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arrondissement par le docteur Billon, qui s'occupe avec le plus grand zèle d'études sur l'ameublement des églises. Dans le même arrondissement, nous avons encore l'église de Saint-Pierre-surDives, qui mérite une mention toute spéciale, et dont la restauration devra avoir prochainement lieu, il faut l'espérer. grâce au zèle des habitants et à l'activité de M. Danjoy. Lisieux possède un sculpteur sur bois, M. Léonard, qui a déjà reproduit de jolis types du moyen âge; cet artiste mérite une mention particulière. —L'arrondissement d› Pont-l'Évêque est le plus voisin de celui de Lisieux. A part l'église de Dives, qui est fort curieuse, mais dans un délabrement complet, il renferme peu de monuments remarquables. Honfleur s'occupe de l'édification d'une église. Il est permis d'espérer que cette commune fera preuve de bon goût en se rapprochant des saines traditions du moyen âge, auquel elle a déjà emprunté lameublement d'une petite chapelle en bois, très-bien exécutée, sur les dessins de M. Bouet. Dozulé, petit bourg voisin de Pont-l'Évèque, possède une remarquable église, due au dévouement du curé et au talent qui vous est connu, de M. Verrolles, architecte du département. Si ce monument renferme quelques fautes de science, il faut se souvenir que l'étude en a été faite il y a quinze ans. Heureusement l'ornementation n'était pas achevée et, dans ce qu'on y exécute maintenant, M. Verrolles s'applique à corriger les erreurs qui, dans le temps, n'avaient pas encore été signalées. L'édifice, à en juger par les dessins que je connais, sera exempt de reproches lorsqu'il sera terminé. — L'arrondissement de Caen est certainement celui qui a fait le plus de progrès et dans lequel on compte le plus de constructions ou de restaurations. Malheureusement ces restaurations n'ont pas été bien comprises partout, et Caen, sous ce rapport, est resté en arrière. Ainsi, indépendamment de la magnifique basilique (Saint-Étienne) qui a été affreusement regrattée malgré tous nos efforts, Saint-Sauveur a éprouvé le mème sort, et c'est à grand'peine, et en promettant de les faire restaurer à ses frais, que le conseil de la Société francaise a pu conserver quelques fresques très-curieuses que le marteau du tailleur de pierres a mises à jour. Saint-Pierre, notre joli et pittoresque monument, est en fort mauvais état, et il ne semble pas qu'on songe à continuer les bonnes restaurations que M. Guy y a dirigées il y a quelques années. L'abbaye Sainte-Trinité est maintenant confiée à M. Ruprick-Robert, qui, nous l'espérons, en comprendra bien la restauration. Dieu veuille que cette restauration ne 1.ous prive pas de Saint-Gilles, petite église qui date du commencement du XIIIe siècle et qui peut servir de type pour le pays. L'église Sainte-Trinité doit être érigée en église paroissiale pour remplacer Saint-Gilles. Saint-Jean de Caen a pris l'initiative des carrelages en briques émaillées. C'est un progrès; mais il est à regretter qu'on se soit adressé aux Anglais pour obtenir ces terres cuites historiées, quand on en fabrique en France avec des dessins plus purs et moins secs; le mélange du marbre avec le pavé n'est pas non plus de mon goût. Aux environs, Allemagne s'est fait construire une église romane qui s'harmonise parfaitement avec l'ancien clocher, dont on doit la conservation à M. Verrolles. Le curé d'Allemagne est tout dévoué au bien; il a voulu que les stalles, les autels, le mobilier, fussent en rapport avec le style de l'église. Je ne vous parle pas du lustre, en style du xm° siècle, qui est toujours admiré et dont l'exécution vous est due. A Venois, le conseil municipal vient de voter à l'unanimité la construction d'une église dont j'ai dressé un projet en style du xe siècle. J'ai dû choisir cette époque, à cause de la faible somme d'argent mise à ma disposition (24,000 francs), et aussi pour rappeler l'ancienne église détruite il y a quarante ans. Des restaurations, ont été bien comprises et bien exécutées au Fresne-Camilly, à Bernières-sur-Mer, Putot-en-Bessin, FontenayPesnel, Fontaine-Henry, Mouen, Ouistreham, Moult, Emiéville, etc. Elles sont presque toutes dues à M. Verrolles; l'une d'elles seulement a été faite par moi. A Cabourg et à Robehomme, j'ai construit deux églises du moyen âge; vous les connaissez, et elles témoignent comme tout le reste de la bonne volonté et du zèle des communes à revenir à l'architecture vraiment religieuse. Nous avons, à Caen, des hommes qui font tous leurs efforts pour arriver à faire comprendre le beau, et d'autres qui s'efforcent de bien l'exécuter. Parmi ces derniers, je citerai M. Lamotte, un jeune confrère, qui a fait une fort jolie chapelle du XIe siècle à May-sur-Orne; M. Dɔuin fils, sculpteur, qui copie scrupu44

XIII.

