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Pendant la grande Révolution, l'Etat s'était emparé du domaine curial, fort peu considérable;

1o Un presbytère peu solide, dont un pan de muraille se voit encore, servant de clôture à un herbage du Manoir;

2o Une pièce de terre en labour, appelée le Pot-Cassé, valant 51 francs de revenu en 1795, d'après le procèsverbal d'état du contribuable;

3o Une pièce en pâturage, appelée l'Aumône, estimée 38 fr. 10, d'après ce même document;

4° Un bout de champ valant 3 francs, donné à l'église pour qu'on y chante les litanies de la sainte Vierge, après les vêpres de l'Assomption, de la Conception, de la Purification et de l'Annonciation.

Un bout de maison, sise route de Saint-Lo à la Folie, avait été donné en 1661, par Richard Hébert, pour la célébration de messes à notes; mais ce bout fut fieffé moyennant 20 sols de rente et une poule.

Biens de pauvre sans doute, mais biens suffisant aux frais de culte et d'entretien de l'église en des temps où l'on faisait beaucoup de travail avec peu d'argent; pour preuve, les archives locales nous apprennent que, « le 8 janvier 1762, le lambris de la nef est terminé après 99 jours d'hommes et une dépense de 300 francs pour bois, poutrelles, ferrures, paiement et nourriture des ouvriers ».

Indignement dépouillée comme tant d'autres, cette église resta sans pasteur... Nous avons retrouvé les actes de baptême et de mariage faits en 1795 et 1796, dans des maisons particulières, « par Jean-BaptisteFrançois Guernier, prestre de la Vacquerie, après

avoir été autorisé par ses légitimes supérieurs ecclésiastiques pour les fonctions du saint ministère dans l'étendue du diocèse de Bayeux, pendant le temps du schisme et de la persécution en France ». Heureux encore ceux-là qui eurent le courage de recourir à son ministère !...

La chapelle Saint-Hubert.

Les paroissiens de l'Épiney-Tesson qui habitaient (à 5 kilomètres de leur église) les terres de la Trouerie, l'Hôtel-Mahias et le Moulin du Pré, se réunissaient dans la chapelle Saint-Hubert du Pray. On montre encore les appartements du chapelain à la Trouerie. L'antique oratoire se voit, à mi-côte, dans le pittoresque vallon de l'Elle. Deux ifs étendent leurs noirs rameaux sur le cimetière qui l'entourait, à droite et à gauche d'un modeste campanile formé de deux ogives avec oculus surélevé. Les fraisiers des bois et autres graminées qui envahissent les murs, laissent apercevoir l'arcature trilobée en pierre blanche des fenêtres du nord et de l'est. Un jeune if, qui atteint presque 2 mètres de hauteur, s'est crânement planté au haut d'un contrefort. A l'intérieur, on remarque un tableau, assez bien conservé, représentant saint Martin, patron de l'Épiney-Tesson, l'autel formé d'une large pierre bleue et les armoiries seigneuriales.

Dans cette chapelle furent inhumés, le 20 juin 1675, Messire Pierre Hüe, écuyer, seigneur du Pray et de Saint-Marcouf, prêtre, chancelier, puis archidiacre de Rouen; et, le 3 août 1721, Messire Pierre Hue, sieur

du Pray, la Trouerie et autres lieux, âgé de 35 ans (1). Après les deuils, les joies entrèrent dans ce lieu le 5 mars 1765, Marie Leheup, fille de noble homme Gilles Leheup, sieur de la Templerie, lieutenant général au bailliage de Saint-Lo, y épousa Messire Michel-Nicolas de Rotz, fils du sieur de Semilly et de Saint-Lambert.....

Au XIXe siècle, la Trouerie et sa chapelle appartenaient à Mile de Valhébert de Rotz, qui fonda une école libre tenue par des religieuses à Sainte-Marguerite-d'Elle. Sa nièce et héritière, Mme de BeaurepaireLouvagny, a eu le regret de ne pouvoir continuer cette bonne œuvre après le départ des sœurs.

