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n'omettre aucune des cinq conditions fondamentales ciaprès, formulées sommairement :

1° Reproducteurs convenablement choisis, bien appareillés et surtout pourvus d'un bon sang;

2o Alimentation substantielle intelligemment distribuée suivant l'âge et sans intermittence;

3o Air pur et lumière;

4o Exercices en liberté dans des parcs, possibles à créer presque partout;

5° Soins de l'homme pour familiariser l'élève, le dresser, l'assouplir et le faire obéir, en insistant surtout sur une grande douceur envers ces jeunes élèves, véritable base de leur éducation et de la direction de leur caractère.

L'auteur a bien touché une partie importante de ces divers principes; mais d'une manière trop diffuse. Il faut plus de clarté et d'énergie pour inculquer la conviction et chasser l'indifférence, l'apathie et les errements défectueux. En effet, l'une quelconque de ces cinq bases venant à manquer ou à être négligée, le bénéfice des autres échoue complètement. Le produit d'un étalon distingué, par exemple, fait mentir son père s'il a une mauvaise mère, s'il est mal nourri, mal dirigé, attaché comme un esclave, sans air pur et sans lumière pendant sa jeunesse. Il est regrettable de l'avouer, c'est cependant ainsi que les trois quarts de nos jeunes chevaux sont gouvernés, ou, pour dire plus juste, c'est ainsi qu'ils sont abandonnés.

D'ailleurs, il en est de ces principes élémentaires en matière d'élevage, comme des corps qui entrent dans la composition des mixtes, ou des éléments dans les combinaisons chimiques: une petite partie, un atôme ou une molécule en moins suffit pour faire manquer l'opération et dénaturer le produit cherché.

On a grand tort de ne pas insister sur ces données pratiques; c'est pour les avoir trop méconnues que nous n'avons pas le culte du cheval; que sa production est si négligée chez nous, et que beaucoup de censures et de critiques ont été produites contre l'administration des haras, dont le rôle se borne seulement à fournir l'étalon et à distribuer quelques primes; hors de là, le reste est le plus souvent livré au hasard, et on pourrait dire à l'ignorance, aux préjugés et à la routine.

Ici nous demanderons qu'il nous soit permis d'exprimer un desiderata: c'est que l'administration des haras, composée de fonctionnaires spéciaux et compétents, qui a pour devoir et pour mission de produire, de multiplier et d'améliorer le cheval, soit chargée de provoquer, par voie de concours, et, au besoin, de rédiger elle-même, pour les répandre, des instructions ou manuels populaires appropriés aux diverses localités. Ces manuels seraient, par ses soins, distribués aux propriétaires de chaque jument saillie par les reproducteurs de l'Etat. Cette administration le peut d'autant mieux qu'elle centralise tous les renseignements; qu'elle est éclairée sur tous les intérêts, sur la diversité des climats et des ressources de toutes les contrées; elle sait, en outre, que la race chevaline, dans chaque localité, a ses conditions spéciales d'existence et de prospérité.

L'élevage du cheval doit donc être subordonné, en Champagne surtout, non-seulement à l'expérience, mais aussi à des connaissances particulières et à une instruction qui manque sur cette matière.

Si la culture des terres les moins fécondes exige plus d'intelligence, de peine, de soins et d'attention que celle des sols plus favorisés, il en est de même de l'industrie chevaline dans des localités dépourvues d'herbages naturels. Elle demande, en effet, à y être dirigée d'une façon plus spéciale

et toute différente des méthodes suivies en Normandie, en Bretagne et en Afrique, par exemple, où le rôle principal est dévolu à la nature.

L'architecte ne peut ériger un monument sans s'être assuré du concours d'ouvriers habiles. De même aussi, l'établissement des haras, ce grand ingénieur de l'œuvre équestre, n'atteindra son but que quand il aura formé des ouvriers éleveurs, suffisamment instruits et assez éclairés pour créer et manipuler la matière.

Votre commission, Messieurs, en vous soumettant ces réflexions, un peu étrangères peut-être à l'étude du mémoire que vous lui avez renvoyé, n'obéit qu'à un sentiment, celui de jeter quelque lumière sur une des branches de l'industrie agricole, dans laquelle notre département pourrait trouver de nouveaux éléments de prospérité.

Nous terminerons en faisant remarquer que le mémoire a négligé certains points fort intéressants cependant à faire connaître, tels, par exemple, le prix de revient d'un poulain à sa naissance, à un mois, à deux mois, à trois mois, au sevrage, à un an, à deux ans, et passé cet âge, alors qu'il devient cheval de trait en état de gagner sa nourriture.

Ce petit compte, basé sur la valeur des produits alimenlaires, sur les accidents, les non-valeurs, etc., est le seul capable de guider et d'éclairer les opérations économiques, d'indiquer à quelles époques il y a profit réel à vendre le produit de l'élevage. Il importe surtout de faire comprendre l'extrême importance de viser toujours à un sujet de valeur de 800 à 1,000 fr., qui ne coûte pas plus à élever qu'un autre qui atteint à peine 3 ou 400 fr.

C'est dans ces diverses conditions que peut se trouver toute l'économie de l'élevage du cheval.

A part les remarques qui ont donné lieu à nos réflexions

et à nos annotations, le mémoire est bon, les questions de votre deuxième concours y sont assez bien étudiées; probablement il aurait été plus complet si votre pensée eût été mieux saisie et mieux comprise.

Votre commission pense donc, Messieurs, que le résultat que vous espériez n'est pas atteint et que le prix ne doit pas être décerné ; mais elle vous propose d'accorder à l'auteur une médaille d'argent à titre d'encouragement, en l'invitant à poursuivre cette étude dans un sens plus démonstratif, plus pratique et plus approprié au département.

PRÉSENTÉ PAR M. T.-P. BRISSON

SUR LES

LICHENS DE LA MARNE

LICHENS, A.

INTRODUCTION.

Les anciens naturalistes ont donné peu d'attention à ces plantes, qui n'étaient pour eux, comme les champignons, que l'excrèment ou le limon de la terre ; mais ce limon joue un rôle important dans l'économie de la nature. On peut dire que les lichens ont été avec les mousses les premiers défricheurs du sol, ou plutôt qu'ils ont créé le sol lui-même sur les grandes masses minérales du globe. C'est de leur détritus que se forme encore aujourd'hui, sur les rochers les plus arides, la première couche d'humus ou de terreau, dans lequel ne tardent pas à s'enraciner des plantes d'un ordre plus élevé, dont les débris, s'accumulant pendant des siècles, forment à la longue un sol capable de soutenir et d'alimenter les plus grands végétaux.

Il faut parcourir le Genera Plantarum de Micheli (1729), le Genera Plantarum de Linné (1743), pour rencontrer les premières analyses de la fructification (1). Dickson (1785),

(1) Micheli et Linné désignaient sous le nom d'organes mâles les apothécies, et d'organes femelles les sorédies.

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