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direction suivie par' ces premiers navigateurs, qu'ils gagnèrent les tropiques, pour y profiter de la direction des vents alisés. Cet avantage, dont ils purent jouir dans toute l'étendue de la zone située entre les deux tropiques, détermina les différens points où ils reconnurent l'archipel des Antilles et le continent. Les voyageurs qui s'engagèrent sur la trace de leurs devanciers, cherchèrent à prolonger d'une manière continue les découvertes qui venaient de se faire avant eux. Les différens groupes des îles qui bordaient l'entrée du golfe du Mexique, et la vaste étendue du continent lui-même, excédaient leurs moyens de colonisation, et tous les regards furent longtemps attirés vers les mêmes points. C'étaient les pays de l'or; on y détruisait des empires, et l'on avait à y transporter une partie de la population de ses anciens états.

Les climats que l'on avait reconnus avaient plus d'analogie avec celui de la patrie des conquérans. Il fallait à des peuples méridionaux une température élevée, telle qu'ils la retrouvaient dans leurs premiers établismens du Nouveau-Monde. Cette chaleur y était moins forte que ne l'est celle d'Afrique située sous les mêmes latitudes; elle leur rappelait la température de l'Espagne et du Portugal, beaucoup plus que celle de la Mauritanie et du Saarah.

La plus grande partie des côtes de l'Amérique septentrionale fut ainsi abandonnée à d'autres Européens. Ce ne fut plus pour y chercher des trésors qu'on entreprit de les explorer: il fallut d'autres mobiles pour y conduire une longue suite de navigateurs, et les peuples du centre et du nord de l'Europe commencèrent à diriger vers les différens points de cette vaste côte leurs expéditions.

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Jean et Sébastien Cabot avaient découvert, en 1497, l'île de Terre-Neuve et une partie du continent voisin; mais aucun projet de colonisation ne fut tenté dans ces parages pendant plus de soixante ans, et la première entreprise de cette nature fut essayée sous le règne de Charles IX par l'amiral de Coligny, qui desirait assurer un asile aux calvinistes persécutés en France. Jean Ribaut s'embarqua, en 1562, sur deux vaisseaux que

l'a. miral avait obtenus de Charles IX. Il descendit avec un corps de troupes calvinistes sur la côte orientale de la Floride, près de la rivière San Juan, remonta plus au nord, et érigea dans la Caroline méridionale le fort Charles, qui devint le premier établissement des Français dans ces parages.

Deux ans après, il partit des ports de France une nouvelle expédition de protestans, commandée par René de Laudonière , qui débarqua dans la même con. trée et construisit sur les bords de la rivière de Mai une autre forteresse. Laudonière visita l'intérieur de la Floride , de la Géorgie, de la Caroline , et il reçut (1) dans son établissement un nouveau renfort que Ribaut était allé chercher en France. Mais une escadre espagnole, commandée par Pédro Melendez de Avila, venait dé

. truire cette nouvelle colonie. On n'attaquait pas les huguenots comme Français, mais comme hérétiques : lė fanatisme religieux ne voyait en eux que des ennemis irréconciliables, et i'on fit usage de la ruse, de la perfidie, de la force , pour les exterminer. .

Un acte si barbare excita en France l'indignation, et Dominique de Gourgues, né à Mont-de-Marsan, forma le projet de venger toutes ces victimes, acte d'autant

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ceux

plus remarquable dans ces momens de guerre civile re. ligieuse, que de Gourgues était catholique. Cent cinquante gentilshommes aventuriers l'accompagnent; il part de Bordeaux pour le golfe du Mexique (1); double

; la pointe occidentale de l'île de Cuba , remonte vers la Floride, s'approche d'un fort occupé par les Espagnols, et en concerte l'attaque avec les Indiens qui s'unissent à son entreprise. Le fort est emporté par escalade , qui cherchent à se réfugier dans les bois tombent sous les coups des Indiens : aucun n'est épargné; et de Gourgues, après avoir démoli les forts, revient en France avec les hommes qui l'avaient suivi dans cette expédition.

