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let 15, c'est-à-dire entre le 23 avril 1596 et le 15 février 1597).

Je copie l'acte textuellement, avec toutes ses incorrections :

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« Le jour et feste de la très saincte et indiuidue Tri« nité, 1o jour de juing, an 1597, en l'esglize parro<«< chialle de St-Paul d'Engoulesme a esté baptizé Jehan Gay (on lit en marge Gues), fils de noble homme Guil<«< laume Gay et de damoyselle Marie Nesmond, sa femme; <«<et a esté son parin monseigneur Jehan-Loys de La Va<«<lette, cheuallier du S-Esprit, duc d'Espernon, pair de <«< France, lieutenant pour le roy des païs d'Engoumoys et S-Onge, païs d'Onis et du hault et bas païs de Lymou«<zin, et sa marine damoyselle..... mère dud.

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seigneur d'Espernon; et a tenu, au lieu de lad. damoy« selle.............. madame de Rouilhat, sa fille. » L'acte est sans signature, avec quelques ratures; le nom de Guez est écrit Gay, parce qu'on prononçait ainsi; et on a laissé deux espaces blancs pour inscrire le nom de la marraine. Cette lacune est facile à remplir: on sait en effet que la mère du duc d'Espernon était Jeanne de Saint-Lari, qui avait épousé, par contrat du 15 septembre 1551, Jean Nogaret, duc de La Valette; elle était sœur du célèbre maréchal de France Roger de Saint-Lari, seigneur de Bellegarde, et elle mourut le 9 avril 1611. Quant à Madame de Rouillac, qui tint le nouveau né sur les fonds de baptême, aux lieu et place de la vieille dame de La Valette, c'était Hélène Nogaret, sœur du duc d'Espernon, mariée en 1582 (selon d'autres en 1585) à Jacques Goth, marquis de Rouillac, grand sénéchal de Guyenne. Je ferai remarquer aussi que, dans l'acte de baptême, le prénom de l'enfant est écrit par erreur Jean,

au lieu de Jean-Louis qui était celui de son puissant parrain. Aussi Balzac n'a-t-il point eu égard à cette négligence du curé barbouilleur, et a-t-il toujours revendiqué le prénom de Jean-Louis, dont l'origine aurait suffi pour lui assurer une haute protection, quand bien même il n'aurait pas dû cette faveur aux services signalés que Guillaume Guez, son père, avait rendus au duc d'Espernon, en plusieurs circonstances difficiles et même périlleuses. (Voir l'Hist. de la Vie du duc d'Espernon, par Girard, Paris, 1655, in-fol., et autres édit., aux années 1588 et 1596).

Plus loin, dans le même Registre, au recto du feuillet 19, je trouve l'acte de baptême du frère de Balzac, de François Guez, d'abord seigneur de Roussines et depuis seigneur de Balzac, comme je l'ai dit plus haut. Cet acte est ainsi conçu :

« Du quatorzièe jour de septembre 1598, a esté bap<< tizé Franc Guez, fils de Guillaume Guez et Marie Nes«< mond, à l'esglize de Sainct-Pol. A esté son parrain <«< Mr Francs Nesmond, lieuten général au siége prési« dial d'Ange et dame Charlote Januier, femme de mon<«< sieur le président Nesmond, sa marraine, - par moy « curé soubzu. »

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Cette fois l'acte est en règle et sans rature, et le nom de Guez y conserve son orthographe. On s'aperçoit facilement que la paroisse a changé de curé.

(1) Voir le fac-simile de cette signature, au Tableau généalogique. Guillaume Guez avait alors 45 ans.

Il me serait impossible pour le moment de donner des renseignements bien positifs sur Marie Nesmond, femme de Guillaume Guez; j'ai néanmoins plusieurs bonnes raisons de croire qu'elle était fille de François Nesmond, lieutenant-général au siége présidial d'Angoulême et échevin de la Commune, qui remplit ici les fonctions de parrain. La généalogie des Nesmond, insérée dans le tome X du Dictionnaire de la Noblesse de La ChenayeDesbois (Paris, 1770-86, 15 vol. in-4°), est loin de nous éclaircir ce fait; j'ai déjà eu l'occasion de faire remarquer (Bulletin de la Soc. arch. et hist. de la Charente, année 1845, pag. 98) que l'auteur avait cherché à esquiver tout ce qui pouvait rattacher à notre cité l'origine de cette honorable et illustre famille (1).

