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d'Attale pour lui succéder dars ses états. La Bithynie, célèbre par l'exil et la mort d’Annibal, avait subi le même sort que Pergame; elle avait été léguée aux Romains par Nicomède ; les vainqueurs avaient enlevé à Antiochus les provinces méridionales de l'Asie-Mineure; et toutes leurs acquisitions dans ces contrées leur donnaient des facilités nouvelles pour attaquer la Paphlagonie et le royaume de Pont, alors possédés par Mithridate.

Cependant les Romains, avant de prolonger leurs conquêtes en Orient, voulaient consolider leur domination dans les contrées déjà soumises; et leur prudente politique évitait de s'attirer plusieurs puissans ennemis à-la-fois. Ils s'attachèrent à soumettre les Dalmates et les Thraces , à terminer en Afrique la guerre contre Jugurtha, à délivrer leur pays de l'invasion des Cimbres, à soutenir la guerre sociale qui avait soulevé contre la république presque tous les peuples d'Italie; ce ne fut qu'après la pacification de cette péninsule que la guerre éclata contre Mithridate. Sylla prit Athènes qui s'était déclarée pour ce prince; il battit ses généraux à Chéronée, à Orchomène; l'attaqua lui-même en Asie, et le força, en lui accordant la paix, à se renfermer dans le royaume de Pont, et à rendre à leurs anciens rois la Bithynie et la Cappadoce.

Mithridate ayant recommandé la guerre dix ans après, fut battu plusieurs fois par Lucullus, et perdit, près de Cabires, la plus grande partie de son armée. Ses défaites, et celles du roi d'Arménie, son gendre, l'avaient pres. que épuisé, quand Pompée vint enlever à Lucullus l'honneur de terminer cette guerre, par une dernière et facile victoire.

Pompée fixa le sort de l'Asie; il laissa à Tigrane l'Ar

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ménie,' et à Pharnace, fils de Mithridate, les états de son père; il détrôna Antiochus, et réduisit la Syrie en province romaine.

Pour ne pas interrompre la série des évènemens, et pour les lier entre eux par des rapports plus naturels, nous avons suivi de proche en proche les conquêtes des Romains sur différens rivages de la Méditerranée et dans plusieurs parties de l'Orient. Il nous reste à parcourir d'autres régions où l'empire romain, qui s'était agrandi de toutes parts, trouva pendant plusieurs siècles les principaux appuis de sa force et de sa durée.

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Notice sur la Gaule.

La Gaule, dont les Romains firent la conquête peu de temps après la mort de Mithridate, s'étendait entre l'Océan, les Pyrénées, la Méditerranée, les Alpes et le Rhin. Les principaux fleuves qui traversent ce vaste territoire sont la Seine, la Loire, le Rhône et la Garonne. De lautes montagnes séparent les bassins de ces trois derniers fleuves, et forment une chaîne intermediaire entre les Pyrénées et les Vosges.

On partageait la Gaule en trois grandes régions, la Belgique au nord de la Seine, la Celtique entre la Seine et la Garonne, l'Aquitaine entre la Garonne et les Pyré. nées: Rome était déjà maîtresse des provinces que baigne la Méditerranée, depuis les rivages de la mer jusqu'aux Cévennes et au pays des Allobroges. Chacune de ces trois divisions comprenait un grand nombre de peuples, unis

par la communauté de langue et d'origine, et formant entre eux des confédérations militaires lorsqu'il

. fallait entreprendre au loin de périlleuses expéditions,

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mais s'accordant moins ensemble pour la défense conmune, et souvent déchirées par des dissensions.

La plupart des noms de ces différens peuples se sont conservés dans ceux des provinces ou des plus anciennes villes : un tableau particulier en comprendra l'énumération, et nous nous bornons à rappeler ici quelques-uns de ceux qui occupent un rang plus élevé dans l'histoire. A l'orient de la Gaule Celtique étaient les Sequanais et les Helvétiens, séparés les uns des autres par la chaîne du mont Jura : les Helvétiens occupaient les Alpes; les Séquanais s'étendaient jusqu'aux rives de la Saône : Vesuntio était leur capitale.

Les Éduens, placés entre la Saône et la Loire, furent les premiers alliés des Romains : c'était la nation gauloise la plus avancée vers la civilisation. Bibracte, leur capitale, était remarquable par les encouragemens qu'on у donnait à la culture des lettres.

