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du diocèse et de la généralité de Limoges, n'est autre chose que des documents, souvent très-incomplets, qu'on s'est contenté de ranger par ordre alphabétique. Cela ne suffit pas pour faire un nobiliaire il aurait fallu que ces matériaux fussent travaillés, complétés, et souvent mis d'accord avec eux-mêmes. C'est ce que m'écrit un homme compétent dans cette question (1):

« Il serait bien à désirer, dit-il, que les généalogies ne fussent pas faites d'une manière aussi superficielle, et souvent même en désacord avec les auteurs bien connus; il est fâcheux que ces notes ne soient pas mises en rapport avec ce qu'on connaît positivement sur les familles, depuis que le travail de Nadaud est fait. Au moins on livrerait à l'impression et au public un travail qui aurait une véritable valeur. »

Mais ce n'est pas lorsqu'une publication est arrivée à son second volume qu'on peut y opérer des changements capables de la transformer. Aussi sommes-nous forcé de la continuer de la même manière qu'elle a été commencée, et même, plus souvent que notre prédécesseur, nous laisserons régner dans les notes de Nadaud le désordre qui s'y rencontre, ne voulant pas prendre sur nous de coordonner des choses qui souvent ne sont pas susceptibles de l'être.

Il était cependant urgent de faire connaître par l'impression cette riche mine, où l'on rencontre tant de choses précieuses pour l'histoire générale de la France et pour celle de notre province d'abord, parce que l'écriture à l'encre rouge, qui occupe près d'un tiers de l'ouvrage, n'est presque plus lisible et ne le sera plus du tout dans quelques années, l'humidité ayant une grande action sur cette encre, mal composée; ensuite parce qu'on peut toujours craindre que des mains par trop peu délicates renouvellent les irréparables lacérations qui ont déjà eu lieu. En effet, le premier volume a perdu ainsi et le second.....

Total......

229 pages

212

441 et non pas 356

comme l'a dit M. Roy à la première page du tome Ier.

C'est surtout pour combler ces tristes lacunes qu'un supplément a été ajouté à la fin de chaque lettre.

Nadaud, comme base de son travail, avait copié intégralement le Nobiliaire de des Coutures: nous pouvons donc en toute

(1) M. le marquis de Lubersac : lettre du 10 décembre 1865.

sûreté reproduire ce dernier auteur lorsqu'on a déchiré la page où son œuvre était transcrite.

L'utilité d'un semblable travail ne peut pas être mise en question rien que par les rectifications qu'il nous permet de faire dans certains auteurs très-accrédités, il mérite d'être tiré de l'oubli, et de sortir d'une bibliothèque qui n'est pas accessible à tout le monde. Ainsi un exemple entre mille :

Plusieurs ont publié que la famille Tristan de l'Hermite, chambellan du roi, prévôt des marchands en 1475, était éteinte, et entre autres le P. Anselme, dans son Histoire des grands officiers de la couronne, T. VIII, p. 132; mais Nadaud, avec de Combes, nous fait voir qu'ils sont dans l'erreur :

Froissart, au chapitre CLXII du T. Ier, dit que le seigneur de Pompadour (Ramnulphus-Helie II du nom, seigneur de Pompadour) fut tué à la funeste bataille de Poitiers, le 19 septembre 1356; mais Nadaud, s'appuyant sur Guyon, nous apprend que, dans cette sanglante journée, le seigneur de Pompadour « défendit la personne du roi Jean et son fils Philippe, depuis duc de Bourgogne, surnommé le Hardi; qu'il reçut sept grandes plays, avec si grande effusion de sang, qu'on le tenoit pour mort; mais, quand on le fit prisonnier, il fut reconnu par sa grande valeur et fidélité, il fut secouru de l'ennemi même, et alla tenir compagnie au roi, prisonnier en Angleterre.

» A son retour, il fit le voyage d'outremer contre les Sarrasins, chez lesquels il demeura cinq ans. En s'en revenant, il emmena un médecin arabe, nommé Zacharie, que Monsor, roi d'Afrique, mahométan et usurpateur des Espagnes, faisoit venir près de lui à Cordoue. L'ayant trouvé sur mer, il le rafla, et emmena à Pompadour, où il demeura près d'un an, y fit de belles cures, et composa quelques livres. Mansor, pour avoir son médecin, envoya de grands présents au roi et au comte de Pompadour, qui le mit en liberté. »

Dans ces riches manuscrits, on trouve des faits glorieux qu'il serait honteux de laisser dans l'oubli, et, quand des auteurs étrangers racontent la bravoure et les gloires de nos compatriotes, nos mémoires ne peuvent pas rester seuls silencieux sur ce sujet il est donc utile, et pour l'histoire et pour l'honneur de nos contrées, de les livrer à la publicité. On aime à voir des noms connus et encore portés de nos jours se mêler à toutes les grandes actions de la France, soit qu'ils dirigent les croisades,

:

soit qu'ils s'immortalisent à Malte, soit qu'ils repoussent l'ennemi du sol de la patrie.