leusement. Malheureusement il nous manque un statuaire digne de ce nom, car beaucoup en prennent le titre.-Falaise, qui est un peu à gauche, et Vire, qui suit, sont restés en arrière, non pas qu'ils ne possédent des monuments dignes d'intérêt; mais les communes y ont peu de ressources. Cependant de nombreuses restaurations vont y être entreprises; celle du château de Falaise est commencée; une autre, fort importante, vient d'être entreprise par moi c'est celle de l'église de Rouvres. J'espère bien faire, car, certes, la bonne volonté ne me manque pas. —Bayeux termine le département. L'ancienne cité romaine est aujourd'hui la ville la plus calme; aussi les archéologues n'y sont que plus sérieux et plus savants. Nous pouvons citer avec honneur MM. Lambert et G. de Villers. Le premier est ce zélé archéologue, travailleur infatigable, auquel on doit la conservation de la tapisserie de la reine Mathilde, la formation d'une bibliothèque nombreuse, la création d'un musée fort curieux d'antiquités. Quant à M. Georges de Villers, c'est un savant archéologue et un homme de bien, qui ne ménage pas les bons conseils et les utiles renseignements. Bayeux ne possède pas d'autre monument que sa cathédrale: on y retrouve bien les traces de nombreuses églises, détruites à la révolution, mais ces fragments sont maintenant dépourvus d'intérêt. La nestauration de la cathédrale de Bayeux est entreprise depuis longtemps. Elle a d'abord été commencée par M. Harou-Romain, qui ý a mis beaucoup de son style. M. Verrolles lui a succédé et a fait exécuter de bonnes restaurations dans l'abside et sur la façade sud. Aujourd'hui, M. RuprickRobert est chargé du monument. C'est une bonne chose, pour la province, que d'avoir un architecte qui lui fasse obtenir des fonds; sous ce rapport, M. Ruprick a été heureux. Mais la démolition que cet architecte a faite du jubé a, je le crois, été imprudente. Vous n'ignorez pas que cette démolition a aggravé l'état d'un des piliers supportant la tour centrale, lequel du reste menaçait depuis longtemps. Aujourd'hui les ouvriers sont à l'œuvre pour restaurer ce pilier, et la cathédrale est encombrée d'échafaudages que nous verrons longtemps encore. Mais un plus grave accident vient d'être signalé en faisant un si bel étaiement, le poids du clocher, dont une partie reposait sur le pilier malade, a été reporté sur les trois autres qui, à leur tour, s'écrasent, et devront aussi subir une restauration; opération dangereuse et difficile. Que M. Ruprick y prenne garde malgré tous ses efforts et son talent, il ne peut voir à Paris ce qui se passe à Bayeux, et l'absence d'un inspecteur (il n'y en a pas) pourrait bien nuire, sérieusement peut-être, à ses bonnes intentions. Une découverte intéressante vient d'être faite à Bayeux : c'est celle des cercueils des premiers évêques de cette ville, trouvés dans l'église Saint-Exupère, par les soins de M. le curé de la paroisse. Je m'occupe de construire