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notre médaille, mais cela ne nous empêche pas de demander qu'on nous bâtisse partout du gothique et qu'on nous sèvre de tout ce grec de fonte, de tout ce romain de fer.

RESTAURATION DES PORTES de Saint-MaCLOU DE ROUen. - — « Oui, ce sont bien les portes de SaintMaclou, sculptées par Jean Goujon, suivant toute apparence, qu'il s'agit de restaurer. C'est à ces figures en ronde bosse, qui font saillie sur le plan de la menuiserie, qu'il s'agit de restituer leurs têtes hachées par les calvinistes de 4562. Pour nous, nous les eussions laissées mutilées, ainsi qu'on les admire depuis si longtemps, les préférant incomplètes plutôt que déshonorées; mais tel n'a pas été l'avis de ceux que cela intéresse le plus directement, et la restauration va se réaliser. Mais pour remettre sur ces corps, d'une si grande tournure, des têtes dignes des épaules qui les porteront, dignes aussi de ces magnifiques figures qui les accompagnent, bas-reliefs si répandus par le moulage, l'on a sans doute choisi un artiste unissant à une grande science, et un grand amour des œuvres de la renaissance, cette modération et cet effacement de soi-même que demandent les restaurations; quelqu'un, du moins, connu par de bons et consciencieux travaux : MichelAnge a bien restauré, dit-on, le fameux « Guerrier mourant » du Capitole. Point. L'on a été choisir l'homme qui, travaillant jadis à Saint-Denis, disait à qui voulait l'entendre, et c'était entre autres à un archéologue farouche : « Je fais bien laid, n'est-ce pas ? eh bien! je ne puis encore « faire si laid que le XIIe siècle. » Combien «< il a fait laid », chacun peut le voir aujourd'hui. On a donné ce travail de Saint-Maclou à l'homme qui, ayant à restaurer et à refaire à nouveau les statues des pinacles du palais de justice de Rouen, imagina de tels bonshommes, que l'architecte les refusa; ce qui n'empêcha pas les magots en question d'être placés en dépit de l'architecte, mais en son absence. Qui devra accomplir cette tâche difficile? c'est l'auteur enfin d'un groupe placé fort sensément dans l'endroit le plus obscur du Salon de cette année; c'est un grand prix de Rome pour la gravure en pierres fines, en l'année académique 1817. Comment se fait-il qu'à Rouen, où le talent de cet homme est trop connu, si l'on peut connaître ce qui n'existe pas, malgré des avis officiellement demandés; comment se fait-il qu'on ait été choisir celui qui était repoussé par les donneurs d'avis, fort compétents, nous pouvons le dire, car ce n'était pas nous? En tous cas, que chacun fasse ce que nous venons de faire, et s'en aille admirer les portes de Saint-Maclou avant qu'elles ne soient mutilées administrativement, si la Commission des monuments historiques, avertie, veut bien laisser faire. - Alfred Darcel, correspondant de la Commission des monuments

historiques.

ORNEMENTS FUNÈBRES.

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Depuis longtemps, nous tenions en réserve le document suivant, que nous avait adressé M. le baron de la Fons-Mélicocq, et qui concerne les ornements des morts. - «Le tome second des « Annales Archéologiques », p. 230-237, nous a donné en 1845 la curieuse description d'un drap des morts, du xvre siècle, découvert à Fol!eville par M. Charles Bazin. Dès lors, nous avions pensé que l'ornement complet, c'est-à-dire la chape, la chasuble et les tuniques devaient, elles aussi, être parsemées de têtes de mort, afin de rendre complète la lugubre pensée qui avait inspiré l'artiste. Les nombreux inventaires que nous avaient fournis les riches archives de la préfecture de l'Oise ne nous offrirent, néanmoins, aucun ornement de ce genre, lorsque nous eûmes la bonne fortune de découvrir, dans un inventaire du XVIIe siècle (1689), de l'église de La Bassée (Nord), la mention d'un ornement que le comptable décrit ainsi : « Un ornement noir se consistant en une chape portant sur le dos une squelette de mort, et les chasuble et tunique des testes de mortz à gallon d'argent. » — Nous ajouterons à ce renseignement le fait suivant, qu'on lit dans les « Mémoires de Benvenuto Cellini », traduits par Leclanché, livre v, chap. I : « J'ai vu un catafalque noir, couvert de lis brisés, de larmes et de croix. » — Les manuscrits à miniatures renferment une innombrable quantité de représentations et d'offices funèbres. Le curieux, en ceci, c'est que la messe des morts s'y célèbre avec des ornements de toutes les couleurs, et surtout rouges, et que catafalques et draps des morts y sont également rouges en totalité ou en partie, et de toutes XIII. 35

les autres couleurs possibles. Nous prions messieurs les symbolistes de nous expliquer ces contre-sens de l'iconographie du moyen âge. En tout cas, nous faisons appel à nos amis, pour qu'ils nous envoient tous les documents qu'ils pourront posséder, soit en textes, soit en dessins, sur les anciens usages funéraires. C'est l'un des plus beaux sujets et des plus instructifs que les archéologues puissent étudier.

