Les phénomènes de la vie peuvent se classer en trois catégories, et bien que la science ne les ait point encore nettement séparés, il nous faut leur donner des noms. Nous les appelons biologiques, physiologiques, psychologiques. La vie des végétaux est due uniquement aux phénomènes biologiques. Il se produit chez les animaux des phénomènes biologiques et physiologiques. L'homme se distingue des animaux par le fait qu'il se produit chez lui des phénomènes biologiques, physiologiques et psychologiques. Nos hypothèses sur la constitution de la matière et le jeu des forces physiques doivent donc se relier à une hypothèse nouvelle sur le mécanisme physique de ces différents phénomènes. Dans les phénomènes biologiques se produisent des modifications d'édifices moléculaires. La plupart de ces phénomènes sont d'ordre chimique ou d'ordre cristallographique. Une cellule se construit à côté d'une autre, ou bien grossit et se scinde en deux parties. Des atomes ou des molécules modifient leur mode de groupement et font apparaître des cellules nouvelles : l'organisme vivant se développe et le végétal pousse. Nous n'avons pas besoin de chercher ailleurs que dans le jeu des cohésivités le mécanisme des transformations des corps sous l'action de la vie. Des changements d'équilibre des cohésivités se produisent, et la matière vivante se distingue de la matière inerte en ce que dans la seconde les phénomènes ne se produisent que sous une action extérieure, tandis que dans la première ils ont une cause intérieure. La cause intérieure qui détermine les modifications de l'équilibre des cohésivités n'est pas du ressort de nos études; aussi la laissons-nous de côté, et disons-nous, en restant dans le domaine de la physique, que le mécanisme physique des phénomènes biologiques consiste dans les modifications spontanées des équilibres de cohésivités des molécules de la matière vivante. Les phénomènes biologiques sont les seuls qui se produisent dans les végétaux; ils ont également lieu chez les animaux et déterminent le développement des tissus. Les phénomènes chimiques qui accompagnent la digestion sont aussi du même ordre; mais les animaux ne vivent qu'autant que des phénomènes physiologiques se passent en eux. Nous réunissons sous cette appellation les phénomènes de mouvement et ceux qui donnent à l'animal la perception des impressions des sens. L'animal se meut, il voit, il se rappelle. Dirons-nous qu'il pense, qu'il a de l'intelligence? Oui, mais en rappelant que la pensée et l'intelligence de l'homme sont d'un autre ordre, bien que la langue française ne les désigne pas par des mots différents. Les phénomènes physiologiques qui distinguent les animaux des végétaux sont dus à des mouvements spontanés d'un certain nombre de molécules. Quelles que soient les réactions chimiques qui se produisent dans les tissus, dans les muscles sous l'action du fluide nerveux, le mouvement d'un animal amène la mise en mouvement de molécules qui étaient précédemment au repos. L'animal se distingue du végétal par la faculté de transformer en énergie de mouvement l'énergie oscillatoire des molécules, énergie dont l'origine se trouve dans les phénomènes biologiques, la digestion des aliments et la respiration. Il se passe donc quelque part dans la cervelle des animaux un phénomène qui produit une transformation spontanée de l'énergie calorique en énergie de mouvement. Les impressions des sens déterminent dans les molécules cérébrales un mouvement oscillatoire correspondant à cer taines ondes, à certaines sensations. La possibilité d'opérer la transformation de l'énergie calorique donne aux animaux la faculté de faire renaître dans les molécules de leur cerveau les images qui s'y sont déjà produites. Les animaux possèdent donc la pensée et l'intelligence. Les mêmes mots sont employés pour désigner le phénomène qui se produit dans le cerveau de l'homme, mais il n'est plus uniquement physiologique; il se complique d'un autre phénomène que nous appelons psychologique, et que l'on attribue à l'âme. Le végétal vit; l'animal se meut et pense; l'homme se meut, pense, et se distingue par un autre ordre de phénomènes: il crée. L'homme crée des images dans son cerveau ; il conçoit, il comprend les choses abstraites; il invente ce qu'il n'a jamais vu. Il s'intéresse à autre chose qu'à sa nourriture journalière, il cherche à pénétrer les secrets de la Nature, il sonde les mystères de l'Univers, et son esprit va au travers de l'infini à la rencontre de l'Auteur de toutes choses. L'âme met l'homme en relation avec l'univers entier, aussi le phénomène physique qui se produit dans le cerveau de l'homme qui pense doit-il avoir une répercussion dans tout l'Espace. Le mécanisme physique de ce phénomène est une destruction momentanée d'une petite quantité de matière et d'une petite quantité d'éther, avec absorption de l'énergie nécessaire à reconstituer le milieu primitif de l'univers, le Néant. Une parcelle de néant se reforme dans le cerveau de l'homme dont l'âme opère, non un phénomène physiologique, mais un phénomène psychologique. Cette parcelle de néant ne subsiste que pendant un temps d'une durée infinitésimale, et repasse à l'état de matière et d'éther en dégageant de l'énergie; mais les proportions de matière et d'éther, et, par suite, leurs propriétés se trouvent modifiées; l'éther de tout l'univers en subit l'influence, et chaque pensée de l'homme est connue dans tout l'Espace. La faculté de créer une nouvelle matière et un nouvel éther, donne à l'homme la possibilité de créer des images, de concevoir ce qui ne tombe pas sous les sens, et d'aspirer vers les espaces infinis que notre corps matériel ne nous permet pas d'atteindre. ERRATA Page 57, ligne 29, au lieu de produire, lire produise. Page 166, fig. 57, placer les lettres o et o' aux extrémités de la ligne perdiculaire à x y et passant par le point a. Page 185, ligne 20, au lieu de Les deux, lire Les rayons. 1. Manière dont on doit se représenter les atomes et l'éther. 10. Différence entre le mouvement d'un corps dans un milieu élastique, et celui d'un atome dans l'éther. — 11. 16. Conséquences de la loi de la conservation de l'énergie. 39 |