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aimer de ses maîtres et de ses condisciples par ses manières affectueuses et bonnes.

Entré au grand-séminaire de Limoges en 1840, il y reçut tous les ordres, et Monseigneur Bernard Buissas, évêque de Limoges, le consacra prêtre en 1843.

Felletin devait le posséder de nouveau : ce fut le premier poste qu'il occupa en sortant de Limoges. Les petits-séminaires aiment à réclamer pour leurs professeurs les jeunes prêtres qui furent leurs élèves. Ce mode de recrutement, si excellent puisqu'il donne des sujets connus, fut ici un peu en défaut. Chez l'élève affectueux, chez l'enfant riant et chantant, on n'avait pas assez observé le fils du vieux soldat, prompt à se ranger, ne concevant pas l'indiscipline. Cette tendance native, singulièrement développée par la vie si minutieusement réglée du grand-séminaire, apparut très-dominante chez le professeur. La discipline militaire lui semblait la forme idéale d'un collége. Tout le monde n'était pas de son avis : l'abbé Roy ne dit pas le contraire; mais, après deux ans, il demanda son congé.

En 1846, il fut nommé vicaire de Bellac. Le ministère avec ses services incessants et multiples convenait mieux à sa nature agissante. Ce fut dans cette ville, pendant les deux années qu'il y resta, qu'il conçut le projet de son premier ouvrage : Histoire de la ville de Bellac; mais ce ne fut qu'en juillet 1851 que cette histoire fut livrée au public.

La paroisse de Saint-Pierre-du-Queyroix de Limoges hérita du vicaire de Bellac en 1849, et, le 20 mai 1850, la Société Archéologique le reçut au nombre de ses membres. Il signala sa présence au Bulletin par plusieurs travaux, et il fut élu secrétaire-adjoint le 24 février 1856. C'est alors qu'il commença la publication du Nobiliaire de Nadaud.

M. l'abbé Roy de Pierrefitte donna en 1858 un nouveau volume intitulé: Notes historiques sur le culte de la sainte Vierge dans le diocèse de Limoges.

En 1859, Limoges recevait dans ses murs l'Institut des provinces pour la XXVI session du Congrès scientifique de France: M. Roy fut nommé secrétaire de la Ive section (archéologie) conjointement avec M. Maurice Ardant. Il a enrichi le 1er volume des mémoires du Congrès de cinq procès-verbaux, et le 2 d'une Notice historique assez étendue sur la célèbre abbaye de Solignac.

Pendant qu'il se livrait avec une activité incroyable rà ses

études favorites et à toutes les occupations du ministère paroissial, il ne s'apercevait pas que sa santé s'épuisait. Les choses allèrent si loin que plusieurs fois il reçut les derniers sacrements et plusieurs fois le bruit de sa mort se répandit au loin. Avec le temps, le mieux se fit cependant sentir, les forces revinrent un peu, et, servi par un courage plus qu'ordinaire, il reprit ses occupations habituelles. Il était évident pour tout le monde que le travail excessif auquel il se livrait provoquerait des accidents encore plus graves: lui seul ne comprenait pas la possibilité du repos; mais Monseigneur Fruchaud, avec une toute paternelle tendresse, sut trouver un poste où le malade, tout en respirant presque l'air natal, pût se refaire un peu, et où l'infatigable ouvrir pût, dans des conditions aisées, travailler encore il le nomma curé-doyen de Bellegarde (Creuse). Le 11 avril 1862, M. l'abbé Roy se rendit à son nouveau poste.

C'est là où il termina le premier volume de ses Études sur les monastères et les abbayes du Limousin et de la Marche.