Les colonies de Lingones, de Senones, de Boïens , que nous avons déjà remarquées en Italie, attestent le génie militaire de ces nations. Le même caractère distinguait les Arverni, montagnards endurcis aux fatigues, et que l'on vit souvent à la tête des confédérations gauloises.

On venait, tous les ans, célébrer dans les forêts des Carnutes les grandes cérémonies religieuses des druides, et l'on y remarquait les monumens celtiques où s'accomplissaient leurs rites et leurs sacrifices.

La confédération Armorique comprenait, entre les embouchures de la Loire et de la Seine, les provinces Occidentales, les plus avancées vers l'Océan.

César, dont la plus glorieuse expédition militaire fut la conquête de la Gaule, avait d'abord obtenu le gouvernement de la Cisalpine et de l'Illyrie : on y joignit,

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dans la même année, celui de la Gaule Transalpine. Il sortait du consulat : son triumvirat avec Pompée et Crassus était formé : la guerre mit bientôt dans ses mains les principales forces de Rome, et César devint tout puissant.

Sa première opération fut de rej ter dans leurs montagnes les Helvétiens, qui les avaient quittées pour aller chercher des établissemens sous un cièl plus doux et vers les frontières de la Gaule Narbonnaise : il les har. cela dans leur marche, les vainquit plusieurs fois, et les força de regagner les Alpes, après avoir réduit à cent dix mille hommes la population qui cherchait à s'expatrier. Arioviste, roi des Germains, fut ensuite vaincre près du Rhin, et fut contraint à repasser le fleuve.

Toutes les nations de la Belgique, depuis la Seine jusqu'au Rhin, se liguèrent alors pour attaquer un ennemi qui, en s'établissant dans la Gaule Celtique, menaçait leur indépendance : elles avaient plus de deux cent mille hommes sous les armes; mais César prévint leur réunion , et les attaqua isolément: il vainquit tour à-tour les Suessones, les Bellovaciens, les Ambianiens, les Nerviens, envoya une légion dans la partie occidentale de la Gaule qu'habitaient les Armoriques, et vint achever lui-même la difficile conquête de ce pays.

Le vainqueur se porta ensuite sur les bords du Rhin, tandis que ses lieutenans poursuivaient leurs expéditions dans l'Aquitaine. Il attaqua, entre la Meuse et le Rhin, les Usipètes et les Tenchtères, nations Germaniques que les Suèves avaient chassées de leur

pays,

il passa ensuite le Rhin sur un pont de bateaux qu'il avait fait construire, défit les Sicambres, protégea les Ubiens contre les Suèves, et força cette nation conquérante à se rejeter dans ses forêts. César ne voulait

que

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pecter en Germanie les armes des Romains : il n'essaya d'y former aucun établissement, rentra dans les Gaules, et fit bientôt une descente sur les côtes de la GrandeBretagne, où il obtint de premiers avantages.

Cette attaque était le prélude d'une expédition plus considérable. César fit rassembler dans le port d’Itius plus de six cents galères où il embarqua cinq légions, deux mille hommes de cavalerie romaine et beaucoup plus de cavalerie gauloise. Les Bretons se replièrent dans leurs forêts : leurs chefs se désunirent, et ils achetèrent la paix par un tribut; inais César ne forma en Bretagne aucun établissement.

Si nous portons nos regards sur la situation de cette dernière contrée lorsqu'elle fut attaquée par les Romains, nous voyons des peuples séparés de la civilisation par la mer et les tempêtes, partagés en un grand nombre de tribus qui se font la guerre entre elles, pour s'enlever des forêts ou des pâturages. Ces nations n'ont de caractère commun que

la barbarie : la diversité de leurs langues atteste celle de leur origine; on y voit des colonies Celtes ou Gauloises; les Phéniciens et les Carthaginois qui étaient en Espagne sont venus s'établir au inidi de cette île : les Scythes, les Bretons, les Scandinaves, y sont arrivés du centre et du nord de l'Europe. L'Hybernie s'est peuplée de la même manière, et ces deux îles ont été la proie des nations aventurières qui ravageaient l'Occident.

Les peuples du nord de la Grande-Bretagne étaient dans l'usage de se peindre : ils reçurent le nom de Pictes, et l'on donnait celui d'Albion aux contrées plus méridionales. Ce pays était alors le plus sauvage de l'Europe ; mais une fois aperçu par les Romains, il

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