(1) Cette inhumation fut faite, sur l'invitation du curé de l'Épiney-Tesson, par M. de la Gonivière, curé de la HayePiquenot. Cette dernière paroisse fait maintenant partie de Baynes, localité formée, le 4 décembre 1831, par la réunion des quatre communes de Saint-Laurent-de-Rieu, la Haye-Piquenot, Baynes et Notre-Dame-de-Blagny. Le culte continua dans l'église de la Haye, en attendant la construction de l'église actuelle, au centre de la nouvelle commune, à l'endroit appelé « la Croix-Hurault ». Les fondements en furent bénits, le 13 mai 1849, par M. Charles Lepetit, curé de la Haye-Piquenot, avec l'autorisation de Mgr l'évêque de Bayeux.

M. Dumans prend ensuite la parole en ces termes:

Note sur la Faune entomologique
du Calvados.

Messieurs,

L'Association Normande a placé à un des premiers rangs de son enquête scientifique, pour son Congrès de cette année, l'étude de la Faune entomologique de notre province.

Cette faune est presque encore inconnue, sauf en ce qui concerne les coléoptères.

Pour les lépidoptères, le travail est à peine ébauché. M. Henri Gadeau de Kerville a bien annoncé son intention d'en publier le catalogue dans sa grande faune de Normandie, mais il a ajouté qu'il était loin d'être prêt à le faire. Jusqu'à présent, je ne connais que deux nomenclatures, fort incomplètes: l'une donnée en 1903, pour les environs de Pont-de-l'Arche, dans l'Eure, par M. Dupont, professeur d'histoire au lycée du Havre, et l'autre publiée vers le même moment par M. Moutier, interne des hôpitaux de Paris, pour le Calvados.

Il n'est malheureusement pas en mon pouvoir de combler entièrement ces lacunes; mais, cependant, mes recherches pendant une dizaine d'années, dans les arrondissements de Pont-l'Évêque, de Caen et de Bayeux, jointes aux renseignements que quelques entomologistes m'ont communiqués, me permettent de déposer aujourd'hui sur le bureau du Congrès la

nomenclature de près de 1.200 espèces ou variétés nommées de lépidoptères, capturés dans le Calvados.

La première moitié de ce travail concerne les grands papillons; elle complète, par l'addition d'une soixantaine de noms, le catalogue publié par M. Moutier dans le Bulletin de la Société Linnéenne de Caen, année 1902, paru le 7 juin 1903, et, en outre, énumère les lépidoptères sous les noms et les classifications du catalogue de Standinger.

La seconde moitié, comprenant les petits papillons, est, sauf pour les pyrolides, entièrement inédite.

Les naturalistes, vous le savez, divisent la faune des lépidoptères du monde entier en deux grandes aires : celle des papillons paléarctiques et celle des papillons exotiques. L'aire paléarctique comprend toute l'Europe, l'Asie occidentale, septentrionale et centrale et le nord de l'Afrique. Le nombre des espèces de lépidoptères qui y ont été capturés était de 6.000 il y a trente ans, et il s'élève actuellement à 10.000, dont beaucoup sont répandues à la fois dans une grande partie de cette immense région, mais dont, par contre, bon nombre sont étrangères à l'Europe.

Il est digne de remarque que, dans un seul département de la France, il n'existe pas moins d'un huitième des espèces signalées dans l'aire paléarctique entière.

Je crois, à ce propos, devoir protester contre l'assertion qui a été émise, qu'en France, il y a un appauvrissement marqué de la faune des lépidoptères à mesure qu'on va de l'est à l'ouest à latitudes égales. Cette assertion, j'en suis convaincu, n'est rien moins que prouvée, et il me paraît y avoir les plus sérieuses raisons de la croire inexacte.

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