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plus modeste, enfoui sous terre, à une petite profondeur, et formé tout simplement de deux briques, l'une dessus, l'autre dessous, et placées ainsi les unes à la suite des autres.

Je fis déposer au musée de Limoges (1) deux briques formant une partie de cet aquéduc.

La brique courbe qui sert de voûte a 60o. de longueur ; celle du dessous, qui est plane et à rebords, a 63.; l'ouverture de l'aquéduc est de 30°. en hauteur.

Je fis quelques démarches pour savoir quelle était la direction et l'étendue de cet aquéduc, sur combien de points il avait été observé, si les briques avaient quelques marques particulières, quelques initiales, si elles portaient les noms de quelque potier des mains duquel cet ouvrage était sorti, si les briques avaient partout la même forme, étaient dans la même position, si elles étaient unies à l'aide d'un ciment ou simplement superposées. Je demandai enfin si quelques ruines ou quelques constructions romaines avaient été observées dans les environs (2).

Je désirais, en un mot, recueillir tous les renseignements qui seraient de nature à nous conduire à la découverte de son origine. Je fis découvrir cet aquéduc dans une étendue de quelques mètres et je remarquai que toutes les briques n'avaient ni la même longueur, ni la même épaisseur, mais que l'ouverture était bien partout la même. Le mauvais temps m'empêcha de continuer mes recherches; nous étions à la fin du mois de novembre: je remis la partie à la belle saison, où je comptais pouvoir plus facilement fouiller, alors que le sol ne serait plus couvert de moissons et j'espérais aussi

(4) V. le bulletin de la Société archéologique et hist. du Limousin, tome 2, page 194.

(2) Nous connaissons déjà la villa de la Briderie, chez M. Soulignac.

V. le bulletin archéologique et historique du Limousin.

obtenir quelques fonds que je n'ai pas même songé à solliciter depuis.

Je ne me suis point hâté de conclure que cet aquéduc était romain, par cette raison que je n'avais pu en découvir une assez grande étendue pour l'étudier convenablement.

II.

A peu près à la même époque, toujours dans la même commune, à l'endroit dit aux Métayers, je découvrais un menhir qui n'a encore été décrit nulle part que je sache (1). J'ajouterai que dans la session du Congrès archéologique à Limoges on n'indiqua d'une manière précise aucun monument de l'époque celtique, dans le département de la HauteVienne.

Ce monolithe, en granit, est très-remarquable; il a une hauteur, hors de terre, de 4m. 33. (13 pieds) et 5m. 15°. de pourtour. Aucune tradition ne s'y rattache.

A quelques pas de là se trouvent aussi deux pierres également en granit, d'une forme plus ou moins arrondie, trèsrapprochées l'une de l'autre, et à côté une troisième pierre beaucoup plus grande et plus platte, qui aurait bien pu autrefois avoir été placée sur les deux premières. Aux alentours, pas une autre pierre, de riantes prairies qui ne dénotent pas que les roches granitiques y soient en abondance.

Il y a quelques années (1842, 1845) en parcourant l'Algérie et notamment la province de Constantine, j'ai assisté à Milah, à Djimilah, à Tebessa, à Constantine, à

(1) Voy. les ouvrages sur les monuments Limousins de MM. Duroux, Allou, Texier-Olivier, de Verneilh, Tripon, etc.

Philippeville, etc., j'ai assisté, comme dirait Châteaubriant, « à quelques-unes de ces belles réunions de ruines romaines,» sur lesquelles, du moins, les inscriptions ne manquaient pas; on y lisait l'histoire ! Là je trouvais le travail de l'archéologue plus facile, et je me sentais moins humilié, parce que je comprenais mieux, aussi y ai-je dessiné beaucoup de pierres et copié de nombreuses inscriptions.

Cette année je suis allé visiter, en compagnie de M. Astaix, les charmantes ruines de St.-Paul.

Voici le résultat de notre excursion :

A la villa de la Briderie, nous avons retrouvé les mêmes matériaux que nous avions rencontrés dans les nouvelles fouilles, pour la construction des écuries de la caserne de Limoges; du calcaire grossier d'un blanc grisâtre, du calcaire oolithique, des briques, du ciment romain. (Le bulletin archéologique du Limousin a rendu compte des autres curiosités découvertes dans la villa de M. Soulignac.)

En cet endroit, comme à Arles, comme à Nîmes, comme en Algérie, comme partout, j'ai eu cette pensée que les Romains se plaisaient à construire avec des matériaux rares ou d'une nature différente de ceux qu'ils trouvaient sur les lieux où ils s'établissaient (1).

Ainsi, pour ne citer qu'un exemple, mais un exemple frappant, je dirai que j'ai vu à Nilianah, en Algérie, des fûts de colonnes et des blocs de marbre blanc, aussi beaux

(1) Le département de la Haute-Vienne repose sur un terrain primitif (igné) très-élevé; la base du sol est formée principalement de roches granitiques ayant pour éléments cristallins, accolés et enchevêtrés: le feldspath, le quartz et le mica.

Les roches ferrifères, calcarifères, porphyriques sont moins communes. On y rencontre encore de la serpentine, de l'émeraude, de la tourmaline, du tongstène, des terres argileuses parmi lesquelles le kaolin ou terre à porcelaine occupe le premier rang, etc., etc.

qu'abondants, dans un pays ou le marbre est inconnu, quant au gisement.

De là nous nous rendîmes au menhir que nous trouvâmes aussi beau qu'il avait dû l'être le jour qu'il fut élevé. Ce monument a mieux résisté que la villa aux ravages du temps ou à la pioche des Vandales !

,

En résumé; à St.-Paul, nous avons observé:

1°. Un menhir; 2°. une villa romaine; 3°. un aquéduc probablement romain; 4°. des vestiges de voies romaines, et je crois que sur d'autres points on pourrait trouver encore des débris d'autres constructions antiques.

Dans le département de la Haute-Vienne il y a quelque chose à faire et beaucoup à étudier. C'est une des contrées les plus riches en monuments de tous les âges.

Il y a bientôt deux ans que ces lignes sont écrites, mais la révolution de février a passé; notre musée qui marchait si bien a été converti en caserne ; la Société archéologique du Limousin a suspendu ses séances.

M. Du Boys est invité à continuer ses recherches et à en faire connaître le résultat.

M. de Caumont pose deux questions sur les cimetières gallo-romains dans le Berry; on répond que diverses urnes cinéraires trouvées dans le pays sont déposées dans le musée et que la Société devra les examiner en visitant cette collection. M. de Caumont donne quelques renseignements curieux sur les cimetières gallo-romains en général et sur les découvertes faites en Normandie par M. l'abbé Cochet, et dans le Blaisois par M. de La Saussaye, dont il regrette l'absence: il présente quelques spécimens des urnes trouvées dans les cimetières de Gièvres et de la Sologne; toutefois, il renvoie pour plus de détails à l'ouvrage de MM. de La Saussaye et Jollois et à son Cours d'antiquités, tome II: il engage les antiquaires du Berry à faire de nouvelles recherches

sur les cimetières gallo-romains du Cher qui ne paraissent pas

avoir été suffisamment étudiés, et à y pratiquer quelques

fouilles.

VASES GALLO-ROMAINS TROUVÉS DANS LES CIMETIÈRES DE LA SOLOGNE ET DU BERRY.

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