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aucun doute sur l'auteur de la découverte du NouveauMonde. Le mérite, le courage, l'immortelle renommée de l'entreprise, appartient au navigateur qui, en franchissant l'abîme immense de l'Atlantique, fraya la route à ses successeurs, et parcourut les principales îles, jetées comme autant d'avant-postes et de dépendances, à l'entrée et sur les côtes du continent américain. Colomb avait accompli dans un premier voyage tous les prodiges de la découverte, et les diverses expéditions qui furent tentées depuis ne firent que confirmer la gloire qu'il s'était acquise. On vit bientôt ses titres rappelés dans les arinoiries qui lui furent accordées par Ferdinand et Isabelle, et dans cette légende qui les accompagnait :

A Castilla y a Leon

Nuevo -Mundo diò Colon. Trois siècles après, il fut encore plus hautement réhabilité dans ses droits. La Colombie devint le nom de cette belle portion du continent où il avait abordé : les États-Unis de l'Amérique du Nord nommèrent Colombia le district où ils établissaient leur capitale ; et le nom de ce grand homme, appliqué à d'autres régions, à des fleuves, à de nombreuses villes du même continent, semble

y avoir semé partout le souvenir et les titres de sa conquête.

Lorsque Oyéda et Vespuce partaient pour les Indes occidentales, Pedro Alonzo Niño et Christoval Guerra allaient s'embarquer à Palos, pour une semblable destination : ils arrivèrent quinze jours après Oyéda sur les côtes de la Terre-Ferme, visitèrent le golfe de Paria, se dirigèrent ensuite vers l'île Marguerite et vers les côtes de Cumana, d'où ils revinrent en Galice.

Rodrigo de Bastides partit de Séville en 1500, peu de temps après le retour d'Oyéda. Il étendit ses décou

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vertes sur la côte de Terre-Ferme, depuis le cap de la Vela, où Oyéda s'était arrêté, jusqu'au port de Nombre de Dios, à l'occident du golfe du Darien; il regagna ensuite l'ile d'Haïti, et revint à Cadix en 1502. Les découvertes se trouvaient alors prolongées d'orient en occident, depuis le golfe et la côte de Paria jusqu'à l'isthme de Panama.

L'époque du voyage de Bastides fut signalée par d'autres découvertes sur les côtes orientales d'Amé rique. Vincent-Yanez Pinson, un des trois frères qui avaient suivi Colomb dans son premier voyage, était parti de Palos au mois de décembre 1499, et il aborda, le 28 janvier 1500, près du cap Saint-Augustin, qui forme la pointe la plus orientale du Brésil. Il revint vers le nord-ouest, reconnut successivement l'embouchure du Maragnon, celle de l'Orénoque et quelques rivières intermédiaires, entra dans le golfe de Paria, traversa la bouche du Dragon, gagna l'île d'Haiti et l'archipel de Bahama, où il éprouva une violente tempête, et revint à Palos au mois de septembre suivant.

Un navigateur portugais, Pedro Alvarez Cabral, avait reconnu les côtes du Brésil quatre mois après Yanez Pinson. Cabral devait se rendre aux Indes : il avait d'abord navigué vers le sud pour couper la région des vents alisés, et avait été ensuite porté vers le cap SaintAugustin.

La même direction fut suivie par Diego de Lepe, et elle le fut encore l'année suivante par Améric Vespuce, qu'Emmanuel, roi de Portugal, venait d'attacher à son service. On cherchait alors les moyens de gagner et de doubler plus aisément le cap de Bonne-Espérance; et · l'on avait reconnu que, pour éviter les courans con. traires, il fallait quitter les côtes d'Afrique et cingler

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vers le sud-ouest, Dans cette navigation, commencée le 10 mai 1501, Améric rencontra les côtes du Brésil, et il les suivit jusque vers le Rio de la Plata.

Ce navigateur, revenu à Lisbonne en 1502, fut chargé, l'année suivante, d'une autre expédition dont le but était de chercher par l'occident un passage vers les Moluques; mais cette entreprise n'eut pas le résultat qu'on avait espéré : Améric perdit dans une tempête son principal vaisseau ; il se rendit sur les côtes du Brésil, gagna la baie de Tous-les Saints et les parages des Abrolhos, construisit un fort sur le rivage voisin , y laissa une garnison, et revint en Portugal treize mois après son départ. Ses grandes expéditions étaient terminées : Améric en écrivit les relations; elles se répandirent de toutes parts, et furent prompteinent traduites en portugais, en espagnol et en latin. Ces récits, qui furent successivement imprimés, soit avec son aveu, soit par

d'autres éditeurs, augmentèrent la réputation d'Améric; et l'important emploi dont ce navigateur fut revêtu en Espagne, où on le chargea de tracer les plans des nou

, velles découvertes à faire, et d'organiser le système des colonies dans le Nouveau-Monde, attacha tellement son vom aux destinées de cette contrée, sur laquelle on ne connaissait encore que ses relations, que son nom,

devenu populaire, s'appliqua au continent entier.

