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« Monsieur le Maire,

Messieurs,

« L'accueil que vous faites à l'Association Normande, les paroles que vous venez de prononcer, nous touchent profondément. Ces sentiments sont d'autant plus vifs que celui qui nous reçoit ainsi connaît déjà notre Société, pour l'avoir vue à l'œuvre il y a trente années.

« C'est une particulière bonne fortune pour nous de retrouver à la tête de la municipalité de Bayeux M. Delmas, qui, au nom du Gouvernement qu'il représentait alors, nous avait déjà naguère si gracieusement accueillis, et je puis l'assurer que sa présence à la tête de la municipalité de Bayeux n'a pas été étrangère au choix de cette ville par le Comité de notre Société, lorsqu'il a fallu désigner la localité où se tiendrait notre Congrès annuel.

« Messieurs, comme vous le disait tout à l'heure M. le Maire, ce n'est pas en effet la première fois que nous venons à Bayeux. Il y a longtemps déjà, l'Association Normande se réunissait au milieu de vous. Elle avait à sa tête un homme éminent, son fondateur, Arcisse de Caumont, qui a parmi vous droit de cité. Dans toute la force de la vie et de l'intelligence, de Caumont présida le Congrès de Bayeux comme il savait le faire, avec l'autorité que donne l'érudition la plus sûre, avec les aperçus profonds qu'apporte le génie.

<< Plus tard, il y a trente ans, l'Association Normande revenait ici. Il s'agissait pour elle non seulement de tenir son Congrès annuel, mais aussi et surtout de

rendre à de Caumont disparu un suprême hommage en inaugurant la statue qui reste témoin immuable, redisant aux générations futures ce que fut le maître.

« Les séances du Congrès étaient alors présidées par M. de Glanville, savant aimable, qui resta des nôtres jusqu'à l'extrême vieillesse et dont le nom est synonyme de bienveillance et de science.

« Et, de nouveau, voici à Bayeux l'Association Normande, les hommes qui la dirigent ne sont pas les mêmes, hélas! Vous ne trouverez plus les savants d'antan et cependant l'œuvre subsiste parce qu'elle est bonne et que son fondateur avait su lui donner une puissante vitalité. Aussi est-ce avec confiance que nous commençons ce Congrès, assurés que nous sommes de votre sympathie à tous et en particulier de celle de la Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Bayeux, que je suis heureux de saluer dans la personne de son distingué président ».

Après quelques moments d'entretien, les membres de l'Association Normande passent dans la salle des mariages où un bureau a été préparé pour la première séance. M. de Longuemare prononce alors les paroles

suivantes :

« Messieurs,

་ Selon la tradition que nous a léguée notre fondateur, nous allons commencer nos travaux. Ces réunions ne seront pas marquées par des joutes oratoires, nous agissons plus simplement et le nom d'enquête convient

bien à ce que nous voulons faire. Nos questions s'adressent à tous et à chacun; nous sollicitons les leçons de l'expérience. Écoutant beaucoup, discourant peu nousmêmes, nous réunirons dans un volume le résultat de ces séances, de ce qui sera votre œuvre à vous, Messieurs; et ce sera pour 1907 l'Annuaire de l'Association Normande, cet Annuaire dont on veut bien chaque année nous dire l'intérêt et dont voici le 73° volume.

« J'ai, avant de vous donner la parole, Messieurs, un devoir à remplir, celui d'excuser notre très aimé directeur M. le comte de Vigneral, membre du Conseil supérieur des haras. L'état de sa santé le retient loin d'ici, vous y perdrez beaucoup, et c'est peu je le sens penser qu'il est de cœur avec nous.

que

de

« Je déclare ouvert le 74o Congrès de l'Association Normande et je prie M. le Maire de Bayeux de bien vouloir prendre la présidence ».

Aux côtés de M. Delmas, M. de Longuemare fait asseoir M. Joret-Desclosières, président de la Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Bayeux, MM. de Courson et Garnier, adjoints. Nous remarquons dans la salle MM. Anquetil, inspecteur de l'arrondissement de Bayeux, Angérard, Foulon, Bénard, inspecteurs de l'Association, de Vaucelles et Canivet, conseillers généraux de l'Orne, également inspecteurs, Bataille, trésorier, Ravenel, du Manoir, Énouf, Hue, de Gomiecourt, M. le curé de Commes, Verdier, Étienne, Michel, etc. MM. Pochon et Dubourg, secrétaires, rédigent les procès-verbaux.

M. de Longuemare exprime les regrets de MM. le

baron Gérard, député, qu'un deuil cruel éloigne de nous, et présente les excuses de MM. Lefèvre-Pontalis, Travers, Boulet, etc.

Après un échange d'observations entre les membres de l'Association au sujet du règlement des travaux, M. Dubourg, conseiller d'arrondissement, secrétaire de l'Association, donne lecture d'un travail de M. Marie, instituteur à Canchy, sur l'historique de

cette commune.

La séance est levée et renvoyée à 8 heures du soir.

Les congressistes se rendent ensuite dans les salles du Musée Gérard. Sous la conduite de M. Delmas et de M. Verdier, conservateur du musée, ils admirent longuement les chefs-d'œuvre réunis presque tous dans ces salles, grâce à la libéralité d'un bienfaiteur insigne de l'arrondissement, et ceux qui voient ce musée pour la première fois ne cachent pas leur étonnement qu'une petite ville comme Bayeux puisse posséder une si admirable collection.

L'excellent conservateur, M. Verdier, reçoit des félicitations unanimes pour le soin avec lequel sont classés et mis en valeur les tableaux dont il a la garde. Après la visite du musée, les congressistes, suivant leur programme, se rendent aux divers établissements industriels de la ville de Bayeux.

Visite à la Manufacture de Porcelaine de Bayeux.

Le premier établissement industriel bayeusain visité par l'Association Normande fut la manufacture de porcelaine, dirigée par MM. Morlent frères, dont la maison de vente est à Paris, passage des Petites-Écuries, no 20.

Cette porcelaine, on le sait, se distingue entre toutes par l'importante qualité de résister à l'action du feu, sans se casser. Cette éminente propriété n'exclut pas le luxe et l'élégance empruntés aux arts décoratifs de la plastique, du dessin et de la peinture; Bayeux a fait des vases de luxe, voire même pastiché la Chine et le Japon, mais sa spécialité est ailleurs, surtout maintenant où elle trône sans conteste dans les différents laboratoires scientifiques.

Nous ne rééditerons pas ici l'article consacré à la porcelaine de Bayeux dans le tome XLIII de nos Mémoires, à propos de la visite qu'y firent nos aînés en 1876, l'année de l'érection de la statue de M. de Caumont, dans le square de l'hôtel de ville de cette cité. Nous y renverrons tout simplement le lecteur.

En saluant la mémoire des directeurs successifs de la manufacture de porcelaine fabriquée avec le kaolin des Pieux Le Tellier de la Bertinière, un bayeusain; Le Masson, un enfant des Pieux; Pelouze, le père du célèbre chimiste; Joachim Langlois, maire de Caen aux temps difficiles de la Révolution et qui transporta

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