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N'ayant à considérer ici que sous le rapport des découvertes les capitaines espagnols qui parcoururent cette côte du Nouveau-Monde, nous nous bornons à rappeler que Diego de Nicuesa , l'un de ces conquérans, s'embarqua en 1509 à Carthagène, pour gagner la côte de Veragua; il se rendit dans la rivière de Belen, où Colomb avait tant souffert dans son quatrième voyage, et il reconnut ensuite Puerto-Belo et Nombre de Dios, que Colomb avait également visités.

Fernandez de Enciso vint, l'année suivante, recouvrer la forteresse de Saint-Sébastien, dont les indigènes étaient parvenus à s'emparer. Un homme qu'attendait une grande célébrité faisait partie de cette expédition : c'était Vasco Nuñez de Balboa, qui devait bientôt conquérir le Darien et faire la découverte de la Mer du Sud. Accablé de dettes et cherchant de hasardeuses entreprises, il était parti clandestinement de Santo Domingo et s'était fait transporter dans une caisse à bord de la flottille d'Enciso, afin d'échapper aux poursuites de ses créanciers. Un autre homme, François Pizarre, destiné à la conquête du Pérou , vint rejoindre Enciso à SaintSébastien. On forma dans le Darien un nouvel établissement auquel on donna le nom de Santa Maria de la Antigua.

Pedro Arias Davila , communément nomme Pedrarias, remplaça Enciso dans le gouvernement du Darien (1). Les sanglantes guerres qu'il eut à soutenir contre les sauvages lui firent acheter bien chèrement les progrès des découvertes. On espérait trouver le temple d'or de Dobayba, que Nuñez de Balboa avait déjà cherché : ce

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(1) 1514.

temple fabuleux s'évanouit, et l'avidité des conquérans fut trompée; mais cette contrée leur resta.

Les découvertes de l'Espagne se dirigeaient aussi vers d'autres points. Cette puissance voyait avec jalousie les Portugais s'établir comme elle dans le Nouveau-Monde. La bulle d'Alexandre VI (1) ne leur aurait donné aucun droit d'y prétendre, puisque la ligne de partage que cette bulle traçait d'un pôle à l'autre devait passer à cent lieues à l'occident des îles Açores et de celles du CapVert, et qu'elle n'atteignait aucune partie de l'Amérique; mais le traité de Tordesillas (2), qui avait ensuite porté cette ligne de démarcation à 370 lieues à l'ouest des îles du Cap-Vert, comprenait dans la limite portugaise les côtes du Brésil qui furent découvertes six ans après. Cet arrangement permit aux Portugais de s'établir paisiblement dans une région que l'Espagne avait cependant reconnue quatre mois avant eux, et même ils étendirent leurs possessions jusqu'au-delà des points qui correspondent effectivement à ce méridien. Mais les Espagnols dirigèrent ensuite leurs découvertes vers le Rio de la Plata. Diaz Solis pénétra en 1516 dans l'embouchure de ce fleuve; il en remonta le cours, y

fonda plusieurs colonies, et fut tué dans la guerre qu'on eut à soutenir contre les sauvages. Sébastien Cabot reconnut, dix ans après (3), les rivages du même fleuve, et ils furent ensuite visités par Juan de Ayala (4), qui fit dans le Paraguay de nouvelles explorations. On avait déjà vu, en 1520, accomplir la découverte des contrées plus méridionales

par l'illustre Magellan, qui traversa le dé

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troit situé entre le continent et la Terre de feu, et qui lui donna son nom.

Après avoir conduit jusqu'à l'extrémité méridionale de l'Amérique cette série d'observations, revenons aux reconnaissances faites quelques années auparavant sur les rives occidentales du golfe du Mexique, en commençant par la pointe la plus avancée de ce littoral.

Valdivia , régidor de la province du Darien, avait été jeté par une tempête sur les côtes du Yucatan (1), en revenant de cette province à Hispaniola. Son équipage se composait de vingt hommes : il en avait perdu sept dans le naufrage; cinq autres, et Valdivia lui-même, furent massacrés

par
les

sauvages; le reste fut fait prisonnier, et presque tous succombèrent à l'excès de leurs fatigues et de leurs misères, sur les rivages d'un vaste empire que l'Espagne était à la veille de conquérir, et qui allait devenir une de ses plus riches possessions.