Vers la fin de sa vie, Améric entreprit encore une longue navigation : la mort le surprit dans le trajet, et son corps fut inhumé dans l'île de Tercère; quelques débris du vaisseau la Victoire, qui avait servi à ses découvertes, furent suspendus à la voûte de la cathédrale de Lisbonne.

Quoique son nom soit moins illustre que celui de Christophe Colomb, néanmoins la postérité lui assi

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gnera toujours un rang très élevé : Florence le compte avec raison au nombre de ses hommes les plus célèbres; le mérite et la renommée d'Améric Vespuce comblèrent de joie sa patrie : elle fut émerveillée de ses premières relations, et le sénat de Florence fit illuminer pendant trois nuits la maison du voyageur; honneur qui ne s'accordait alors aux particuliers que pour les actions les plus mémorables. On doit sans doute continuer de se rappeler à Florence avec un juste orgueil cette pensée d'Averrani sur Amérie et Galilée : « L'Étrurie a produit

:

a a deux hommes auxquels je ne sais si l'univers entier

pourrait en comparer d'autres : l'un a donné son nom • à la quatrième partie du monde qu'il avait découverte, « l'autre a découvert une grande partie du ciel ». La postérité confirmerait ce jugement sur Améric Vespuce , si Christophe Colomb n'avait

pas

existé. Colomb, qui avait précédé dans les parages du Nouveau-Monde tous les autres navigateurs, fut également le premier qui découvrit et visita les rives occidentales du golfe du Mexique. • Vengé par l'admiration publique des injustes accusations de ses persécuteurs, il était rentré dans la carrière de ses découvertes. Il reconnut, dans son quatrième voyage (1), les côtes septentrionales de Honduras, depuis le cap de ce nom jusqu'au cap Grazias a Dios; il suivit la côte des Mosquites et celle de Veragua, et il descendit, en longeant l'isthme de Panama, jusqu'à Porto-Belo et à la rivière de Belen. Là, son expédition éprouva de nombreux désastres : la guerre contre les Indiens, la révolte d'une partie des équipages, ne lui permirent pas de consolider l'établis. sement qu'il avait entrepris, et le délabrement de ses

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(1) 1502.

navires le força d'aller chercher en toute hâte un abri sur les côtes de la Jamaïque.

Le vaste champ qui s'était ouvert aux navigateurs es. pagnols était devenu le théâtre d'une émulation et d'une activité infatigables. Oyéďa entreprit, en 1502, 'un pouveau voyage avec quatre vaisseaux. Il toucha aux îles Canaries suivant la coutume, atterit sur les côtes d'Amérique vers l'entrée du golfe de Paria, reconnut l'île Marguerite, débarqua sur la côte de Cumana, et prolongea sa navigation au-delà du golfe de Maracaïbo jusqu'au port de Baya-Honda : quelques années après, il fit dans les mêmes parages une troisième expédition (1). Nous remarquerons

ici
que,

dans son premier voyage le long des côtes de la Terre-Ferme, Oyeda avait rencontré, près des rivages de Coquibacoa, des aventuriers anglais qui faisaient comme lui un voyage de découvertes. Cet évènement nous rappelle que, à la suite des premières navigations de Jean et de Sébastien Cabot en 1497 , quelques entreprises maritimes furent formées en Angleterre, et se dirigerent vers les régions du NouveauMonde, Henri VII en encouragea plusieurs par des actes et des lettres-patentes, et des armateurs aventuriers entrèrent aussi, à leurs propres risques, dans les hasards de ces expéditions.

Oyeda devait couronner ses découvertes par un plus solide établissement : on avait jeté à Carthagène les fondemens d'une colonie; il s'y rendit de Santo Domingo (2), fit la guerre aux Indiens, perdit Juan de la Cosa dans 'un premier combat, parvint à former une autre colonie dans le golfe d'Uruba, et donna à cette ville nouvelle le nom de Saint-Sébastien.

(1) 1505. (2) 1509.

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