une crypte pour renfermer ces vénérables restes. Dans l'arrondissement, de bonnes restaurations ont été faites à Ryes, Étreham, Vaux-sur-Aure, Tours, Villers, etc.; la plus grande partie de ces restaurations est due à M. Delaunay, architecte de la ville, qui a eu le bon goût, trop rare aujourd'hui encore, de ne pas chercher à faire du nouveau. - Une excellente et fort intéressante restauration vient d'être exécutée au séminaire par M. Verrolles c'est celle d'un petit porche du XIIIe siècle. - Bayeux possède un sculpteur d'ornement fort intelligent, M. Autin, que je regrette bien de ne pas avoir à Caen. - Des reconstructions ont été entreprises, mais toutes n'ont pas été heureuses : le clocher de Saint-Exupère est un exemple du mauvais goût des entêtés du XIX siècle. L'église Saint-Martin-des-Entrées vaut un peu mieux; mais que dire de l'église de Ernes, où l'on a gaspillé les deniers de la commune; que dire du clocher de Vaux-sur-Aure, que les habitants voudraient voir tomber ! Esquay-sur-Seuilles s'est fait construire un petit clocher du xiu siècle qui m'avait été confié il y a six ans; j'ai fait de mon mieux, et ce point de départ a marqué le retour du moyen âge dans le pays. Ainsi, presque en même temps, je faisais exécuter des stalles du xve siècle pour l'église d'Écrammeville, et aujourd'hui je dirige, en collaboration avec M. Verrolles et dans la même commune, la construction d'un clocher qui ne coûtera pas moins de 25 à 30,000 francs. Tout près d'Esquay-sur-Seuilles, dans un séminaire dirigé par un ecclésiastique d'une grande distinction et qui est en même temps un savant archéologue, M. l'abbé Noget-Lacoudre, on construit une chapelle nouvelle, en style du

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XIIIe siècle, qui promet d'être fort belle. A Caumont, bourg important de l'arrondissement, une église a été construite sur les dessins de M. Guy. Dans son ensemble, cette construction rappelle un peu trop, comme étude, l'architecture italienne, et n'est pas, à mon avis, exempte d'erreurs de style. Les moulures sont bonnes, bien copiées, mais beaucoup appartiennent à des époques diverses. Quoi qu'il en soit, M. Guy a montré du talent et la volonté de bien faire. — En résumé, l'art a fait dans notre département de bons et de rapides progrès, surtout depuis dix ans. L'impulsion nous a été donnée par M. de Caumont; mais, aujourd'hui, les hommes pratiques et instruits sont sûrs de trouver dans M. Cusson, chef de la deuxième division de la préfecture, et dans M. Gaugain, secrétaire de l'évêché, de puissants et dévoués auxiliaires. Nous avons un regret, c'est de ne pas posséder à Caen un musée d'antiquités. Le pays est riche, nous possédons beaucoup d'œuvres d'art; mais l'absence d'un local suffisant nous empêche d'en recueillir de nouvelles. Le feu sacré de l'archéologie n'a pas encore gagné notre conseil municipal. Veuillez agréer. etc. PELFRESNE, architecte. -- Caen, 12 décembre 4853.

