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10 MONOGRAPHIE DE SAINT-FRONT. - Analogie de Saint-Front de Péri- Clogueux et de Saint-Marc de Venise. - Description de Saint-Front. cher et porche. Construction et décoration. Sculptures et peintures. Église latine de Saint-Front. — Cloître et monastère. — Ancienneté de Saint-Front et colonie vénitienne à Limoges.

Sépulcre de saint Front.

Restauration de Saint-Front.

20 ÉGLISES A COUPOLES. Considérations générales. - Saint-Étienne et Saint-Silain de Périgueux. Monuments à coupoles du Périgord : abbayes, prieurés, églises paroissiales. - Églises à coupoles de l'Angoumois et de la Saintonge : cathédrale d'Angoulême. Saint-Liguaire de Cognac. église de Bourg-Charente, cathédrale de Saintes, etc. — Églises à coupoles de Cahors, Souillac, Solignac, Saint-Émilion. - Églises à coupoles, mais non byzantines, du Puy-en-Velay, de Saint-Hilaire de Poitiers, de Loches. STYLE PLANTAGENET. Églises à coupoles de Fontevrault, de SaintMaurice d'Angers. Conclusion.

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Permettez-moi, Messieurs, de vous citer le jugement que l'abbé Texier porta sur ce livre au moment de sa publication :

« Notre collègue et compatriote M. Félix de Verneilh vient de publier un de ces ouvrages qui font époque dans l'histoire de la science. Déjà un des maîtres, M. de Caumont, proclame que cette publication, la plus importante qui ait été faite depuis plusieurs années par son sujet et sa forme, est un évènement archéologique. Nous venons de relire ce travail considérable, dont nous connaissions déjà le progrès et les conclusions : nous sera-t-il permis d'en signaler à l'avance les résultats?...

» M. F. de Verneilh aura ce bonheur de fixer le sens du mot byzantin appliqué à l'architecture...

» Le nom de byzantin sera désormais uniquement attribué aux édifices évidemment inspirés de Byzance ou de Sainte-Sophie. On les reconnaîtra aux caractères suivants : 1° voûtes uniquement formées de coupoles sphériques inscrites dans des carrés rachetés par des pendentifs qui sont eux-mêmes des portions de sphère; 2° absence d'appui extérieur; 3° rareté de l'ornementation sculptée, remplacée presque toujours par des peintures.

» Ces édifices, peu nombreux, forment uue école qui a son centre et son point de départ près de nous, à Périgueux, et dont nous avons un type voisin à Solignac. Nous ne saurions en quelques lignes analyser convenablement le travail profond et patient qui amène cette conclusion en 300 pages remplies de faits précis et d'études aussi profondes qu'étendues. M. Félix de Verneilh recherche le point de départ de cette école orientale,

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et décrit sa filiation. Saint-Front de Périgueux, merveilleuse copie, en matériaux français, de Saint-Marc de Venise, reproduit sa disposition, toutes ses formes et jusqu'à ses dimensions, pied italien se trouvant traduit en pied français. Il faut lire dans l'ouvrage même les indications au moyen desquelles notre patient collègue suit l'influence de ce type, et le montre dégénérant d'âge en âge jusqu'au XIIIe siècle, et survivant encore en quelques monuments à travers les formes ogivales.

» Grâce à ce travail remarquable, on saura donc désormais : >> 4° Ce qu'il faut entendre par style byzantin;

» 2o En quoi le style byzantin diffère du style roman;

» 3o Comment une école byzantine d'architecture s'est établie en France; à quelle époque; quel est son point de départ; — quelle est l'étendue de son action.