La colonie calviniste, projetée par l'amiral de Coligny, n'avait eu que quelques années d'existence; mais au nord-est de ces territoires, l'Angleterre commença bientôt de plus durables établissemens. On ne s'était occupé, ni sous le règne de Henri VIII, ni sous celui de Marie, d'étendre les découvertes dans le Nouveau-Monde. Élisabeth, qui jeta les fondemens de la puissance navale de l’Angleterre, accorda sa protection à ces grandes entreprises, et les deux premiers hommes qui se signalé. rent dans une si noble carrière furent Humphrey-Gilbert et Walter-Ralegh son beau-frère. Élisabeth leur avait accordé des lettres-patentes (2) pour établir une colonie au-delà des mers; et Gilbert, qui conduisit lui-même les deux premières expéditions, périt dans la seconde (3), sans avoir pu accomplir son dessein. Mais Ralegh obtint de nouvelles lettres-patentes (4), et, après avoir fait reconnaître par quelques bâtimens légers plusieurs par. ties du littoral qui reçurent en l'honneur d'Élisabeth le

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nom de Virginie, il envoya dans l'île de Roanoke, voisine du continent, plusieurs colonies qui, sans prospérer elles-mêmes, devinrent l'origine d'un grand nombre d'autres établissemens.

Il sé forma, sous Jacques Ier, deux associations chargées d'établir en Amérique des colonies : l'une était la compagnie de Londres, l'autre celle des négocians de Plymouth, de Bristol et de quelques autres villes.

L'expédition de la compagnie de Londres, qui devait se rendre dans l'île de Roanoke (1), fut poussée vers le nord par des vents contraires, et arriva dans la baie de la Chesapeak: elle en remonta le fleuve le plus méridional, et fonda sur ses bords la ville de James-Town, la plus ancienne que les Anglais aient érigée dans le Nouveau-Monde.

Les premiers établissemens faits sur le continent furent ensuite affermis par l'arrivée de lord Delaware(2): la population s'étendit de proche en proche autour de James-Town; on protégea la culture, et particulièrement celle du tabac; les Bermudes venaient d'être découvertes dans l'Atlantique; de nouvelles villes se formèrent autour des baies de la Chesapeak et de la Delaware; les attaques des Indiens furent repoussées, et la colonie n'eut plus à craindre pour son existence.

Telle était la situation de la Virginie, lorsque les établissemens de la compagnie du Nord ou de Plymouth commencèrent à se former. La contrée qui leur avait été cédée par les lettres-patentes de Jacques Ier était située dans un climat plus rigoureux ; il devenait difficile d'y attirer des colons, et les premiers Européens qui s'ex

(1) 1606.

(a) 1609.

patrièrent pour l'habiter furent les puritains, persécutés par l'Église anglicane, réfugiés d'abord en Suisse, en Hollande, et autorisés ensuite par Jacques ler à se fixer dans les terres concédées à la compagnie anglaise. Leur établissement se fit dans le Massachusett (1), et ils donnèrent le nom de New-Plymouth à leur première ville. D'autres dissidens les suivirent, et fondèrent la ville de Salem. On vit bientôt de nouvelles colonies ériger d'autres villes autour de la baie de Massachuselt (2); Boston, Charlestown, Dorchester, Roxborough, furent fondées. La continuité des persécutions religieuses attirait sans cesse de nouveaux habitans, et les affreux ravages que la petite-vérole fit chez les indigènes mirent à l'abri de leurs attaques les établissemens naissans des Européens : ceux-ci purent s'étendre dans l'intérieur. Il se forma dans le Massachusett plusieurs associations particulières, qui différaient par leurs dogmes religieux; elles se séparèrent de la famille première (3), cherchèrent dans les terres voisines des établissemens particuliers, et formèrent successivement ceux de Rhode-Island, du Connecticut, de New-Hampshire et du Maine.

Le nombre des émigrans qui se rendaient d'Angle terre en Amérique était devent si considérable, que Charles Ier voulut y mettre des bornes, en soumettant ceux qui voulaient partir à un serment de conformité aux règles de l'église anglicane. Il est à remarquer que Olivier Cromwell, prêt à s'embarquer pour le Nouveau. Monde (4), fut retenu en Angleterre par l'ordre du roi, que deux ans après il fit condamner à mort.

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