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tard, le 25 juillet 1650, une autre reine-mère, Anne d'Autriche, devait ordonner à son maître des cérémonies de la loger dans la belle maison des seigneurs de Balzac. (Voir la note de la page 31.)

Ces témoignages réunis nous prouveraient donc, si nous ne le savions déjà, que c'est bien dans la maison léguée plus tard aux Carmélites que la famille Guez faisait sa résidence habituelle; et ils nous démontrent aussi jusqu'à l'évidence qu'il ne faut point chercher ailleurs le véritable lieu où naquit l'écrivain qui fit pour la prose française ce que Malherbe venait de faire pour la poésie.

La date de naissance de Balzac se trouve aussi rectifiée par la découverte de son acte de baptême; et puisque cet acte est daté du 1er juin, il n'y a point de témérité à affirmer que notre compatriote vint au monde dans les derniers jours du mois de mai. Néanmoins, si, comme je suis heureux de le proposer à mes honorables collègues de la Société archéologique et historique de la Charente, ils faisaient appliquer une plaque de bronze ou de marbre audessus de la porte d'entrée de la maison de M. Astier, je pense qu'il faudrait se contenter d'y inscrire le chiffre de l'année où naquit Balzac, sans indiquer le quantième du mois (1).

tions de M. Édouard de Livron, aussi ingénieuses que flatteuses pour moi, qu'on ne saurait trop se tenir en garde envers les calomnies, plus ou moins odieuses, soulevées par la haine des partis contre les personnages éminents de toutes les époques.

(1) A ceux qui penseraient qu'à cette époque on ne manquait. pas de faire baptiser un enfant aussitôt qu'il était né, je pourrais répondre que j'ai trouvé, dans les Registres de la paroisse Saint

Voici un passage de notre auteur lui-même, qui vient témoigner en faveur de toutes mes recherches sur la date de sa naissance. Il s'exprime ainsi dans une Lettre ( la VIe du Livre IV) adressée le 12 janvier 1626 à M. l'abbé de Saint-Cyran : « Asseurez-vous, lui dit-il, que ce n'est <«< pas le monde que j'admire; au contraire je ne le re« garde plus que comme celuy qui m'a trompé depuis « vingt-huit ans que j'y suis, et dans lequel je n'ay << presque rien veu faire que du mal et contrefaire le bien.»> De 1626 ôtez 28, et ajoutez-y quelques mois qu'on n'est pas dans l'habitude de compter en pareille circonstance, et vous tomberez juste au milieu de l'année 1597. Ce passage, échappé à Bayle, et mal interprété par M. Sainte-Beuve (Port-Royal, tome II, 1842, in-8°, page 45), ne laisse plus dans notre esprit aucune place à l'incertitude (1).

«

Maintenant que je crois avoir résolu la difficulté relative au lieu et à la date de naissance de Balzac, je franchis d'un seul pas sa vie si glorieuse et si bien remplie, et j'arrive

Paul et même dans les actes relatifs à la famille Guez, plusieurs exemples d'un à deux mois de retard entre le jour de la naissance et celui du baptême.

(1) Dans une autre Lettre (la Ire du Livre XI), datée du 19 août 1658, Balzac dit encore en parlant du monde : « Il y a trente-cinq «< ans que je m'y ennuye et que tout m'y fasche, que je murmure «<et que je crie contre luy. » Il faut remarquer ici que l'auteur n'écrit pas que j'y suis, comme dans le passage cité plus haut, mais bien que je m'y ennuye; ce qui signifie simplement qu'il avait déjà éprouvé quelques-unes des contrariétés de la vie au sortir de sa première enfance, c'est-à-dire vers 1603, à l'âge de six ans.

en 1654, à l'époque de sa mort, sur laquelle Bayle a commis encore une légère erreur. Se fondant sur un passage de la Préface des OEuvres de notre écrivain, par l'abbé Cassagnes, où il est dit par erreur que la Relation de la mort de Mr de Balzac, due à l'avocat Moriscet et datée du 19 février 1654, avait été écrite dès le lendemain de cette mort, le savant auteur du Dictionnaire historique et critique en avait conclu que Balzac était décédé le 18 février; mais je vais produire deux témoignages qui prouvent qu'il mourut dix jours auparavant.