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» Pour arriver à des conclusions si précises, une immense lec-. ture n'a pas suffi. Les monuments de notre Aquitaine ont été analysés sur place par M. Félix de Verneilh avec la patience d'un anatomiste. Peu d'architectes, même parmi les plus instruits, ont pénétré si avant dans les lois de la construction à tous les âges. Et tous ces résultats si patiemment obtenus se produisent, avec les qualités toutes françaises d'une grâce et d'une urbanité exquises, en un style aussi rapide qu'élégant. Nous ne disons rien des côtés matériels de cette publication : le papier, l'impression, le tirage, rivalisent avec les plus magnifiques publications étrangères, et sur plusieurs points leur sont supérieurs. Tout le monde sait que Mackensie venait en France animer ses magnifiques dessins par des bonshommes dus au crayon de l'antiquaire Langlois. Les planches nombreuses dues à la collaboration fraternelle de M. Jules de Verneilh et au crayon brillant de M. Gaucherel n'ont pas besoin d'un secours étranger: on y trouve unies, à un rare degré, la fidélité archéologique des détails, la finesse du burin et une légèreté spirituelle qui n'appartiennent qu'à notre pays (1). »

Au mois de juillet 1852, M. de Verneilh nous écrivait à propos de cet ouvrage : « J'ai eu l'avantage de trouver un sujet complètement neuf et d'une importance réelle; c'est sans doute un avantage aussi que de l'avoir laissé dix ou douze ans sur le métier, tantôt pour faire tel ou tel voyage, tantôt pour attendre mes dessins, puis mes gravures. J'ai eu ainsi tout le temps de

(1) Bulletin archéologique, T. IV, p, 20-24,

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tement complètes, j'espère ne m'être pas trompé sur les points principaux. J'aurai, dans ce cas, rendu un vrai service à la science archéologique en montrant l'influence byzantine là où elle est. M. Albert Lenoir lui-même, qui connaît à fond l'art de l'Orient, voyait cette influence là où elle n'est guère, et à la fois plus grande et plus vague qu'elle ne l'est. Pour lui elle existait surtout dans les rotondes, comme l'a prouvé le dernier numéro des Annales (1).

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Un membre de l'Académie Française, M. Vitet, fit paraître, dans le Journal des Savants (2), une série d'articles d'une critique très-bienveillante, mais très-sérieuse et très-approfondie, sur ce livre de l'Architecture byzantine en France, dont il n'adoptait pas les principales conclusions. - En réponse à ses observations, M. de Verneilh publia, en 1854, dans les Annales archéologiques, trois articles, qui ont été tirés à part, et forment une brochure considérable sous ce titre Des Influences byzantines lettre à : M. Vitet, de l'Académie Française (3).

:

VII.

Nous avons dit déjà que, en 1847, au Congrès archéologique d'Angoulême et de Limoges, M. de Verneilh avait brillé par sa science précoce et ses aperçus ingénieux. Dans la suite, il prit une part active aux travaux de ces assises périodiques de la science.

En 1855, dans les Conférences archéologiques internationales convoquées à Paris, il traita avec M. le baron de Quast d'intéressantes questions; il disserta notamment sur la date précise des cathédrales de Périgueux et d'Angoulême, contestée par M. le baron de Quast et par M. Parker (4). Ce dernier ne se tint pas pour battu, et, dans une lettre adressée à M. de Caumont l'année suivante, il soutint ses premiers dires relativement à la cathédrale de Perigueux (5).

En 1858, M. de Verneilh prépara, en qualité de secrétaire général, le Congrès archéologique de Périgueux, et présida à la publication des procès-verbaux des séances. Il prit la parole

(1) Puyraseau, 30 juillet 1852.

(2) Cahiers de janvier, février et mai 1853.

(3) Paris, chez Didron, 1855.

(4) Bullet. monum., T. XXII, p. 521.

(5) Id., T. XXIII, p. 146.

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dans la plupart des discussions, et, dans les questions relatives aux monuments du pays, la tour de Vésonne, l'église de SaintFront, il montra quelle était l'étendue de son savoir, la nouveauté de ses aperçus et la sûreté de son coup d'œil archéologique.

L'année suivante, au Congrès scientifique de Limoges (septembre 1859), il fut élu président de la section d'Archéologie à l'unanimité des suffrages. Vous vous souvenez, Messieurs, de la part brillante qu'il prit aux discussions. Vous vous rappelez l'impression profonde que produisit sa Notice historique sur l'abbé Texier. Son opinion sur les émaux d'Allemagne et les émaux limousins ne fut alors contestée par personne; mais; depuis, M. Ferdinand de Lasteyrie a soutenu la thèse contraire, plus honorable pour notre province et plus favorablement accueillie par l'opinion.

