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suffisent ainsi à résumer les encouragemens nombreux que vous êtes heureux de distribuer dans l'intérêt des progrès géographiques; vos efforts n'ont pas été vains jusqu'à ce jour, et leur efficacité passée vous garantit leur succès à venir.

Ces prix ne sont pas le seul stimulant dont vous flattez la noble ambition des concurrens que vous appelez : une place est réservée, dans le recueil de vos Mémoires, aux travaux qui sont jugés dignes de cette nouvelle distinction : c'est ainsi qu'un volume tout entier a été consacré à l'orographie de l'Europe de M. Bruguière, et que d'autres mémoires couronnés sont destinés à une insertion prochaine.

Quelques difficultés avaient entravé l'impression si. multanée des deux volumes qui sont en préparation, et dont l'un contiendra l'oeuvre géographique de l'Edrysy, l'autre une collection de miscellanées. L'impression de l'Edrysy a été recommencée à l'Imprimerie royale, où elle se poursuit avec régularité , et vous avez sous les yeux des épreuves du fuc simile des trois premières cartes; M. Amédée Jaubert vient de son côté d'achever la traduction du troisième climat. Le volume ouvert aux miscellanées ne contenait naguère encore qu'une seule pièce, imprimée depuis plusieurs années : c'est le voyage du frère Jourdain de Séverac dans quelques unes des contrées visitées par Marco Polo; vous y avez ajouté cette année la relation originale d'un voyage fait, en 1774, à l'île de Taïti, par le commandant d'un paquebot qui naviguait de conserve avec la frégate l'Aguila, sous les ordres de Domingo de Bonechea , le découvreur de cette île; à la suite de cette relation ont été imprimés les vocabulaires recueillis en Egypte par M. Koenig; ces pièces composent le demi-volume dont un premier

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exemplaire est en ce moment devant vous. L'autre demi-volume sera consacré à une édition, soigneusement collationnée sur les manuscrits, de la relation originale du voyage de Rubruquis, en Tartarie , par ordre de saint Louis; des traductions anglaises et françaises en existaient depuis long-temps; le texte original, resté inédit, en'a été retrouvé, par M. Francisque Michel dans les bibliothèques de Londres et de Cambridge; une copie exacte, préparée par ses soins et ceux de M. Thomas Wright, nous est récemment parvenue; l'impression en va être immédiatement commencée, et le volume entier sera probablement terminé dans un bref délai.

Il me reste à parler d'une autre publication, celle de notre Bulletin, dont l'apparition périodique vient chaque mois raffermir le lien de confraternité qui unit tous les membres de notre association. Quelques efforts ont été tentés pour en améliorer la composition et le rendre plus substantiel ; une première série de volumes a été close avec le tome vingtième, et une nouvelle série s'est ouverte avec l'année courante; les cartes qui y sont jointes me donnent occasion de vous rappeler le désintéressement avec lequel M. Ambroise Tardieu et M. Selves ont mis à la disposition de la Société leurs ateliers de gravure et de lithographie. Le voeu constant du comité auquel est remis le soin de publier ces cahiers mensuels a été de leur procurer le plus haut degré possible d'intérêt géographique; mais il ne saurait se flatter d'être encore parvenu à remplir toutes les conditions de perfectionnement qu'il est dans notre desir de lui voir atteindre.

Il m'est enfin permis de clore ici le compte-rendu que je vous devais de nos travaux de l'année; trop heureux, messieurs, si dans l'accomplissement de ce devoir,

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une lecture si longue, et pourtant si avare de développemens, n'a point fatigué l'attention que votre bienveillance daignait m'accorder.

CONSIDÉRATIONS NOUVELLES

SUR LES ÉTUDES GÉOGRAPHIQUES ET SUR L’EXPRESSION

DES CARTES,

Par M. le lieutenant-colonel Denaix.

