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tombeau; vous avez vu qu'ils sont indifféremment en pierre, en marbre ou en bois. De nos jours on se sert le plus souvent du bois, et le marbre n'est employé que dans les églises les plus riches.

Les anciens autels, si l'on excepte ceux qui étaient établis sur des cryptes dans lesquelles il y avait des sépultures vénérées, étaient au niveau du sol ou simplement élevés d'un degré; les autels modernes en ont souvent trois.

A partir de la fin du XVIo. siècle les reliques furent incrustées dans une pierre carrée, placée au milieu de l'autel et sur laquelle doit reposer le calice pendant la célébration de la messe (1): cette pierre consacrée représente pour les autels en bois, la table ancienne de l'autel qui devait être de pierre, suivant la prescription du concile d'Epone. (V. la page 113).

C'est aussi à la même époque (fin du XVI®. siècle) qu'on plaça généralement sur les autels, ces coffres, le plus souvent en bois et quel

(1) En rigueur de droit, il n'est pas absolument nécessaire de mettre des reliques dans les pierres sacrées pour que la consécration soit valide, dit Ferraris ( au mot altare); mais il ne faut pas s'éloigner de l'usage commun et de la coutume de l'église à cet égard. Si donc on s'apercevait qu'il n'y eut pas de reliques dans la pierre sacrée, il faudrait y en mettre: telle est la prescription que font toujours les évêques à leur clergé.

quefois en pierre, qui offrent l'image d'un petit édifice ou d'une tour, et que l'on appelle des tabernacles; mais dans quelques églises on conserva long-temps l'usage de déposer les hosties dans des armoires.

Dom Martene et Dom Durand, dans l'intéressante relation qu'ils font d'un voyage archéologique en France, entrepris au commencement du XVIII. siècle (1), citent plusieurs églises où l'on conservait ainsi les hosties ; Mauléon mentionne, de son côté, divers exemples de cet usage, à l'époque où il écrivait (2). Toutefois ces modes de dépôt n'étaient plus qu'exceptionnels et n'avaient été maintenus que par respect pour d'anciennes coutumes; je crois qu'ils ne subsistent plus aujourd'hui nulle part; au contraire l'usage de suspendre les hosties réservées existe encore dans quelques églises.

Les autels antérieurs au XVI. siècle sont extrêmement rares, presque tous ont été détruits et renouvelés depuis le XVII. siècle jusqu'à

(1) Voyage littéraire de deux religieux bénédictins de la congrégation de St. Maur (Dom Martenne et Dom Durand). Un volume in-4°. en deux parties avec quelques planches. — Paris, 1718. (2) Voyage liturgique en France, ouvrage cité.

nos jours. C'est un motif de plus pour recommander la conservation de ceux qui restent, aux fabriques et aux curés malheureusement trop portés à faire disparaître ces vénérables reliques pour y substituer des autels de sapin, peints et dorés.

Il arrive quelquefois qu'un ancien autel de pierre a été complètement enchâssé dans les coffres en bois qui existent à présent il sera donc très bon de regarder derrière ces panneaux qui souvent ne sont attachés qu'avec des crochets : j'ai fait quelques bonnes découvertes en me livrant à de semblables investigations.

Je vous engage, Messieurs, à examiner attentivement et à dessiner tous les anciens autels que vous aurez l'occasion d'observer, et à trans crire avec soin les inscriptions qui peuvent encore être visibles sur quelques-uns. L'épais badigeon dont on les a le plus souvent recouverts peut empêcher au premier abord de distinguer aucun caractère, il faudra donc regarder de près la tranche de la table, et quand on aura reconnu qu'il existe des lettres sous la peinture, enlever celle-ci de manière à les dégager. Cette opération est facile, elle ne demande que du temps et de la précaution.

CHAPITRE III.

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Ce chapitre sera consacré à l'étude des sépultures durant la période comprise entre le IV. siècle et le XI. - Notions préliminaires sur les usages funéraires en vigueur durant cette période. — Distinction des tombeaux en deux classes, les tombeaux apparents et les tombeaux non apparents; les premiers sont rares, mais très-intéressants par leurs sculptures. Description de quelques sarcophages d'Arles, de Marseille, de Bordeaux, de Rhodez. Cercueils présumés du VII. siècle, Jouarre.. Autres tombeaux du IX. et du X. siècle.. Cercueils non apparents; leur entassement dans les anciens cimetières. Faits nombreux concernant les anciens lieux de sépulture, la forme et la disposition des cercueils qu'ils renferment.

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Rien de plus intéressant, Messieurs, que l'étude des tombeaux et des sépultures des différents siècles du moyen âge: hormis quelques cénotaphes des derniers temps de l'ère ogivale et quelques cercueils en marbre des premiers siècles du christianisme, les tombeaux n'ont guère excité jusqu'ici l'attention des archéologues; une classification chronologique de ces monuments depuis le IV. siècle jusqu'au XVIo. sera donc, j'ose le dire, un travail neuf et d'autant

plus utile que les idées les plus fausses sont chaque jour énoncées sur l'âge relatif des sépultures.

Je vais essayer de combler la lacune qui existe, à l'aide d'observations dont je peux garantir l'exactitude et en citant des faits nombreux à l'appui de mes assertions.

Nous avons vu dans la 2°. partie du Cours (p. 279) qu'au IV. siècle l'usage d'inhumer dans des cercueils en pierre avait succédé à l'incinération dans les pays même où la coutume de brûler les morts avait été générale. A partir de cette époque jusqu'au XVI. siècle, c'est-àdire durant tout le moyen âge, l'usage des cercueils en pierre a régné dans nos contrées; seulement ils ont offert, suivant les différentes époques, quelques modifications au moyen desquelles nous essayerons de les classer chronologiquement.

Nous allons d'abord examiner les sépultures présumées antérieures au XI. siècle.

Dans cette période comme dans les suivantes, une division toute naturelle se présente à notre esprit; savoir:

Les tombeaux apparents ou qui sont restés visibles et les tombeaux non apparents ou recouverts de terre.

Les premiers qui ont appartenu à des per

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