Voici comment s'exprimait le Bulletin monumental dans le compte-rendu du Congrès de Limoges. « L'éminent archéologue M. de Verneilh présidait la section d'Archéologie, et sa parole donnait à toutes les discussions un intérêt extraordinaire. Combien d'aperçus judicieux, d'idées neuves, M. de Verneilh a émis dans les discussions de sa section! Combien il a su intéresser par le récit des richesses qu'il venait d'observer en Allemagne, accompagné du baron de Quast, inspecteur général des monuments de Prusse!... Les précieux documents donnés oralement par M. de Verneilh sur les églises à voûtes domicales observées par lui en Allemagne, sur diverses églises de France, notamment sur celle de Saint-Léonard (Haute-Vienne), ont été aussi avidement accueillis (1) ».

M. de Verneilh ne manquait jamais l'occasion de paraître dans ces tournois intellectuels, où il figurait toujours avec honneur. En 1860, au Congrès scientifique de Cherbourg, il fut encore élu président de la section d'Archéologie; il prit une glorieuse part aux savantes discussions qui eurent lieu, notamment sur l'origine parisienne du style ogival.

En 1861; il fit partie de la commission chargée de préparer le Congrès scientifique de Bordeaux, et il fut nommé secrétairechef pour la section d'Histoire et d'Archéologie. Nous nous souvenons des savants aperçus qu'il donna au Congrès sur les bastides du Sud-Ouest, c'est-à-dire sur ces villes neuves, à plan régu

(1) Bulletin monumental, T. XXV, p. 743.

de la Garonne (T. II, p. 313). Il fit remarquer, contre l'opinion commune, que l'influence anglaise était à peu près nulle sur nos monuments d'Aquitaine (T. II, p. 325). Il traita savamment cette question posée au Congrès: « La vraie date du cloître de Moissac et de Saint-Sernin de Toulouse est-elle connue?» (T. II, p. 345), et il a publié, dans le tome IV du Congrès, un mémoire sur ce sujet (p. 653). Il lut un court mémoire sur cette autre question: « Existe-t-il au nord de la Loire et au sud de la Garonne une seulé église à série de coupoles? » (T. II, p. 347), mémoire qu'il destinait à son second volume sur l'architecture byzantine. Il traita encore la question de l'état primitif de la nef de la primatiale de Bordeaux (p. 348). Le Congrès accueillit favorablement le vœu qu'il formula en faveur du déblaiement de l'amphithéâtre ou palais Gallien, et de la conservation de la porte du Cailhau, menacée par un alignement et une rue projetés.

L'année suivante (1862), on retrouve M. de Verneilh au Congrès de Saumur. Il présida une des séances (4 juin), et il fit une conférence sur les influences byzantines en Anjou, conférence qui se termina par une triple salve d'applaudissements (p. 308-317).

VIII.

Tout le monde comprend que, dans l'archéologie monumentale surtout, les voyages sont la condition indispensable d'une science approfondie. Grâce à sa position indépendante et à sa fortune personnelle, M. de Verneilh avait pu faire de fréquents voyages; il avait pu observer sur place les nombreux monuments dont il parlait, et dont l'étude servait de base à ses théories scientifiques. Il ne s'était pas borné à visiter, dans nos diverses provinces, les églises ou édifices civils du moyen âge et des époques antérieures : il avait voyagé dans les pays étrangers, prenant partout des notes, des mesures, des croquis. En 1845, il visitait Londres, Cantorbéry et une partie de l'Angleterre, comparant le style ogival anglais et le style ogival parisien. En 1847, il parcourait la Belgique et les bords du Rhin, et étudiait surtout cette magnifique cathédrale de Cologne sur laquelle il a écrit un travail si remarquable; en 1855 et 1856, il voyait Constantinople, Athènes et l'Italie. En face des coupoles de

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