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4 JOURNÉE, SAMEDI 21 JUILLET

Concours agricole.

Le concours agricole extraordinaire, organisé à Bayeux, sous les auspices de l'Association Normande, avec la participation et l'aide de l'Etat et de donateurs généreux, a obtenu samedi le plus vif succès.

S'adressant à l'agriculture de tout le Bessin, l'Association Normande, par son ancienne et haute renommée, par la libéralité de ses dons, a réussi à attirer dans notre ville l'élite des cultivateurs de l'arrondissement et de la Normandie.

Un grand nombre d'entre eux, convoyant leurs animaux ou produits, tous meilleurs fruits de leur travail, réalisaient dans un remarquable ensemble, superbement encadré par la place du Château, une exposition agricole véritablement réussie.

Le concours des bovidés a groupé un lot de taureaux et taurillons qui a retenu particulièrement l'attention des connaisseurs. Les meilleurs spécimens de la race normande, ceux dans la filiation desquels repose l'avenir de la race, se sont ainsi trouvés là, rendant particulièrement délicate et ardue la tâche du jury chargé de les classer, et sans la générosité du baron Gérard, député de l'arrondissement, il eût été impossible de récompenser comme ils le méritaient les animaux exposés.

Dans la catégorie des vaches laitières et des jeunes bovidés, la sélection paraissait être moins difficile à réaliser, et, à part le nombre respectable de têtes, il semblait que la moyenne qualitative fût assez ordinaire, sauf les numéros réalisant les premiers prix.

Plus encore dans les petites catégories, moutons et porcs, l'amenée a été faible et la lutte pour l'attribution des prix, facile.

Mais, de l'avis unanime des amateurs et du grand public, sans la présence duquel les meilleurs concours ne sont rien, ce qui a rehaussé le plus l'exposition, c'est la catégorie des machines agricoles.

Toute l'extrémité ouest de la place, cette partie aux frais ombrages, si goûtée des Bayeusains aux jours d'accablante chaleur, était couverte d'instruments les plus divers; on trouvait là l'humble bêche et aussi la moissonneuse-lieuse, nec plus ultra du progrès de la mécanique agraire. Et entre ces deux extrêmes, toutes les machines et outils travaillant le sol, les engrais, la préparation des récoltes et les moissons elles-mêmes.

7 maisons, renommées déjà par leurs antécédents et leurs succès passés, briguaient chez nous les récompenses nouvelles.

C'étaient MM. Lacroix, de Caen, avec ses loco-batteuses (batteuses avec moteur à pétrole adhérent et formant une seule machine), et ses batteuses, plan incliné mobile, mises en action par le seul poids d'un cheval.

M. Mayfarth, avec un lot de machines remarquables, notamment un semoir en lignes irréprochables de solidité et de fonctionnement.

M. Youf, avec ses tarares cribleurs et trieurs de grains, maintenant si appréciés dans la région.

MM. Auvray et Durand, d'Isigny, dont les barattes, particulièrement estimées de nos fermières, ne comptent plus les récompenses acquises de longue date dans tous les concours de la Basse-Normandie.

M. Passard, à Saint-Vigor-le-Grand, exposait ses charrues, fabriquées avec un soin et un fini qui lui méritent les félicitations d'un jury, pourtant prédisposé à accorder ses préférences à des instruments plus conformes aux progrès de la mécanique rurale (charrues en fer et brabants doubles). Il est vrai de dire que celles-ci ne sauraient, dans bien des cas, remplacer avantageusement chez nous, les charrues plus simples et si économiques de M. Passard qui font merveille dans nos terres du Bessin.

Après vient la section des exposants représentants des grandes marques de machines.

Un bayeusain, M. Manoury, selon l'excellente habitude que son expérience et la valeur de son matériel lui ont depuis longtemps fait acquérir, tient le record en fait d'organisation d'ensemble. Remarqué spécialement son lot complet d'instruments aratoires Amyot et de faucheuses Bamlett, un peu lourdes, mais combien solides! Moissonneuses, moissonneuses-lieuses Albion. Digne de retenir aussi l'attention des intéressés, la section des écrémeuses Tubular animées par l'excellent petit moteur Lacroix. Somme toute, ensemble tout à fait réussi.

MM. Le Duc et Carrère, qui se partagent ensuite également les suffrages du jury, ont installé eux aussi une remarquable exposition. Comme dans la précé

dente, les meilleures marques s'y groupent dans un ordre parfait moisonneuses et moisonneuses-lieuses Deering et Mac-Cormick, munies de nouveaux appareils de relevage d'épis, qui permettent à ces engins de faire un travail convenable même dans les moissons versées et tournées. Nous n'insistons pas sur les instruments de fenaison : faneuses et râteaux à cheval, qui sont des machines parvenues pour ainsi dire à l'apogée du perfectionnement.

En annexe, M. Lagnel exposait ses excellentes auges, bacs, réservoirs et barrières, en ciment armé d'acier de première trempe qui donne à son matériel une grande solidité sous le volume le plus réduit et la forme la moins lourde.

En résumé, nous dirons que jamais pareil ensemble de machines agricoles n'avait été exposé à Bayeux. Le succès de cette exhibition a été considérable et nous pouvons affirmer, sans crainte d'opinions contraires, qu'elle a été le « great attraction » du concours de Bayeux, par l'action captivante et le vif intérêt de légitime curiosité qu'elle a soulevée de la part du nombreux public qui l'a parcourue, étudiée et admirée dans tous les sens.

Nous devons également citer les excellents cidres et eaux-de vie exposés par MM. Mahieu, de Trévières, et Dethan, de Monfréville, les deux champions français de la boisson normande dans nos grands concours nationaux.

A signaler aussi quelques beaux spécimens de volailles amenés aux halles de Bayeux,

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