Nous prions les nombreux architectes que nous avons pour abonnés de suivre l'exemple de M. Pelfresne, et de nous envoyer des renseignements détaillés sur le mouvement archéologique dans les contrées qu'ils habitent. En publiant ainsi successivement ces divers comptes-rendus, on finira par connaître tout ce qui s'exécute en France, et l'on verra combien le mouvement archéologique y est actif et irrésistible. Du reste, le meilleur moyen de faire de la propagande, c'est de dire ce qu'on réalise déjà. Toute église nouvelle qui se bâtit en style ogival sera la mère féconde, on peut en être certain, d'une centaine d'autres qui rayonneront autour d'elle. En finissant, nous dirons que deux églises importantes se préparent dans le département de l'Aube, l'une à Méry-sur-Seine, l'autre à Essoire (nous ne sommes sûr ni du nom ni de l'orthographe de ce second pays). Nous avons insisté, on le pense bien, pour que l'église de Méry-sur-Seine, qu'on voudrait faire romane, soit construite en style du xm° siècle. — M. Victor Ficat, de Cahors, nous écrit : « J'ai à l'étude, en ce moment, deux projets d'églises, commandées dans le style du xie et du xe siècles. Elles doivent contenir, l'une deux mille personnes, l'autre huit cents. Je vous soumettrai mon travail en temps utile. >> - Le conseil municipal d'Aillaur (Yonne) vient de demander à M. Émile Amé, notre généreux et dévoué collaborateur, un projet d'église qui doit coûter de 150 à 200,000 francs. Au printemps, M. Amé jettera les fondations de trois églises neuves dans le département de l'Yonne, à Quincerot, Vireaux et Aigremont. Il est chargé d'exécuter, pour l'importante église de Saint-Eloi de Dunkerque, un projet de restauration, d'ornementation et d'ameublement, dans le style même de l'édifice. M. Lassus va terminer la cathédrale de Moulins, c'est-àdire bâtir, ou à peu près, une cathédrale nouvelle en style du XIIe siècle, car ce qui existe de la cathédrale actuelle est peu important. - Depuis la dernière livraison des « Annales », M. P. Abadie a été chargé de construire deux églises nouvelles, l'une à Mucidan (Dordogne), l'autre à Lesparre (Gironde). De compte fait, en voilà huit sur les bras du jeune architecte, et d'autres l'attendent encore.-M. E. Latteux nous écrit de Boulogne-sur-Mer : - « Les membres de la commission de la nouvelle église de Saint-Martin-Boulogne croient devoir faire connaître par la voie de votre publication la modicité du prix de cette construction, espérant engager les communes rurales à les imiter et à ne pas s'effrayer d'entreprendre une église gothique comme trop dispendieuse. Notre église se compose de trois nefs; elle est longue de 412 pieds, large de 35, haute de 37. Les colonnes cantonnées séparant la nef des latéraux, les groupes de demi-colonnes engagées dans les murs, et l'escalier en limaçon de la tour, présentent un grand métré de pierres de taille. La tour, haute de 65 pieds, flanquée de quatre tourelles terminées par de hautes pyramides, la balustrade circonscrivant la plate-forme de la tour, une grande rose, une grande fenêtre et les voussures de portes, n'ont pas demandé moins de pierres de taille. Les trois fenêtres du fond du chœur sont ornées d'une verrière à médaillons et de deux grisailles. Le toit est couvert d'ardoises anglaises. L'édifice a été soigné dans toutes ses parties, et présente toutes les garanties de solidité. Néanmoins le total de la

dépense ne monte pas à 40,000 francs. Les églises de Wimille et du Portel, construites, il y a quelques années, dans le genre moderne, bien que moins ornées et sans style, et surtout moins riche en pierres de taille, ont coûté plus cher. Puisse notre exemple et surtout nos prix engager à donner la préférence à ce genre d'architecture si éminemment religieux! »

STATUE COLOSSALE DE LA SAINTE VIERGE. Tous nos lecteurs ont entendu parler du projet conçu par Mgr de Morlhon, évêque du Puy, pour élever une statue colossale, en fer ou en bronze, sur le rocher dit de Corneille, qui domine la ville si pittoresque du Puy. Un concours a été ouvert, et cinquante-quatre concurrents ont répondu à l'appel du prélat. Ce concours, un des plus remarquables assurément qu'on ait vus depuis longtemps, a été jugé au mois de novembre dernier. Le prix a été attribué à M. Bonnassieux, l'habile auteur de la « Jeanne Hachette » qui décore le jardin du Luxembourg, à Paris. Appelé au Puy par la confiance de Mgr de Morlhon, le directeur des <«< Annales » avait l'honneur d'être l'un des membres du jury du concours, étrangers au pays, et qu'on avait adjoints à une commission locale. Nous pouvons dire hautement que le jury a fait preuve de la plus complète impartialité. Des discussions élevées, où l'art et l'archéologie étaient intéressés, ont eu lieu dans le sein du jury, et nous attendons le procès-verbal détaillé qui a été rédigé de ces discussions pour le publier dans les « Annales ». Cette publication nous dispense, nous empêche mème de nous étendre davantage sur ce concours, si important pour la renaissance de la statuaire chrétienne en France. Cent mille francs sont déjà acquis à la souscription que Mgr de Morlhon a ouverte pour l'exécution de cette statue. Cette somme a été trouvée dans le pays, qui n'est pas des plus riches; on a donc l'espérance suffisamment fondée de la décupler lorsqu'on fera appel à la France entière et à l'Europe catholique, car la Notre-Dame du Puy est renommée en Europe; elle n'appartient pas seulement au Velay, mais à toute la catholicité.