Je trouve le premier dans une transaction, que j'ai déjà eu l'occasion de mentionner plus haut (voir la Note 1 de la page 25), passée le 6 mars 1654 entre François Guez et Anne Guez, dame de Campaignolles, pour régler la succession de leur frère qui venait de mourir. Voici ce qu'on y lit : « Ledict seigneur de Balzac estant décédé en <«< cette ville, en la maison de ladicte dame de Campagno « (sic), le huitiesme de febvrier de la présente année, << etc.....>> Ce passage ne rectifie pas seulement la date présentée par Bayle; il nous prouve aussi qu'on a eu tort d'avancer, en quelques écrits, que notre compatriote mourut au château de Balzac qu'il n'habitait plus depuis la mort de son père, ou dans l'appartement qu'il s'était fait construire au couvent des Capucins, où il ne séjournait que rarement depuis la publication de son Socrate chrestien. Quant à la maison de Mma de Campaignolles, où Balzac, souffrant depuis longtemps, s'était fait transporter dans les derniers mois de sa maladie, et où il expira le 8 janvier 1654, tout ce qu'il m'est possible de certifier, après de longues et inutiles recherches, c'est qu'elle était située dans la paroisse Saint-Paul, dont les Registres contiennent tous les actes de baptême de la

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famille Patras de Campaignolles; et qu'une écurie, qui appartenait à cette dame, mais qui n'était peut-être pas une partie attenante de sa maison, touchait les dépendances du logis de Guillaume Guez, du côté de la rue appelée aujourd'hui des Arceaux, comme on peut s'en assurer par les confrontations, désignées dans l'acte d'aveu du 27 janvier 1644, et ci-dessus transcrites. (Voir à la page 21.)

Le second témoignage que j'oppose à la date du 18 février, adoptée par Bayle pour le décès de Balzac, est celui-ci que je copie dans un Registre des délibérations de l'Hôtel-Dieu Notre-Dame-des-Anges, au recto du feuillet 18.

« Du IX febvrier 1634, Assemblée extraordinaire.

« A comparu vénérable personne Claude Girard, archi« diacre en l'église cathédrale d'Ange (1), lequel a re

(1) Claude Girard, d'abord official de la cathédrale, devint archidiacre en 1652, et mourut avant le 2 septembre 1663, époque où André Nesmond lui succéda (Gallia christ., tom. II, col. 1026). Girard était l'un des plus intimes amis de Balzac, dont il publia les Lettres familières à Chapelain, les Lettres à Conrart et les Entretiens, après la mort de l'auteur, avec des Épistres dédica– toires. Celle qui précède les Entretiens, adressée au marquis de Montausier, pleine de renseignements précieux sur notre Balzac, a été désignée par erreur comme une Vie de ce dernier (Biogr. univ., art. G. Girard.) Ce serait aussi à Claude Girard qu'il faudrait attribuer la lettre singulière qui nous a été transmise par Tallemant des Réaux (Historiettes, art. Balzac).

Tous les biographes, ainsi que M. Monmerqué, éditeur de Tallemant des Réaux, et à leur suite tous les écrivains de notre province, anciens et nouveaux, ont confondu, en n'en faisant qu'un seul personnage, l'archidiacre Claude Girard, auteur des écrits

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» monstré que Mr Jean-Louis de Guez, seigneur de Bal« lezac, historiographe du roy, luy a tesmoigné dans les « entretiens qu'il eus avecq luy, durant la maladie de <«< laquelle il est décédé, qu'il désiroit estre inhumé dans << le prés' hospital, et qu'il a fait la mesme déclaration au <<< directeur de sa conscience le révérend père Simon, jé<«< suiste, et les a suppliés de le vouloir faire savoir à Mes«< sieurs les Directeurs dudit hospital et les prier de l'avoir agréable et permettre que sa fosse fût faite au devant la chapelle dudit hospital.

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« Sur quoy, l'affaire mize en délibération, il a esté ar<< resté d'une commune voix que le corps dudit seigneur

que je viens de mentionner, avec Guillaume Girard, son frère, auteur 1° de l'Histoire de la vie du duc d'Espernon, dont il avait été le secrétaire (Paris, 1655, in-fol. et autres éditions); 2o de l'Apologie ou défense de M. le duc de Beaufort, contre la cour, la noblesse et le peuple, souvent imprimée à la suite des Mémoires du duc de La Rochefoucauld et dans les OEuvres de Saint-Evremond; 3o et de la traduction de La Guide des pécheurs, du dominicain espagnol Louis de Grenade (Paris, 1658, in-8°, et autres éditions). On prétend que la suite de la traduction des OEuvres de Louis de Grenade, publiée sous le nom de Girard, est due à un oratorien nommé Jacques Talon. Guillaume Girard n'a jamais été archidiacre d'Angoulême, puisqu'il demeurait ordinairement à Bordeaux, et qu'il n'est pas certain qu'il fût ecclésiastique. J'ignore l'époque de sa mort qu'on a placée à tort en 1663, date de celle de son frère. Balzac lui a adressé plusieurs Lettres, ainsi qu'à Claude Girard.

Ils avaient un autre frère, nommé Michel et connu sous le nom d'abbé de Verteuil; il est auteur de trois Dialogues entre deux paroissiens de Saint-Hilaire-du-Mont sur les ordonnances de quelques évêques contre la traduction du Nouveau Testament de Mons, 1667-68, in-4o et in-12.

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