troisièmes enfin traitaient de tous les livres du Nouveau-Testament, de quelques monuments qui s'y rattachent, et des traditions divines. Dans toutes ces thèses on vit briller l'habileté des disciples et surtout la profonde érudition du maître.

Son vaste génie n'était pas circonscrit dans les limites de cet enseignement: il faisait en même temps une étude assidue des saints Pères, des conciles, de l'histoire ecclésiastique et de la théologie mystique. Les thèses de philosophie et de théologie qu'il avait composées n'étaient qu'un prélude à des publications plus

(1) Le P. MARTIAL DE SAINT-JEAN-BAPTISTE, Biblioth. scriptor. Carmel. excalceat. Bordeaux, 1730.

(2) Philosophia juxta inconcussa tutissimaque divi Thomæ dogmata, 1670.

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