Les peuplades du Yucatan virent, quelques années après (2), paraître sur leurs côtes de grands vaisseaux : c'était l'escadre de Francisco Hernandez de Cordova, qui faisait un voyage de découvertes. L'année suivante, Juan de Grijalva visita les rivages du Yucatan et parcourut ceux du Mexique, où il reconnut les rivières de Tabasco, d'Ulloa, de Panuco; mais il ne forma aucun établissement : la révolte de ses équipages le contraignit à revenir dans l'île de Cuba.

Une expédition plus importante y était alors prépaparée. Cortez partit de la Havane le 10 février 1519. Il toucha l’île de Cozumel, longea la côte septentrionale du Yucatan, s'arrêta sur les rives du Tabasco, gagna

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(1) 1512. (2) 1517.

celles de l'Ulloa, et forma à Véra-Cruz son premier établissement. La conquête du Mexique, dont nous n'avons point à suivre ici les divers évènemens, donna lieu à d'autres entreprises. Narvaëz débarqua près de Zempoal; Garay se dirigea vers l'embouchure du Panuco, déjà reconnu par Grijalva ; il visita les contrées voisines de ses bords, et accomplit la reconnaissance des rivages orientaux du Mexique.

La découverte des pays situés au nord du golfe avait été commencée (1), quelques années avant l'expédition de Cortez, par Juan Ponce de Léon, qui avait accompagné Colomb dans son second voyage. Ponce de Léon, déjà signalé par la conquête de Puerto-Rico dont il fut ensuite gouverneur, avait entendu parler d'une région plus septentrionale, où coulait une fontaine qui avait la propriété de rajeunir. Le vieux guerrier équipe trois vaisseaux pour en faire la découverte; il fait voile vers l'archipel de Bahama, arrive à San-Salvador, cherche inutilement l'île de Bimini où devait être la fontaine, se dirige ensuite vers le nord-ouest, et, dans la nuit du 2 avril, jette l'ancre près du continent, au-delà du 30° degré de latitude. C'était le jour des Rameaux ou de Pâques fleuries, et l'on nomma Floride la contrée qu'il avait découverte. Ponce de Léon suivit la côte, en descendant vers le midi ; il doubla le cap Cañaveral, prolongea ses reconnaissances à l'est et au sud de la presqu'île , et revint dans le port d'où il était parti. Ses pro jets de découvertes furent repris par Juan Pérez de Ortubia, qui parcourut également l'archipel de Bahama: il reconnut cette île fameuse de Bimini, mais sans y troúver la fontaine de Jouvence.

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(1) 1512.

La plus séduisante, la plus fabuleuse des espérances, avait été en cette occasion le premier stimulant des découvertes ; on vit que le guerrier le plus prodigue de son sang obéissait lui-même à cet instinct secret qui nous attache à la vie, et nous fait redemander en vain nos plus beaux jours. Ponce de Léon était arrivé à la vieillesse en cherchant les moyens de s'en préserver; il était accablé de jours et d'infirmités lorsqu'il tenta une nouvelle expédition pour soumettre les Florides (1) : blessé dans un premier engagement avec les sauvages, il vint mourir quelques jours après dans l'île de Cuba.

Ces découvertes furent reprises en 1527 par Narvaëz, dont l'expédition n'eut pas de succès, et ensuite par Fernand de Soto, qui fit en 1539 une invasion en Floride. Il débarque, à la tête de douze cents hommes, dans la baie de Spiritu-Santo, gagne vers le nord le pied des Apalaches, se dirige ensuite à l'ouest, traverse la Coosa, le Tombegbe, le Mississipi, se rend à la Rivière-Rouge, et de là au Brazo de Dios, et revient vers le confluent de l'Arkansas et du Mississipi, qui fut le terme de sa carrière. Son expédition avait duré quatre années, et ses compagnons, n'étant plus soutenus par sa constance héroïque, se hâtèrent de descendre le fleuve et de se retirer au Mexique.

Ne soyons pas surpris que les possessions voisines du golfe de ce nom et celles de l'Amérique méridionale aient été occupées par les Espagnols et les Portugais, de préférence à celles des côtes orientales qui s'étendent du sud-ouest au nord-est, depuis les limites de la Floride jusqu'aux régions situées entre le golfe Saint-Laurent et la baie d'Hudson. Nous avons pu voir, en observant la

(1) 1521.

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