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Messieurs, Vous m'avez fait l'honneur de me nommer 'votre secrétaire. Cette faveur a pour moi d'autant plus de prix que je la dois moins à la part que j'ai prise à vos travaux qu'à mes publications, puisqu'en me retenant dans le cercle étroit des connaissances élémentaires du domaine de l'enseignement, elles ne me permettent pas

de vous suivre dans les hautes directions sur lesquelles se porte votre attention. Par ce fait, par

l'adhésion

que

vous avez donnée aux jugemens favorables émis sur mes premiers essais, circonstances qui prouvent que vous ne négligez aucune occasion de donner des témoignages d'intérêt à tout ce qui peut exercer une influence utile sur les progrès de la géographie, il m'est permis d'espérer que je triompherai des entraves que m'opposent les erremens de la routine.

Déjà des instituteurs engagent leurs élèves dans les voies nouvelles tracées par mes études; déjà toutes les personnes douées d'un esprit éclairé et de connaissances positives recherchent, dans l'expression physique des cartes, les lignes hydrogéiques par lesquelles se dé

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finissent les plans de revêtement du polyèdre terrestre. Loin de redouter, à ce sujet, la lutte que d'autres manières de voir peuvent engager, je crois utile de la provoquer.Je vais, dans ce dessein, avoir l'honneur de vous entretenir un moment des vues particulières dans lesquelles je poursuis mes travaux.

L'étude de la géographie, par son immense étendue, par la variété des objets qu'elle embrasse, est, sans contredit, de toutes les connaissances classiques celle qui trouve le plus souvent son application dans le monde. Aussi s'en occupe-t-on dès que l'on est en état de s'adonner à des lectures dont il importe de conserver le souvenir.

Considérée généralement comme une science de mots, on cherche, comme pour les langues, objets de nos premiers soins, à en fixer la nomenclature dans la mémoire, en en faisant soit un jeu, soit un exercice pratique présenté avec plus ou moins d'attrait.

Toutes ces méthodes, purement élémentaires, conviennent à des élèves trop jeunes encore pour mieux ap- : prendre à l'aide du raisonnement. La facilité qu'en général elles présentent, fait qu'on les adopte avec empressement, et que promptement aussi on les délaisse, les hautes études portant bientôt à négliger celles qu'on ne regarde plus que comme un exercice de mémoire.

Dans cet état de choses, on entre en général dans le monde sans savoir la géographie. On y éprouve bientôt le besoin de réparer, par des lectures, l'insuffisance des notions élémentaires. On a recours alors aux méthodes à l'usage des gens du monde ; mais le peu de fruit qu'on en retire, tant à raison des élémens variables sur lesquels se règle l'ordonnance des matières, qa’à cause de l'exubérance des détails dans la foule desquels se perd l'enchaînement des circonstances physiques principales,

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fait enfin préférer les dictionnaires. Ceux-ci ne sont pour l'enseignement que des oracles, dont les réponses sans liaisons, sans rapprochemens utiles , s'effacent du souvenir comme la pensée éventuelle qui conduit à les consulter.

Les traités que nous possédons jusqu'à présent ne sont donc pas des ouvrages véritablement classiques. Celui qui, à juste titre, tient le premier rang, est le précis du célèbre Malte-Brun. Après avoir travaillé avec Mentelle, à une grande géographie en seize volumes, il sentit que ce vaste répertoire était plutôt un livre de bibliothèque qu'une méthode d'enseignement. Il reprit alors tous ces matériaux , les élabora, et sema son récit de tableaux synoptiques, d'élégantes descriptions qui groupèrent, pour la première fois, des aperçus phy. siques, politiques et statistiques, présentés jusqu'alors sans ordre et sans discussion. Ces innovations, et la verve féconde d'une érudition peu commune, assuré. rent le succès du nouvel ouvrage.

M. Balbi , l'ami et parfois le collaborateur du savant Malte-Brun, s'est, après lui, attaché à réunir en un abrégé toutes les connaissances qui, à son avis, sont du domaine de l'enseignement. Cet ouvrage, véritable résumé encyclopédique des connaissances géographiques et statistiques, est, avec justice, fort accrédité; car, sous ce double rapport, il contient une foule de docuinens précieux que l'on chercherait vainement dans d'autres traités. Cet abrégé n'avait pas encore paru, que déjà, depuis plusieurs années, je me trouvais engagé dans des études géographiques demandées dans des vues militaires. A l'instar des auteurs qui ont abordé avant moi cette spécialité , j'ai dû commencer par la Géographie naturelle, celle qui décrit les fornies du sol

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