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la trompe. Dans les premiers rangs apparaît le jeune seigneur, monté sur un cheval dont un nègre tient les rênes. Parmi la foule des personnages qui précèdent le chariot, on distingue un moine à tête rasée, dont la figure décharnée contraste vivement avec les autres, et devant lui on remarque un prélat couvert d'un camail. Les cavaliers qui suivent le char ont presque tous des dames en croupe.

On voit en perspective, dans le haut du tableau, le château de Rochechouart, qui présente à la fois sa façade principale et celle du pont-levis. Quatre tours dressent leurs machicoulis audessus de la toiture. Puis, entre le château et la roche suspendue, on distingue la grâcieuse chapelle gothique de Saint-Jean, qui fut démolie en 1596.

Plus loin apparaît la ville de Rochechouart, avec son clocher, son enceinte fortifiée, vue du côté de la porte Bereau. Entre le cortége et la ville on aperçoit le bouffon du seigneur, avec sa casaque rouge et son bonnet pointu, sur un cheval lancé à toute bride. Nous laissons beaucoup d'autres détails.

3o Le cerf est représenté plusieurs fois, d'abord lancé et poursuivi par les piqueurs et les chiens, puis au moment de l'hallali, et enfin dépecé par les veneurs.

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«Tout cela, dit M. Félix de Verneilh, ne constitue pas sans doute un chef-d'œuvre. Il y a non pas seulement de la naïveté, mais des incorrections impardonnables dans cette longue suite de peintures; en revanche, elles ont toujours l'abondance, la verve, le sentiment de la décoration, et elles viennent, à tout prendre, d'un artiste digne de ce nom (1). »

D'après M. Allou, la peinture que nous désignons sous le nom de cortège représenterait l'entrée du comte de Pontville à Rochechouart, en 1470, et aurait été exécutée vers 1600 (2); mais cette dernière date est évidemment fautive. Avec plus de raison, M. de Verneilh regarde les costumes comme étant du règne de Louis XII, et il assigne pour date à ces fresques les premières années du xvre siècle.

III.

Il y a cinq ans (1863), en grattant le badigeon d'une chambre

(1) Bulletin de la Société Archéologique du Limousin, T. V. p. 267. (2) Monuments de la Haute-Vienne, p. 341.

de l'aile du nord, où se trouve aujourd'hui le cabinet des agents-voyers, on découvrit d'autres peintures murales, qui sont malheureusement fort endommagées. Elles représentent les travaux d'Hercule, et datent de la première moitié du xvre siècle. Trois scènes fort reconnaissables sont peintes sur une des murailles : à gauche, on voit le héros levant sa massue des deux bras pour frapper le dragon des Hespérides; au milieu du tableau, il terrasse le taureau de l'île de Crête; plus loin il soulève, pour l'étouffer, le géant Antée. Sous ces peintures nous avons lu l'inscription suivante, en lettres gothiques :

Comment Hercule desconfit le roy Achillan, qui p[ar]

Art se transmua en troys figures diverses.

Dans une chambre voisine, Hercule combat l'hydre de Lerne, qui sort des ondes marécageuses, les ailes déployées.

Malgré leur état de dégradation, ces peintures méritaient d'être conservées. Nous fimes à ce sujet d'utiles réclamations; mais, dans un esprit ultra-conservateur qu'on ne saurait guère approuver, l'administration a fait couvrir ces peintures de châssis de papier cloués et inamovibles (!).

L'abbé ARBELLOT.

NOTICE

GÉNÉALOGIQUE ET BIOGRAPHIQUE

SUR

LA FAMILLE NADAUD.

L'une des plus anciennes et des plus illustres familles du Limousin est sans contredit celle des Nadaud. Nous avons pensé qu'il serait peut-être agréable à la Société Archéologique et Historique du Limousin d'en connaître la filiation c'est dans ce but que nous lui adressons ce travail.

Les armes de cette noble maison sont : « d'azur à trois haches consulaires d'argent entourées d'un faisceau à verges d'or, liées d'argent et posées 2 et 1 (1); alias de gueules au sautoir d'argent cantonné de quatre étoiles d'or (2) ». Deux sauvages de carnation soutiennent l'écu de cette famille, dont la devise est : « Tout vient de Dieu ».

1. Jean Nadault ou Nadaud, docteur ès-lois, vivait noblement à Limoges en 1296. On ne sait rien sur lui, si ce n'est qu'il se maria tard, et mourut dans un âge avancé, laissant Jean-Léonard, qui suit:

II. Jean-Léonard, écuyer, fut conseiller à Limoges en 1350 (3). Il eut pour fils: 1° Jacques-Gabriel, qui fut vicaireprieur du chapitre noble de Saint-Etienne de sa ville natale

(1) Archives ¡de Bourgogne, à Dijon Armorial de la chambre des Comptes, p. 325.

(2) Ces dernières sont les armes des Nadaud restés en Limousin. (3) Archives de l'hôtel de ville de Limoges, année 1350.

en 1391 Gabriel Nadaud « avoit acquis l'estime des chanoines à un tel point que ceux-ci intentèrent un procès à l'évêque, qui l'avoit fait mettre en prison (1) »; 2° Martial, qui suit; 3o Michel, qui figure dans un titre de l'abbaye de Saint-Martial de Limoges.