ENCENSOIRS SANS CHAINES. Voici deux encensoirs qui font partie d'une série destinée aux « Annales ». Nos lecteurs se rappelleront le grand encensoir de Théophile, l'encensoir de Trèves, l'encensoir de Lille, l'encensoir de Chartres, déjà publiés par nous. Tous quatre appartiennent au XII-XIe siècle; les suivants datent le premier, du xive siècle; le second du xvII. Ordinairement nous ne descendons pas jusqu'au xvn siècle, parce que l'art de cette époque n'est plus de notre domaine. Aujourd'hui, vu l'élégance de cet encensoir, nous avons fait une exception. Dans une autre planche, nous donnerons quatre encensoirs avec des chaînes, parce que le système des chaînes employées au moyen âge est important pour les orfévres d'aujourd'hui. Ces deux encensoirs sont complétement nus et fermés par le bas ou dans la cassolette, mais ouverts et à jour dans la partie supérieure. Ils rappellent ce joli passage de l'Introduction, page xcii, à l'«< Histoire de sainte Élisabeth de Hongrie », par M. le comte de Montalembert: - « Son cœur (d'Élisabeth), comme l'encensoir sacré, se ferme à tout ce qui vient de la terre, et ne reste ouvert que vers le ciel:

Li cuers doit estre
Semblans à l'encensier

Tous clos envers la terre
Et overs vers le ciel.

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« Le Seraphins », poëme manuscrit de la Bibliothèque royale, no 4862. Ce poëte inconnu semble avoir ainsi devancé la magnifique expression de Bossuet, lorsqu'il dit, du cœur de madame de La Vallière, qu'il ne respirait plus que du côté du ciel ». Nos deux encensoirs ne voient aussi le jour que par le haut, du côté du ciel. Nos lecteurs seront peut-être frappés, comme nous le sommes, de la ressemblance qui existe entre ces encensoirs et les fonts baptismaux: ces deux petits meubles pourraient parfaitement servir d'exemples pour des fonts du xiv et du XVIIe siècles. Ainsi, les orfévres et fondeurs ont là des modèles pour leur art, et les sculpteurs, tailleurs de pierre pour le leur. Si les exemples de fonts manquaient, ils sont toutefois loin de faire défaut, on pourrait s'inspirer de ces deux encensoirs, et l'on reproduirait des formes qui ne seraient pas sans élégance. Quand on étudie le moyen âge et même, dans les temps modernes, les périodes qui ne manquent pas de goût, on voit promptement combien une même forme se multiplie dans des objets souvent fort différents; c'est à l'intelligence et au goût à saisir et reproduire ces rapports.

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BIBLIOGRAPHIE ARCHÉOLOGIQUE

BULLETIN de la Société archéologique de Sens. Année 1854, in-8o de 144 pages. Année 1852, in-8° de 159 pages. A l'exception d'une fable et de la description d'une charrue moderne, la Société est fidèle à son titre et n'admet dans son « Bulletin » que des mémoires archéologiques. Nous y avons surtout distingué des notices de MM. Déligand, Duplès-Agier, Lallier, Prou, Chanoine, abbé Brullée, Tisserand, baron Chaillou-des-Barres, sur les murailles de la ville de Sens, les Tombelles de Saint-Martin du Tertre, l'Abbaye Notre-Dame-de-la-Pommeraye, les Relations historiques et archéologiques de la Bourgogne et du Sénonnais et sur Saint-Louis à Sens. - Chaque année..... 3 fr.

Bulletin historIQUE de la Société des antiquaires de la Morinie. Deuxième année, 1er semestre de l'année 4853. In-8o de 72 pages. Ces « Bulletins » contiennent les procès-verbaux des séances et divers mémoires d'histoire et d'archéologie rédigés par MM. Alex. Hermand, Jules Rouyer, Dubois, Louis Deschamps de Pas, Albert Legrand, Henri de Laplane, Liot de Nortbécourt. Trois de ces mémoires intéressent particulièrement les archéologues qui s'occupent d'iconographie chrétienne. L'un est de M. L. Deschamps de Pas et concerne les vitraux peints de l'église Notre-Dame de Saint-Omer; l'autre appartient à M. de Nortbécourt et est relatif à un manuscrit à miniatures du xve siècle, provenant du chapitre de Saint-Pierre d'Aire-sur-la-Lys; le troisième est de M. Albert Legrand et donne la description de statuettes et médaillons de saint Adrien découverts à Thérouanne. Il est incroyable ce que ces « Bulletins », qui commencent à se multiplier dans nos différentes provinces, contiennent de faits curieux et inconnus. L'abonnement à chaque volume des << Bulletins de la Morinie », est de....... 6 fr.

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RECUEIL des actes de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux. Quinzième année. 1853. Premier trimestre. In-8° de 250 pages.....

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3 fr. LES VIEILLES MAISONS DE CHARTRES, par M. DOUBLET DE BOISTHIBAULT. In-8° de 8 pages et 4 planche gravée.... 1 fr. 25 c. Chants populaires des Flamands de FRANCE, par E. DE COUSSEMAKER. Un volume grand in-8° de 200 pages. Introduction. Notes historiques, philologiques et musicales. Airs imprimés dans le texte. A peine l'«Histoire de l'harmonie au moyen âge » est-elle achevée, que M. de Coussemaker met au jour un nouvel ouvrage de musique historique, celui des « Chants populaires de la Flandre française ». Pour les souscripteurs, 3 fr. 50 c. Immédiatement après la publication, qui est prochaine.... 6 fr. JEANNE D'ARC A REIMS (juillet 1429), par M. FLAYOL, avocat. Pièce couronnée par l'Académie de Reims en juin 1853. In-8° de 14 pages. Poésie virile et pleine des plus généreux sentiments. 4 fr.

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REVUE DES BIBLIOTHÈQUES PAROISSIALES et des faits religieux de la province ecclésiastique

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