(1) L'autre Nesmond, mari de Charlotte Janvier, dont il est pa rlé dans l'acte de baptême de François Guez, était François Nesmond, conseiller au grand Conseil et deuxième président au Parlement de Bordeaux, reçu échevin de la Commune d'Angoulême, le 17 février 1572, à la prière de son frère le lieutenant-général au siége présidial, sans tirer à conséquence. (Voir les Noms et ordre des Maires, par I. Sanson, Angoulême, 1651, in-4°.) Il ne faut pas le confondre avec plusieurs autres présidents sortis de la même famille, et notamment avec François-Théodore Nesmond, son petit-fils, président à mortier du Parlement de Paris, mort en novembre 1664, à l'âge de 66 ans, que Balzac appelle dans ses lettres monsieur mon cousin. Deux des petits-fils de François-Théodore acquirent une grande célébrité : André, lieutenant-général des armées navales, illustre par son expédition sur Carthagène en 1697, et mort sans enfants mâles, à la veille de recevoir le bâton de maréchal de France; et Henri, successivement évêque de Montauban et archevêque d'Albi et de Toulouse, reçu en 1710 à l'Académie française, à la place de Fléchier, et mort en juin 1727. En eux s'éteignit cette branche glorieuse de la famille.

On trouve encore, dans les Registres de la même paroisse, une foule d'actes relatifs aux descendants de Guillaume Guez, dont j'ai recueilli la substance dans le Tableau généalogique qui accompagne mon travail. L'un des plus intéressants est sans doute l'acte de baptême de M1le de Campagno (ou Campaignolles), nièce de Balzac. Je le transcris en entier d'après le feuillet 13 d'un Papier baptistaire de l'église de Saint-Paul :

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« Le dimanche XXI du mois de juillet mil six cent dix « neuf, la reyne mère du roy Louys XIII estant enla pré<< sente ville d'Angolesme et en la maison de monsieur de Guez, sieur de Ballezac et de Roussine, en la paroisse de <«< St-Paul, eust agréable de porter en propre personne sur « les fonds de baptesme la fille de monsieur de Campagno « (sic), capitaine d'une compagnie au régiment des Gardes « du roy, mary de dame Anne de Guez, fille dud. sieur de « Guez et de Marie de Nesmond, et luy donna nom Marie. « Monseigneur le duc d'Espernon, pair et colonel-géné «ral de France, gouverneur et lieutenant-général pour « le roy ès pays d'Angoumois, Xainctonge et Limouzin, <«< fut par lad. dame reyne esleu pour son compère et par<«<< rin de la susdicte Marie. La cérémonie fut faicte en <«< l'église dud. Sainct-Paul par réuérend père en Dieu mes<«< sire Antoyne de La Rochefoucauld, éuesque de lad. <«< ville d'Angolesme. F présent grande quantité de no<«< blesse et les grands père et mère de lad. Marie, qui «< ont signé les présentes auecq moy pre et curé de lad. « église. »>

Signé : « GUEZ,—M. NESMOND, - Dumergue, curé.» Bayle (Dict. hist. et crit., art. Balzac) nous avait dit en effet, d'après le témoignage de Pierre de Saint-Romuald (Thrésor chron. et hist., Paris, 1642-47,3 vol. in-fol.),

que la maison de Guillaume Guez « étoit embellie et enrichie « de raretez si exquises, particulièrement pour les ta« bleaux et autres enjolivements, que la reine-mère, « Marie de Médicis, ne voulut loger que là, pendant son « séjour d'Angoulême. » On sait que la mère de Louis XIII avait été conduite dans notre ville par le duc d'Espernon qui avait favorisé son évasion du château de Blois. Elle demeura à Angoulême depuis le 1er mars 1619, jusqu'au 27 août de la même année (1). Trente-et-un ans plus

(1) M. Édouard de Livron, propriétaire de la maison désignée dans la note de la page 31, m'a adressé une Lettre, relative à mes Recherches sur Balzac, qui a été lue dans la séance du 6 mars 1846 de la Société archéologique et historique de la Charente, et dont je m'empresse de reproduire le passage suivant « ....... C'est « encore à vos patientes études, monsieur, que l'on doit de savoir « que la famille de Ravaillac, dont il nous faut accepter aussi l'in« fame célébrité, habitait dans la rue des Arceaux. (Voir plus haut << la note de la page 22.) Vous avez donc ainsi, probablement « sans l'avoir cherché, jeté un nouveau trait de lumière sur notre <«< histoire. Sans exagérer la portée de ce fait archéologique, on peut << en effet se demander comment Marie de Médicis, fuyant sous la « protection du duc d'Espernon, au lieu de s'installer au Château, <«< choisit pour se loger, de préférence et par goût, la maison de Bal« zac, porte à porte et à deux pas de celle qu'avait habitée l'assas«< sin de son royal époux. Et cependant les ennemis de Marie l'a«< vaient déjà hautement soupçonnée, elle et son favori-protecteur, «< de n'avoir pas ignoré le projet d'assassinat avant qu'il ne fût con<< sommé. C'est à peine si quelques années s'étaient alors écoulées << depuis cet évènement, et l'on ne peut admettre que la circons<«<tance de cet odieux voisinage soit restée inconnue à Marie, du« rant tout son séjour à Angoulême. Plus tard l'histoire profitera de «< ce curieux renseignement, et c'est à vous, monsieur, qu'elle en « rapportera tout l'honneur........ » Je répondrai seulement aux induc

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