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Raclet n'était pas un savant. Tandis que des naturalistes écrivaient d'admirables monographies consacrées aux ennemis de la vigne et à la pyrale en particulier, Raclet, qui n'a jamais rien écrit, découvrait, lui, le moyen de combattre le mal efficacement. On a dit encore que Raclet avait trouvé son procédé par hasard. On a prétendu aussi que le véritable inventeur avait été une servante, laquelle traitait, sans le savoir, un cep de vigne en l'arrosant, matin et soir, du résidu de ses eaux ménagères. Messieurs, je ne voudrais porter préjudice à aucun droit acquis; mais il me paraît trop simple en vérité que les grandes découvertes se fassent par hasard et d'une façon inconsciente. Nous aimons tellement le merveilleux que volontiers nous substituons le hasard, qui est une des formes du merveilleux, à l'effort volontaire et intelligent. Toutes les grandes inventions ont leur légende merveilleuse. Mais la vérité, la voici :

Si Raclet a trouvé un remède à la pyrale, c'est qu'il l'a cherché; c'est qu'il a consacré à cette recherche quinze à vingt ans de sa vie, quinze à vingt ans de labeurs quotidiens. Que dis-je! ses nuits comme ses jours étaient absorbés par son unique pensée. Raclet n'était pas un savant, soit! mais si ses efforts ont abouti, c'est qu'il a procédé méthodiquement, en observateur consommé, c'est-à-dire scientifiquement. C'est après avoir observé la pyrale pendant de longs jours et de longues nuits, par les chaleurs brùlantes de l'été, par les froides gelées d'hiver, qu'il découvrit le point vulnérable de l'ennemi. La découverte du cocon dans lequel l'insecte se blottit l'hiver sous l'écorce était le nœud de la question. Ce point élucidé, le mode de traitement n'offrait plus de difficulté sérieuse. Le succès d'un remède n'est point dans le remède lui-même, mais dans son application intelligente et méthodique, au moment opportun. C'est en cela que Raclet a fait œuvre de savant.

Nous sommes aujourd'hui, en face du phylloxera, dans la même situation que celle où l'on était, vers 1835 et 1840, en face de la pyrale. Nous ne connaissons encore que très imparfaitement l'ennemi que nous avons à combattre. Il est vrai qu'en revanche, les prétendus remèdes abondent, comme si l'on pouvait appliquer des remèdes efficaces à un mal imparfaitement connu ! Le jour où les mœurs et les pérégrinations du phylloxera seront élucidées aussi complètement que celles de la pyrale, la question du remède sera bien vite résolue. C'est dans cette voie que tous les efforts devraient être dirigés. Avec de la patience, de

l'opiniâtreté et de la méthode, on arrivera sans doute au but cherché. Le succès de Raclet nous prouve d'ailleurs qu'il n'y a pas besoin pour cela d'être un savant de profession. Le vigneron, le propriétaire rural, tous ceux qui vivent au milieu du phylloxera et de ses innombrables bataillons, sont mieux que personne placés pour apprendre à les connaître. Quand vous viendrez dire c'est en telle saison, en telle partie de la vigne qu'on peut atteindre le mal dans sa source, les savants trouveront bien vite, soyez-en certains, le remède et son mode d'application, si vous ne l'avez déjà trouvé vous-mêmes.

Ne soyez pas surpris, d'ailleurs, du peu d'efficacité des efforts tentés jusqu'à présent. Il n'y a guère que vingt ans que le phylloxera s'est abattu sur les vignes françaises, et il a fallu tout ce temps-là à Raclet pour découvrir le fameux cocon d'hiver que vous détruisez maintenant si simplement au moyen de l'échaudage. Le progrès en agriculture est nécessairement lent, mais il se produit toujours à son heure.

En résumé, Messieurs, l'œuvre de Raclet, comme toutes les choses fécondes, marquées au coin d'une intelligence d'élite, renferme plus d'un enseignement pour le temps présent. Non seulement elle nous montre les voies à suivre, mais elle nous permet d'espérer beaucoup de l'avenir. Nous sommes en face de l'invasion phylloxérique, dans la période de désarroi qui se produit toujours fatalement au début d'une attaque imprévue. Les uns attendent tout des empiriques; d'autres réclament la lumière des savants; beaucoup mettent leur scul espoir dans l'initiative de l'administration. Un trop grand nombre se croisent les bras en gémissant sur leur triste sort. L'éminent citoyen dont nous bonorons la mémoire nous apprend qu'au lieu de trop compter sur les autres, il faut que chacun de nous cherche et travaille. J'ignore d'où nous viendra le salut, mais j'ai la confiance qu'il viendra si nous faisons tous notre devoir avec intelligence, union et discipline. L'homme a reçu de Dieu la souveraineté icibas. Avec l'aide de Dieu, il est amplement armé pour maintenir ses prérogatives, pour rétablir, au jour voulu, l'équilibre entre la vigne et son terrible destructeur. Ce jour-là, Raclet ne sera point oublié. Nous serons fiers d'associer son nom, à titre de précurseur, au nom du bienfaiteur inconnu que Dieu fera surgir, à l'heure providentielle, pour couronner nos efforts, récompenser nos labeurs et rendre aux pampres de nos vignes la sève de la fécondité.