C'est à cette entreprise considérable que nous employons depuis plusieurs mois tous nos soins et tous nos loisirs, afin d'en voir bientôt le terme. Puissent nos efforts persévérants ne pas laisser aux étrangers le soin de nous apprendre les travaux de nos aïeux!

L'abbé A. LECLER.

RAPPORT

SUR

LE PRIX QUINQUENNAL.

MESSIEURS,

La Commission (1) chargée de statuer sur le prix quinquennal, et composée, comme vous le savez, des membres du Comité de publication et de deux membres adjoints, nommés dans la séance du 27 mars 1866, m'a chargé de vous faire connaître quelle avait été sa décision.

de

Elle s'est d'abord félicitée de ce que son examen portât sur plusieurs ouvrages, tous recommandables à divers titres, la Vie de saint Léonard, de M. Arbellot; Limoges au XVIIe siècle, M. Laforest; Étules géographiques sur le Limousin, de M. Deloche; les Catalogues de la Bibliothèque communale de Limoges et la nouvelle édition des Fables de Foucaud, de M. Émile Ruben.

Cette abondance et cette variété de livres prouve que, dans notre Limousin, le travail sérieux et intelligent est en honneur, et que nos compatriotes, qu'ils habitent près ou loin de nous gardent le souvenir du pays, et tâchent, pour leur part, de lui acquérir de la renommée.

Certes, Messieurs, si la Société Archéologique était riche, il n'y aurait eu besoin ni de commission ni de rapport les ouvrages que je viens de vous citer eussent reçu chacun le prix

(1) Cette Commission était composée de MM. Larombière, Bardinet fils, Lemas, Alfred Chapoulaud, Hervy, Brisset et Guillemot.

dont ils sont dignes, et il n'y aurait eu qu'à procéder à la distribution.

Malheureusement les 500 fr. dont vous pouvez disposer mettent des bornes à nos désirs, et nous imposent un choix. C'est ainsi que, malgré nous, nous avons écarté successivement Limoges au XVIIe siècle, la Vie de saint Léonard et les Études géographiques sur le Limousin; mais ce rejet a besoin d'être motivé, et voici par quelles considérations a été guidée la Commission que vous avez choisie :

Dans Limoges qu XVIIe siècle, ce n'est ni le style qui manque, ni l'imagination, ni l'amour du pays, ni le culte du passé : on pourrait même dire que ce culte est parfois exagéré et par trop exclusif; mais le défaut capital de l'ouvrage c'est l'absence de méthode. Ce n'est pas une histoire de Limoges que nous avons sous les yeux, mais une suite d'articles qu'aucun lien ne rattache entre eux. Or la difficulté de la tâche n'est-elle pas diminuée de moitié quand l'auteur, n'ayant pas à se préoccuper d'unité et de méthode, traite uniquement les sujets qui lui plaisent et qui vont le mieux à son cœur, à son esprit, à son tempérament?

C'est ce qu'a fait M. Laforest, et c'est ce qui enlève de la valeur à son œuvre, quoiqu'elle renferme d'excellentes parties. Deux ou trois morceaux surtout, Suzanne de La Pomélie, Jeanne de Verthamond, Marcelle Germain, ont une fermeté, une ampleur et un attrait austère qui rappellent les belles études de M. Cousin sur le xvIIe siècle.

La Vie de saint Léonard, de M. Arbellot, a la méthode et l'unité qui manquent à Limoges au XVIIe siècle. Le style, sans avoir les qualités de celui de M. Laforest, a les siennes qui lui sont propres il est net, élégant et précis. La seconde partie notamment, qui a pour titre: Miracles de saint Léonard, renferme de charmants récits, d'autant plus charmants que l'auteur, selon ses propres expressions, a conservé « à ces fleurs légendaires leur parfum de poésie et de piété ». Mais, si là il a mis de côté volontairement la critique et ses rigueurs, M. l'abbé Arbellot est un archéologue et un savant trop convaincu pour ne pas faire intervenir cette même critique quand il le faut et au bon moment. C'est ainsi qu'il a transcrit et collationné sur huit manuscrits de la Bibliothèque impériale l'ancienne légende de saint Léonard; c'est ainsi qu'il a ajouté à cette ancienne Vie des documents inédits relatifs aux miracles de saint Léonard,

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