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les veilles de fêtes; depuis longtemps on se contente de les sonner.

Cette église était sous l'invocation de saint Pierre et de saint Mélise; elle n'a plus aujourd'hui que saint Pierre pour patron.

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La vicairie de Saint-Jean était à la collation des seigneurs. Elle était autrefois fort riche, mais une grande partie de ses biens fut aliénée pour subvenir aux besoins de l'église de France; le reste fut réuni à la cure.

Il existait quatre cimetières à Brillac. Un seul sert en ce moment aux inhumations. Il paraît que ce lieu servait de sépulture avant l'établissement du christianisme dans les Gaules; ce qui porte à adopter cette opinion, c'est que l'on trouve souvent en creusant les tombeaux de petites bouteilles en argile rouge, qui ont à peu près la forme de bouteilles à encre, le col est cependant beaucoup plus gros et plus court. Ces bouteilles placées dans les tombeaux des anciens Gaulois, et même, dit-on, dans ceux des premiers chrétiens, étaient remplies d'eau lustrale et par la suite d'eau bénite. Le peuple a conservé le souvenir de cet usage, car il jette dans la fosse le reste de l'eau bénite qui a servi à asperger le corps du défunt.

La chapelle de Sainte-Anne servait de succursale à l'église; elle a été vendue par l'administration du département. Il y avait en outre dans la paroisse, trois chapelles rurales. L'une était à la Vilatte, il n'en reste plus de vestiges; on voit encore les restes de la seconde qui était à Malangui, dans une terre appelée encore La Chapelle. La procession des habitants de Brillac, qui allaient le 15 août à Saint-Junien, faisait une station à cette chapelle. Il paraît que cette procession était l'accomplissement d'un vœu fait dans un temps de mortalité. La procession fut

supprimée par l'évêque de Limoges, qui accorda à la place bénédiction et exposition du Saint-Sacrement dans l'église de Brillac, le 15 août.

La troisième chapelle, qui était à Aulnat, se trouvait en bon état en 1638. On s'y rendait en procession le jour de la Trinité et l'on y donnait l'offrande au peuple.

La fête de la Trinité est célébrée avec pompe dans l'église de Brillac; le curé fait ce jour-là une procession. Il y a grande afluence de peuple. Beaucoup de gens qui n'ont pu assister à la procession du curé, font des processions particulières; ils observent le jeûne avant la cérémonie et dans la journée, pour rendre leur dévotion efficace; ils ne prennent leur repas qu'à l'auberge. Quelquesuns portent sur la tête une nappe en forme de suaire, qu'ils donnent aux pauvres l'année suivante. D'autres, par humiliation, font une quête pour recevoir la charité. Sur le produit de la quête ils paient leur repas et distribuent le reste aux pauvres. Ceux qui ne peuvent se rendre pour faire la procession, envoient huit à dix sous à de vieilles femmes qui font pour eux les stations. Ce jour-là on se fait lire sur la tête un passage de l'évangile par le curé, auquel on fait des offrandes de cire, de laine et d'argent.

Le peuple fait cette dévotion pour être guéri de l'insomnie, de la peur, des fièvres. On y conduit les enfants pour qu'ils soient préservés des convulsions.

Le jour de cette fête réunit à Brillac les domestiques et servantes qui changent de maîtres. Pour indiquer qu'ils sont à louer et le genre d'occupation auquel ils se destinent, les laboureurs portent au chapeau ou à la boutonnière des épis de blé ou des fleurs champêtres; les jardiniers, les domestiques de maison, les cuisinières, se dé

corent de bouquets de roses ou d'autres fleurs de parterre. Deux fontaines étaient en vénération à Brillac. L'une appelée de Saint-Pierre, située au milieu du grand pré ; mais elle sert depuis longtemps d'abreuvoir pour les bestiaux, et la dévotion a cessé.

L'autre fontaine, située dans un pâtural, sous la grange Trichard, était appelée de Saint-Mélise. Le peuple croit que saint Mélise était un berger qui créait des fontaines à volonté en posant son bâton dans l'endroit où il voulait voir l'eau paraître.

