Page images
PDF
EPUB

1

tés qu'offrent les vitraux des époques antérieures. Quelques auteurs réclament de temps en temps contre cette croyance, et soutenant que ce n'est qu'un préjugé, ils formulent des prescriptions pour la pratique de cet art. Leurs procédés sont empiriques et insuffisants pendant un long espace de temps.

Ce n'est guère qu'en Suisse que les traditions de la peinture sur verre se conservent à l'époque de décadence; on y exécute encore, au 17 et même au 18° siècle, de petits vitraux où se retrouvent tous les mérites des grandes œuvres du 15 siècle, c'est-à-dire une grande finesse d'exécution jointe au charme produit par l'opposition de couleurs vives des verres teints dans la masse, de quelques couleurs d'application.

La peinture sur verre est aussi pratiquée au 18° siècle en Angleterre, mais ce n'est plus celle des temps passés; c'est une espèce d'imitation sur verre de la peinture sur toile. Les Anglais font leurs vitraux entièrement avec des couleurs d'émail appliquées sur verre blanc.

Mais si la réaction, qui avait commencé il y a trois siècles, a porté ses fruits, si l'art chrétien n'a plus été compris, même par les ministres des autels, qui ont contribué presque autant que les révolutions aux altérations des monuments religieux, on reconnaît aujourd'hui tout le mérite et les admirables beautés de notre art national et ancien. L'éveil a été donné au gouvernement; de tous côtés on fait des efforts pour rendre à nos monuments leur antique parure. Il y a bien des vitraux à restaurer d'autres à refaire en entier. Des ateliers se sont établis sur plusieurs points de la France, et plus d'un peintre verrier s'est écrié qu'il avait retrouvé les secrets de l'art de la peinture sur verre.

[ocr errors]

Déjà un grand nombre de vitraux ont été faits en imitation de ceux du 13e ou du 15° siècle ; d'autres peintres ont prétendu faire des vitraux du 19e siècle; mais généralement le public a douté, jusqu'à présent, que les premiers procédés aient été retrouvés, car il n'a pas senti, dans ces vitraux, le cachet d'harmonie et d'expresion des anciens; et cependant il ne nous manque rien de ce qui constituait les procédés aux époques passées. Il ne nous manque aucun des verres de couleur doublés ou non doublés, ni les couleurs d'application.

M. Bontemps rappelle ici les noms de plusieurs artistes célèbres qui ont fait des cartons de vitraux; il énumère les essais plus ou moins heureux tentés par des peintres verriers de l'école moderne. Selon lui, M. l'abbé Arthur Martin, par le magnifique ouvrage de la monographie de la cathédrale de Bourges, en vulgarisant la connaissance des anciens vitraux, serait l'homme le plus capable d'imprimer la direction la plus favorable à cet art, mais trop occupé de nous faire connaître une partie des trésors de l'ancien art chrétien, pourra-t-il jamais se faire peintre vitrier?

On peut citer des vitraux exécutés de nos jours à la manufacture royale de Munich, sous l'impulsion du souverain de la Bavière.

Que l'on cesse donc enfin, dit l'auteur en terminant son intéressante brochure, de nous fatiguer de ces histoires de secrets de la peinture sur verre perdus et retrouvés. On avait cessé, à la vérité, de faire des vitraux à partir du 17° siècle, tellement que moins d'un siècle après c'était un art complètement ignoré. On ne pouvait plus même retrouver la matière première, c'est-à-dire, les verres de couleur; on ne connaissait plus la composition de

[ocr errors]

T

plusieurs d'entr'eux; cet état de choses dura jusqu'à l'époque où l'on voulut réellement faire des vitraux. Quand il y eut demande de verres de couleur, les verreries en firent et de toutes les teintes; on en variera encore davantage les nuances, si on le désire. Ceux qui voulurent faire des vitraux n'eurent pas de peine à faire des traits de grisaille, à les cuire.

Tous les procédés de la peinture sur verre sont donc à la disposition de ceux qui voudront se livrer à cet art, et déjà on doit convenir qu'il y a eu progrès, que quelquesuns des vitraux qui ont été faits récemment laissent moins à désirer que ceux qui furent exécutés dans le principe. Le grand artiste qui fera école et ramènera les beaux jours de la peinture sur verre, est seul à trouver. Il suffit à l'auteur de constater qu'il n'y a pas de secrets, en présentant un aperçu des procédés usités en différents siècles, ainsi qu'il l'a fait dans la partie technique de son ouvrage, que nous n'avons pas dû soumettre à l'analyse.

Or, nous l'avons déjà dit, les notions recueillies par M. Bontemps, relativement aux caractères distinctifs des vitraux qui, dans nos édifices sacrés, sont l'œuvre de différents siècles, peuvent être pour chacun de nous d'un haut intérêt; et nous accepterons avec reconnaissance l'espoir qu'il nous offre de voir cet ornement si précieux rétabli autour du sanctuaire à l'aide des procédés que l'on a su conserver, et grâce au zèle dont l'école moderne doit bientôt fournir des preuves sous les auspices du gouvernement.

CH. DE CHANCEL,

Président de la Société archéologique et historique de la Charente.

[merged small][graphic][subsumed][subsumed][merged small]

Ce Bas-relief, attribué au sculpteur Jacques d'Angoulême, décore le tombeau que l'évêque Jean de Langeac, décédé en 1541, se fit élever lui-même dans la Cathédrale de Limoges.

hansport lith.

« PreviousContinue »