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Le 18 octobre, fête de saint Lue, tous les Indiens se réunissent et balaient les chemins, afin que les anciens Indiens du temps du paganisme les trouvent propres à leur passage, car ils disent que cette nuit ils viennent les visiter et qu'il faut les honorer.

Les Indiens croient que les femmes qui meurent en couches n'iront ni au ciel, ni en purgatoire, ni en enfer, mais qu'elles resteront dans l'air pour faire aller le tonnerre. Lorsqu'un Indien est piqué par un serpent, ils font aussitôt des gâteaux de fête et en distribuent aux enfans; ils en portent ayssi au serpent pour qu'il retire le poison qu'il a versé dans la plaie et qu'il ne morde plus personne de cette maison.

Tout Indien qui va travailler dans la montagne porte avec lui du tabac en poudre, comme un préservatif contre la morsure des

serpens.

Si un Indien meurt de la morsure d'un serpent, ou s'il se noie, il n'est point enterré dans une église, parce que les Indiens pensent que

la foudre viendrait le déterrer, et qu'en même temps elle mettrait le feu à l'église.

Quand un Indien vient à mourir, la veille de l'enterrement son lit est porté tout autour des maisons voi. sines. Les Indiens croient que s'ils manquaient à cette pratique, le mort viendrait prendre congé de ses voisins; et en revenant de l'enterrement, ils jettent de la cendre autour de la maison du défunt, afin qu'il ne vienne pas tirer une autre personne de sa maison; car tous les Indiens croient que personne ne meurt de mort naturelle, mais que les enchantemens des dieux ou teornames peuvent seuls faire mourir.

Lorsqu'on enterre un mort, une vieille femme met à la porte du cimetière ou de la maison du mort un pot renyersé contenant quatorze grains de mais (moi.

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même je les ai comptés), et le bouche avec de la terre; le dernier de ceux qui portent le mort met le pied sur le pot et le casse. Ils agissent ainsi pour trois raisons : d'abord, ce pot doit servir de canot au mort dans l'autre monde et l'aider à passer les rivières; le maïs est destiné à servir de semence pour que le mort se procure de quoi vivre et nourrir ses poules dans l'autre monde, et enfin le pot est rompu pour qu'on lui ouvre les portes de l'enfer, où les Indiens disent qu'ils doivent tous aller,

Ils disent que quand une vierge se marie avec un veuf, le mari se réunira dans l'autre monde avec sa première femme, et la seconde fenime sera employée à écar. ter les chauve-souris avec une baguette , afin qu'elles les laissent en repos. Ils disent encore qu'une femme qui meurt vierge doit, dans l'autre monde, se prosterner devant Dieu, se retirer, puis se prosterner de nouveau et passer ainsi toute l'éternité.

Pendant la cérémonie du mariage, si le fiancé laisse tomber l'armeau, ils croient que la femme mourra bientôt, et si c'est la fiancée, que ce sera le mari. De même, si le cierge du mari s'éteint qua..d il est devant l'autel, c'est signe de mort pour la fiancée; si c'est celui de la fiancée, c'est signe de mort pour le mari.

Aucun Indien ni aucune Indienne n'ose se baigner à l'heure de midi, parce que, disent-ils, c'est l'heure à laquelle les dieux des eaux se réunissent pour se divertir, et que celui qui se baignerait à cette heure tomberait malade.

Quand les nouveau-mariés se rendent à leur maison pour faire le festin de noce, et qu'ils se sont assis à la table, c'est la marraine de la mariée qui met le premier morceau dans la bouche du marié, et le parrain du marié qui met le premier morceau dans la bouche

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de la mariée. Sil en était autrement, l'amour mutuel des deux époux ne pourrait pas durer. On danse le soir, et quand le moment de se coucher est venu, la marraine va faire le lit des nouveaux époux et étend dessus un drap parfaitement blanc. Elle déshabille ensuite la mariée et la couche sur ce drap. Le lendemain, les parens et les témoins des époux vont relever ce drap, et s'ils le trouvent ensanglanté, ils recommencent leurs festins et leurs danses en promenant ce drap dans le village; si, au contraire, le drap est encore blanc, ils ne font ni festins ni danses, mais ils prennent deux tasses dont ils ôtent le fond, et, jes mettant sur un plat, ils les remplissent de chocolat et vont ensuite les présenter aux parens de la mariée, de sorte que quand ils vont pour les porter à la bouche, le chocolat se répand, et de cette manière, ils leur font entendre que la mariée n'était pas vierge.