Les gens du pays vont le matin faire leur prière devant la fontaine, pour obtenir la guérison de la fièvre tierce. Ils boivent de l'eau de la source et ils guérissent ordinai

rement.

On a remarqué du reste que l'eau des fontaines qui jaillissent au levant, a la propriété de guérir les fièvres intermittentes, lorsqu'on l'a prend à jeun. La fontaine de Saint-Mélise a sa source tournée vers cette partie de l'horizon.

On trouve dans la commune beaucoup de souterrains et de cavernes. Il y en a près de la Vilatte, à Malangui, dans le bois de Puybelard.

Il y a vingt-cinq ou trente ans la voûte du souterrain de la Vilatte s'écroula; on remarqua les traces des ouvrages de la main de l'homme, ce qui fit croire que le souterrain avait été creusé pour servir à la défense du fort qui existait en ce lieu.

Les cavernes de Malangui et Puybelard n'offrent aucune trace de travail: on remarque des sources dans l'intérieur. On peut croire qu'elles ont servi de demeure aux anciens habitants de la contrée dans le temps où les Celtes et les Gaulois n'avaient, au rapport des historiens,

que cet asile contre l'intempérie des saisons et la poursuite de leurs ennemis.

Le village des Hautes-Mesures possédait autrefois un monastère de bénédictines très ancien et bien fortifié. On voit encore les marques des fossés qui l'entouraient. Il fut détruit par un incendie il y a environ cent cinquante ans. L'église principale était dédiée à saint Marc. Les biens du monastère, qui avaient été concédés à l'abbaye de Ligueux en Périgord, ont été vendus dans la révolution.

Le jour de la fête de saint Marc les desservants des paroisses de Champeaux, Brillac et Oradour se rendaient en procession à cette église où l'on officiait; un grand concours de peuple venait invoquer le saint pour être préservé de la colique. Autour de l'église était un très vaste cimetière.

Dans la nef de l'église on voyait une pierre sépulcrale qui est encore sur les lieux. On croit que ce lieu a été nommé les Mesures, parce que l'on conservait dans le trésor du monastère l'étalon des Mesures publiques. Avant la révolution on voyait sous une halle, à la porte de l'église, un boisseau en pierre qui était exactement la mesure de Brillac.

Au nord de Brillac, il existait une maladrerie ou léproserie dont il ne reste aucuns vestiges.

La justice de Brillac était soumise à la coutume de Poitou, mais il y avait un usage particulier d'après lequel la femme, soit noble, soit roturière, ne prenait aucun douaire sur les biens de son mari, s'il n'était convenancé.

Comme cet usage local était contraire à la coutume générale de Poitou, François Meunier, juge de Brillac, représentant Jean de la Cassagne, seigneur du lieu, s'en fit donner acte par les commissaires nommés par le roi

pour procéder à la réformation de la coutume de Poitou, ainsi qu'il résulte de leur procès-verbal du 15 octobre 1559, annexé au texte de la coutume.

Un phénomène digne d'attention se fait remarquer pendant les fortes chaleurs de l'été, lorsque de Brillac on porte ses regards vers un monticule situé dans la commune de Bussières-Beaufils, appelée le roc de Frochet. Un feu phosphorique très brillant et stationnaire paraît sur ce monticule; mais il disparaît lorsqu'on s'en approche.

Douze foires sont établies à Brillac. Le maréchal de Sennectère, ancien seigneur du lieu, avait obtenu des lettres patentes du roi, pour l'établissement de ces foires.

PEINTURE SUR VERRE.

M. Bontemps, directeur de la fabrique de verres et vitraux de Choisy-le-Roi, vient d'adresser au président de la Société, une brochure qui a pour titre: Peinture sur verre au 19e siècle (Paris, 1845, in-8°, de 45 pages), et contient des réflexions sur une question ainsi posée: Les secrets de cet art sont-ils retrouvés?

Nous avons pensé que le résultat des recherches auxquelles l'estimable auteur s'est livré, pour indiquer l'origine, les progrès, la décadence et la renaissance de cette précieuse branche de l'art chrétien, était utile à connaî

!

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