TABLEAU

PAR ORDRE DE RÉCEPTION

DES MEMBRES RÉSIDANTS
DE L'ACADÉMIE DE MACON

Au 31 Août 1880.

1833.

1846.

1851.

LACROIX (Antoine), correspondant du ministère de l'instruction publique, pharmacien-chimiste, Mâcon. FOURNIER (Emile), O., inspecteur général honoraire des ponts et chaussées, Macon.

Comte PERRAULT DE JOTEMPS (Louis), *, propriétaireagriculteur, Macon.

PELLORCE (Charles), , ancien conseiller de préfecture, ancien maire de Mâcon.

AUBERT (Aimé), docteur en médecine, Mâcon.

REBOUL (Achille), *, ingénieur en chef des ponts et chaussées, Macon.

SAULNIER (Jacques-Antoine), avocat, Mâcon.

LACROIX (Francisque), pharmacien-chimiste, Màcon. ALEXANDRE (Charles), ancien député à l'Assemblée nationale, Mâcon.

DEVIENNE, château des Tours, Crêches.

1852.

1856.

1857.

1858.

1864.

1867.

.1867.

1868.

1868.

1869.

1869.

1870.

RÉTY (Hippolyte), Mâcon.

1870.

1870.

1872.

1873.

NAZARETH, propriétaire-horticulteur, Vonnas (Ain).
ARCELIN (Adrien), ancien élève de l'Ecole des Chartes,
Mâcon.

MILFAUT, inspecteur d'Académie honoraire, Macon.
MARTIN (Paul), négociant, Mâcon.

PUTOIS, juge de paix, Mâcon.

ROUSSELOT, inspecteur des forêts en retraite, Mâcon.

DABANCOUR, juge d'instruction, Mâcon.

DESPLACE (Jean-Baptiste), château de Châtenay, Sancé.

1873.

1874.

1876.

1876.

1878.

1879.

1879.

1879.

DE FRÉMINVILLE (Léon), château de Laumusse, par
Pont-de-Veyle (Ain).

L'abbé DUCROST, curé de Solutré.

Baron DE BÉER,, conservateur des forêts, Mâcon.
LERICHE, docteur en médecine, Mâcon.

BIOT (Camille), docteur en médecine, Mâcon.

DETON (Charles), rédacteur en chef du Journal de

Saône-et-Loire.

Général PELLISSIER, O., Chaintré.

COLLAS (Émile), substitut du procureur de la République,

Mâcon.

COMPOSITION DU BUREAU

POUR L'ANNÉE 1880-81.

Président...

Secrétaire perpétuel.

Secrétaire adjoint..

Trésorier....

Bibliothécaire...

Conservateur des collections..

MM. l'abbé DUCROST.

Adrien ARCELIN.
Francisque LACROIX.

Hippolyte RETY.
LACROIX père.
MILFAUT.

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MM. Charles Pellorce, , à Mâcon; Perrault de Jotemps, ☀, à Mâcon; Nazareth, à Vonnas (Ain); Rousselot, à Mâcon ; De Surigny, à Prissé; Desvignes, à La Chapelle-de-Guinchay; Goin, à Cortambert; Pornon, vétérinaire à Mâcon; Lacroix fils, à Tramayes; Edouard Dombey, à Pont-de-Veyle (Ain); Mis Henri de Barbentane, château de Saint-Jean; Paul de Clavière, à SaintSorlin; Albert Siraudin, à Blany (Laizė); Hermann de Buffières, château de Champgrenon (Charnay-lès-Mâcon); Jules Protat, à Mâcon; Roger Taperin, château de Vinzelles; Cte de Beaussier, château de Chaint ré; Cte de Murard, château d'Aisne (Azé); Barbet-Dubief, à Fuissé; Émile André, à Sennecé-lès-Mâcon ; Dr François Garnier, à Saint-Sorlin; Hippolyte de La Chapelle, château d'Uxelles; Francis de Borde, château de Borde (Château); Anatole de La Vernette, à Burnand; Briant, jardinier en chef à l'École de Cluny; Vte de Murard, château de Bresse-sur-Grosne.

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