COMITÉ FLAMAND DE FRANCE. Pendant trop longtemps on a dit et on a laissé dire : « Les Flamands n'ont pas de littérature ». Cette assertion est aujourd'hui mise à néant; les faits lui ont donné un démenti complet. Les Flamands de Belgique, en tirant des archives et des bibliothèques, où la modestie les avait placés et où l'insouciance les avait tenus relégués, une foule d'ouvrages historiques et littéraires, œuvres du génie ou des labeurs de leurs ancêtres, ont prouvé qu'il a existé une littérature flamande qui a son originalité et qui renferme des beautés appréciables par tous. Les travaux des Flamands modernes démontrent que cette littérature se maintient à une hauteur digne de la nation qu'elle représente. Il importe donc que les Flamands de France reprennent la même thèse et fassent voir que leurs pères ne sont pas restés en dehors de ce mouvement. Ils ont droit à demander place pour des ouvrages et pour des noms dignes de figurer parmi les plus distingués De Swaen, de Dunkerque; De Springer, de Bailleul; Steven, de Cassel; Ricour, de Godewaersvelde; Cuvelier, de Bergues; Van Reichem, d'Hazebrouck; et beaucoup d'autres, ont laissé des travaux, qui non-seulement ne doivent pas rester dans l'oubli, mais qui sont de nature à rehausser la gloire littéraire de la Flandre. Il s'agit de rechercher, de recueillir, d'étudier, de mettre en relief tout ce qui est relatif à l'histoire et à la littérature flamande. Pour provoquer ces résultats, une association, qui a pris le nom de «Comité flamand de France », s'est fondée à Dunkerque. Elle se compose de personnes qui ont conservé l'amour de leur langue maternelle; elle ait un appel à tous ceux qui ont encore un peu de cet amour dans le cœur. Les membres du Comité prennent l'engagement de recueillir et de lui faire connaître tous les renseignements et documents flamands sur : - 4° les sciences, l'histoire, les lettres et les arts ; 2o le droit fécdal, les juridictions seigneuriales et les coutumes; 3° les institutions littéraires, telles que chambres de rhétorique, confréries théâtrales, etc.; 4° les légendes et chants populaires; 5° les traditions, les usages et les costumes; 6" les croyances populaires; 7° les saints du pays et ceux qui y sont par-; ticulièrement honorés; 8° les processions, les miracles et les cérémonies religieuses particu

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lières au pays; 9o les corporations et métiers, 40° les proverbes et les maximes populaires; 44° les sociétés d'archers; 42° les noms d'hommes et de choses; 43° les inscriptions tumulaires et autres ; 44° la biographie et la bibliographie des Flamands de France. — Les fondateurs de ce Comité sont MM. Edmond de Coussemaker, Louis de Baecker, Auguste Ricour, Raymond de Bertrand, Hippolyte Bernart, Pierre de Meneboo. Les membres atteignent déjà le nombre de cent. Le président est M. Edmond de Coussemaker, et nos lecteurs, en parcourant la série des travaux que veut entreprendre le Comité flamand, ont dù s'apercevoir que l'auteur de l'« Histoire de l'Harmonie au moyen âge » avait mis la main à la rédaction de cette liste. Tous nos vœux sont acquis à cette utile société, qui doit révéler, par des publications spéciales, tant de faits inconnus. Il serait à désirer que des sociétés analogues s'établissent en Navarre, dans le pays Basque, en Bretagne, et dans toutes celles de nos provinces qui ont conservé une langue, une littérature, des usages, des monuments à part et bien distincts, En dix ans, avec de pareilles sociétés, on pourrait refaire l'histoire de France de fond en comble, parce qu'on saurait définitivement toutes choses.