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III. Martial, écuyer, consul à Limoges en 1405, exerça longtemps cette haute magistrature (2). Il mourut dans un âge assez avancé, laissant: 1° Antoine-Sylvain, qui suit: 2o Jean, prieur de Saint-Michel de Limoges en 1459 (3); Jean-Baptiste, écuyer, capitaine de compagnie, qui servit avec éclat et honneur, sous le règne de Charles VI, et fut reconnu noble d'épée; le 14 juillet 1474, il assista au mariage d'Antoinette de Gouvernent, sa parente, veuve de Guillaume de Savoye, avec Jouffroy de Reule, écuyer (4).

IV.

Antoine-Sylvain, écuyer, consul à Limoges en 1460 (5), se fit connaître par sa science, par la fermeté de son caractère et par la profondeur de son esprit. Il laissa: 1° Nadala, qui fut mariée à N..... N....; 2° Jacmes, qui suit: 3° Jacques, consul à Limoges en 1502 et 1504 (6): celui-ci quitta le Limousin lors des guerres religieuses, embrassa, croit-on, le protestantisme, et alla habiter l'Angleterre, où sa branche s'est éteinte sur la fin du XVIIIe siècle. On manque de détails sur elle : tout ce que nous pouvons dire c'est qu'il y a encore à Londres, WausworthCommon, trois tombes, où se voient les inscriptions suivantes : « HENRY NADAUD, MORT EN 1785, AGÉ DE SOIXANTE-QUINZE ANS; MARIE NADAULT, SA PETITE-FILLE, AGÉE DE DIX-NEUF ANS; RICHARD KING, MARI DE CELLE-CI, NÉ EN 1795, DÉCÉDÉ, EN 1827, A L'AGE

DE TRENTE-DEUX ANS ».

V. Jacmes, écuyer, consul en 1508 et 1521 (7), se distingua par son équité, sa droiture, son désintéressement et son courage dans les dissensions intestines qui agitaient alors Limoges. Il mourut dans un âge avancé, laissant: 1° Martial, qui suit; 20 Jacques, qui figure, le 31 octobre 1509, lors de l'élection de

(1) Bulletin de la Société Archéol. et Hist. du Limousin, année 1856. (2) Registres consulaires de Limoges, et archives du grand-séminaire. (3) Gallia Christiana.

(4) Bibliothèque impériale, cabinet des titres : famille de Reule.

(5) Registres consulaires de Limoges.

(6) Id., ibid.

(7) Registres consulaires, ans 1508 et 1521.

juge civil des ville, château et « chastellanie » de Limoges (1); 3o Jacob, conseiller en 1509 (2); 4° Jammes, conseiller de Limoges le 7 décembre 1521 (3); 5o Jacmes, centenier de la ville à la même date et par la même élection (4); 6° Joseph, marié à Anne Bardines, fille de noble messire Bardines, écuyer, mort sans postérité.

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VI. Martial, écuyer, député en 1517, consul en 1524 (5), modèle de toutes les vertus civiques au rapport de ses contemporains, laissa 4° Martial-Marc-André, qui suit; 2o Annet, conseiller de la ville de Limoges en 1526 et en 1527 (6); 3o PierreFrançois, conseiller en 1542, consul en 1544 (7); 4° Joseph, écuyer, seigneur du Sault, plus connu sous le nom de l'abbé Audierne, renommé par ses travaux archéologiques et historiques, et surnommé, à juste titre, « l'historien cicérone du Périgord »; il fut revêtu de hautes dignités ecclésiastiques; en 1542, il assista à la montre d'armes des gentilshommes du ban et arrièreban de la sénéchaussée du Périgord (8).

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VII. Martial-Marc-André, écuyer, exerça, comme ses ancêtres, de hautes charges municipales: il fut conseiller en 1555 et consul en 1556. Il se maria fort jeune, et laissa GeorgesLouis, qui suit.

VIII. Georges-Louis, écuyer, naquit à Limoges en 1498. Conseiller pendant plusieurs années, il fut nommé consul en 1540 (9), et mourut vers 1550, laissant, d'Anne de Coustin du. Mas-Nadaud d'Ankesse, sept filles et deux fils: 1° Martial, qui suit; 2 Jean, qui fit branche.

IX. — Martial, écuyer, seigneur de Champsac, Les Tillettes, Champdose, etc., naquit au château de Champsac, près Chalus, en 1578. En 1605, il fut pourvu d'une charge de conseiller au parlement de Bordeaux, dont il se démit après quarante-cinq ans d'exercice, et mourut en son manoir de Champsac en 1650, à l'âge de soixante-douze ans. Jurisconsulte profond, magistrat

(1) Archives du Limousin, à Limoges.

(2) Archives de la ville de Limoges. (3) Id., ibid.

(4) Archives du Limousin.

(5) Registres consulaires, an 1524.

(6) Archives de la ville de Limoges.

(7) Regitres consulaires de 1544.

(8) Rolle de la montre d'armes de 1542, ap. Biblothèque impériale, cabinet des manuscrits: trésor généalogique.

(9) Les Fastes consulaires de 1540.

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