Pendant le temps que l'on emploie a semer le coton et le chile , les Indiens ne mangent ni graisse, ni viande, ni cufs, parce qu'ils croient que cela ferait tomber les fleurs et nuirait à la récolte. De même ils n'approchent pas de leurs champs quand ils sont en fleurs, ni ne montrent du doigt aucune plante en Neurs, parce qu'ils croient que les fleurs tomberaient et ne donneraient pas de fruits.

Quand ils font la récolte du maïs, ils choisissent les meilleurs épis, qu'ils suspendent à la fumée, et quand le temps des semailles est venu , ils en prennent les grains avec le plus grand soin, évitant surtout que les porcs , les poules ou d'autres animaux ue mangent aucun de ces grains, et avant de les semer ils les trempent dans une eau courante. Cette dernière cérémonie a lieu

pour obtenir du dieu des eaux qu'il donne aux champs une

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humidité suffisante, et la première, parce qu'ils croient que si un seul grain de ceux qui sont destinés à la semence avait été mangé par un animal, les sangliers et les oiseaux viendraient manger le reste , et que le champ ne produirait rien.

Lorsque les épis de maïs sont levés, ils apportent un grand gâteau qu'ils brisent et dont ils sément les morceaux dans le champ, disant que c'est la nourriture des dieux, et qu'ils la leur donnent pour qu'ils épargnent la récolte; ils font la même cérémonie pour les autres productions de la terre.

Quand un Indien tombe malade, ils croient que c'est un châtiment des dieux, et pour obtenir d'eux sa guérison, il faut qu'il fasse trois fois sept gâteaux, qu'il en place sept au sommet du pin le plus élevé de la forêt, qu'il en enterre sept au pied du même pin, et qu'il en jette sept dans un puits et se lave ensuite avec l'eau de ce même puits ; alors la maladie y restera et le malade guérira.

Pour empêcher les oiseaux de manger le maïs, ils peignent un sur une planche, ils l'ornent de plumes, et le suspendent ensuite dans le champ.

Quand ils établissent un nouveau moulin à écraser les cannes à sucre, ils font un grand festin. Ils

pren, nent d'abord une bouteille d'eau-de-vie (de cannes) et la répandent sur la machine, et quand on sert le repas, ils lui disent : « C'est toi qui es notre père, c'est toi qui nous nourriras, ne te fâche pas contre nous ». Si la machine blesse quelqu'un, ils lui servent un repas pour l'apaiser, et afin que le blessé guérisse et qu'elle n'en blesse pas d'autres.

Ils font aussi un festin quand ils vont couper un grand arbre, afin de l'apaiser et afin qu'il ne blesse per

en

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sonne en tombant. Quand ils bâtissent une maison, ils placent sur le toit des branches de solimar, afin d'empêcher les sorciers de venir s'asseoir dessus et de l'enfoncer.

La nuit de la Saint-Jean, les Indiens vont fouetter les orangers et les pruniers, afin qu'ils prennent de la force et donnent de bons fruits, et la veille du jour des Cendres, ils appliquent de la chaux sur le tronc, afin que les maléfices des sorciers n'y puissent trouver prise.

Tout Indien qui, dans sa vie, a enterré un cadavre, ne peut planter un arbre fruitier; l'arbre qu'il planterait sécherait et ne pourrait prospérer. Les autres Indiens ne veulent pas l'employer à la pêche, disant que sa présence ferait fuir le poisson.

Quand ils mangent du sanglier ou du gibier, ils n'essuient

pas leurs doigts contre les murs ni contre les portes de la maison, et ils disent que s'ils le faisaient, jamais ils ne pourraient prendre d'autre gibier.

Les Indiens qui pêchent à l'hameçon ne veulent pas prêter leurs hameçons aux Indiens civilisés, donnant pour raison que ceux-ci jettent aux chats les restes du poisson, et que cela les empêcherait d'en prendre d'autres avec les mêmes hameçons.

Quand on entend les cris du renard, ils disent que c'est signe de mort pour quelqu'un du village, et que le renard est l'alguazil de l'enfer.

Si une femme est stérile, ils disent qu'un grand ver vient la têter toutes les nuits, et ils appellent ce ver tertopitri.

Lorsqu'on entend le cri de deux oiseaux nommés toio et teapirani, qui sont assez communs dans les champs de cannes, ils croient que c'est un signe que celui qui les entend se noiera.

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