PROCESSION DES ARCHANGES. Notre ami, M. Eugène Bion, statuaire, nous a dernièrement appris que la procession annuelle de la Fête-Dieu, qui se fait à la paroisse Saint-Michel de Bordeaux, conserve encore un reste précieux, quoique muet et mutilé, du drame qui se jouait autrefois aux processions de ce genre dans la France entière. A la procession de cette année 1853, M. Bion, qui était alors de passage à Bordeaux, a remarqué trois jeunes garçons qui faisaient partie du cortége; ils étaient placés entre le clergé proprement dit et les thuriféraires qui encensaient le Saint-Sacrement. Tous trois portaient une aube blanche que recouvrait une dalmatique d'un bleu céleste. A leurs épaules étaient attachées deux grandes ailes bianches, qui se dressaient en l'air comme, au XIIIe siècle, on les figure aux anges sculptés et peints. Ces trois jeunes hommes représentaient, en effet, les trois archanges Michel, Gabriel, Raphaël. Tous trois sont aujourd'hui vêtus de la même manière; mais il est certain que s'ils existaient déjà au xin siècle, comme c'est probable, saint Michel devait être habillé en guerrier, saint Gabriel en ecclésiastique, saint Raphaël en séculier. C'est ainsi qu'on les voit constamment représentés en Grece, à cause du rôle qu'ils ont joué dans l'histoire de ce monde. Saint Michel, armé d'un bouclier et d'une lance, a terrassé le démon; saint Gabriel, porteur du lys virginal, est descendu du ciel apprendre à Marie qu'elle serait la mère de Dieu; saint Raphaël a fait des voyages avec les enfants des hommes et surtout avec le jeune Tobie. Quoi qu'il en soit, à Saint-Michel de Bordeaux, ils portent le même costume, qui est à peu près celui des diacres, mais, du moins, leurs attributs sont différents. Ainsi le guerrier saint Michel tient une longue épée, plus grande que lui; le pacifique et sacerdotal saint Gabriel porte un lys; le voyageur saint Raphaël guide par la main un enfant, le petit Tobie qui porte le grand poisson de l'Euphrate. L'enfant est habillé, sauf les ailes qu'il n'a pas, comme son guide céleste, comme son ange gardien Suivant M. Bion, le costume de ces célestes personnages serait du xvIe siècle, mais leurs ailes rappelleraient davantage la forme qu'on donnait à celles des anges du XIIe siècle. Saint Michel, saint Gabriel et saint Raphaël sont les trois seuls archanges reconnus; le quatrieme, saint Uriel, est apocryphe, comme nous l'avons dit. Sous ce rapport, à Saint-Michel de Bordeaux, on est donc plus orthodoxe qu'à Saint-Germain-des-Prés, où l'on a peint, tout récemment, Uriel en compagnie des trois autres archanges; nous en félicitons le clergé de Bordeaux. C'est à la procession de la seule paroisse de Saint-Michel qu'on voit ces trois archanges, les autres paroisses de Bordeaux n'offrent rien de semblable. On conçoit en effet que le vocable spécial ait déterminé cette préférence. Mais, autrefois en France, comme en Espagne aujourd'hui, c'était partout que les processions prenaient cet aspect dramatique, et les trois archanges n'y entraient que comme une petite partie de l'ensemble de tout le personnel «acteur». En effet, dans ces processions, comme à celles d'Aix en Provence, on représentait par personnages l'histoire complete de la religion chrétienne. Depuis la fin du xvi siècle, on a supprimé ces repré

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