Il mit encore au jour, dès les premiers jours de 1863, un autre travail intitulé: Histoire et Archéologie sur le canton de Bellegarde

Un Congrès scientifique devait avoir lieu à Guéret en 1863 : M. l'abbé Roy de Pierrefitte en avait été nommé président, et il s'occupait avec ardeur de l'organisation de ces assises scientifiques dans l'ancienne capitale de la Haute-Marche, où la Société Française d'Archéologie venait pour la première fois. Mais il ne devait pas voir ces fêtes pour lesquelles il se donnait tant de peine dès les premiers jours de 1865, il avait senti de nouvelles et rudes attaques de ce mal, qu'il croyait calmé par le repos qu'il avait pris, et, le 23 février, il expirait à l'âge de quarante-cinq ans. Il était membre de la Société Archéologique et Historique du Limousin, de la Société des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, membre de l'Institut des Provinces, de la Société Française d'Archéologie, qui l'avait nommé inspecteur pour le département de la Creuse.

Nous possédons de lui:

4o Histoire de la ville de Bellac, suivie de quelques notes sur le bourg de Rancon, 1 vol. in-8 de 252 pages.

« Cet ouvrage est divisé en quatre parties: la première comprend les faits de l'histoire de Bellac; la seconde traite des institutions et des monuments; la troisième est consacrée à la biographie des hommes de lettres, magistrats, etc., nés à

Bellac; la quatrième est une collection de pièces originales relatives à l'histoire de cette ville.

» Dans la première partie, nous avons lu avec intérêt le tableau du xe siècle et le récit du premier siége que cette ville eut à soutenir contre le roi Robert et le duc Guillaume (995); le siége non moins glorieux qu'elle soutint, six siècles plus tard, contre une armée de Ligueurs (1591); le passage à Bellac du Dauphin (depuis Louis XI), de Henri IV, de Louis XIII, puis de La Fontaine et de Fénelon.

>> M. Roy n'a pas craint d'aborder les faits contemporains, et de faire l'histoire de Bellac pendant la la Révolution.

» Dans la seconde partie, qui traite des institutions et des monuments, nous avons remarqué principalement l'histoire du tribunal de Bellac, dont la création remonte à 1572.

» La biographie de quinze hommes illustres et des notes sur quelques contemporains forment la troisième partie.

» Dans la quatrième partie, composée de documents originaux, l'histoire (inédite) des châtellenies de Bellac, Rancon et Champagnac, par MM. Robert, les coutumes de Bellac, l'édit de création du tribunal de cette ville, la lettre d'un des consuls (Génébrias) à Turquant, qui contient un récit si intéressant du siége de 1591, et diverses autres pièces ajoutent un grand intérêt à ce livre, qui doit être considéré comme le livre d'or de la ville de Bellac. Suivant l'expression d'un rédacteur de l'Abeille de Poitiers (M. de Constant), M. Roy, grâce à ses recherches nombreuses, a su donner à son sujet les proportions d'une histoire (4). »

L'auteur a dédié cet ouvrage à sa tante, alors religieuse à Balledent.

2° Siége de la ville de Bellac, ou Lettre d'un consul de la ville de Bellac à M. Turquant, conseiller du roi, maître des requêtes ordinaire de son hôtel, intendant de la justice et affaires de Sa Majesté au pays du Limousin, contenant le siége dudit Bellac; déroute de la cavalerie du vicomte de La Guierche; défaite de son infanterie; prise de son canon en la ville de Montmorillon; reprise de plusieurs villes et châteaux par Monseigneur le prince de Conti, in-8 de 16 pages (2). 3). Des notes historiques terminent cette pièce importante, et en augmentent l'intérêt.

(1) Bull. de la Soc. Arch., III, 167. (2) Idem, II, 242.

3o Notice historique sur la manufacture de tapisseries de Felletin (Creuse), in-8 de 13 pages (1).

Cette notice a pour but de réclamer contre une injustice dont l'opinion publique s'est rendue coupable. Les tapis d'Aubusson sont connus dans toute l'Europe et dans le Nouveau-Monde, et ont acquis à cette ville une certaine célébrité. En parlant des tapisseries fabriquées dans la Creuse, on ne parle que des tapis d'Aubusson or la ville de Felletin a autant de droits que la ville d'Aubusson à cette brillante renommée : ses manufactures de tapis, connues dès le commencement du XVIe siècle, ont conservé leur importance jusqu'à nos jours. M. l'abbé Roy le prouve en faisant l'histoire de cette manufacture, sujet qui a le mérite d'être neuf, et d'être traité avec des documents inédits.

4° Notes historiques sur le culte de la sainte Vierge dans le diocèse de Limoges, 1 vol. in-12 de 192 pages.

Cet ouvrage renferme un sujet encore neuf, traité avec les documents réunis par nos infatigables compilateurs Nadaud et Legros. Il est peut-être à regretter que la précipitation avec laquelle il a été livré à l'impression ait nui à la richesse du sujet. Cet ouvrage est dédié à Monseigneur Desprez, évêque de Limoges.

5o Études sur les monastères et les abbayes du Limousin et de la Marche (1857-1864), 4 vol. in-8 de près de 800 pages.

:

C'est le plus précieux de tous ses ouvrages. Il devait former deux volumes; mais la mort ne lui a pas permis de commencer le second le premier existe seul. Il se compose de trente notices historiques sur autant de maisons religieuses, dont l'existence de la plupart n'était connue dans nos contrées que par quelques ruines couvrant l'emplacement où elles florissaient jadis. Le manuscrit de Legros, dont l'auteur a souvent tiré un excellent parti, a fait revivre dans notre histoire ce moyen âge religieux qui a produit tant d'œuvres admirables. Ces notices ont été publiées dans différents recueils; réunies, elles forment un beau volume in-8 de près de 800 pages. M. l'abbé Roy de Pierrefitte l'a dédié à Monseigneur Berteaud, évêque de Tulle. 6o Histoire et archéologie sur le canton de Bellegarde (1863), in-8 de 22 pages.

(1) Bull. de la Soc. Arch., V, 183.

C'est une revue, sous forme de lettre, du canton de Bellegarde; l'auteur cite ou décrit tout ce qu'il a trouvé, tels que monuments civils, religieux, militaires; orfèvrerie; sculpture,

etc.

70 Nobiliaire du diocèse et de la généralité de Limoges, par l'abbé Joseph Nadaud, curé de Teyjac, in-8. Le 1er volume (1856-1863) a 652 pages; le second a été interrompu par la mort de l'éditeur : 72 pages sont imprimées. C'est l'ouvrage dont nous parlerons ci-après.

Nous signalerons encore divers articles publiés par le Correspondant, l'Univers, la Nouvelle biographie générale, le Bulletin de la Société Archéologique du Limousin, les Mémoires de la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, les mémoires du Congrès scientifique de Limoges, l'Echo, le Mémorial de la Creuse, etc. Nous signalerons aussi l'Histoire de la ville de Felletin, qui est encore manuscrite.

II.

Le Nobiliaire de Nadaud est une immense compilation, que l'auteur intitule, comme la plupart de ses autres manuscrits: Mémoires pour servir à l'histoire du diocèse de Limoges.

« Nadaud ramassait tout, bon et mauvais, intéressant ou non, parce que, selon lui, tout pouvait trouver place dans l'histoire, ou du moins servir à l'éclairer. Au reste, on croit pouvoir assurer qu'aucune vue d'intérêt ou de molle complaisance ne l'a guidé dans ce travail, dont la lecture seule peut rassurer sur la pureté de ses intentions. Tout ce qu'on doit y entrevoir, c'est que, se regardant comme une manœuvre occupée à recueillir des matériaux pour un grand édifice, il les prenait partout où il les trouvait, et tâchait d'en faire un triage en les classant du mieux qu'il lui était possible, espérant que dans la suite quelque habile architecte en tirerait le parti convenable, et nous donnerait enfin le corps d'histoire qui nous manque (1). »

Pouvons-nous dire que nous atteignons le but indiqué ici par le continuateur de Nadaud? Nous n'oserions l'affirmer. Cette publication, qui porte le nom un peu prétentieux de Nobiliaire

(1) Note de Legros, sur la couverture du ler vol. mss. du Nobiliaire.

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